Chapitre 20

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Ce premier soir avait pu voir Noah et Taeliya très complices : cuisinant ensemble, se chamaillant tels deux enfants. Noah pouvait faire étalage de son talent de cuisinier, tandis que sa compagne se moquait gentiment de lui, l’aidant tout de même dans sa tâche. Le dîner avait été tranquille et le reste tout aussi joyeux et apaisant. Affalés sur le canapé devant un film sans intérêt, ils se câlinaient amoureusement. Noah réfléchissait toujours autant à ce qu’il voulait organiser pour sa belle.

— Noah…

— Hm ?

— Est-ce que le clan connaît ton prénom ?

— Pas tout le monde. Je pense que très peu on eut envie de le connaître parce que je faisais assez peur à l’époque. répondit-il distraitement, enroulant une mèche de cheveux miel entre ses doigts.

— Comme si tu ne l’étais plus ! se moqua la jeune femme.

— C’est ça, cherche-moi ! grogna Noah, amusé par sa compagne.

Tous les deux pouffèrent de rire, puis Taeliya reprit :

— Tu ne veux pas le leur dire ?

— Est-ce que ça te gêne de ne pas pouvoir dire mon nom en leur présence ?

— Non, parce que ça me donne une impression d’avoir une place spéciale de savoir que je le connais et que je peux le dire quand je suis avec toi ou avec mon père et les démons.

— Joe et Sonia le connaissent, lui rappela-t-il en souriant.

— Jess aussi ?

— Il a toujours pensé que s’il m’appelait par mon prénom, ça ressemblerait à une incantation et que le mal s’abattrait sur lui. Donc je suppose qu’il le connaît.

Taeliya pouffa, reconnaissant là son ami très superstitieux. Elle se laissa aller contre la poitrine de son compagnon, écoutant les battements réguliers mais puissants qui pulsaient contre son oreille. Le sentant absent, elle tourna vers lui un regard inquiet. Il était complètement absorbé par une idée et celle-ci semblait beaucoup l’exciter. Taeliya pouvait sentir son corps dur vibrer sous elle.

— Princesse.

— Oui ?

— Tu veux vraiment le faire avec moi ?

— Si je compte faire ma vie avec un démon, autant me donner corps et âme, non ? Mon cœur tu l’as déjà.

Il la redressa sur ses cuisses. Son sourire était aussi éclatant que les rayons du soleil en plein été. Pourtant, la nuit était tombée depuis longtemps, tamisant la pièce d’une lumière chaude diffusée par les luminaires faibles du salon.
Taeliya était sur lui, habillée de son pyjama court, affolant les sens du mafieux d’une envie pressente. Chacune des déclarations qu’elle lui faisait le mettait dans un état inouï. Il ne savait plus quoi dire ou comment agir avec elle sans avoir l’impression d’être un homme mort de faim. C’était un démon, oui mais un homme aussi. Ses besoins étaient voraces, il avait peur de la blesser et pourtant elle semblait ne pas se rendre compte de ce qu’elle déclenchait en lui à chaque mot qu’elle prononçait.

Cependant, son sous-entendu lui sauta à l’esprit : « si je compte faire ma vie avec un démon ».

Cette phrase faisait écho à un étrange désir enfoui au fond de l’esprit du géant qui n’avait jamais espéré trouver quelqu’un qui puisse le réaliser. Voulait-elle une famille avec lui ? Qu’est-ce que ça donnerait la jeune Princesse enceinte de son enfant ? Assumerait-il d’avoir un enfant avec la vie qu’il menait ? Il tenta d’imaginer Taeliya le ventre arrondi et il sentit doucement glisser en lui une chaleur tendre et agréable.

Sa peur était légitime, car la santé de la jeune femme était un danger pour elle. Alors avoir un enfant n’était pas sûr. Il devrait en discuter avec Joe et Stein.

Mais une phrase tournait à présent dans sa tête, accompagnée d’une image : Taeliya enceinte.

— Noah ?

Il planta son regard sombre et brûlant dans les yeux vairons de sa belle, replaça une mèche derrière son oreille et lui sourit.

— Faire ta vie avec un démon, hein ? dit-il d’une voix rauque, tentant de tempérer ce brusque désir qu’elle venait d’allumer en lui.

— Bien sûr ! rougit-elle.

Noah ne put que rire face à cette femme amoureuse.

— On devrait aller se coucher, dit-elle en baillant.

— Monte, je vais faire une patrouille avant de fermer la maison.

— À vos ordres chef ! s’exclama-t-elle.

Il reçut un baiser rapide sur la bouche avant de la voir s’éclipser dans les escaliers. Il se leva, prit sa lampe torche et partit faire le tour de la maison. Il revint après une bonne vingtaine de minutes pour tout verrouiller. Les bonnes habitudes avaient la vie dure, il ne pourrait jamais se défaire de ce genre de choses, il resterait à jamais un mafieux prudent. Même s’il lui offrait la vie de famille qu’elle rêvait d’avoir, Taeliya devrait composer avec les habitudes étranges et les manies dangereuses du mafieux.

Il grimpa les escaliers à son tour pour rejoindre la salle de bain où il la trouva en train de se brosser les dents.

