Chapitre 8 : l'ex-gardien en chef Michael

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Michael qui n'avait jamais mis les pieds à l'infirmerie auparavant tourna un instant les yeux vers son geôlier, puis il répondit de manière machinale au docteur qu'il ne connaissait que de réputation, en le toisant d'un œil vide en gardant une certaine distance.

  • j'ai maltraité le nouveau larbin et mon geôlier m'a mis en rééducation, je mérite le châtiment qu'il m'a infligé et je consens sans restriction à subir les supplices qu'on m'infligera pour me châtier. Cette épreuve me servira de leçon, je n'ai rien d'autre à dire.

Vladimir qui avait vu le prisonnier se replier dangereusement sur lui-même, quitta la cellule du captif inquiet, puis il appela le superviseur de ce dernier en trouvant un faux prétexte.

  • geôlier, je voudrais vous parler en privé pour voir certains détails avec vous !

Intriguer celui-ci laissa le prisonnier assis par terre, puis il se dirigea sans se retourner vers le médecin, qui s'était mis à l'écart sur le côté pour écouter ce qu'il avait à lui dire.

  • Daryl, je sais que tu as puni cet homme, mais il n'est pas dans son état normal... S'il te plaît laisse-moi lui parler en tête à tête et laisse-nous seuls, car il ne voudra pas se confier à moi, pas si tu es présent dans la cellule avec nous.

Troublé par sa demande, Daryl se mordit nerveusement la lèvre, mais après moult hésitations et malgré son envie de lui dire oui, il répondit pourtant négativement à sa requête.

  • vous permettre de rester seul sans l'autorisation du Conseil et enfreindre une règle, j'espère que tu plaisantes, les dirigeants me tomberaient dessus. Je suis désolé Vlad, mais je ne peux pas faire ça.

Vladimir se pencha légèrement vers son compagnon pour essayer de le raisonner, puis il insista afin de le convaincre.

  • écoute Daryl... Il a peur de toi, ainsi que du rapport que tu vas rendre et il ne dira rien pour ne pas te déplaire. Alors laisse-nous s'il te plaît, je ne peux pas l'aider s'il ne me parle pas.

Malgré son envie de l'aider le geôlier hésité et n'arrivait pas à prendre de décisions, car il redoutait de désobéir à l'organisation qui le contrôlait depuis de nombreuses années en faisant pression sur lui, au moyen de sa famille qu'il menaçait de représailles s'il n'exécutait pas les ordres.

  • je voudrais t'aider Doc, mais c'est impossible, j'ai reçu des directives strictes.

Attristé de voir son ami ainsi endoctriner par ses ravisseurs, il s'efforça de le faire réagir.

  • eh Daryl, réveille-toi. Tu t'entends parler ! Bon sang, ouvre les yeux ! Ils se servent de toi.

Les paroles de son ami le déstabilisèrent et il réalisa soudain que le centre avait fait de lui un porte-flingue qui effectuait les basses besognes, puisqu'il était au service d'un groupe d'individus hostiles qui faisait de sa vie un enfer.

  • tu as bien raison Vladimir. Cet endroit va finir par me rendre cinglé, mais si je refuse de me plier aux exigences, ils s'en prendront à mes filles.

Le médecin qui appréciait cet homme qui était redouté des gardiens, mis sous sa surveillance, mais qui connaissait aussi ses faiblesses, décida de le soutenir de son mieux.

  • tu veux protéger tes enfants. Je peux comprendre, mais n'oublie pas les raisons de ta présence ici. Tu ne vaudras pas mieux que tes ravisseurs, si tu fais subir à d'autres ce qu'ils t'ont fait. Choisi de rester humain et de ne pas faire souffrir les esclaves qu'on t'oblige à éduquer, afin de les asservir pour qu'ils soient vendus.

Ému par ces paroles. Il se rendit compte que son ami avait raison et qu'il devait à tout prix l'aider à protéger toutes ses familles. Des personnes qui comme lui étaient les victimes d'un vaste réseau international de trafic d'êtres humains.

  • d'accord... Je vais te laisser seul avec le prisonnier, mais je vais demander aux gardiens de laisser la porte du sous-sol ouverte. Comme ça si tu as un problème quel qu'il soit, il te suffira de crier à l'aide aux sentinelles.

Soulager de voir que Daryl avait compris qu'il devait se battre pour ne pas devenir la marionnette, de cette dangereuse et cruelle organisation qui l'asservissait, il lui fit un large sourire et le rassura sur son propre sort.

