La guerre et les baies. partie 1
Avant de recevoir des coquelicots, c'était une période bizarre. Une ère dont je ne parle pas vraiment. Parfois je la décris, avec la peur que mes lignes soient encore trop frêles pour retracer en toute objectivité cette guerre contre moi-même et le monde.
Il y a eu cette année où il ne fallait pas trop penser, malgré les balles et leur trajet bas contre mon coeur.
Puis les bombes, distribuées au hasard. Elles touchaient ce qu'on pensait fort, incassable. Grand-Ma, Petit Sablé et moi avons été bien secoués par la tempête. Mais on a rassemblé nos planches de cuivre, tapé des clous dans les airs, redressé le lierre à main nue. À trois, on a fait ce qu'on a pu, et que ça se dispute donc d'un côté ou de l'autre ! Peu importait : on savait comment avancer en dépit de la guerre, ici. J'étais en colère, j'avais la force de pouvoir reconstruire. Du moins, la capacité d'y croire.
J'ai appris plus tard que ça ne dure qu'un temps : même avec ma rage innée de vivre, je ne me suis qu'épuisée à courir sur le toi. "Alors ! bombardez donc, je suis invincible !". La roue tourne et l'univers, au bout d'un moment, en a eu assez de mes pas.
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