11. Retrouver Madison.

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11.     Retrouver Madison

 

Gaétan souffla tristement, il sentait des larmes lui monter aux yeux. Il avait peur de perdre Madison, il avait peur que cela ne la détruise et qu’il ne puisse pas l’aider. Il murmura,

— Où es-tu Madi ?

Le voyant torturé, Chloé lui demanda, timidement,

— Tu sais où elle pourrait être ?

Gaétan secoua la tête et se frotta les yeux,

— Non, je ne sais pas, Chloé ! Elle ne connaît pas le village, elle ne connaît rien ni personne dans ce coin.

— Je suis désolée Gaétan, pour elle, pour toi… Je m’en veux d’avoir laissé mon père l’annoncer comme ça. Perso, moi, je me suis dit « chouette, j’ai une sœur », mais, j’ai toujours eut un père, moi. Je ne sais pas ce que c’est que de grandir sans son père. Et ma mère m’a toujours soutenue, contrairement à Madison, selon ce que tu m’expliques.

— C’est ton père le fautif, il n’a jamais pris aucune nouvelle de sa fille, même si elle n’est pas sa fille légitime, il aurait, au moins, pu se manifester avant, non ?

— Il dit que la mère de Madison l’a mis devant le fait accompli, qu’il n’était pas prévu qu’elle soit enceinte, mais qu’elle a tenté de le faire chanter à ce propos. Selon les dires de papa, elle était persuadée qu’il quitterait maman pour l’épouser, elle.

Sèchement, il lui répondit,

— C’est pas une excuse Chloé, quand tu couches, tu sais que ça peut arriver ! Il n’avait qu’à se protéger !

Il souffla bruyamment,

— Bordel, moi qui prenais ton père en exemple ; un homme qui a réussi sa vie et son couple, là… Je peux te dire que son image en a pris un fameux coup !

Comme ils restaient plantés au milieu de la route, non loin de la maison des parents de Chloé, Gaétan se ressaisit,

— Bon, on va par où ? Il fait froid, elle est à pied, par où est-ce qu’elle est partie ?

Il réfléchit tout haut,

— Elle ne connaît rien dans le coin sauf le village où se trouve la maison de mes parents, elle sait par où aller, on est passé dans le village en venant ici. Viens, on se met en route, elle a une bonne demi-heure d’avance, voire même un peu plus !

— Et je crois qu’il va neiger, regarde le ciel s’assombrit !

— Il ne manquerait plus que ça ! Viens, on s’arrache.

— On ne prendrait pas une voiture ?

— Prends-en une si tu veux, moi, je suis trop énervé, je dois marcher.

Chloé le prit dans ses bras et lui souffla,

— On va la retrouver Gaétan, j’en suis sure ! Je prends la voiture pour aller plus vite. Tu as ton portable ? On se tient au courant. Je vais du côté de chez tes parents, si je repère un truc, je te préviens

— D’accord. Merci Chloé.

Il se mit en marche, Chloé passa en voiture à côté de lui. Une fois seul, il laissa couler les larmes qu’il retenait et tenta de se mettre à la place de Madison.

La connaissant, il la voyait plutôt marcher rageusement et rejoindre ses parents, chez qui elle trouverait du réconfort. Il en était sûr. Madison avait confiance en eux, le courant passait très bien et face à cette révélation, ses parents la soutiendraient ; ils n’étaient pas dans le trip « légitime - illégitime ».

La neige commença à tomber, Gaétan soupira, mais continua à scruter les alentours. Une dizaine de minutes plus tard, Chloé lui annonça que Madison n’était pas chez ses parents. Un peu abattu, Gaétan continua à marcher. Il était à peu près à mi-chemin de chez ses parents, la neige s’intensifiait, mais il avait refusé que Chloé vienne le chercher, il voulait se mettre dans la peau de Madison.

Elle n’avait donc pas marché rageusement vers la seule maison connue dans la région. Qu’avait-elle fait alors ? Et dans quel état ? Il fut pris d’un frisson ; il connaissait le côté fort et buté de Madison, mais il avait aussi appris à connaître son côté angoissé. Il avait peur que ce côté-là ait pris le dessus après l’aveu de Victor.    

La neige qui commençant à s’accumuler sur la route, marcher devenait laborieux avec, en plus, le vent de face qui lui criblait le visage de flocons de neige.

Sur le chemin que Gaétan connaissait bien et malgré  le peu de visibilité que lui laissait la météo, un détail attira son attention ; la grille d’un petit monument, une petite chapelle, comme on en trouve au bord des routes dans les campagnes, était entrouverte. Il s’approcha, plein d’espoir.

Il poussa la grille, se pencha à l’intérieur et aperçu Madison, recroquevillée contre le mur, grelottant et sanglotant. Gaétan s’accroupit à côté d’elle et la prit dans ses bras.

Il l’enlaça, sans mot dire. Elle s’accrocha à lui, en continuant à sangloter. Gaétan l’entendit murmurer son prénom plusieurs fois. Après avoir passé un moment à bercer son amie, Gaétan rompit le silence.

— Madison, Chloé m’a dit pour Victor.

Elle hoqueta,

— Ça n’a pas de sens, Gaétan, il ne peut pas être mon père…

Il lui proposa, en lui caressant le front,

— Madi, tu veux qu’on aille chez mes parents ? On sera plus à l’aise pour en discuter, on sera chez moi, mes parents sont au courant.

Effrayée, Madison leva la tête et lui demanda,

— Qui leur a dit ? C’est toi ?

— Non, c’est Chloé, elle est chez eux. Selon elle, ils sont sur le cul.

— Parce que t’es en couple avec la progéniture adultérine du notable du coin ?

Saisit par la façon dont elle s’auto dépréciait, il lui répondit,

— Mais non, ils sont sur le cul que Victor ait caché ça aussi longtemps.

Elle soupira en baissant les yeux,

— Il devait avoir honte de moi, je suis la preuve vivante de son écart… Je fais tache.

— Madi, Madi, Madi, non, arrête, ne pense pas ça de toi. Je t’aime, mon amour.

Elle se pelotonna contre lui puis lui glissa, entre deux sanglots,

— Tu sais, tant que je ne savais pas de qui j’étais la fille, je pouvais imaginer toutes sortes de choses… Mais là, c’est la claque. Je suis la demi-sœur de la meilleure amie de celui que j’aime, mais je suis née du mauvais côté du lit, comme on dit par chez moi.


Calmée par la présence rassurante de Gaétan, elle prit une grande respiration puis lui répondit,

— Je suis d’accord pour aller chez tes parents, Gaétan.  Je commence à avoir froid.

Il rigola, nerveusement, mais cela diminua la tension qu’il ressentait.

— C’est normal, il fait moins huit degrés et il neige !

Il posa un doux baiser sur ses lèvres puis lui dit,

— Je contacte Chloé, elle viendra nous chercher ici.

Madison acquiesça puis lui demanda, un peu inquiète.

— Dis, et Chloé, elle en dit quoi ? Je représente quoi pour elle ?

Il lui sourit et lui expliqua,

— Elle est super contente d’avoir une sœur !

Madison fut prise d’un fou-rire nerveux puis se ressaisit,

— Ok, c’est déjà ça !

Elle se colla à nouveau à lui qui tenta de la réchauffer en l’enveloppant de son écharpe.

 

*** 

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