[Thème libre] Pardonne moi, je ne suis qu'un imbécile

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Le bateau est là devant moi, magnifique, majestueux, imposant… bref c’est là-dedans que je vais passer la semaine qui arrive. Daniel n’a pas tort, ça ne pourra que me faire du bien, c’est juste dommage qu’il n’ait pas pu y aller lui, à l’origine ce billet était le sien quand même ! Ma mère m’a toujours dit de saisir les opportunités lorsqu’elle se présentait à moi car elles ne le feront pas une seconde fois. Me voici donc, prête à embarquer sur un magnifique bateau de croisière pour une semaine entière à la place d’un ami.

 

***

Le patron m’envoie une semaine sur un bateau de croisière pour écrire un article ! Franchement j’ai mieux à faire ! Je suis sûr que pendant cette semaine où je serais isolé en pleine mer il va se passer plein de choses intéressantes et je ne serais même pas là pour écrire un article dessus. Je le soupçonne de m’avoir envoyé ici pour me punir de ce que j’ai écrit dans mon article de la semaine dernière… mais ce n’était que la vérité, ce n’est pas ma faute si les gens n’assument pas leurs conneries quand même !

 

 ***

Oh je suis trop excité, j’ai hâte que le bateau quitte le port pour pouvoir enfin profiter de cette super croisière ! Enfin une occasion de faire une pause dans ma vie, qui n’a jamais rêvé de mettre sa vie en pause, de souffler un bon coup et d’y revenir plus tard ?

Le départ est prévu pour dans une heure donc j’ai largement le temps, et puis de toute manière il y a une queue de folie pour pouvoir s’enregistré et grimper à bord.

 

*** 

Pitié que cette semaine se termine que je puisse retourner à mon travail, à l’actualité, aux rebondissements, à la vie quoi ! Cette croisière n’a pas encore débuté que je n’ai qu’une envie c’est de retourner chez moi ! En plus il y a un monde fou et beaucoup trop de bruit, ça me prend la tête, ils ne peuvent pas la mettre en veilleuses tous ces imbéciles !

 

 ***

Ça fait maintenant deux jours que je me prélasse sur le pont du bateau, au soleil, pas exactement au calme parce qu’il y a beaucoup d’agitation mais ce n’est pas grave, un bon bouquin, un tube de crème solaire et je peux rester là pendant des heures !


- Excuser moi madame, pouvez-vous me donner l’heure s’il vous plait ?


- Oui, bien sûr, il est… 11 heures moins 10, oh je me demande ce qu’ils vont nous proposer pour le déjeuner aujourd’hui, vous pensez à quoi ? Personnellement je pencherais pour des plateaux de fruits de mer…


- Merci, oh, je n’espère pas, je n’aime pas ça, tous ce qui vient de la mer je ne le supporte pas, pourquoi pas un banal steak avec des pommes de terre sautées ? En tout cas merci et bonne fin de matinée, dit l’homme avant de s’éloigner.


Soudain une ombre me recouvre presque entièrement.


- Qu’est-ce que tu fais là ?


Sans avoir à me retourner, je sais qui c’est, j’ai reconnu sa voix, une voix qui, il y a quelques années m’avait fait chaviré au point que devant autel et témoin j’avais dit « oui » et qui récemment m’avait menti, trompé et à qui j’avais tendu les papiers du divorce. Je prends une grande respiration pour me calmer avant de me retourner.


- Ça ne se voit pas ? Je me repose, je bronze, je prends des vacances pour respirer, je me détends… et toi avec un ton si aimable, tu fais quoi ?


- Je cherche un sujet d’article. Je n’ai plus que cinq jours pour le trouver et le rédiger.


- Et pourquoi ne pas écrire les aventures d’un certain Marc qui se retrouve coincé sur un bateau avec son ex-femme pour encore cinq jours et qui va trouver tout un tas de ruses pour l’éviter ? Au cas où le sous-entendu n’était pas assez clair, je ne veux plus te voir, c’est compris !


Sur ce il partit en ronchonnant et moi, je repris tranquillement ma lecture là où je m’étais arrêté un peu plus tôt.

