Chapitre IX : Partie 2/2.

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 Les deux sœurs descendirent à la cuisine où Lizzie leur prépara un café en demandant des nouvelles de ses neveux et nièces. De son beau-frère. Et du boulot de sa sœur. Avait-elle vu leurs parents récemment ? Promis, elle y passerait la semaine prochaine. Oh, et puis c’était bientôt l’anniversaire de leur tante aussi.

 « Ok, Lizzie, pas à moi. Arrêtes ça tout de suite. Elle agita son doigt en signe de protestation. Tututut. Tu as disparu des radars depuis presque 2 jours...

  • Trois, déclara Elisabeth tout bas.
  • Trois, de mieux en mieux, et tu me demandes comment va la famille ? Ils vont bien. Oublies-les maintenant. Qu’est-ce qui t’arrive ? Où est Marc ? Pourquoi il ne me répond pas non plus au téléphone ? ET qu’est-ce que tu faisais dans son bureau ? Punaise Liz, qu’est-ce qui se passe ? s'écria Laurence.
  • Calme-toi. Je vais bien. Enfin non. Mais il n’y a rien de grave. Enfin si. Lizzie soupira. Je suis complètement perdue. Je ne sais plus Lau’, je…. »

 Elisabeth ne put achever sa phrase. Elle s’effondra dans les bras de sa sœur, submergée par les sanglots qui venaient de lui ôter l’usage de la parole. Elle étouffait. Elle suffoquait. C’était trop difficile. Ce n’était pas la tristesse qui l’accablée ainsi, ni même la fatigue. Non, c’était la honte. La honte d’être celle qu’elle était, d’avoir fait ce qu’elle avait fait. La honte d’avoir été Liz.

 Laurence laissa sa petite sœur pleurer aussi longtemps qu’elle en avait besoin, la serrant dans ses bras en silence. Parfois, elle lui soufflait quelques mots qu’elle espérait réconfortants. Puis elle se taisait à nouveau. Finalement, la cadette réussit à reprendre le dessus et les sanglots se calmèrent. Chacun reprit sa place autour de la table. Laurence fit réchauffer le café. Elisabeth sécha ses larmes. La pendule sonna dix-huit heures. Puis, elle commença à parler. Elle lui déballa tout, sans rien n’omettre. Silvia, le recueil, Thibault, le bébé, encore, Marc. Tout. Sans s’arrêter. Sans être interrompue. Sans regarder sa sœur qui fixait sa tasse.

« Donc j’essayais de faire le point et tu es arrivée.

  • Thibault. Encore. Laurence soupira et se prit le visage dans les mains. Tu vas faire quoi maintenant ?
  • Je n’en sais rien. J’essaie de faire le point depuis trois jours et je n’y arrive pas. Avec Thibault, c’était, comme avant. Je me suis sentie revivre. C’était fort, c’était amusant. Mais Marc est un homme en or, alors je ne sais pas.
  • Minute papillon. Tu envisages de quitter ton mari pour Thibault ? Vraiment ?
  • Bah, c’est un peu la question là. Non ?
  • Non. La question Lizzie c’est pourquoi tu as recouché avec ce type ? La question c’est aussi, pourquoi tu t’éloignes de Marc ? La question, c’est est-ce que tu aimes ton mari ? Une fois que tu as répondu à ces questions tu peux envisager ta question à toi.
  • Ca revient au même Laurence. S’agaça Liz.
  • Non, pas du tout. Toi, tu vas direct à la fin de l’équation mais tu n’as pas fait les étapes intermédiaires.
  • Merci madame la prof de Maths !
  • Je suis sérieuse Elisabeth. Tu ne peux pas envisager de te remettre avec Thibault. Et puis qui te dit qu’il en a envie lui ?
  • Je sais que tu ne l’as jamais aimé mais c’est pas une raison pour être méchante !
  • Je ne suis pas méchante mais réaliste ! On le connaît le Thibault hein !
  • Non, tu ne le connais pas. Et puis, tu ne te souviens pas à quel point je l’ai aimé ? A quel point c’était fort entre nous ?
  • C’est de ça dont tu te souviens Lizzie ? Vraiment ?
  • Qu’est-ce que tu veux dire ?
  • Je n’ai pas les mêmes souvenirs.
  • Oh Laurence, s’il te plaît ! Je sais que tout n’a pas toujours été rose mais c’est comme ça dans toutes les relations. Regarde, avec Julien aussi c’est difficile parfois.
  • Oui, c’est parfois difficile, dans toutes les relations. Mais là c’était plus noir que rose quand même.
  • N’importe quoi !
  • Tu as une idée du nombre de fois où je t’ai récupéré en pleurs parce que son père t'avait traitée comme une moins que rien devant tout le monde ? Parce qu’il avait disparu pendant plusieurs jours ? Parce que tu avais loupé ton examen à cause de lui ?
  • Tu es injuste là !
  • Non, c’est toi qui fuit la réalité Elisabeth. Tu dois te poser les bonnes questions. Pourquoi tu t’es laissée séduire ? Parce qu’il te manquait ou parce que tes souvenirs te manquaient ? Non, n’essaye pas de répondre. Ce n’est pas à moi que tu dois des réponses, mais à toi même. »

 La pendule retentit de nouveau. Laurence devait rentrer. Julien, son mari pas toujours facile l’attendait avec les enfants. Elisabeth hocha la tête en signe de réponse et la raccompagna jusqu’à sa voiture. Le moteur vrombit. La vitre côté passager se baissa et Laurence baissa la tête pour capter le regard de sa cadette.

« Tu sais quoi, tu devrais reprendre tes vieux journaux intimes. Un petit tour dans le passé, ça peut aider parfois. »

 La vitre remonta et la voiture s’engagea sur la route, laissant Elisabeth seule sur le trottoir à fixer ses pieds.

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