Chapitre 2 - Et mes bonnes résolutions alors ?

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JEUDI voire VENDREDI, tard dans la nuit

Léti est au centre de l'attention et ça me va bien. Je préfère rester discrète et me faire oublier. Ma timidité s'efface doucement ... il faut dire que ces charmants jeunes hommes ont de la discussion et nous proposent sans cesse de nouveaux verres.

Léti est en mode "drague" et commence à jeter son dévolu sur un grand blond aux yeux bleus qui a l'air de lui rendre le change. Je continue à converser avec le reste du groupe et ai le plaisir de découvrir un monde que je ne connaissais pas vraiment : les Compagnons de France aussi appelés Compagnons du Devoir. En effet, comme tout le monde, j'ai appris les bases de l'architecture à l'école et nous avions abordé les grands bâtisseurs du Moyen-âge. Je sais que le compagnonnage est réservé aux hommes, qu'ils apprennent les métiers dans l'art de la tradition et qu'ils font "un tour de France" durant leur apprentissage. Mes connaissances s'arrêtent là et je suis heureuse d'en apprendre d'avantage. Cette soirée drague se transforme en soirée culturelle !

- Et sinon, vous vous appelez comment les gars ?

- Dijonnais

- Bourguignon

- Dauph'

- Ile de F...

- Heu, c'est quoi ces prénoms ? Vous me faites marcher là !

- Non, pas du tout. Entre-nous, on s'appelle par nos régions d'origine. Mais nous avons de vrais prénoms, t'inquiète !

J'ai donc le plaisir de rencontrer Julien, Yohan, Vincent, Xavier, ... Ils me racontent dans les grandes lignes le principe des cérémonies traditionnelles, les objets symboliques du compagnonnage, les valeurs véhiculées, le cadre exclusivement masculin etc. Je trouve ça intéressant mais limite sectaire. Pas facile pour une féministe d'accepter que ce système soit réservé aux hommes et que les libertés soient limitées durant la durée de leur apprentissage. Je comprends mieux que, pour leur première sortie sur Bruxelles, ils aient envie de se lâcher un peu. Le règlement est strict et les occasions de s'amuser sont largement exploitées.

Du coin de l' œil, je vois que Léti a réussi à conclure et est en train d'embrasser goulument le grand blond, les mains sous sa chemise.

Cette fille est dingue.

Le groupe se disperse un peu, beaucoup vont danser ou commander de nouveaux verres. L'ambiance est des plus festives. Je reste au bar en compagnie de Xavier qui n'a pas l'air de vouloir rejoindre les autres sur la piste de dance. Nous commençons donc à discuter en tête-à-tête. Vincent, alias Bourgui, vient nous rejoindre un peu éméché.

- Dis, t'en a un de beau petit cul Virgi !

- Heu merci ! Mais je te conseille de rester à distance. On regarde mais on ne touche pas, ok !

Xavier réplique en rigolant.

- Bourgui, laisse-là tranquille. Va draguer ailleurs ! Tu vois bien qu'on discute ...

Bourgui obtempère et repart résigné vers la piste de dance.

- Ne fais pas trop attention à lui. Il est toujours comme ça.

- T'inquiète ! Je ne l'ai pas mal pris. Bah, au moins, on peut dire qu'il est direct ton copain.

- Direct, ça c'est le mot ! Le mec, il n'est pas romantique pour un sou. S'il y a bien un truc qui l'intéresse, c'est le cul. Dit-il en rigolant.

- Ok, je vois. Il sait ce qu'il veut au moins !

Nous continuons à converser et à rigoler. On peut dire que le courant passe bien.

- Alors, comme ça tu es "bientôt" célibataire. C'est quoi cette histoire ? Ta copine m'a bien fait rire ...

- C'est Léti ! Cherche pas, elle est toujours comme ça ! Bon, je te raconte ... En gros, j'ai un copain qui fait ses études à Liège. Cela fait quelques mois que nous sommes ensemble mais pour moi, c'est la fin. Je dois prendre mon courage à deux mains, aller le voir et mettre un terme à cette relation. Le souci, c'est qu'il est loin et pas très disponible en ce moment. J'aimerais le voir pour qu'on en discute tous les deux, histoire de faire ça bien. Mais comme je n'arrive pas à provoquer la rencontre et que je ne veux pas le larguer par téléphone, l'histoire reste en suspend.

