Au Revoir les Petits Mouchoirs Bleus

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« Qu'ai-je fais pour en arriver là ?! Aurais-je diffamé sa majesté ? Aurais-je été responsable d'un crime immonde ? Aurais-je troublé les âmes éperdues de leur éternel repos ? Moi, Richter Utilgt, grand notable de la cour ? Non... Pire... Bien pire... Je n'ai pas bougé, je n'ai rien fait... Je sais ce que vous pensez. Un acte si infime ne saurait m'accuser de la sentence qui, sur ma tête, est aujourd'hui portée. Ah, que de faibles esprits que vous êtes finalement. Je vous envie... Oui je suis coupable, coupable de ma présence dans la charmante cabane des bois sombres.

Vous trouvez cela toujours insuffisant pour qu'on ose me condamner ? Serai-je donc obligé de la proférer, cette horrible vérité ? Tout cela pour satisfaire les curiosités dévorantes de vos personnes affamées. Les mots peinent à sortir du temple que referme ma bouche. L'aveu que je vais vous faire transpercera vos fragiles oreilles. C'est donc cela que vous voulez ? La seule nourriture que votre corps semble tolérer est la douleur. Très bien, je vais vous la livrer, l'action qui causa ma perte.

De ma fenêtre, j'ai vu un petit éclat bleu, un petit éclat bleu dans le petit bois. Rien de dramatique me dires-vous... Au contraire ! Rien qu'avec mon regard fautif j'ai déjà commis la fatale erreur. Alors je suis descendu, totalement absorbé par l'étrange lumière, et me suis élancé vers cet éclat de toute beauté, en plein dans la sombre forêt. J'avance, j'avance vers l'horreur que j'allai commettre. Cette lumière bleutée, d'où venait-elle ? Comment une lueur de cette couleur pouvait-elle être naturelle ? Tout simplement parce que cette lueur n'était pas naturelle. Un petit mouchoir bleu, abandonné au clair de lune, produisait cet éclat miroitant dans le bois. Un autre reflet... j'avance, j'avance vers le crime, mon crime. Encore un autre mouchoir bleu, en dentelle, légèrement usagé mais encore propre. Mais bien trop propre, bien trop pur, bien trop innocent !

Les apparences sont trompeuses hélas. Il m'était facile de croire qu'une jeune déesse avait laissé tomber ses petits mouchoirs bleus afin que je la retrouve. Nous aurions très bien pu avoir de joyeux ébats ensemble. Moi, crédule, je courais, fonçais, m'envolais vers ce que je croyais être mon destin. Mais ces mouchoirs n'étaient qu'une farce, un déguisement pour cacher un péché immonde. Continuant à suivre cette mystérieuse piste de tissus bleu, le drame, ce drame, mon drame s'est produit. Un mouchoir rouge, un rouge souillé, un rouge sans espoir, un rouge sanglant ! Comble des horreurs ! J'ai cherché à fuir mais la piste de tissus bleu a disparu pendant que j'avais le dos tourné ! Là... je vois, je vois un espoir, je m'y élance à coups perdu et j'ai vu... j'ai vu... j'ai vu. Non je ne peux le dire, je ne peux décrire l'horreur que ma seule présence a engendrée. Affamés de justice, ne me forcez pas à révéler la terreur cachée en mon sein ! Vous ne bougez pas ? Vous voulez me voir expier mon crime ? Vous guettez les sanglots qui vont couler sur mes joues ? Alors, finissons-en. Je resterai fier et droit devant la monstruosité que j'ai commise comme le ferait tout bon notable. J'ai ouvert la porte, la porte de la charmante cabane, et là mon crime a commencé. La déesse en question était là, mais elle se débattait suspendu à une corde mortelle. Je n'ai pas bougé. Je n'ai pas réussi à sauver mon amour de la mort précoce qu'elle s'était donnée. La peur de l'amour et ma solitude m'ont donné l'ordre de ne pas effectuer le moindre mouvement et j'ai lâchement obéit, attendant que mon crime s'accomplisse. C'est ainsi que j'ai vu mon avenir se démener, le regard empli de pitié, avant de le voir expirer, ce doux avenir. Et c'est en cela que je suis coupable, je suis le coupable, je suis plus coupable que l'ensemble des gens qui sont passés ici. Ma présence en ce lieu maudit a transformé, sali, corrompu mon âme. Alors, faites. Faites-moi quitter cette vie malheureuse. La culpabilité m'envahit... Un lien solide va enserrer ma gorge, ce puits sans fond d'insanité, afin de taire mes terribles fautes. Ma bouche, enclos des horribles vérités, va bientôt se taire. Au revoir, les petits mouchoirs bleus. »

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