PROLOGUE

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Vayia

Le vent hurle dans les peupliers du cimetière et des larmes silencieuses roulent sur mes joues rougies par le froid. Malgré la présence du soleil, cette journée est sans aucun doute le jour le plus glacial de ce mois de décembre. Cette sensation de gèle n'est peut-être pas exclusivement liée à la température, mais plutôt à la tristesse de la scène qui se déroule sous mes yeux.

Douloureusement tranquille et stoïque, je regarde les cercueils de mes parents descendre en terre. Ma demi-sœur Ambre semble être aussi impassible que moi, mais je sais très bien à quel point elle est déchirée par la souffrance. Notre Am aime nos parents presque autant, sinon plus que moi. Les perdre aussi prématurément fracture notre petite famille.

Mon autre demi-sœur Ely, quant à elle, reste imperturbable. Un étranger aurait réagi avec plus de compassion qu'elle. Elle ressemble à une personne parfaitement dénuée de tous sentiments. Autant Ambre et moi sommes très proches, autant Ely et moi partageons depuis le remariage de nos parents qu'une vive animosité.

Cette fille est si insensible parfois, que je me demande si elle est capable d'aimer quelqu'un d'autre qu'elle-même. On aurait dit qu'à l'opposé de tout être humain, elle est parfaitement inapte aux émotions. Un robot ou une sorte d'handicapée des sentiments. Pour être honnête, je ne l'aime pas et cette aperception est totalement réciproque.  

Je trouve qu'elle est égocentrique, narcissique et qu'elle manque cruellement d'empathie. Parfois, j'ai même l'impression que les autres sont pour elle des objets qu'elle manipule et instrumentalise pour assouvir ses besoins. En d'autres termes, je la vois comme une psychopathe. De plus, je sais très bien qu'elle n'a jamais approuvé le mariage de sa mère avec mon père.

Bien que cette après-midi soit un des pires jours de mon existence, j'ai la sensation de saisir les véritables pensées de chacun. Alors même que certains amis sont très affectés par le décès de mon père Rémi et de ma mère Myriam. La famille de mon père elle, semble parfaitement indifférente à l'événement.

Je lève les yeux pour observer notre entourage quelques instant avec plus d'attention lorsque mes yeux croisent ceux de ma tante Tekhla. Celle-ci m'observe comme un oiseau de proie, ce qui me fait frissonner de malaise. Depuis ma plus tendre enfance, je n'ai jamais apprécié la famille de mon père et ce sentiment s'est affirmé en grandissant.

Peut-être parce que mon père Rémi a coupé les ponts avec eux ou parce que je ne comprenais toujours pas vraiment l'origine de leur brouille. Le peu que j'ai compris faisait référence à des affaires très louches, mais aller réellement savoir. Ce qui est certain, c'est que l'après-midi où j'ai vu les membres de la famille Astakhov pour la dernière fois, j'ai pu apercevoir de la peur dans les yeux de mon père. Un effroi qui ne s'est jamais apaisé chaque fois que quelqu'un les a mentionné pas inadvertance.  

Les années sont passées, mais les craintes de mon père les concernant n'ont jamais disparu. Mais voilà, destin cruel mes deux parents sont mort aujourd'hui. Du reste, la majorité encore loin de quelques mois ; à fait de moi une parente à leur merci. Mes yeux dérivent sur ma sœur Ambre et une douleur sourde me transperce la poitrine en sachant que je ne peux rien pour elle. Déterminée à nous garder ensemble, ma demi-sœur a bien tenté de convaincre ma tante, sauf que c'est peine perdue.

Tekhla a pris sa décision, moi sa nièce certainement, mais pas les obscurs belle-filles de Rémi. Une nouvelle que j'ai eue beaucoup de mal à annoncer à Ambre. Je revois nos disputes, ses supplications à ce sujet et la peine comprime mon cœur, car je sais qu'elle le fait principalement pour Ely. Non que je sois jalouse de l'amour qu'elle lui porte, car je peux voir à quel point elle m'aime aussi.

Je sais juste que je dois l'éloigner des Astakhov. Elle ne le comprend sans doute pas à présent, mais je fais tout ça pour la protéger. Parce que j'ai le sentiment que cette famille dans laquelle je vais m'installer ne va m'apporter que des problèmes. C'est peut-être de la paranoïa, mais il vaut mieux se fier à ma première intuition.

Immanquablement, le choc de la perte est si intense qu'il est juste impensable de retrouver une stabilité immédiate. Perdre la seule mère que j'aurais jamais me plonge dans une épaisse brume de douleur. Myriam m'a donné tellement d'amour que maintenant qu'elle n'est plus là, je suis comme léthargique, privé de toute substance.

Alors que le prêtre prononce ses dernières paroles, mon esprit semble être comme à l'extérieur de mon corps. Une franche inquiétude m'agite, ce qui me plonge dans un véritable ascenseur émotionnel. Que vais-je devenir ? Comment puis-je aider Am ? Que dois-je faire ? Je n'avais la réponse à aucune de ces questions et cela me rendait dingue. 

La colère me submerge lorsque je comprends que je ne peux rien faire. La situation ne me laisse pas beaucoup d'issue. Affliction, amertume, blessure, brûlure, chagrin, déchirement, désolation, deuil, élancement, enfer, épreuve, peine, repentir, souffrance, tiraillement, torture, tourment, tristesse. Je me rends compte que je n'ai pas de mots pour la suite. 

Tel un automate j'épouse le mouvement des autres, je m'approche de la tombe pour y jeter une rose. 

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