- Hé bien, c'est tout à ton honneur mais je trouve que tu te prends un peu la tête, non ?

- Probablement ... mais pas vraiment le choix ! Et toi, dis-moi ? Raconte-moi un peu ton histoire. Comment es-tu arrivé chez les compagnons pour finir à Bruxelles ?

- Quand j'étais ado, j'ai fais pas mal de conneries. Je séchais les cours, allais fumer des joints avec les copains dans les prés, ... Je ne glandais rien de mes journées, ce qui mettais mes parents en rogne. Ils ne savaient plus quoi faire de moi. J'ai donc eu droit à un ultimatum : soit j'arrêtais l'école pour aller travailler, soit je rentrais chez les compagnons de France pour apprendre un métier et filer droit. J'ai donc opté pour la deuxième solution. J'ai eu très difficile au début car le compagnonnage, c'est trèèèès strict. Il y a beaucoup de règles à suivre et les libertés sont limitées. Par contre, le côté fraternel véhiculé, j'ai beaucoup apprécié. On est vraiment très soudés entre nous et ça m'a aidé à tenir. Aujourd'hui, j'ai 24 ans et je suis couvreur. J'adore mon métier et je gagne bien ma vie. J'ai réussi et mes parents sont fiers ! Mais, à mon âge, j'aspire à plus de liberté et je pense que je vais bientôt arrêter ... J'attends de trouver LA ville où je pourrai m'installer définitivement. Qui sait, ce sera peut-être Bruxelles. A première vue, ça a l'air bien sympa la Belgique.

- Ho, je pense que tu vas te plaire ici. Tu verras les gens sont très chaleureux. Et Bruxelles, c'est une super ville. C'est très hétéroclite. Moi, j'adore !

- En tous cas, je commence déjà à faire de jolies rencontres.

Je rougis. Et merde ! Heureusement qu'il fait sombre dans cette boite.

Les heures passent et l'ambiance retombe petit à petit. Le DJ opte pour des musiques plus calmes dont quelques slows. D'un seul coup et sans que je puisse réellement réagir, Xaxier me prend la main pour m'entraîner sur la piste.

Il m'entraîne dans cette danse proche, en corps à corps. Il me fait tournoyer et revenir vers lui dans des mouvements précis, bien construits. Je me sens comme "Bébé" dans Dirty Dancing.

C'est qu'il sait danser le mec en plus !

Léti est avec son mec sur la piste et me lance un regard amusé.

- Tu comptes régler ton histoire avec ton mec bientôt ?

- Oui, le temps d'arriver à le voir ... D'ici une semaine à mon avis.

- Ok. Ça va alors ...

Il se rapproche lentement de mon visage. Je suis hypnotisée par son regard ... Il est si beau, si doux, si sympa. Ses mains se resserrent sur mes hanches. Il se rapproche encore.

Non ! Non ! Non ! Résiste ! Prouve que tu existes ! Purée, je suis conne par moment ...

J'ai ensuite droit à un baiser intense, sensuel, ... Je n'ai pas pu résister ... et lui non plus. Quel baiser en plus !

Et merde !

Nous finissons la soirée dans les bras l'un de l'autre. Je suis au paradis ... mais prise par l'enfer de la culpabilité.

- J'espère qu'on va se revoir très vite !

- Oui, moi aussi.

Nous échangeons nos numéros de téléphone et promettons de s'appeler dès le lendemain. Xavier se propose de nous ramener en voiture, Léti et moi. Ça nous évite des frais de taxi et, pour ma part, je joue un peu les prolongations avec mon nouvel amoureux. Il me dépose devant chez moi ... Il sait où j'habite maintenant. Après un nouvel échange intense de baisers et de caresses, je quitte la voiture pour remonter chez moi.

- A demain !

- A demain !

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