0. Bienvenue à la 3DO

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Coucou ! n'hésitez pas à donner votre avis et à aimer si ça vous plait ! J'ai pour objectif de faire éditer cette histoire ! Enjoy

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“Apprendre d’hier, vivre pour aujourd’hui, espérer pour demain”

Albert Einstein

  Les portes de la pharmacie se referment derrière la dame. Mère de famille, elle tient les médicaments et la main de son fils, déambulant dans les rues chaudes de Paris, respirant l’air pollué du quartier Saint-Michel, en bordure des quais. Un repos de courte durée. Un grognement, fort et rauque, la menace. Le temps se fige, elle roule des yeux, laisse tomber son sac. Une main velue l’agrippe par derrière, l’entraîne dans une ruelle sombre, loin du soleil matinal. Ses pupilles fixent la tête de phacochère. Le monstre hideux, ignoré de tous, l’écrase au sol. De la bave coule le long sa joue, aussi froide que la Mort. Son hurlement résonne dans l’étroite rue bétonnée. Il lui broie l’épaule comme on serre une main. La bave se mélange aux yeux humides de la mère. Sans issue, sans secours, l’Iphone dans le sac Channel est bien loin. Puis, l’espoir revient. Elle entend un bourdonnement, un sifflement. Une lance transperce la poitrine de l’immondice qui hurle tel un cochon égorgé. Son sang gicle, de la fumée et une odeur de tabac parfume la scène. La victime, la vue flouée par les larmes, perçoit sa sauveuse, une femme ayant la quarantaine, vêtue d’un tailleur et de talons aiguilles, une clope au bec, une lance à la main, la chevelure attachée par une pince, le regard perçant, condamnant l’acte du monstre.

— Eh bien, tu as oublié les règles de la ville ? Tu mérites la mort, mon petit orque.

— Toi ! De quel droit peux-tu nous tuer ! Pourquoi devons-nous mourir de faim et laisser vivre les humains ! braille d’une voix rauque, la créature blessée.

— Intéressant, tu es assez civilisé pour parler mais trop stupide pour connaître la valeur d’une vie. Adieu, mon petit orque, s’amuse-t-elle, condescendante.

Le monstre, tel un sanglier blessé, charge en vain. Son bras gauche est tranché et vole au loin, la lance pénètre sa chair et éclate son cœur. Aujourd’hui une nouvelle vie s’éteint, il s’écroule sans un souffle. La mère de famille, tremblante, attrape la main tendue de sa sauveuse et la questionne en panique.

— Excusez-moi ! Mon fils ! Où est mon fils ?

— Tout va bien, je suis une Qasamyod professionnelle. Votre enfant est en sécurité.

Sa lance se désintègre et elle pointe du doigt le jeune garçon, caché derrière elle, au croisement de la rue. La mère de famille s’écroule de soulagement et pleure de joie. Son fils court dans ses bras, au rythme de ses larmes.

— C’est… c’est la première fois qu’une créature m’agresse ! J’ai eu si peur. Merci de nous avoir sauvés ! Madame…

— Alcantara, répond-elle d’une voix apaisante. Vous ne craignez plus rien. Ce petit orque mourrait de faim et espérait dévorer votre âme. Malheureusement, il a attaqué au mauvais moment et au mauvais endroit.

— Merci beaucoup ! Merci beaucoup !!

— Dites, je peux vous demander un service ?

— Bien sûr ! Tout ce que vous souhaitez !

— Auriez-vous l’heure ? Ma montre s’est brisée durant l’agression.

— Bien sûr, il est neuf heures !

— C’est mauvais, je risque d’être en retard. Écoutez-moi, je reste avec vous jusqu’à l’arrivée des autorités qui cloront cette affaire. Ils prendront en charge votre témoignage.

— Et vous ?!

  • Eh bien, une nouvelle année commence et j’ai hâte de découvrir les têtes des nouveaux bambins, murmure-t-elle.

