1. Qui es-tu ?

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Coucou ! n'hésitez pas à donner votre avis et à aimer si ça vous plait ! J'ai pour objectif de faire éditer cette histoire ! Cela m'aidera à progresser, bonne lecture. Enjoy

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“Que de tout inconnu le sage se méfie !”

Jean de La Fontaine

  À la pause du midi, Juliette et Léliana passent devant Notre-Dame de Paris pour s’installer dans un café en bordure des quais. Elles ont coutume de déjeuner une fois par semaine au restaurant puis après avoir commandé leur plat favori, notre héroïne questionne son amie sur les potentiels Qasamyod intéressants en première année.

— Ah ! j’en ai repéré trois ! Le premier est Wildfried Léviathan. Il sera un allié de taille pour gagner en réputation.

— En effet, on ne croise pas tous les jours le détenteur d’une bête primordiale. Et pour le reste ?

— Le deuxième est aussi dans notre classe, il a une coupe au bol. Je l’ai déjà rencontré à un tournoi il y a quelques années et on sait pertinemment que seules les personnes talentueuses participent à des championnats Qasamyod.

— Tu as l’œil pour ce genre de détail, Juju… et le dernier ?

— Tu as remarqué les élèves assis au fond de la classe dans le coin à gauche ?

— Ne m’en parle pas ! Ces goujats n’ont aucun respect pour l’institution !

— Oh, tu sembles colère. Amusant.

— Le garçon ne portait pas de cravate et sa chemise sortait du pantalon tandis que ses amies avaient détaché leur lavallière. Mais ils viennent d’un milieu modeste, je l’ai remarqué et je leur souhaite bonne chance pour s’intégrer dans cette école d’aristocrate.

— Ah, serait-ce un énième discours sur ta haine de la noblesse ? Tu pardonnes leur comportement parce qu’ils sont de la populace ? ironise Juliette.

— On ne peut pas renier ces origines… Je déteste mes pairs et tous leurs codes aristocratiques. Soit on se conforte aux idéaux familiaux, soit on les renie. Cependant, j’estime que notre statut social n’influence pas nos choix. Peu importe le milieu d’origine, je ne supporte pas quand on bafoue les règles. Et sache que je n’ai rien à absoudre. Leur éducation ne me sied guère.

  Juliette l’écoute avec amusement, accoudée à la table. Ses ongles vernis de turquoise tournoient la paille de sa menthe à l’eau. Soudain, d’un sourire malicieux dont elle seule a le secret, elle pointe sa chevelure cramoisie.

— Je ne pensais pas à eux en particulier, concernant notre troisième lascar mais quand on parle du loup, on en voit la queue.

  Une présence interrompt leur discussion et Léliana observe ses nouveaux interlocuteurs aux tenues débraillées. Ce sont les filles et le garçon du fond de la classe, que nous veulent-ils ? Ses yeux mauves fixent d’étonnement l’homme qui se rapproche d’elle, comme si la discussion devenait formelle.

— Excuse-moi de te déranger, as-tu un petit ami ?

— Non et je n’en ai cure.

— Pourquoi demandes-tu à Eli ? Commence par questionner les deux étudiantes à tes côtés, taquine Juliette.

  Léliana se sent agacée et attristée, encore quelqu’un qui me désire seulement pour mon pouvoir et mon statut social… Le garçon tombe des nues à la remarque de Juliette et ses amies se moquent de lui, s’excusant pour son comportement. Soudain, celle-ci se lève et rattrape ses interlocuteurs déjà partis, alors que Léliana, toujours assise, boit son café d’un œil attentif. Elle cherche sûrement une information sur notre troisième candidat. Une fois le repas terminé, notre héroïne aux cheveux écarlates soupire puis retourne en classe en compagnie de Juliette car les cours reprennent par une visite de l’académie 3DO. Madame Alcantara leur montre le bâtiment pédagogique composé d’amphithéâtres, de salles de classe et de salles d’étude puis traverse la cour d’honneur, donnant accès au bâtiment administratif et à l’infirmerie. Derrière, plusieurs gymnases, terrains de sport et stadium parsèment le campus où des étudiants profitent de leur temps à la cafétéria, au self et à la bibliothèque. Enfin, la pédagogue conduit ses bambins au Stadium numéro deux et les intime d’attendre au bord de l’arène, leur expliquant un dernier exercice qui consiste à se présenter en affrontant un autre étudiant. Toutefois, une violente dispute éclate car un élève plaintif refuse de se battre par peur de souffrir ou de fournir trop d’efforts. Son comportement agace Léliana qui toute sa vie, a dû surpasser les attentes de sa famille. Avant que Madame Alcantara ne calme la situation, Wildfried joue un rôle de médiateur et propose à notre héroïne de montrer l’exemple. Dépitée, celle-ci soupire et se présente au reste de la classe.

