10. La colère de Gaétan.

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10.     La colère de Gaétan

 

Ne voyant pas Madison revenir, Gaétan rejoignit Chloé dans la cuisine et l’interrogea à son sujet,

— Tu sais où est Madi ?

— Oui, avec mon père.

— Elle rédige son testament ? Non, elle demande conseil pour notre futur contrat de mariage.

Gaétan était tout sourire. Mal à l’aise, Chloé lui répondit,

— Non, mon père avait un truc familial à lui dire.

Sur un ton moqueur, il répéta,

— Un truc familial à dire à Madison ?! Tu m’expliques ?

Chloé soupira et détourna le regard, Ségolène, qui était à proximité, répondit à la place de sa fille,

— Gaétan, il s’agit d’une histoire de famille.

Étonné, Gaétan lui répondit sur un ton volontairement moqueur et sceptique,

— Euh, pour info, Madison est ma compagne, elle ne fait pas partie de votre famille, je ne vois pas pourquoi vous devriez la mêler à vos histoires de famille.

Victor apparus et, face au silence persistant de Chloé et de Ségolène, il expliqua à Gaétan,

— Madison Delatour fait partie de nos histoires de famille, Gaétan ; elle est la fille naturelle que j’ai eue suite à une courte liaison qui a failli me coûter mon mariage.

Gaétan se sentit blêmir. 

— Quoi ?! Toi !

— Oui, je suis humain, j’ai fait un écart, je l’assume.

Particulièrement choqué par la façon dont Victor présentait la chose, « un écart », Gaétan explosa,

— Mais non, t’assumes rien Victor, Madison a grandi sans père, ça lui a pourri la vie ! Elle ne pouvait pas compter sur sa mère qui l’a complètement rejetée ! Et là, quoi ? Qu’est-ce qui s’est passé tout d’un coup pour que tu te préoccupes de ta fille, vingt ans plus tard ?!

— J’ai vu sa photo, à côté de Chloé. Madison est le portrait craché de ma mère au même âge.

Il avança une vieille photo qui montrait, effectivement, une ressemblance certaine avec l’aïeule évoquée. La gorge de Gaétan se serra, Victor continua,

— C’est ce que je voulais lui montrer avant qu’elle ne sorte du bureau. J’aimerais qu’elle la voie. Elle est où ?

Vivement, Gaétan lui répondit,

— Mais justement, je la cherche, elle n’est nulle part ! Tu t’attendais à quoi en lui balançant ça, comme ça ? « Oh, au fait, t’es ma fille et c’est fou ce que tu ressembles à ma mère » ! Non, mais, j’hallucine là !

Gaétan fila dans le hall d’entrée et constata la disparition du manteau de Madison. Furieux, il interpella Victor,

— Elle est sortie du bureau depuis combien de temps ?

— Je ne sais pas trop, dix minutes, un peu plus peut-être ? Je suis resté seul pour me remettre de cette annonce. Calme-toi Gaétan, elle ne doit pas être très loin.

Gaétan empoigna son manteau et feula, à l’intention de Victor,

— S’il lui est arrivé la moindre bricole, je t’en tiendrai comme personnellement responsable, Victor !

D’un pas vif, il se dirigea vers la porte, Chloé prit son manteau et l’accompagna.

Une fois dehors, Gaétan lui demanda, sur un ton sec,

— Tu savais ?

— Je l’ai appris il y a trois semaines ; papa a reconnu son nom et a fait le rapprochement avec la ressemblance.

— C’était prévu qu’il le lui balance aujourd’hui ?

Un peu penaude, Chloé lui répondit,

— Oui, il voulait le faire, je ne pensais pas que cela se passerait comme ça, je pensais qu’elle le prendrait bien ; mais, visiblement, j’ai tout faux.

Gaétan soupira puis lui dit, sur un ton plus calme,

— Elle a beaucoup souffert de ne pas avoir eu de père. Sa mère ne l’a jamais vraiment aimée. Elle se demande si elle a été désirée ou si elle est un accident. Et puis, là, boum ! Elle reçoit ça dans la tronche, alors même qu’elle m’avait expliqué qu’elle admirait nos familles si « unies ». Elle nous envie d’avoir des parents unis et aimants, Chloé.

Triste, Chloé lui confia,

— Papa m’a expliqué qu’il a eu une aventure avec sa mère à une période où mes parents se sont violemment disputés. Ils parlaient même de divorce à ce moment-là, puis, ils se sont rabibochés et j’ai été conçue, moi. Selon leurs calculs, je suis née deux mois après Madison.

Gaétan ne sut que penser ; son amour avait disparu, son amour venait d’apprendre l’identité de son père, son amour était la demi-sœur de sa meilleure amie. A froid, il trouvait que, tout compte fait, la situation aurait pu être bien pire, mais, connaissant Madison, il avait peur de la taille de la blessure que cette annonce avait rouverte.

Abattu, il proposa à son amie,

— Viens, partons à sa recherche.    


***

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