  La rentrée. Notre-Dame de Paris sonne la venue des nouveaux étudiants, des vestes bleu foncé qui s’agglutinent sur l’île de la Cité. Les gracieuses lavallières écarlates et jupes à carreaux flottent au gré du vent car en ce début septembre, les bas et collants sont de mise et se mélangent aux pantalons beiges des garçons. Malgré des mocassins cirés, certains négligents ne portent pas de cravate et jouent avec les règles de la direction, tandis que des retardataires grillent les feux rouges avoisinants, provoquant la colère des automobilistes. La grande aiguille de leur montre n’attend pas. Au Diable les supplications, un Qasamyod est toujours à l’heure. L’académie 3DO se situe à côté de la cathédrale et occupe une grande partie de l’île par ses bâtiments administratifs, scolaires et sportifs. La zone, devenue piétonne, est dorénavant le théâtre de nombreuses histoires, tant joyeuses que tragiques. La première d’entre elles se déroule tôt ce matin-là, dans le plus vaste gymnase de l’établissement où attend impatiemment le corps enseignant, les futures élites de la génération 2023. Une fois les élèves assis, un vieil homme à forte corpulence prononce de sa voix rauque l’allocution d’ouverture : le traditionnel discours du directeur remémore les honneurs et les responsabilités des Qasamyod. Applaudi par l’assemblée, celui-ci cède ensuite le pupitre à deux jeunes étudiants qui entrent par le côté droit de l’estrade. La première est une jeune femme à la peau blanche et à la chevelure cramoisie, aussi pur que le rubis. Major de promotion du concours écrit, son regard mauve embrasé est assorti à sa posture naturellement fière. Des rumeurs circulent déjà à son sujet, tant sur sa beauté, que sur ses pouvoirs et sa famille. Elle s’abstient de tout commentaire et dévisage les commères du premier rang qui se taisent à sa vue. Notre héroïne soupire devant le pupitre, remontant discrètement son collant puis tapote sa jupe.

— Je me nomme Léliana Phénix et je suis fière de me tenir devant vous. Chaque année, on plussoie que la major de l’examen écrit représente les premières années et doit faire honneur à sa promotion. Mais en ce moment même où je déclame, mon nom ou mon classement importent peu car ce jour demeure singulier pour notre génération 2023. Poursuivant les traces de nos prédécesseurs, nous devenons ainsi les futurs gardiens de ce monde. L’humanité nous a confié une mission, celle de la protéger des Famished. Ces monstres cupides dévorent l’énergie spirituelle des êtres humains, faisant fi de leur état de santé et provoquant ainsi la mort. Quel comportement intolérable ! Toutefois, d’autres créatures chaleureuses, nommées Ciallmhar, ont eu la fermeté de s’y opposer et travaillent de concert avec nous pour les pourfendre au nom du respect de la dignité humaine. Qasamyod ici présents, beaucoup d’épreuves nous attendent. Noblesse oblige !

  Malgré les grimaces de certains élèves incapables de comprendre l’usage d’un quelque vocabulaire, la salle applaudit Léliana qui s’écarte du pupitre. L’étudiant derrière elle est un jeune homme athlétique, plus grand d’une quinzaine de centimètres et major de l’examen physique. Ses yeux bleus et ses cheveux châtains, coiffés en l’air et leur donnant ainsi du volume, laissent transparaître un visage beaucoup plus décontracté. Qualifié de dieu grec par de nombreux murmures estudiantins, le visage doux de notre Apollon contraste avec son uniforme parfaitement taillé, d’une propreté exemplaire.

— Je m’appelle Wildfried Léviathan et je connais l’image que renvoie le major de l’examen physique. On dit souvent que sa place n’est pas méritée… qu’elle est juste due à sa créature mais cela est faux. Votre créature ne déterminera jamais votre rang. Au contraire, votre capacité de travail reflète vos performances. La vie demeure inégalitaire et nous ne partons pas tous avec les mêmes chances. J’ai conscience que Léviathan s’avère plus puissant que d’autres monstres mais j’ai dû me battre pour en arriver là ! J’ai passé des nuits entières à maîtriser son pouvoir. Je me bats chaque jour comme le dernier pour ne pas perdre contre mes concurrents car oui ! Nous tous ici sommes des concurrents évoluant dans un environnement sain. Nous nous affrontons à chaque instant pour progresser ensemble. Nos amis d’aujourd’hui sont nos rivaux de demain et ainsi de suite ! Les faibles sont tirés par les forts. Malgré les difficultés et l’adversité, nous avançons ensemble vers un objectif commun. Je suis uniquement ici grâce à ma détermination, alors pourquoi pas vous ?

  La conclusion de son discours enflamme la foule et donne une teinte d’espoir aux élèves éprouvant des difficultés. Les deux majors du concours d’entrée retournent à leur place respective et marquent un tournant dans la rentrée des classes. Toujours tendue depuis son discours, Léliana observe sa voisine du coin de l’œil.

— Efface ce sourire béat, Juliette.

— Oooh, tu étais trop mignonne ma Eli. Dès que tu perds tes moyens, tu utilises davantage un vocabulaire désuet. Tu devrais prendre exemple sur Wildfried.

— Goujat ! Si j’avais ton buste, je n’aurais pas ce souci !

