Souvenirs d'enfance et premières expériences

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Le souvenir de Ludivine jetait une lumière nouvelle sur certains épisodes de mon enfance. À commencer par cette histoire que ma mère racontait parfois, lorsque j’étais bébé. Selon elle, ses amies n’arrêtaient pas de s’extasier sur mes grands yeux bleus et insistaient toujours pour me garder le plus longtemps possible avec elles. Bien entendu il n’y avait rien de sexuel là-dedans, en tout cas pas consciemment, mais j’imaginais bien que le « flux » ou ce quelque chose dans mon regard puisse déjà avoir existé à l’époque pour que ma mère insiste autant à ce sujet.

J’eus par la suite une enfance des plus normales, avec des copains et des copines. J’avais quelques facilités pour bien m’entendre avec les filles en général, mais je n’étais en rien la coqueluche de l’école ou le chouchou de ces demoiselles.

Tout d’abord, si « flux » il y avait, je n’en maîtrisais rien et fallait-il encore que je le déclenche via le regard, sans parler d’une nécessaire réceptivité en face, ce qui n’a rien d’évident à cet âge-là.

Un peu plus tard, j’eus une baby-sitter qui s’appelait Sandrine et dont j’étais très amoureux. Je devais avoir six ou sept ans et elle, peut-être dix-sept. Bien sûr, il serait délicat d’aller la voir aujourd’hui pour lui demander si elle ressentait une « excitation » lorsque le petit garçon de six ans que j’étais la regardait droit dans les yeux… Toujours est-il que j’ai des souvenirs très clairs qu’il se passait quelque chose de différent quand nous nous regardions, sans que ni l’un ni l’autre ne puissions l’identifier. Nous avions d’ailleurs inventé un jeu, le « jeu des yeux ». Il consistait à se regarder fixement et le premier qui clignait des yeux avait perdu. J’adorais ce jeu pendant lequel Sandrine me mettait face à elle sur ses genoux, avec mes jambes autour de sa taille.

Vers treize ans, je sortais avec une fille pour la première fois, en vacances. Ce fut très doux et très chaste. Je doute cependant que mon « regard » y soit pour grand-chose cette fois, car nous passions la plupart du temps à nous embrasser dans le noir…

Au-delà de ces souvenirs, il y avait également tous ces moments où j’avais déclenché le flux involontairement, en toisant quelqu’un d’un regard intense, lors d’une dispute le plus souvent. L’épisode avec Ludivine m’avait permis de lever un voile sur ces ressentis intimes. Il y avait parfois eu des réactions étranges et d’autres fois aucune qui m’ait marqué plus que ça, mais je reconnaissais maintenant le « processus » intérieur et c’était un grand pas.

Fort de ma découverte, j’allais mener plusieurs tests à partir de ce jour - sans en concevoir une obsession pour autant. J’étais un adolescent avec de nombreux centres d’intérêt et cette « faculté » s’apparentait plutôt à un talent caché, à utiliser au bon moment, un genre de don, comme de pouvoir imiter facilement des accents ou bien avoir l’oreille absolue. À l’instar de Mathias quelques années plus tard, j’imagine que d’autres garçons en auraient peut-être profité différemment.

Au cours des semaines et des mois suivants, je procédais à des essais, portés d’abord par la curiosité puis par la libido il faut bien l’avouer… Je compris ainsi que pour espérer déclencher une réaction, il fallait que le regard ou le flux soit reçu pendant quelques secondes au moins, et si possible répété plusieurs fois par la suite. Donc, non, il ne me suffisait pas de croiser les yeux d’une fille un instant pour qu’elle me saute dessus. « Dommage ! », aurait dit Mathias. J’appris également à moduler l’intensité du flux, un contrôle plus subtil qu’il n’y paraît s’il l’on veut atteindre des résultats probants. À ce petit jeu, il m’est arrivé de provoquer des malaises chez des voisines de tables que je « regardais » un peu trop fort. Non pas qu’elles se soient mises à gémir en plein cours, mais la « décharge » était si soudaine qu’elles avaient l’impression de faire une syncope, direction l’infirmerie.

J’essayais alors d’en savoir plus sur ce qu’elles avaient ressenti, mais il était difficile d’obtenir des détails, même lorsqu’elles voulaient bien me répondre. On attribuait d’habitude ces malaises à des crises de spasmophilie.

Je compris aussi que le flux n’impliquait généralement pas de lien de cause à effet entre elles et moi. Autrement dit, le fait de déclencher des symptômes d’excitation ne signifiait pas que le « sujet » m’en attribue nécessairement l’origine. C’était là l’une de mes découvertes capitales. Je ne pouvais donc pas simplement espérer qu’une fille me trouve attirant en utilisant le flux. Ce fut une petite déception, mais cela voulait aussi dire que je pouvais passer inaperçu et mener mes tests sans trop avoir à m’inquiéter d’être « démasqué ». Et avec une tendance naturelle au voyeurisme, cela me convenait d’autant plus.

Parmi les expériences les plus probantes avant l’université, il y eut Maude et Madame Barthès, une professeure de physique.

(à suivre... prochain chapitre : Maude)

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