Chapitre III

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L'après-midi touchait à sa fin lorsque Norman s'accorda une pause bien méritée. Il s'assit dans le canapé devant la cheminée avec un grand chocolat chaud recouvert de chantilly et laissa son esprit voguer sur ses souvenirs. Sans même une télévision, il ne pouvait, de toute manière, pas vraiment faire autre chose. Bien sûr, il aurait pu écrire une nouvelle lettre à l'élue de son cœur, mais il ne voulait pas la noyer sous le flot de sentiments qu'il éprouvait pour elle ; il était certain qu'à force, tout ceci la ferait fuir. Il se contenta donc de savourer chaque gorgée de son breuvage jusqu´a ce que son mug soit totalement vide. Ensuite, il se leva, déposa sa tasse dans l'évier puis rejoignit son lit.
  Norman allait s'endormir quand une alarme se mit en route au dehors. Il se leva d'un bond, faillit se prendre les pieds dans le tee-shirt qu'il avait abandonné au sol et arriva, miraculeusement, devant son pc, en un seul morceau. Le "couvercle", duquel il avait prélevé le dernier fragment un peu plus tôt, venait de céder. La cavité était maintenant à sa merci et le secret qu'elle renfermait, avec elle. Excité comme une puce, il ne pouvait pas attendre le lendemain. Il fallait qu'il sache ! Se rhabillant en vitesse et manquant mettre les deux pieds dans la même jambe de pantalon, il attrapa le projecteur, fixé à côté de la porte, qui lui permettrait d'éclairer l'intérieur de la caverne et un long filin en kevlar pour l'attacher au denier barreau, avant de sortir en trombe du chalet.

  Lorsqu'il atteignit la cavité, il récupéra son matériel d'alpinisme puis descendit par l'échelle de cordages. Il noua solidement le filin au dernier barreau avant de le fixer sur son baudrier à l'aide d'un crochet. Il était paré, pour le cas où la descente en pente douce obliquerait à nouveau vers le bas. Mais au bout d'une cinquantaine de mètres, le boyau se redressait encore.Norman alluma son casque à lampe frontale avant d'avancer vers le fond de la tranchée. Impavide, il parcourut environ un kilomètre sous la glace avant de parvenir à un cul de sac.

  Rien ! La grotte était complètement vide ! Pas de comète, même rien qu'un tout petit morceau ! Aucun vestige d'un quelconque passage de caillou quel qu'il soit ! Mais d'où provenait donc cette drôle de glace qui fondait plus vite que celle de la Terre ? C'était tout bonnement impossible qu'il n'y ait rien... Norman refusait d'y croire.

  Il s'accroupit sur ses talons au milieu de la caverne et estima son diamètre à quatre mètres, totalement nue du sol au plafond. Il se prit la tête dans les mains, il était resté pour surveiller les lieux et avait loupé... Il ne savait combien de rendez-vous avec Norma ! Tout ça pour ça ?

  En bougonnant dans sa barbe, il scruta attentivement l'intérieur de la grotte qui s'ouvrait devant lui.

  Tout comme le tunnel qui était parfaitement cylindrique, la grotte était totalement sphérique. Elle ne présentait aucune aspérité et semblait fluorescente dans la lumière du projecteur. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : un rayonnement, qui allait peut-être s'avérer radioactif. Il devrait revenir avec le matériel adéquat pour vérifier. Cependant, à n'en pas douter, tout ceci n'avait rien de naturel.

  En attendant, il préleva un fragment de la paroi rocheuse aux fins d'analyse avant de reprendre le chemin de la surface.Il se demanda si une comète pouvait contenir du métal et décida d'interroger la base à ce sujet. Si c'était le cas, il demanderait si le satellite pouvait déceler une masse ferreuse ou autre, même relativement petite. Il tenait à cette hypothèse qu'il trouvait, et de loin, la plus probable. On trouvait un peu partout sur terre des météorites ferreuses, mais une masse importante comme une comète devait en contenir dans son cœur, elle ne devait pas être composée que d'eau et de poussière, se disait-il !

  Il visualisa une comète dans le ciel avec sa longue chevelure et cela lui fit immédatement penser à Norma Jeane, et ses longs cheveux blonds... Le chemin du retour, ainsi que sa fatigue croissante lui paraissaient d'un coup, bien plus supportables.

  En arrivant au chalet il disposa tout de suite les échantillons de roche dans le spectromètre, nota les différents résultats enregistrés par les appareils de mesure extérieurs et reportés sur son ordinateur.

  Tandis que l'analyse des parcelles de roche se poursuivait, il nota une activité sismique très légère sur le site, les vibrations semblaient avoir repris.

  Les résultats de l'analyse confirmèrent ce qu'il soupçonnait, la roche émettait bien une faible radioactivité qui ne pouvait pas être d'origine locale, aucune source naturelle n'avait été détectée dans la région. Il se dit que la "foreuse géante" avait donc dû utiliser une matière actinifère, ou mieux, l'énergie atomique... Il réalisa alors ce que son raisonnement avait d'irrationnel, cette caverne remontait, d'après la datation des couches de glace au contact de la roche, à environ cinquante à soixante mille ans. Si l'humanité vivait alors dans des cavernes, elle ne les creusait pas !

  Il se mit à échafauder une nouvelle théorie : une partie de comète chauffée à blanc en traversant l'atmosphère avait percuté la glace en la faisant fondre... mais dans ce cas, ou était le caillou ? Avait-il fondu en terminant sur la roche ? Il n'avait pas pu disparaître comme ça !  

  Songeur, Norman nota ses hypothèses avant de relever la tête vers le sismographe dont la plume s'emballait. Etait-ce une nouvelle éruption du volcan ?

  Comme si Dame nature lui répondait directement, un vent violent se leva et le chalet se mit à trembler sur ses fondations...

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Ad'H & JI 03/09/20

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