Le Lotus

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Toi et moi, nous avons marché tout du long sur le même chemin. C'était pour que tu puisses me tenir la main, je n'étais qu'une enfant. J'ai eu une entorse une fois, ça remonte à... fichtre ! Loin. Les blessures guérissent plutôt bien lorsque tes yeux sont là pour calmer le cœur et tes mots pour souffler sur les cicatrices. C'était plutôt doux, tu t'arrêtais quand on croisait les jeux en se promenant, les obstacles fourbes et les nombreuses lubies qui me prenaient en passant.

Et l'année où j'aurais pu m'envoler un peu loin, tester mes ailes si joliment acquises, apprécier pleinement les vapeurs qui consument mes idées, la pente, devant nous, s'est dégradée. Entre les nids-de-poule, des roses sont apparues. Aussi bleues que le ciel est orageux, un bleu grave implosant de peine. Ça parait morne, cette unicité, pour ceux qui n'y plongent pas. Mais moi, qui souvent m'y noie, je le perçois autrement : tout en nuance. Par moments, il est possible de mieux respirer ; quand le bleu se morcelle en écailles pour laisser entrevoir le ciel.

Sur notre chemin, il suffit de quelques clichés, un peu de mots savants, et tu en es transformée. J'aime tant quand le bleu silence s'abstient de tourner aigre. Trop souvent cependant, tu viens en pensant voir d'autres racines gravir tout contre tes côtes et courir jusqu'à tes poumons. Je me tais, parce que c'est ce qu'il faut faire lorsqu'on a la connaissance facile et l'émotion fragile.

Il y a encore trop de bleu sur notre chemin. Du bleu, partout. Du bleu envahissant, qui s'étale en tache d'huile entre les nids-de-poule de l'espace-temps. Hormis mes ballons jaunes, notre univers cyanosé gémit d'hypoxie depuis qu'un lotus étrange fleurit dans ta gorge et te réveille en sueur la nuit.

On espère qu'un jour, toutes les vieilles fleurs fâneront, du lotus aux roses bleues, et on fera pousser quelque chose de nouveau. Un rien de vert, violet, tout ce qui te plaît. Je crois bien que le rose était ton humeur préférée, et on la croise rarement depuis trois ans.

Que dois-je faire pour nous récupérer ?

J'ai besoin de ton sourire pour guérir mes pensées. Que te faut-il, à toi, pour tout supporter ? Tu ne dis pas grand chose à part des sourires. As-tu peur, toi aussi, de souffrir ?

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