— Je me nomme Léliana Phénix 66ème du nom, j’ai dix-sept ans et je viens de Grèce. Le Phénix qui m’accompagne vit dans ce collier. L’arme qui nous lie s’appelle Bakst.

À ce nom, Léliana tend sa main qui s’enflamme. Une machaira jaillit de sa paume qu’elle pointe vers Juliette, en signe de défi. Cette dernière sourit malicieusement, bombe le torse et relève le duel.

— Je m’appelle Juliette Nekomata 16ème du nom mais vous pouvez m’appeler Neko-chan. Mon Nekomata habite dans mes chouchous à cheveux. Notre arme se prénomme Hanami.

  Elle claque des mains et un katana surgit du creux de ses paumes. Pour gagner, il suffit de briser l’insigne de son adversaire, accroché à gauche de la poitrine. En position de combat, les deux étudiantes s’écartent. Après un long silence, leurs lames s’entrechoquent. Léliana joue sur sa dextérité et sa rapidité pour tenter de briser le badge de Juliette qui reste bien positionnée sur ses appuis. Le regard froid et brillant, elle attend le moment opportun pour contre-attaquer. Le voilà ! Elle dévie la machaira en la faisant glisser le long de son sabre et déstabilise son adversaire. Riposte ! Des flammes pourpres jaillissent de l'uniforme du Phénix et l’aveuglent. Neko-chan recule par inadvertance et s’écroule à cause de sa forte poitrine. Léliana arrête son attaque et l’aide à se relever, considérant avoir gagné puis remercie ses camarades pour leurs applaudissements.

— Je n’en peux plus de ces obus mais je déteste encore plus perdre.

— Plains-toi à Dame Nature, on remet cela la prochaine fois.

  Madame Alcantra les remercie pour cette présentation. Elle a pris du plaisir à regarder un match entre jeunes concurrentes de tournois Qasamyod, bien que pour nos deux amies d’enfance, ce combat relève plus d’une chamaillerie quotidienne. L’exercice se poursuit et les élèves défilent, dont un certain David Euryale à la coupe au bol. Un mot. Un nom fait soudainement frissonner les élèves restants. Madame Alcantara a prononcé : « Wilfried Léviathan ». Il s’écarte du groupe. Tous fuient ses pupilles bleues, un paradoxe entre sa puissance terrifiante et son visage laissant paraître un caractère doux. Tout le monde se résigne à l’idée d’affronter une bête primordiale de la Bible. Durant sa présentation, une étudiante ose quand même l’interrompre car elle a déjà effectué l’exercice.

— Excuse-moi, as-tu un lien avec Niko Léviathan ?

— Non, je n’ai aucun lien avec lui mais je connais sa légende au sein de notre académie.

  Il serre les dents et son poing comme si on ne cesse sans cesse de lui poser la question. L’atmosphère devient pesante et les rythmes cardiaques s’accélèrent, priant d’échappant à ce monstre. Parmi les futures victimes, une seule a la malchance de croiser son regard. Wildfried l’interpelle directement. Celle-ci esquisse un rictus. Ses cheveux bruns ébouriffés peinent à cacher son regard morne, digne d’une vipère et sa tenue débraillée agace sûrement notre héroïne qui contemple la scène de l’autre côté du terrain. Cette rencontre n’est pas un simple hasard et le jeune inconnu l’interroge.

— Tss, pourquoi moi ?

— Tu es le seul à ne pas avoir détourné le regard. Désolé de te forcer la main, tâchons d’être brefs. Je t’invoque, Cataclysme.

  Notre énergumène affiche un sourire en coin puis observe avec nonchalance l’arme de la bête, un poing américain droitier. Mais son analyse interroge davantage les curieux car il semble étrangement percevoir le profond secret de Wildfried Léviathan.

— Hum, des étudiantes te surnomment Apollon… mais savais-tu que Léviathan représente aussi le péché de l’envie ?

— Qui es-tu ?

— Je me nomme Alphonse J. O’Shea et je ne possède pas de créature. Par conséquent, je n’ai ni arme, ni magie. Tu peux vérifier mon classement de combat, j’ai fini dernier avec un joli zéro.

— Pardon, est-ce possible, madame Alcantra ?

— Il semblerait que oui.

  Léliana hallucine en entendant son histoire et vérifie immédiatement ses dires grâce à sa carte étudiante. Impossible, il dit vrai. Comment ? On ne peut pas intégrer l’établissement en ayant zéro à l’examen physique d’entrée. Où est la faille dans son mensonge ? Elle contemple Wildfried qui fronce les sourcils. Lui aussi constate avec désarroi la dernière place d’Alphonse au classement de combat. Sans crier gare, il décoche une droite parée par réflexe par ce dernier qui recule à cause de la puissance. Il crie de douleur en se tenant la main puis quitte discrètement la scène sous les moqueries des autres élèves.

