Chapitre IX : Partie 1/2.

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 Trois jours. Cela faisait trois jours que Marc était parti. Trois jours qu’Elisabeth avait commis l’irréparable. Trois jours qu’elle se laissait abattre, clouée au fond de son lit, son portable éteint sur la table de nuit. Trois jours qu’elle réfléchissait, qu’elle se repassait les images de sa vie sans que cela ne la mène nulle part. Ses personnages avaient été confronté à ce genre de situations un nombre incalculable de fois, et à chaque fois, la solution avait semblé si simple. Ils s'en remettaient si aisément. Une bonne conversation entre copines, une soirée bien arrrosée et les choses reprenaient leur cours normal. Mais cette fois, c'était différent. Elle n'était pas un personnage et personne ne prendrait les décisions pour elle.

 Trois jours, c'était amplement suffisant. Elle devait sortir de ce lit avant de fusionner complétement avec la couette. Une grande inspiration et quelques étirements plus tard, ses pieds touchaient enfin le parquet de la chambre. Il la menèrent tout droit à la salle de bain où elle n’osa qu’un bref coup d’oeil en direction du miroir. Pathétique.

 Après avoir travaillé à se redonner une apparence convenable et enfin avalé autre chose qu’un café, elle décida de mettre en pratique le plan d’action qu'elle avait imaginé sous la douche. Son bilan allait démarrer par un grand rangement. Remettre de l’ordre dans ses affaires pour remettre de l’ordre dans ses pensées. Cette phrase fit naître un léger sourire sur le visage d’Elisabeth. Elle aurait tellement pu faire dire cela à l’un de ses personnages. Elle devenait un cliché de sa propre littérature. Mais, elle était dans la vraie vie, et dans cette vie, son plan n’était pas aussi simple a exécuté que dans ses livres. Le rangement de la cuisine lui prit plus de temps qu’elle n’aurait voulu et celui du salon finit par l’ennuyer alors qu’elle venait à peine de commencer. Elle était fatiguée et son esprit ne lui avait rien appris qu’elle ne sache déjà. Elle était une épouse horrible. Elle laissa un soupir s’échapper en s’asseyant sur le canapé. Elle y revoyait Marc, blessé, mais pas anéanti. Se battant pour elle. Lui disant les mots qu’elle rêvait d’entendre alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de le comparer à Thibault. C’était odieux. IL n’y avait pas d’autre mot. Quel genre de femme pouvait faire ça ?

 Elisabeth frissonna et quitta le salon d’un pas rapide. Elle ne pouvait pas rester là, à revoir son époux partir. Machinalement, elle monta les escaliers et se retrouva devant la porte du bureau de Marc. Elle ne rentrait que très rarement dans cette pièce. C’était son sanctuaire comme il l’appelait. Lorsqu’ils avaient acheté la maison trois ans auparavant, Marc avait exigé qu’ils aient chacun une pièce à eux. Il se contenterait du bureau le plus petit, mais elle ne devait jamais entrer sans frapper. Elle avait respecté son espace, et il en avait fait de même, jusque là. Lizzie hésitait. Elle avait déjà commis un certain nombre d’erreurs ces derniers temps. Si Marc prenait cela comme une nouvelle trahison, il n’y aurait sûrement pas de deuxième chance. Mais peut-être qu’il s’agissait justement de ce qui lui avait manqué, cette proximité, cette complicité. Considérant qu’elle n’avait plus grand-chose à perdre, Liz ouvrit doucement la porte et entra sur la pointe des pieds. Ses yeux parcoururent la pièce dans ses moindres recoins. Au centre, face à la fenêtre, se trouvait un petit bureau en bois recouvert d’un tas de papiers en désordre. A droite, dans le coin, il y avait un vieux tourne disque et quatre caisses en bois, visiblement pleines de disques, entassées les unes sur les autres. A côté, se dressaient de vieilles étagères récupérées en brocante qui faisaient office de bibliothèque. A gauche du bureau, se trouvait un vieux fauteuil et une lampe à pied. Le reste de ce côté était obstrué par des cartons, tous annotés au marqueur. Souvenirs d’école. Boulot. Affaires papy.

 Elisabeth se dirigea d’un pas chancelant vers le bureau et s’échoua sur la chaise qui émit un grincement. Elle n’avait jamais pris le temps de réellement de regarder autour d’elle lorsqu’elle entrait dans cette pièce pour embrasser son mari avant d’aller se coucher ou pour lui dire qu’ils devaient partir,elle avait l’impression de la découvrir. Les cartons, elle s’en souvenait, mais elle n’aurait pas pu dire ce qu’il y était inscrit. De même pour la photo de Marc et de ses frères en couche culotte accroché au-dessus du fauteuil. Elle adorait cette photo. Marc était le plus jeune, tout sourire avec sa tignasse brune bouclée en bataille au milieu de ses trois frères, eux aussi tout sourire, visiblement très fiers du petit dernier. Elisabeth s’était toujours très bien entendue avec la famille de Marc. Ils l’avaient tous adoptée en un rien de temps, la faisant se sentir comme chez elle. Même sa belle-mère était une femme adorable. Bien sûr, il lui arrivait d’être agacée par la gentillesse excessive de belle-maman ou par le caractère de cochon de l’aîné de la fratrie, mais jamais elle ne s’était sentie mal à l’aise avec eux. C’était peut-être bien ce qu’il lui avait fait le plus de bien après Thibault et sa famille compliquée. Lizzie secoua la tête pour chasser ses souvenirs douloureux. Tout ce qu’elle voulait pour l’instant, c’était respirer le parfum de Marc et se reconnecter avec lui.

 « Non mais j’y crois pas ! Tonitrua une voix féminine qui fit sursauter Liz. Je crois que j’aurais préféré te trouver morte !

  • C’est pas passé loin, tu m’as fichu la trouille Laurence ! Répliqua-t-elle. Et puis, comment tu es rentrée ?
  • La clé sous la statue.
  • Je savais que je n’aurai jamais dû t’en parler. Maugréa Elisabeth. Bon, tu veux un café j’imagine ?
  • Oui, avec des explications, merci ! Attends, Laurence fit un tour sur elle-même, on est dans la pièce de Marc là, non ?
  • Oui, je sais. C’est une longue histoire.
  • Ca tombe bien, j’ai tout mon temps petite sœur ! Déclara Laurence. »

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