 

***

 Mais qu'ai-je fais pour mériter ça ! De toutes les femmes dans cette ville, il a fallu que Lena, mon ex-femme embarque aussi ! Cependant, j'avoue qu'elle n'a pas tout à fait tort. Le patron voulait un article, il n'a pas précisé quoi et ce serait une bonne façon de se venger. Je fonce jusqu'à ma cabine, me jette sur ma couchette et attrape mon ordinateur. Je commence alors à écrire, d'abord le titre « Un couple divorcé, coincé sur un bateau de croisière pour une semaine, ou comment ne pas gâcher ses vacances en s'évitant ». Le lecteur doit avoir pitié de l'homme donc je vais décrire la femme comme une horrible personne. Quels sont les défauts de Léna ? Elle est trop perfectionniste, elle aime tout contrôler... au fur et à mesure que j'écris, je me rends compte que je peins un portrait de ma femme, mais pas n'importe quelle femme, non, de la femme dont je suis tombé amoureux il y a de ça quatre ans. Plus je réfléchis plus je me dis que je suis aussi responsable qu'elle dans notre divorce, si ce n'est pas plus, c'est vrai je l'avoue, je l'ai trompé, mais je l'ai profondément regretté ensuite, et c'est arrivé qu'une seule fois ! Mais c'est aussi de sa faute ! Elle passait presque tout son temps avec son ami, et quand elle rentrait à la maison elle n'avait que son nom à la bouche ! J'ai cru qu'elle avait une liaison... Quel idiot je fais. Quand je pense que c'est pour me venger que je l'ai trompé. Les paroles de mon meilleur ami résonne dans ma tête. «Pourquoi as-tu fais ça ? C'est pas ton genre, je le sais, je te connais, il y a forcément une raison. Est-ce que tu lui as dit ? As-tu été sincère avec elle ?». Non je ne lui avait pas donné la véritable raison, j'étais trop fier pour lui avouer que je m'étais sentit en danger a cause de son ami Daniel. Avec le temps je trouve ça ridicule. Mais c'est trop tard maintenant. J'ai gâché la plus belle opportunité de ma vie. Elle m'est passé entre les doigts et je n'ai rien fait pour la retenir.


***

Je n'y crois pas, Marc, ici, sur ce bateau ! Ça fait quelques mois que nous avons divorcé, et depuis j'essaye de l'oublier, de passer a autre chose. Mais presque quatre ans de vie commune ça ne s'oublie pas comme ça. Il m'a brisé le cœur ! Comment pourrais-je lui pardonner ?


Pourtant, je le sais, je le sens au fond de moi, bien ancré dans mon cœur, je l'aime toujours, il fait toujours partie de moi. Son absence est une véritable douleur que j'enfouis le plus loin possible pour ne pas la voir, parce que je veux m'en séparer. Je veux me libérer. Le pire dans cette histoire c'est que je le connais suffisamment pour savoir que l'excuse pourris qu'il m'a donné pour justifier son adultère était un mensonge. Ce n'était pas la vraie raison. Mais que c'est-il passé pour que notre couple si heureux parte en vrille a ce point ?


***

Je viens de mettre le point final a mon article, le mail pour le patron est prêt, je n'ai qu'a cliquer sur envoyer, mais j'hésite. Envoyer.


***

La croisière est terminée depuis une semaine, j'ai repris ma vie là où je l'avais laissé en pause à mon départ. Marc m'a écouté et je ne l'ai pas revue du voyage. Mon téléphone se met soudain a vibrer frénétiquement, c'est Cindy qui m'appelle.


- Dis tu as lu le journal ? Il faut absolument que tu lises ça !


- Bonjour Cindy, calme toi enfin, qu'est-ce qui t'arrive ?


- Mais lis le journal bon sang ! Page quatre, troisième colonnes.


- Oui, oui, ça va, d'accord, mais arrête de hurler s'il te plait.


Je prend le journal qui est dans ma boite au lettre et l'ouvre a la bonne page. Mon cœur rate un battement lorsque je lis le titre de l'article et le nom de son auteur. « Comment j'ai brisé mon couple en même temps que ma vie » de Marc Lido. En parcourant les lignes suivantes je découvris la véritable raison de son geste. Marc avait écrit tout ce qu'il avait sur le cœur, toutes les excuses qu'il n'avait pas prononcé au bon moment, combien il regrettait son comportement. Il décrivait la femme qu'il aimait et a qui il destinait cette article, une femme qui sous sa plume avait l'air parfaite. Et cette femme c'était moi.


- Cindy, je te rappelle. Dis-je avant de raccrocher.


Sans même regarder je compose un numéro déjà mille fois tapé sur le petit clavier de mon téléphone. La sonnerie. Quelqu'un décroche. D'une voix noyé de larmes retenus je prononce des mots qui changeront le cour de ma vie.


- Marc, c'est moi. Je te pardonne. Je t'aime...

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