— Ne te fous pas de moi ! s’énerve Wildfried.

— Hum, je ne te croyais pas sanguin.

  Alphonse s’arrête net. Les mains dans les poches, il penche la tête en arrière et dévisage notre Apollon du coin de l’œil, écoutant les douces rumeurs circulant à son sujet. L’acmé de la rencontre. Sous le sourire malicieux de Juliette qui a compris le subterfuge, Léliana sort du groupe estudiantin et confronte Alphonse qui observe tour à tour les deux majors de promotion. Une scène surréaliste où Wildfried le rappelle à l’ordre.

— Menteur. Le concours d’entrée se compose d’une épreuve écrite et d’une épreuve physique. Après avoir sélectionné les deux cents premiers étudiants intellectuels, les examinateurs testent leur condition physique et la puissance de leur créature…

— Abrège, je connais les modalités.

— J’en doute fortement. Pourquoi avons-nous deux notes à l’examen d’entrée ? Après tout, la moyenne écrite sélectionne déjà les deux cents admis. Étrange n’est-ce pas ? En fait, il existe une règle éliminatoire. Tout élève ayant moins de dix de moyenne se voit exclu du concours. Chaque année, de brillants étudiants sont éliminés à cause de leurs résultats physiques. Tu comprends où je veux en venir maintenant avec ton zéro ? Tu ne peux pas avoir dix de moyenne.

  Alphonse esquisse un rictus. Il tire une barre chocolatée goût tiramisu et croque dedans, mâchant machinalement au rythme des secondes, le temps que ses adversaires comprennent. Soudain, Léliana écarquille les yeux. Ses pupilles mauves veulent tout dire et lorsqu’elle croise le regard de son amie Juliette, celle-ci acquiesce. Je comprends mieux Juju. Ton troisième candidat est Alphonse. J’ai fini première à l’examen écrit avec 18,8 de moyenne… mais tu connais mon mensonge.

— Tu as eu vingt au concours écrit et zéro à l’examen physique. Ainsi, tu valides à dix, murmure-t-elle d’une colère froide.

— Félicitations, tu n’es pas deuxième pour rien.

— Attends… si Alphonse a majoré l’examen écrit, pourquoi n’a-t-il pas prononcé le discours d’entrée à ta place ? s’inquiète Wildfried, dépassé par les événements.

— Je l’ignore et j’attends aussi les explications de ce goujat !

— J’ai mes raisons.

— Ne te moque pas de moi ! J’ai dû préparer un discours en trois minutes à cause de toi, sous l’adjuration du directeur ! Pourquoi minimises-tu cet exploit ? Seule la tristement célèbre Astrid Gévaudan a réussi cette prouesse. Tu railles le travail des autres ? De tous ceux qui se sont battus pour intégrer cette école ! Ton attitude transpire la nonchalance et la différence, ça m’horripile !

— Et toi, tu es juste frustrée d’avoir fini deuxième… alors que tu as tout donné. Mais je te rejoins sur un point. Les Hommes qui délaissent tout ce qui se rapporte au travail sont méprisables.

— Je ne comprends pas. Pourquoi fais-tu preuve d’un tel ennui ?

— Tu te trompes. J’évite les ennuis, nuance.

— Quelle frustration… terminer derrière un garçon qui ne porte aucune considération pour son travail… murmure-t-elle d’agacement.

  La tension monte d’un cran mais d’un doux clappement de mains, Madame Alcantra interrompt la discussion pour finir les présentations. Le reste de l’heure, Léliana réfléchit en mordillant ses ongles alors que Neko-chan la console en regardant à tour de rôle Wildfried et Alphonse. L’hôte de Léviathan a la tête posée sur ses mains et notre dernier protagoniste termine sa barre tiramisu, essayant de se faire oublier. Quand la cloche retentit, Léliana se tourne vers son amie et lui propose de rencontrer Wildfried. Malheureusement, celui-ci a déjà quitté le terrain. Les deux filles soupirent et rentrent chez elles, remettant leur plan à plus tard. De son côté, Alphonse évite le plus possible le regard des autres mais un certain Apollon l’intercepte dans le couloir du Stadium et l’isole dans le vestiaire. Dans un face à face façon western où l’un des cowboys finit six pieds sous terre, Wildfried le défi.

  • Enfoiré, je sais que tu as une créature, j’ai compris ton subterfuge. Maintenant, affronte-moi.

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