Chapitre 9 : l'infirmerie

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Sylvain qui avait reçu l'ordre d'attendre son geôlier dans l'unité du service de réveil de l'infirmerie, patienter debout devant la chambre du nouveau larbin, le talon de sa chaussure calée contre un des murs de l'infirmerie. Il regarda par l'ouverture de la porte rester entrouverte et vit l'homme qu'il avait malmené avec la complicité des autres gardiens, alors qu'il était inconscient et entravé par des sangles au barreau de son lit, puis il fixa le patient un moment depuis le couloir, avant de voir un jeune aide-soignant sortir de sa chambre et il en profita pour l'interpeller.

  • bonjour, tu dois être le larbin désigné pour être l'aide-soignant de l'infirmerie. Je suis le gardien du nouveau larbin. Comment va-t-il ?

Connor, le jeune adolescent de 17 ans le regarda d'un air cynique et sûr de lui, avant de s'adresser à lui avec un sourire moqueur et arrogant.

  • ouais, c'est ça ! Prends-moi pour un blaireau. Dit plutôt que tu es un des mecs qui l'on fracassait ! Ça, ça serait plus honnête, tu ne crois pas.

Inquiet autant que Surpris par l'audace de ce jeune aide-soignant qui semblait savoir ce qui s'était passé avec le prisonnier. Sylvain fronça des sourcils perplexes avant de lui répondre avec irritation et plutôt sèchement.

  • mon geôlier m'a demandé d'attendre ici. Je te conseille d'être un peu plus respectueux et de répondre à ma question, avant qu'il n'arrive.

l'adolescent le regarda droit dans les yeux, le regard fier et plein de sournoiserie, puis répondit froidement avec un aplomb relativement surprenant.

  • écoute, mec ! Me prends pas pour une bille, je suis au courant de tout ! Tu étais son gardien, mais tu t'es pris pour un cador et ensuite toi et tes grands potes gardiens, les spécialistes des dérouillées en cage vous l'avez...

Interrompu par le geôlier, lequel venait d'apparaître dans le couloir avec le matériel récupéré dans l'entrepôt, le jeune adolescent qui paraissait bien le connaître, resta bouche béé devant ce vigoureux et impressionnant gladiateur en uniforme jaune et rouge se dirigeant vers eux. Daryl se rapprocha du groupe, puis il s'immobilisa à quelques centimètres du visage rectangulaire et inexpressif de ce jeune jouvenceau idéaliste.

  • qu'est-ce que tu fais ici, ton père ne t'a pas prévenu que les adolescents ne doivent pas s'approcher des chambres sans avoir un tuteur avec eux !

L'ex-gardien, Sylvain baissa les yeux en présence du geôlier, puis malgré le comportement immature du jeune homme, il s'avança d'un pas et chercha à justifier le comportement de celui-ci. Pour essayer de le protéger des éventuelles mesures de représailles, qui auraient pu être commises au sein même du centre contre lui.

  • je suis désolé maître geôlier, c'est moi qui ai interpellé l'aide-soignant. J'ai menti en disant que j'étais le gardien du nouveau larbin, pour qu'il me donne de ses nouvelles, mais sans préciser que vous m'aviez puni dans la zone réservée à l'éducation pour l'avoir torturé. S'était vraiment stupide, excusez-moi.

Daryl lança un regard noir et désapprobateur au jeune ado, puis il se tourna vers le larbin Sylvain devenu son assistant pour la journée.

  • S vert ce qui est stupide sait que tu essayes de protéger ce petit imbécile, alors qu'il mériterait plutôt un bon coup de pied là où je pense, afin de lui remettre du plomb dans la cervelle. Malheureusement c'est déjà trop tard pour ce pauvre débile, L'intelligence ne s'acquiert pas toujours à la naissance...

L'adolescent, déstabiliser de voir ce bourreau de larbin le défendre malgré son comportement irrespectueux, Connor qui s'en voulait d'avoir mis celui-ci en difficulté devant son geôlier, pris une grande inspiration pour se donner du courage devant son mentor de cœur, puis le toisa de ses grands yeux noisette.

