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Je découvris que Milasi était l'un des ports les plus importants de Lor. Ses docks s'étendaient tout autour de la baie. Aux jetées plus petites étaient amarrés de nombreux voiliers. Je ne m'y connaissais pas assez en navigation pour pouvoir nommer les bateaux que je voyais mais les voiles d'un gris sombre et brillant me parurent tout de même étranges.

En ce matin lumineux, le quai était en proie à une certaine animation. Des hommes, des femmes et des enfants de tous âges se pressaient et se bousculaient, chargés de caisses, de fûts et de sacs. La foule grouillait autour des navires, simples matelots, robots, ou passagers occupés à embarquer leurs bagages. Et toujours ces engins volants dont le vrombissement recouvrait les murmures de la foule.

Nous nous laissions porter par le mouvement des passants, à la recherche du trois-mâts dont le nom était indiqué dans mon carnet. Je ne lâchais pas la main de Ian, soucieuse de ne pas le perdre dans le monde qui nous entourait de toutes parts.

Mes yeux étaient sans cesse attirés par les différentes machines que nous croisions. Humanoïdes aux longs bras articulés, ils se déplaçaient au milieu de la population sans susciter le moindre étonnement. Le même symbole que celui du Bureau était imprimé au centre de leur poitrine, tout comme sur les drapeaux autour de nous.

Quelque chose me perturbait à propos de ces robots. Ils laissaient les humains présents faire tout le travail manuel, sans même leur proposer d’aide, alors que leur force aurait certainement permis de transporter les différentes marchandises avec moins d’efforts. Mais ils se contentaient de patrouiller, toujours par deux. Je laissai vite de côté cette préoccupation lorsque notre embarcation se dévoila.

Le Manta noir était ancré au milieu du quai. Il se balançait doucement sur les vagues de la marée montante. Ses voiles étaient pliées et attachées et, sur le pont, les marins s'affairaient à leurs tâches sans nous prêter la moindre attention.

La figure de proue représentait une raie manta, un strys comme ils les appelaient ici. Je supposai que c'était de là que le navire tirait son nom. Je redoutai le moment où il nous faudrait monter à bord : si Arthur avait le mal de l'air, j'étais quant à moi assez réticente à passer des jours en mer.

Arthur avança lentement vers la personne la plus proche. L'homme nous tournait le dos mais il était évident qu’il était en charge du vaisseau, à en juger par la façon dont il aboyait les ordres à l'équipage.

Le capitaine se retourna vers lui. L'agitation du port couvrit le début de leur conversation et je m'approchai aussi pour mieux entendre.

— Et où allez-vous comme ça, jeunes Terriens ?

— À Alma, souris-je.

Le vieux marin parut étonné.

— Alma ? Je vous souhaite bien du courage alors !

— Pourquoi donc ?

— On est en plein dans la saison des tempêtes ! Alma n'est déjà pas facilement accessible par temps calme… Personne ne prendra le risque d'aller jusque-là en ce moment !

Perplexe, je levai les yeux vers le ciel d’un bleu limpide. Pas un seul nuage ne venait cacher le soleil. L'homme suivit mon regard.

— Le temps à Milasi n'est pas une référence, jeune demoiselle ! Cette région profite d'un microclimat assez agréable mais ce n'est pas le cas plus à l'est. Je peux vous emmener jusque Tyr, c'est l'endroit le plus proche d'Alma accessible sans trop de danger.

Nous embarquâmes donc à bord à l’aide une étroite passerelle. Le pont était assez stable sous nos pieds et j'espérai qu'il en serait ainsi durant tout le voyage. Assise contre le bastingage, je savourais avec plaisir le mélange d'odeurs d'eau salée et de poisson qui planait dans l'atmosphère. Le soleil était agréable et je fermai les yeux, les bruits de la foule et les cris des oiseaux marins comme une douce musique dans mes oreilles.

Je regardai le second diriger la manœuvre à grands cris.. L'agitation sur le pont s'intensifia tandis que les hommes s'affairaient, tiraient des cordes et préparaient les voiles. Nous tentâmes de notre mieux de rester en-dehors de leur chemin.

Le navire finit par mettre les voiles. Nous laissions enfin la ville bruyante et animée derrière nous. Milasi ne fut bientôt plus qu'un point à l'horizon. Je quittai alors mon point d'observation.

L’activité sur le bateau se calma une fois le navire plus loin en mer. Des regards curieux commencèrent à se poser sur nous trois mais personne ne dit rien.

— Ohé, écoutez vous tous !

Tous les yeux se tournèrent vers le vieux marin. Celui-ci nous fit signe d'approcher du mât. Une fois devant l'équipage, il fit un geste vers nous.

— Ces jeunes Terriens vont faire le voyage avec nous jusqu'à Tyr. Ils vont passer quelque temps parmi nous, alors traitez-les avec le même respect que tout autre mousse ! Entendu ?

Il sourit mystérieusement et les hommes qui avaient compris son discours pouffèrent. Ils se chargèrent de traduire ses paroles à leurs compagnons qui rirent ouvertement à leur tour. J'eus un mauvais pressentiment.

— Evie ! Amène-toi !

Une jeune fille quitta son amas de cordes pour s'approcher de nous. Ses longs cheveux bruns étaient attachés en queue de cheval. Elle portait un t-shirt d'un blanc sale, un pantalon beige et des bottes noires. Elle nous accueillit avec un léger sourire.

— Voilà Evie, dit le second. Elle vous dira quoi faire. Le reste d'entre vous connaît ses tâches !

Les marins s'éparpillèrent sur le bateau.

— Alors vous êtes vraiment des Terriens ? demanda la jeune fille. Je suis Angelina au fait. Evie n'est qu'un surnom.

— Heureuse de te rencontrer, dis-je. Le second a dit que tu pourrais nous renseigner ?

— Eh bien… fit-elle avec un sourire hésitant. Je suppose que vous pouvez commencer par nettoyer le pont.

Ian me lança un regard inquiet. Arthur grogna, ce qui arracha un rire à notre guide.

— Allons, dit-elle. Ce n'est pas si terrible que ça ! Venez, je vais vous montrer.

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