— Ah, tu vois, tu recommences ! ironise-t-elle, amusée par le tic de son amie.

  Léliana soupire et s’avoue vaincue. Elle connaît Juliette depuis longtemps, qui même d’humeur taquine, refuse de perdre en toute circonstance. En outre, les rumeurs circulant à son sujet l’agace davantage. La mésinformation reste un fléau. Combien d’étudiants m’accosteront dans les jours à venir par simple avidité ? Heureusement que j’ai Juliette à mes côtés. Perdue dans ses pensées, elle n’écoute que d’une oreille le reste de la cérémonie conclue par la directrice des études qui détaille le cursus de l’établissement, le règlement intérieur et l’utilité de la carte étudiante. Enfin, les professeurs se lèvent un à un et appellent leur classe, laissant au bout du bout, quarante élèves seuls dans le gymnase dont Léliana, Juliette et Wildfried. Toujours assise, ses yeux mauves observent sa future enseignante, une femme de quarante ans, embaumée de tabac. Celle-ci, d’un geste de la main, les intime de la suivre. De nouveau attentive, Léliana se laisse guider jusqu’au premier étage du bâtiment scolaire, occupé par les premières années. Une inscription – 1A – orne la salle de classe ressemblant à un petit amphithéâtre. Le calme revenu, l’enseignante se présente devant le large tableau, une craie à la main.

— Eh bien, je m’appelle Madame Alcantra. Qasamyod professionnelle, je suis également votre professeure principale. Avez-vous des questions ?

— Vous êtes Qasamyod professionnelle, pourquoi ne portez-vous pas le nom de famille de votre créature ? demande une élève.

— Pour beaucoup d’entre vous, la créature qui vous accompagne vit dans votre famille depuis longtemps. Cependant, lorsqu’on devient Qasamyod professionnel, on a la possibilité entre garder son nom de créature ou reprendre son nom de famille. J’ai fait ce choix pour conserver un avantage sur mes adversaires. Un Qasamyod court de grands dangers, mais si un Famished l’agresse sans connaître sa créature, la victime possède un effet de surprise.

  Les questions fusent au rythme des minutes, tant il y a de règles à découvrir dans ce nouvel univers. Léliana observe attentivement les élèves de sa classe qui risquent potentiellement de changer au second semestre. À qui pourra-t-elle faire confiance ? Puis, elle écoute Madame Alcantara répondre à toutes les interrogations et expliquer le fonctionnement méritocratique de l’établissement.

— Retenez bien cela mes jeunes bambins. Seul le travail paye dans notre académie 3DO !

  L’heure de cours continue par le fonctionnement du classement de combat qui demeure la clé de voute des institutions – DO –. Intriguée, notre héroïne regarde sa place grâce à sa carte étudiante. Je suis 657ème sur 1000. Je dois vite grimper dans la hiérarchie pour m’ouvrir le plus de portes possibles. Voilà donc la concurrence dont parlait Wildfried. Toujours dans le thème, un jeune homme évoque le sujet des missions et Madame Alcantra s’empresse d’éclairer sa lanterne.

— Eh bien, l’établissement est garni de panneaux de missions que vous pouvez effectuer. Chaque mission accomplie vous rapporte des points pour gagner des places dans le classement de combat. Maintenant, je vais distribuer vos emplois du temps et une fiche d’inscription obligatoire pour le sport, car un excellent Qasamyod entretient toujours son corps et son esprit.

  Tout à coup, Léliana lève la main car un sujet n’a pas encore été évoqué.

— Excusez-moi Madame ! Vous n’avez pas abordé la question des clans.

— Quelle perspicacité ! Malheureusement les premières ne peuvent pas encore rejoindre de clan donc nous en parlerons plus tard. Toutefois, si vous souhaitez connaître vos camarades, les associations étudiantes sont ouvertes dès à présent. Sur ce, je vous donne rendez-vous à quatorze heures. Ne soyez pas en retard.

  La professeure quitte la classe, suivie de nombreux élèves mais Léliana, en pleine réflexion, reste accoudée à son bureau. Son amie Juliette est assise quelques rangs derrières et observe avec amusement un élève se prendre la tête, puis se lève pour rejoindre la chevelure cramoisie.

— Cette nouvelle année est excitante ! As-tu déjà repéré des potentiels intéressants ?

— Encore en train d’épier l’ensemble de la promotion, s’amusa Léliana.

— Oooh, je préfère le terme « analyse » ! D’ailleurs, comment comptes-tu t’organiser pour les clans ?

— Allons manger, nous devons discuter.

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