Chapitre VIII : partie I/II.

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   Pourquoi tu n’as rien dit il y a 10 ans ? Les mots de Liz tournaient dans sa tête sans qu’il n’arrive à leur donner un sens. Pourquoi n’avait-il rien dit ? Enfoncé dans son canapé, toujours vêtu des vêtements qu’elle lui avait enlevés quelques heures auparavant, ilse repassait les derniers évènements en boucle, se demandant ce qu’il avait loupé. Il avait eu ce qu’il voulait. Il l’avait retrouvée. Ils avaient rejoué la scène et l’avaient changée. Tout était parfait. Alors qu’est-ce qui n’avait pas fonctionné cette fois ?

   Son portable qui vibrait pour la troisième fois l’interrompit dans sa réflexion. Thibault soupira, puis se leva pour saisir l’objet qui s’agitait encore. Quatre messages non lus. Trois de Silvia. Il sourit en ouvrant la porte de son frigo, à la recherche d’un rafraîchissement, avant de reconcentrer son attention sur son téléphone. Répondre. Je suis malade, faites au mieux sans moi. Envoyé. Silvia allait sûrement traduire cela par une nuit agitée en compagnie de l’alcool ou d’une jeune femme, mais ça lui importait peu. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait, cette nuit avait été sa nuit, et son avis ne comptait pas.

   Quatrième message. Julie. Tu m’as manqué cette nuit. Dispo pour un verre ce soir ? Le sourire de Thibault disparu avant même qu’il n’eut finir de lire le message. Julie. Julie. Julie. Elle était jolie, et plutôt rigolote. Même assez marrante à dire vrai. Mais c’était Julie, et il n’avait que Liz en tête pour l’instant. Il éteignit l’appareil et rejoignit son canapé. Qu’est-ce qui n’avait pas fonctionné cette fois ?

   Ce n’était tout de même pas si compliqué. Il était fou d’elle et elle n’était clairement pas insensible à son charme. Et puis, c’est elle qui était revenue le chercher. Elle le voulait aussi. Cela se ressentait. Ce qui s’était passé dans cette chambre, la passion qui les avait consumés, elle ne pouvait pas laisser tout cela de côté pour un silence qui datait de dix ans.

   Pourquoi n’avait-il rien dit ? Mais parce qu’il n’y avait rien à dire Liz. Rien du tout. La décision était prise. Ils devaient arrêter parce que c’était ainsi. C’est ce qu’elle avait écrit. C’est ce qui devait se passer. Thibault se redressa vivement. Ils auraient pu rester ensemble. Ils auraient dû même. Qu’est-ce qui les avait obligés à jouer à ce jeu du plus fort ? Du plus fier ? Elle était tellement toujours sur la défensive, sur la réserve. Sa petite étudiante studieuse. Un sourire éclaira le visage de Thibault. Il adorait l’appeler ainsi. Et elle aimait ça aussi, enfin du moins c’est ce qu’il croyait. Avec Élisabeth, il n’était jamais sûr de rien. Mais pas question de lui montrer. Il se devait d’être son Thibault, son homme fier et désinvolte.

   Il ferma les yeux un instant pour mieux le revoir, assise dans sa chambre étudiante minuscule, ses cours étalés à même le sol, tout autour d’elle. Liz passait des soirées entières à tout organiser, trier, relire et surligner. Une bonne note ne suffisait pas, il lui fallait la meilleure. Il avait trouvé cette ambition très attirante. Au début. Puis il avait eu envie de jouer, de voir jusqu’où il pouvait aller. Thibault soupira d’aise. Il se souvenait parfaitement de tous les détails. Il pouvait encore sentir sa nuque sous ses doigts quand il la massait en lui murmurant la nécessité de l’exercice physique pour développer la mémoire. Il entendait encore son rire gêné, souvent suivi de ses fausses contestations. Il savait qu’elle ne résisterait pas longtemps avant de céder à ses avances et d’oublier ses révisions. Thibault rouvrit les yeux en grimaçant. La suite était beaucoup moins réjouissante. Les reproches. Les disputes. Laisse-moi travailler Thibault, tout le monde ne peut pas compter sur papa pour s’assurer du travail ! Il secoua la tête. Il n’avait pas envie de se souvenir de ça. De la revoir en colère parce qu’il avait disparu trois jours sans rien dire pour faire la fête avec des copains. Parce qu’il avait encore oublié de venir en cours. Parce qu’il ne l’avait pas défendu devant son père. Parce qu’il était parfois un véritable idiot. Non, tout ça n’existait plus pour lui. Tout ce qui comptait, c’était Thibault et Liz qui observaient les étoiles en refaisant le monde jusqu’au petit matin. C’était Thibault et Liz qui passaient la journée au lit, accrochés l’un à l’autre comme si le monde avait cessé de tourner. C’était Thibault et Liz les passionnés, les amoureux. Elle était sienne. Tout le reste n’était que détails.

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