Chapitre X: Partie 1/2.

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  Les premiers rayons du soleil venaient à peine de se lever quand Elisabeth quitta son lit. La nuit avait été longue et peu reposante. La chaleur étouffante, l’absence de Marc et la conversation avec sa sœur étaient autant de facteurs qui avaient rendu son sommeil agité. Le seul point positif était que sa sœur n’avait pas complètement tord. Lizzie devait se poser les bonnes questions, et si possible dans l’ordre. Mais d’abord, il devenait urgent qu’elle avale quelque chose. La table du petit déjeuner avait rarement était aussi garnie. Café, petits pains, croissants, baguette et confiture. C’était beaucoup trop pour une seule personne, mais qu’importe, elle avait envie de se faire plaisir ce matin. Ensuite, la jeune femme ralluma son téléphone portable, espérant y trouver les premières réponses. Et elle ne fut pas déçue. 25 appels manqués. 42 messages. La plupart de sa sœur, un peu furieux, parfois inquiets et surtout très piquants. Certains de Silvia. Un congé maladie ? Non mais ça ne va pas ! Et la deadline ?

  Peu de temps après le départ de Marc, Elisabeth avait écrit à Silvia afin d’assurer ses arrières. Je suis malade. C’est pas beau à voir. Je prends un congé. Puis plus rien. L’auteure n’avait pas eu le courage d’attendre la réponse de son éditrice et avait éteint son téléphone dans la seconde qui avait suivie. Et la réponse était à la hauteur de ce qu’elle craignait. Des dizaines de messages, tous plus ou moins semblables, la rappelant à ses responsabilités, au contrat qu’elle avait signé et même à la santé mentale de Silvia, qui ne pourrait pas survivre bien longtemps sans signe de vie de son auteure préférée. Elisabeth souriait en lisant tous ces messages, plus drôles les uns que les autres, évitant soigneusement d’ouvrir les deux autres conversations que son portable lui signalait comme non lues. Thibault. Marc.

  Mais, bientôt, sa sœur et Silvia n’avaient plus rien eu à lui dire et elle avait dû se rendre à l’évidence. Elle avait rallumé son téléphone uniquement pour cela, uniquement pour eux. Il était ridicule de continuer à retarder le moment de la lecture. Thibault. 10 messages.

lundi 20 août 2018

09:15 - Tu n’es pas au bureau ?

09:20 - Pourquoi tu n’es pas là ?

10:00 - Malade ? Vraiment Liz ? Tu fuis, encore !

20:03 - Appelle-moi. On doit en parler.

20:08 - Répondeur ? Tu filtres ?

mardi 21 août 2018

15:23 - S’il te plait, décroche, répond. Fais quelque chose !

21:02 - Vraiment, tu me déçois. Je ne comprends pas. C’est ridicule. On est adulte.

mercredi 22 août 2018

23:30 - Liz, j’ai besoin de te voir.

23:45 - Même endroit, même heure ?

01:15 - Ok. Je vois. Tant pis pour toi.

  Liz soupira. Elle avait mal. Très mal. Certes, elle savait qu’elle ne devait pas s’attendre à une longue déclaration enflammée où Thibault la supplierait de revenir, de le pardonner et de lui laisser une chance de l’aimer. Néanmoins, elle devait bien s’avouer qu’elle aurait aimé le sentir inquiet, rien qu’un peu. Au lieu de ça, elle se sentait encore plus accablée qu’avant, et elle ne comptait pas sur l'unique message de Marc pour la remettre d’aplomb.

