1 - Forgotten God

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Pendant de longues secondes, le flou emplit mon champ de vision. Le visage tourné vers le ciel, je ne vois rien de plus que les ténèbres d’une nuit sans lune. Même les étoiles sont absentes de cette voûte céleste qui n’a pour seul astre qu’un immense trou noir cerclé d’un halo vert évanescent. Cette lueur se diffuse à la manière d’une aurore dans les hautes sphères de ce monde dans lequel je m’éveille. Sous mon corps je sens l’humidité de la terre et des feuilles qui crissent entre mes doigts crispés. J’en porte une à hauteur de mes yeux qui maintenant voient de nouveau et reconnaissent les dentelures si particulières : une feuille de chêne ?

Je me redresse enfin et lorsque je me retrouve sur mes deux pieds, je suis complètement absorbé par la présence de cet astre qui couvre cet endroit d’une présence à la fois menaçante et fascinante. Entre mes doigts se trouve encore la fane d’un vert profond. Comme si sa chute des hautes frondaisons de son porteur n’avait nullement entamé sa vitalité. En tournant la tête, je peux alors les voir ces chênes vénérables. Sentir leur... existence ? Pieds nus, j’avance dans une direction guidée par un instinct jusque-là, inconnu. Tout comme cet endroit.

Le temps n’a pas d’emprise, je ne sais pas depuis combien de temps je déambule dans cette forêt silencieuse. L’atmosphère pourrait se montrer lourde et macabre, étonnement elle est apaisante. Sereine malgré le calme assourdissant. Le bruit même de mes pas dans ce tapis végétal est muet. En revanche, dans ma poitrine, mon cœur cogne et s’emballe à la manière d’une boussole étrange. Plus je me dirige vers le centre de ce labyrinthe sylvestre plus le palpitant se fait frénétique. Grondant. Une étrange sensation m’envahit.

A intervalle régulier j’aperçois entre les troncs ou au cœur de leurs racines ; fleurs, fruits, crânes blanchit de cerf et autre gibier marqués de signes étranges faits à l’ocre. Je ne me rappelle pas de cet endroit mais je connais ces symboles, ils me sont si... familiers. J’avance toujours et maintenant mon esprit est envahi de visions d’autrefois, d’odeurs d’encens, de litanies démentes. Parfois je dois fermer les yeux comme pour chasser la vue du sang, le cri d’un homme quand la lame se plante dans son torse. Cette puissance déferle dans mes veines, me revient comme un souvenir de plus en plus concret. Vrai.

Le silence de la forêt est maintenant remplacé par le tintamarre d’un rite. Pourtant, ni prêtres, ni fidèles, ni sacrifiés. Devant moi juste un chêne immense, à ses pieds de quoi me sustenter et sur son écorce scarifiée : un nom désormais oublié rappelant ma divinité.

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