Choix gastronomiques

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 Si vous circulez sur la RN 14-ter, dans le sens Paris-Province, vous apercevrez sur votre droite, à la hauteur du kilomètre 345, une jolie auberge typiquement régionale au nom évocateur : « LE RENARD GOURMAND ». Arrêtez-vous, allez garer votre voiture dans le parking, descendez et vous serez immédiatement séduits par la beauté du cadre environnant. Poussez la porte, et laissez-vous accueillir et charmer par le sourire de sa propriétaire : madame Aubeurnoir. Admirez le décor sobre mais chaleureux de la salle de restaurant, posez vos yeux sur ses tables soigneusement recouvertes, discrètement illuminées d’une bougie, délicatement ornées d’une rose, et élégamment disposées, de manière à rendre votre repas le plus intime possible. Installez-vous à l’une d’entre elles, et acceptez la carte qui vous es apportée par un maître d’hôtel strictement vêtu de noir, sur une chemise blanc immaculé, arborée d’un nœud papillon, noir lui aussi, parfaitement ajusté. Ne vous pressez pas à la lecture des nombreux et variés plats qui vous sont proposés. Vous avez tout votre temps. N’hésitez surtout pas à demander telle ou telle précision, sur la composition d’un mets. Lorsque votre choix sera fixé, le maître d’hôtel le notera avec passion.

Laissez-vous tenter par la carte des vins qui vous est remise par le sommelier, facilement reconnaissable à sa veste Bordeaux, et à sa petite broche en forme de grappe de raisin, épinglée à sa boutonnière. Demandez-lui conseil sur le genre de vin pouvant s’allier harmonieusement, avec les plats que vous aurez commandés. Interrogez-le sur sa cave et les secrets qu’elle recèle. Il se fera un honneur de vous les livrer.

Si en attendant votre repas un besoin naturel vous démangeait, levez-vous, dirigez-vous vers les toilettes qui se trouvent au fond de la salle, à gauche. Epanchez-vous sans retenue sur la cuvette magnifiquement bien entretenue, sentant le pin des Landes ; et lorsque vous accèderez au lavabo, pour vous laver les mains, humez la senteur délicate du savon. Quel plaisir de pouvoir vous les essuyer sur une serviette douce et moelleuse. Quand vous ressortirez de là, pour regagner votre place, le maître d’hôtel vous y attendra. Il vous tendra votre assiette, vous souhaitera un bon appétit, et vous dégusterez de bon cœur cette cuisine légère et digeste. Un fromage vous tente ? Tous les plus beaux fleurons du pays vous sont présentés sur un plateau. Et pour finir, un fruit ?... Une tarte ?... Une pâtisserie ?

Après ce succulent repas, un digestif de votre choix, vous sera offert et, quand le moment fatidique arrive où vous demanderez l’addition, ne pâlissez pas à l’avance, ne blêmissez pas en l’attendant ; elle sera raisonnable, tout à fait dans vos moyens.

Enfin, quand le moment de partir viendra, madame Aubeurnoir vous reconduira jusqu’à la porte et, de son plus beau sourire, vous remerciera, et formulera le vœu de vous revoir bientôt.

… Mais si à la hauteur du kilomètre 345, votre estomac ne gargouille pas encore, et vous permet de rouler encore trente-deux kilomètres, vous pourrez alors, vous arrêter « Chez Jules », où un garçon mal rasé et puant l’ail, vous crachera au visage qu’il n’y a plus de plat du jour, et que vous devrez vous contenter d’un croque-monsieur, ou d’un jambon beurre, arrosé d’un demi pichet de rouge.

A votre estomac de choisir.

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