  A la place, elle décida d’écouter sa grande sœur et se rendit au grenier à la recherche de ses souvenirs. Marc avait effectivement tout rangé et tout classé, donnant à cette pièce longtemps abandonnée des allures de salles d’archives presque agréable. Ce besoin d’ordre et de clarté faisait sourire Liz qui ne comprenait pas pourquoi son époux perdait autant de temps à vouloir tout organiser au mieux quand elle se contentait de laisser traîner les choses ça et là en espérant les retrouver lorsqu’elle en aurait besoin. Mais c’est aussi ce qu’elle appréciait par-dessus tout chez lui. Il faisait au mieux, toujours. Pour elle, pour lui, pour les autres. Et aujourd’hui, peut-être même pour Thibault ? C’est en tout cas l’idée qui traversa l’esprit de Liz lorsqu’elle s’aventura au milieu des cartons à son nom. Elle y trouva d’abord beaucoup de vieilleries inutiles, d’anciens cours et de copies d’examen. Puis, elle dénicha les vieux albums photos. Leur mariage. La naissance de son neveu et de sa nièce. Le diplôme. La fac. Les copains. Il y en avait de toutes les époques et de tous les styles. Mais Thibault était le grand absent. Etait-il possible qu’ils n’aient pas pris de photos ensemble ? Elle aurait pourtant juré le contraire. Et le quatrième carton lui donna raison. Scotché de façon à ne pas pouvoir être ouvert par inadvertance, il y était inscrit au marqueur noir : Thibault ( à ne jamais rouvrir). Sa mémoire se mit en action et elle revit la scène dans les moindres détails. Encore une idée de sa sœur. Un carton à ex, j’ai vu ça dans une série. Tu verras, ça va t’aider. Elisabeth laissa éclater un rire franc et réellement joyeux. Sa sœur était la reine des situations ironiques, et c’était parfois une véritable bénédiction pour son entourage. Liz attrapa le carton et quitta le grenier en direction de la cuisine afin de pouvoir l’ouvrir, à proximité d’une boîte de mouchoirs et d’une bouteille de vin.

  Elisabeth avait toujours aimé tout écrire, même les choses les plus insignifiantes. Ses notes, ses records personnels à la piscine, les disputes avec sa sœur et les sourires avec ses amis. Plongée dans ses innombrables souvenirs, Liz en serait presque venue à oublier ce qu’elle cherchait, quand la page suivante l’a ramena à la raison.

12/10/2005.

J’ai rencontré un garçon. Thibault. Il est en cours avec moi, enfin je crois. Je ne l’avais jamais vu avant le partiel de ce matin. Il a débarqué en retard avec un immense sourire d’auto satisfaction sur le visage. Il a descendu les escaliers tout lentement, en prenant le soin de regarder tout le monde comme si Monsieur entrait en terrain conquis. Et finalement, il s’est assis à côté de moi. Comme si ce partiel ne m’avait pas assez pris la tête, il fallait en plus qu’un abruti vienne tourner tout ça en dérision. Eh oh monsieur l’abruti, y’a des gens qui ont envie de réussir leur semestre ! Bref. Monsieur l’abruti a abusé de ma patience jusqu’à me demander un stylo ! Mais qui vient à un partiel sans stylo ? Donc, comme je suis une personne adorable, je lui ai prêté un stylo, enfin prêté. Donné, car après le partiel, il a exigé que je l’accompagne boire un café contre le retour de mon stylo. Je lui ai donc gentiment dit d’aller se faire voir et de garder le stylo au cas où il voudrait passer d’autres examens un jour et je me suis barrée vite fait. J’ai rencontré un garçon donc. Enfin comme toujours un abruti. Thibault. A ajouté à la liste des prénoms des mecs relous pour mes futurs enfants.

04/11/2005.

Finalement on dirait que Monsieur l’abruti n’est pas si abruti que ça. Il pourrait même se montrer intéressant quand il essaye de piquer les stylos des gens. Bon, après on n’a discuté que quelques minutes pendant les résultats des partiels. Mais quand même, pour un type qui ne vient jamais, il est plutôt doué.

18/12/2005.

Note pour moi-même : Ne plus jamais accepter d’accompagner un mec hyper mignon en soirée puis picoler comme un trou. C’est très mauvais pour l’amour propre. Je ne veux même pas me regarder dans le miroir. Je dois avoir une mine affreuse. Et puis je sens encore son odeur sur moi. Et des fois je ferais mieux de ne pas écrire tout ce que je pense.

04/03/2006.

C’est foutu. Je suis amoureuse. C’est sûr. J’arrive même plus à le regarder dans les yeux et à le toucher sans avoir envie de lui crier Je t’aime. Mais je ne dois surtout pas. On a dit qu’on s’amusait, qu’on prenait les choses comme elles venaient. Si je lui dis ce que je ressens il va prendre ses jambes à son cou et je le reverrais pas. Ahhhhhhh. Thibault me rend folle !

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