Crédit or not crédit

2 minutes de lecture

 « Moi, dit un cadre supérieur, j’ai tout à crédit : mon habitation principale, ma résidence secondaire, ma voiture, celle de ma femme, la moto de mon fils, la caméra vidéo et j’en passe. Lorsque je fais la somme de tout cela, ça fait mon salaire moins mille francs pour la bouffe. C’est génial. Vous vous rendez compte de tout ce que je peux acheter avec mon salaire ?

— Moi, c’est ma femme que j’ai achetée à crédit, lança un employé municipal.

— Ta femme ?

— Oui. Je l’ai connue dans une agence matrimoniale où le prix du dossier était tellement élevé, que j’ai pu le payer à crédit.

— Moi, dit le docteur, j’achète tout à crédit aussi ; mais j’interdis à mes clients de me payer à crédit, sinon, je ne pourrais pas payer mes traites.

— Moi, dit l’ouvrier je fume beaucoup. Deux paquets de cigarettes par jour. Une ruine au prix où elles sont. Je me suis débrouillé pour les payer à crédit, ce qui a considérablement baissé le prix de chaque paquet.

— C’est chouette, fit le toubib, moi qui suis également un gros fumeur, je devrais opter pour cette formule.

— Le hic, est que, si je continue à fumer autant jusqu’au jour de ma mort, mes héritiers devront continuer à rembourser le crédit durant une trentaine d’années.

— C’est normal, fit le cadre. Le vôtre est un achat permanent. Dieu merci, je n’ai pas ce vice-là.

— J’ai un ami, lança le toubib, qui a acheté un piano à crédit le jour de la naissance de son fils. Il pensait qu’il s’y assiérait devant dès l’âge de trois ans, tel Mozart. Mal lui en prit. L’enfant s’est passionné pour la guitare, qu’il a dû acheter… comptant.

— Il a pu au moins revendre le piano ? Demanda l’employé municipal.

— Mal. Il l’a mal vendu

— Il ne faut pas acheter n’importe quoi à crédit ; ou alors, faire des crédits courts ; sinon l’objet se dévalorise. Tenez, j’ai un couple d’amis qui a acheté un chien à crédit. Savez-vous ce qui est arrivé ?

— Non, répondirent les autres d’un ton empreint de curiosité.

— Lorsqu’ils ont eu payé la dernière traite, le chien est mort de vieillesse.

— Le pauvre, fit l’employé municipal.

— Moi je n’ai jamais aimé les clébards, proféra l’ouvrier.

— Pas tout le monde est comme vous, rétorqua l’employé municipal.

— C’est un tort. S’il y avait moins de chiens, il y aurait moins de crottes sur les trottoirs, et la ville serait plus propre. Le toubib pourra vous le dire : toutes ces merdes, c’est dégueulasse pour la santé. N’est-ce pas ?

— Ecoutez, répondit l’interpellé, nous sommes ici pour parler du crédit, de ses bienfaits et de ses méfaits, et non pour parler des crottes de chien. Laissons cela pour une autre fois.

— C’est cela, fit le cadre supérieur en regardant sa montre. Il faut que retourne au travail.

— Nous aussi, firent les autres en se levant.

— Vous nous faites crédit ? Lança-t-il au patron.

— Non monsieur. La maison ne fait pas crédit. »

— Encore un arriéré, murmura-t-il entre ses lèvres, en posant le billet sur la table. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Georges Floquet ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0