  • désolé, je ne savais pas que ce type était un de tes esclaves et papa ne me l'avait pas dit. S'il te plaît Daryl, ne le punis pas à cause de moi.

Daryl regarda autour de lui pour être bien sûr que personne n'avait assisté à cette scène, puis il agrippa la manche du jeune et impétueux adolescent en lui faisant signe discrètement de parler moins fort.

  • bon sang ! Tu vas te taire idiot. Si jamais un gradé t'entend m'appeler par mon prénom, tu vas avoir des ennuis. Surveille ton langage et ta gestuelle devant tes supérieurs, sauf si tu veux finir avec la prochaine cargaison de prisonnier transporté et vendu sur le marché aux esclaves !

Sylvain avait la désagréable impression d'avoir assisté à une mauvaise blague. Partager entre un sentiment de colère et d'admiration, le prisonnier observait son geôlier et le jeune aide-soignant avec un arrière-goût d'amertume, puis il avait la désagréable sensation que ces deux-là se moquer de lui en le tournant en ridicule, mais compte tenu de l'endroit où il se trouvait. Il ne pouvait pas se permettre de provoquer un scandale en montrant son désaccord, surtout devant le geôlier qui avait le pouvoir de rendre sa vie bien plus dure à supporter en captivité qu'elle ne l'était déjà. Vladimir pénétra dans le bâtiment aménagé pour les esclaves hospitalisés, puis s'arrêta devant le bureau des infirmières, ensuite il discuta des patients avec l'infirmière de garde Élodie, le matricule E marron, afin de s'informer de l'état des prisonniers. Puis il se dirigea vers la chambre du malade avant d'interpeller agacé un groupe de gens en pleines discussions, devant le seuil d'une pièce où le larbin maltraité par ses gardiens avait été installé.

  • je peux savoir ce qui se passe ici ! pourquoi vous êtes tous plantés devant la chambre de mon patient ? vous n'avez rien d'autre à faire.

Surpris par son arrivée les trois hommes se retournèrent comme un seul homme et alors qu'ils s'apprêtaient à répondre au médecin, Daryl les devança en leur coupant la parole sous les yeux écarquillés de Sylvain, sidéré de voir son supérieur sans réaction devant le docteur Béliak qui venait pourtant d'élever la voix devant le geôlier, sans que celui-ci ne le lui reproche.

  • je suis désolé doc. La direction m'a demandé de m'occuper de l'identification du nouveau prisonnier et je dois m'en occuper. Je n'ai pas le choix, mais ne t'inquiète pas, le matricule S vert va m'aider en faisant le tatouage. C'était son métier avant d'atterrir ici pour devenir un esclave.

le médecin dévisagea Sylvain dubitatif, puis il se tourna vers le jeune et rebelle aide-soignant qui se faisait tout petit pour éviter de se faire remarquer et questionna l'adolescent rebelle sur les raisons de sa présence imprévue dans les couloirs de l'unité de soins sans escorte.

  • Et toi dis-moi... Je peux savoir ce que tu fais ici sans ta tutrice. Tu es mineur, alors tu dois donc être accompagnée d'un adulte. Je t'ai pourtant demandé de rester avec l'infirmière E marron, celle que j'ai désignée responsable de ta tutelle temporaire, mais qu'est-ce que tu as dans la tête ! Tu ferais bien de grandir un peu, avant de finir vendu sur le marché ou pire encore !

L'adolescent se redressa fièrement devant Vladimir, comme pour lui prouver sa bravoure, puis du haut de c'est dix-sept ans. Il le défia du regard, avant de lui répondre respectueusement en essayant de se justifier.

  • je te jure papa, je n'ai rien fait de mal ! L'infirmière était occupée avec d'autres patients. donc j'ai voulu l'aider en m'occupant du nouveau larbin, en lui trouvant un endroit calme avec un lit de libre. Ce n'est quand même pas un crime de vouloir donner un coup de main que je sache, de toute façon à quoi bon parler quoi que je fasse, rien n'est jamais assez bien pour toi...

Le docteur lança des regards navrés au geôlier et à Sylvain, en levant les yeux au ciel, puis il s'adressa à son fils en prenant un ton exaspéré.