  • ne t'inquiète pas. De toute évidence cet homme ne me fera rien du tout, car à en juger par ses mains qui tremblent, il a encore plus peur que moi.

D'un pas hésitant. Daryl qui avait repris son masque de geôlier, fit un signe au docteur pour signaler qu'il retournait dans la cellule du prisonnier, puis l'entraîna derrière lui en marchant d'un pas qui était ferme et décidé.

Michael qui regardait discrètement les deux hommes qui venaient de le rejoindre dans sa cellule. Ne comprenait pas ce qui se passait et s'interrogeait sur leur intention, puis s'inquiéter des supplices, que ces individus allaient lui faire subir, mais malgré l'angoisse qui le tenaillait sur le sort qu'on lui réservait, il gardait son sang-froid. Par la suite et après quelques minutes de silence, le geôlier qui pouvait ressentir la nervosité de son ancien gardien-chef mis en rééducation, conseilla discrètement au docteur de s'asseoir à côté du captif apeuré, puis se pencha pour lui parler.

  • je dois m'absenter, le docteur va rester pour t'examiner, alors je compte sur toi pour faire tout ce qu'il te dira. Cependant, je tiens à te prévenir la porte du sous-sol sera ouverte et qu'aux moindres problèmes, les sentinelles dehors ont reçu l'ordre d'intervenir et de te maîtriser par tous les moyens nécessaires.

Décourager par sa situation, l'ex-gardien cogneur remis au cachot regarda tour à tour les deux hommes d'un air inexpressif, puis répondit d'une voix éteinte.

  • je n'ai pas l'intention de résister si ça peut vous rassurer, maître geôlier. Alors tranquillisez-vous, je ferais ce que veut le médecin.

Le docteur qui avait déjà vu ce genre de réaction d'abattement, chez d'autres prisonniers mis à l'isolement. Savait qu'il était urgent d'intervenir et qu'il ne fallait surtout pas sous-estimer, l'impact psychologique et les séquelles que cela pouvait avoir sur un être humain déjà fragilisé de par sa difficile condition de prisonnier esclave.

  • geôlier, je suis sûr que le prisonnier a compris, nous allons nous débrouiller tous les deux. Vous pouvez partir sans crainte.

Daryl observa l'expression sans vie du prisonnier, puis quitta le sous-sol les laissant seuls en espérant que le docteur parviendrait à remotiver son ancien gardien-chef, extrêmement affecté par cette insoutenable situation. Vladimir posa sa mallette à bandoulière sur ses genoux pour mettre le prisonnier en confiance, puis en sortit un sandwich emballer dans du papier film transparent, ainsi qu'une petite bouteille d'eau qu'il posa à côté de Michael assis près de lui. Celui-ci surpris d'être l'objet d'une telle attention, Scruta le médecin intrigué, avant de lui parlait d'un ton résigné.

  • mon geôlier m'a puni, je n'ai pas le droit de manger ou de boire pendant deux jours, je dois faire pénitence. Ça fait partie de ma rédemption.

Le docteur prit délicatement le poignet de l'ancien gardien-chef pour placer la bouteille dans la paume de sa main, puis il s'adressa à lui avec précaution pour ne pas rompre le dialogue précaire qu'il avait débuté.

  • je parlerais à votre geôlier et aux gardiens, ne vous inquiétez pas pour ça. En ce qui me concerne, je suis ici pour vérifier votre état de santé et m'assurer que vous buvez et mangez suffisamment pour que vous ne tombiez pas malade.

Épuisé physiquement, ainsi que moralement, Michael qui n'avait plus la force de se battre prit machinalement la bouteille d'eau afin d'avaler quelques gorgées au goulot, tandis qu'il fixait d'un air absent et perdu dans le vague, la porte de sa cellule des idées noires plein la tête. Le médecin lui posa une main amicale sur l'épaule pour lui apporter du réconfort, puis il s'adressa à lui.

  • qu'est-ce qui s'est passé ! Pourquoi votre geôlier a-t-il décidé de vous mettre en rééducation. À mon avis, c'est un peu trop exagéré comme sanction pour n'être qu'une simple erreur de surveillance, même si cela concerne les nouveaux larbins.

Troublait aussi bien que honteux, par ce qu'il avait fait subir à un autre être humain, l'ancien gardien-en chef se prit la tête entre les mains et répondit au docteur Béliak.

