La ligue des dames

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Ce qui ramène à cette appellation de « dame-employée », à laquelle notre militante acharnée ne souscrivait absolument pas un seul instant, et le fit vivement comprendre aux PTT. Tout comme les prés de 26 000 dames-employées des PPT, éternellement reléguées au second plan, telle la syndicaliste Charlotte Bonin de la Confédération général du travail, sans compter les syndicalistes Marie-Thérèse Gourdeaux et Adèle Lecoq également à la Confédération générale du travail unitaire de la sujette de ces lignes. Quant aux barrières structurelles entre ces femmes au sein de deux syndicats distincts, la formation d'une association professionnelle spécifique à travers La Ligue des dames induit l'évaporation de ceux-ci face à ce nécessaire combat.

Au terme de cet affrontement durant de 1927 à 1935, il apparaîtra quelques grandes avancées théoriques auxquelles succéderont des reculs dans la pratique.

À partir de l'arrêté du 25 janvier 1929, l'accession des femmes au poste de surnuméraire fut possible, et un concours unique pour le recrutement extérieur instauré. Ce qui ne niait pas des limites d'ailleurs chiffrées, les places réservées aux hommes furent par exemple quatre fois plus élevées en janvier 1929. Dans cette même perspective, l’arrêté du 13 juin 1929 céda enfin aux femmes la potentialité de devenir commis, quoi que cela demeurait réduit au nombre bien maigre de 1900 emplois (soit moins de 10 % des dames-employées concernées).

L’arrêté du 1er septembre 1930 fut encore bien moins remarquable et réserva le recrutement des commis chargés des fonctions de sténo-dactylographes aux dames-sténo-dactylographes. En somme, cet arrêté dans sa profonde bonté accorde aux femmes le droit de se nommer commis avec les mêmes attributions et fonctions qu'avant. On atteignait alors le paroxysme de l'absurdité et du mépris. Les arrêtés du 15 juillet 1930 constituèrent une continuité. Ils créent d'une part les emplois de dames spécialisées (au téléphone, télégraphe, etc), ce qui empêchait d'une autre part toute possibilité future d’avancement.

Celui qui suivit, au vu des précédents, paraîtrait presque plus innovateur, du moins relativement. En effet, l’arrêté du 1er décembre 1931, portant ouverture d’un concours pour le recrutement de commis d’ordre et de comptabilité, disposait que si le nombre de places admis, étant réservés aux expéditionnaires, était inférieur au nombre de places proposées, les emplois étaient attribués aux dames-employées. En dépit de cette fragile évolution, le gouvernement n'avait pas fini de proposer d'autres illusions, comme le prouve l’arrêté du 11 août 1933, qui reprenait le principe de celui du 1er septembre 1930, appliqué aux services administratifs.

Pendant que ces arrêtés défilaient probablement à la vitesse des fines railleries sexistes dans l'esprit des ministres en les rédigeant, les dames-employées continuaient à se battre, comme dit auparavant. Elles soutirèrent finalement l’arrêté du 21 mars 1932, qui organisa l’égalité de recrutement entre hommes et femmes pour les emplois de rédacteurs, sans compter l’arrêté du 4 février 1935, qui retira les limitations au sujet du nombre de places de rédacteurs réservés aux femmes. Les figures de cette lutte spécifique ne sont qu'une parmi tant d'autres de ces milliers de femmes majoritairement anonymes qui bousculèrent l'ordre établi aux PTT. Le Régime de Vichy, qui ne va pas tarder à se profiler, fera désastreusement bien vite disparaître le moindre de ces timides progrès.

La notoriété grandissante de notre protagoniste fut reconnue lors de la réunification syndicale de 1936, d'une part par l'obtention du statut de secrétaire de la section syndicale des chèques postaux, et d'une part d'élue membre de la Commission exécutive de la Fédération nationale des travailleurs des PTT CGT (FAPT-CGT), en d'autres termes la « Fédération postale » CGT.

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