  • écoute-moi bien, car je ne te le répéterais pas. Si tu veux continuer ton travail en tant qu'aide-soignant et profiter de ma protection, tu la fermes et tu fais ce qu'on te dit sans ramener ta science. Tu m'as bien compris !

Surpris par les paroles de son père. Connor d'habitude si calme senti la honte l'envahir quand celui-ci le réprimanda devant tout le monde, puis vexé il rétorqua sèchement avec l'arrogance d'un jeune morveux.

  • à vos ordres monseigneur le docteur Béliak ! Dois-je vous baiser la main ?

Vladimir avait des remords de devoir parler ainsi à son fils adoptif, qu'il avait adopté pour devenir son tuteur légal avant la mort de son amant Adam. L'homme qui avait partagé sa vie, puis qui s'était battu contre une maladie incurable, avant de succomber au centre sous les yeux de ses deux amours. Désarmés le docteur avait assisté au dernier moment de son bien-aimé qui s'était éteint paisiblement dans les bras réconfortant de son fils Connor, que Vlad avait adopté quelques mois avant que toute la famille ne soit enlevée par les traqueurs du centre.

  • arrête de faire le mariole imbécile. Demande-toi plutôt ce qui aurait pu arriver si tu t'étais fait surprendre sans adulte pour t'accompagner. Ce n'est pas uniquement toi qui aurais subi des ennuis, mais aussi l'infirmière E marron, qui était censée te surveiller en mon absence, puisque je lui en avais donné l'ordre. nous étions tes deux garants, c'est donc à nous qu'on aurait demandé des explications. As-tu simplement réfléchi à ce qui aurait pu nous arriver à tous les deux par ta faute, mais non-bien sûr.

Le jeune aide-soignant qui venait de comprendre le danger, qu'il venait de faire courir à son père adoptif et à l'infirmière, regretta son ignorance et s'excusa maladroitement auprès de Vladimir, son daron de cœur, le seul parent vivant qui lui restait après la mort tragique de son père Adam.

  • ouais ! Bon excuse-moi Papou ! Je peux te jurer que je ne pensais pas à mal.

Vladimir soupira avec résignation, puis s'adressa à son fils extrêmement irrité.

  • c'est ça ton problème Connor, tu ne réfléchis pas. Va plutôt voir les parents du larbin M bleu, ils sont sûrement dans leur chambre. Fais-toi accompagner par l'infirmière E marron, elle t'aidera à t'occuper d'eux. Assure-toi qu'ils soient en bonne santé, puis qu'ils n'aient besoin de rien, ensuite, dis leurs de ma part que je finis de m'occuper des larbins malades et qu'après je viendrais leur donner des nouvelles de leur fils.

Bousculer par son père, mais bien décider de se racheter à ses yeux. Connor qui s'apprêter à partir pour faire ce qu'on venait de lui demander, fut interpellé avec gravité par Vladimir, Son protecteur visiblement inquiet.

  • Puis surtout Connor, par pitié. Tu restes auprès de l'infirmière et tu ne la quittes pas d'une semelle... J'espère que l'on est d'accord fiston...

Le jeune adolescent regarda son père, à la fois agacer et respectueux, puis il lui répondit sur un ton serein, de sa voix assurée qui le caractérisait si bien.

  • OK papa, ça marche, j'éviterais les ennuis. Promis jurés si je mens, je vais...

Les paroles de l'adolescent s'évaporèrent englouties par le bruit ambiant de l'infirmerie. Ce dernier marcha avec assurance vers Élodie en roulant des mécaniques. Ensuite il lui parla en prenant un air charmeur. Puis il discuta quelques minutes avec elle, afin de lui rapporter les instructions de son père, avant de se pencher en avant dans le but de lui parler à l'oreille. Amuser la jeune femme se retourna pour faire un signe amical à Vladimir qui la salua à son tour en désignant son fils d'un air exaspéré, puis il leva son pouce dans les airs. Un petit geste que les deux médecins se faisaient quand ils étaient éloignés l'un de l'autre. Alors qu'ils voulaient se dire ou se demander quelque chose discrètement. L'infirmière pointa son pouce vers le haut pour confirmer qu'elle avait bien eu le message, puis quitta l'infirmerie accompagnée de Connor.

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