  • je ne sais pas ce qui m'a pris. Le geôlier m'avait demandé de m'occuper de son nouveau larbin jusqu'à qu'il arrive, je voulais tellement lui plaire et éviter de me faire punir que j'ai perdu tout sens de la réalité, alors je me suis acharné sur ce type en entraînant avec moi les gardiens V gris et S vert, que l'on avait mis sous mon commandement afin de les manager.

D'une voix douce et apaisante, Vladimir parla au prisonnier pour essayer de le revigorer dans sa détresse en lui redonnant un peu d'espoir.

  • on essaye tous de survivre dans un monde où la violence fait partie de notre quotidien, vous avez pris une mauvaise décision en dirigeant vos peurs et votre colère sur un homme qui est comme vous un prisonnier, mais le plus important c'est que vous vous soyez rendu compte de votre erreur et que vous regrettiez votre geste. Ça prouve que vous avez un bon fonds

_ quelle différence cela peut-il faire que je regrette ou non mon geste, j'ai torturé cet homme et à cause de moi il a perdu la tête en se jetant sur le geôlier. Je ne sais pas ce qui va lui arriver, mais en tout cas les faits sont là, que je le veuille ou non je suis responsable de son état actuel.

Le médecin se plaça devant son interlocuteur pour lui parler, puis il posa une main amicale sur son épaule tendue par le stress afin de le réconforter.

  • Vous n'êtes pas le seul à blâmer... Nous avons tous une part de responsabilité dans cette affaire, l'état de cet homme n'est pas uniquement de votre faute.

Les yeux rougis par l'émotion, Michael s'essuya le visage d'un revers de la main pour sécher les larmes en train de couler sur ces joues, puis il questionna le médecin qui le regardait avec compassion et bienveillance.

  • l'homme que j'ai frappé comment va-t-il ? Il va s'en sortir !

Vladimir était ému par la culpabilité qu'éprouvait le prisonnier et malgré la violence dont il avait fait preuve envers un autre individu, l'homme ressentait des regrets sincères, ce qui le rendait aux yeux du médecin plus humain et faisait de lui un simple mortel.

  • il se trouve à l'infirmerie, je dois y aller tout à l'heure pour lui rendre visite et l'ausculter. Si vous voulez, je vous ferais parvenir de ses nouvelles, ensuite je peux aussi aller voir vos parents vérifier qu'ils vont bien et leur dire que leur fils et bien traiter, malgré les circonstances cruelles de son isolement.

Michael revit le visage souriant d'Alfred et de Suzanne c'est cher parent, qui l'avaient élevé et qui comptaient le plus pour lui. Soudain un mélange de honte et d'inquiétude le submergea alors qu'il se frottait les mains nerveusement, juste avant de s'exprimer avec une grande émotion.

  • mon Dieu qu'est-ce que j'ai fait ! J'ai détruit la vie de ce prisonnier et j'ai déshonoré mes parents en me conduisant ainsi, résultat, je vais être fouetté demain devant tous les esclaves. Mon père et ma mère vont être obligés d'y assister, j'ai peur que ce soit trop pour eux à supporter.

Attendri par l'amour que Michael portait à ses parents, puis ému par sa tristesse, le docteur lui pris la main avec douceur et le rassura.

  • ne vous inquiétez pas. Ils ne seront pas tout seuls, je les accompagnerais.

Séduit par son charisme et fasciné par sa prestance, Michael avait beaucoup d'admiration pour ce médecin qui lui avait montré du respect, en se montrant humain avec lui malgré les circonstances qui l'avait conduit ici.

  • Je ne sais pas pourquoi vous voulez m'aider, mais merci d'être là.

Vladimir se redressa et prit la mallette posée à ses pieds, avant de répondre en souriant bêtement à l'homme en face de lui.

  • ne me remerciez pas, je fais ce qui me semble juste en aidant les prisonniers dont je fais moi-même partie. Vous ne devez jamais oublier que les familles séquestrées ici, ont toutes été enlevés pour servir le centre. Obéir et suivre les règles instaurées, ou finir vendu sur le marché comme de vulgaire bête de foire ! Voilà ce qu'est devenue notre triste réalité.

Les paroles du docteur résonnèrent comme un électrochoc dans l'esprit torturait de Michael, qui réalisa soudain que pour survivre ils devaient tous s'entraider pour affronter leurs sorts, puis Vladimir fit un dernier sourire amical au prisonnier déboussoler avant de sortir de la cellule.

  • je dois me rendre à l'infirmerie, mais ne vous inquiétez pas, je vous tiens au courant pour vos parents, ainsi que pour le nouveau larbin.

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