— Tu as pu faire ton tour de garde ? demanda-t-elle avec sérieux.

— Oui, tout va bien, mais on est jamais trop prudent.

— Je sais. Merci Noah.

Il tiqua.

Il venait à nouveau de se rendre compte de quelque chose : Taeliya ne s’était jamais plainte de ses habitudes ni de ce qu’il était. Bien au contraire, elle l’acceptait.

Elle se sentait en sécurité et tout ce protocole minutieux la rassurait. Noah comprit enfin qu’elle ne voulait personne d’autre hormis lui, car sa dangerosité la mettait à l’aise. Il avait la fâcheuse manie d’être plus qu’impitoyable. Elle était la pureté incarnée, quant à lui… il était le démon le plus brutal que le monde ait pu porter et le mélange des deux donnait un duo improbable.

Il s’approcha d’elle et la plaqua contre son torse. Dans le miroir, Taeliya pouvait voir le regard sérieux de son compagnon. Elle attrapa la brosse à dent du géant dans un verre, y appliqua le dentifrice et leva le bras pour la lui offrir. Noah ouvrit la bouche pour l’y recevoir. Elle lui adressa un regard brillant auquel il répondit par une étreinte chaleureuse où seul le bruit des brosses en pleine action s’entendaient.

Dans le lit, Noah ne pouvait s’empêcher de vouloir trouver un moyen de la mettre à l’aise. C’est enroulée autour de lui qu’elle s’endormit. Pour seul témoin de l’amour qu’elle lui témoignait : un léger baiser sur son torse, le faisant vibrer de la tête aux pieds.

Il ramena les draps sur eux, un bras autour de la jeune femme et l’autre replié derrière sa nuque. Il plongea son regard dans la nuit qu’il pouvait voir à travers le velux au-dessus du lit. Le bruit du bois qui craquait ne le dérangeait pas, Taeliya semblait complètement endormi quand il reçut un message :

« J’ai trouvé la lettre. Je te l’amène. »

Stein… 

« Taeliya vient juste de s’endormir. »

« Voilà une belle occasion. Je suis dehors dans cinq minutes. »

Pas le choix, il devait la laisser seule le temps qu’il aille voir son père qui avait fait le chemin pour ce simple morceau de papier qui pourtant… valait beaucoup aux yeux du géant. Il se glissa hors du lit, prenant grand soin de ne pas réveiller sa belle et se dirigea, arme cachée dans son jogging, vers la porte d’entrée devant laquelle il trouva Kim, Tristan et Stein.

— Salut les gars.

— Boss.

— Tiens, sacrée lettre. Elle l’avait planqué derrière le tableau que je lui avais offert pour son premier Noël.

— Vous avez fait tout ce trajet juste pour ça ou pour savoir que votre fille est encore vierge ?

— Comment… que…

Stein bredouilla, complètement gêné.

— Rassurez-vous Boss, elle n’a rien… pour l’instant. J’ai promis de lui préparer une première fois digne d’elle. Mais attendez-vous à ce que je vienne vous trouver dès notre retour.

— Oh, tu t’es décidé ?

Noah lui jeta un regard curieux. Stein sourit.

Oh le vieux loup savait déjà…

— Oui. Mais c’est un sujet très dangereux et très important. Je dois avoir l’avis de Joe également, je ne veux prendre aucun risque pour sa santé.

— Tu comptes aller jusque-là ?

— Elle l’a dit elle-même « si je compte faire ma vie avec un démon ».

Stein resta muet un instant.

Il respectait son bras droit pour sa loyauté envers lui et le clan. Ainsi que pour sa droiture et le fait qu’il ne l’ai jamais trahi. Il l’aimait comme un fils. Savoir qu’il sortait avec sa fille lui avait déjà fait un coup au cœur, mais il en était à l’origine. Connaître les sentiments de sa fille pour cet homme dangereux, lui avait fait comprendre beaucoup de choses. Ils n’étaient pas si différents de lui et Maria. Taeliya lui avait même confié de s’être torturée l’esprit, de peur qu’il refuse cette relation. Aveux qui l’avait totalement ébranlé. Maintenant que Noah lui parlait de vouloir officialiser une idée de vie avec sa fille, son cœur était lourd. Il voulait profiter de son bébé encore plus longtemps avant qu’ils ne s’engagent tous les deux. Il connaissait le lien qu’ils partageaient et à quel point ce dernier était beaucoup trop fort pour qu’il les prive l’un de l’autre. Noah était quelqu’un de droit et la santé ainsi que la sécurité de Taeliya lui étaient importantes. Il voulait faire les choses bien et dans l’ordre. Stein le dévisagea, cherchant à voir en lui ce que sa noirceur pouvait lui dire, mais il ne trouva rien qui contredisait sa détermination.

— Je ne compte pas faire ça dans l’immédiat, si ça peut vous rassurer Boss, dit-il captant les pensées de son chef. Taeliya est jeune encore et elle doit finir ses études. Quand elle les aura fini, je reviendrais pour avoir cette fameuse discussion.

— Si rien a changé pour elle, dit Stein pour rappeler au mafieux que la jeune femme était décisionnaire de cette relation.

— Totalement.

Noah était un homme de parole. Stein savait qu’il pouvait compter sur lui pour prendre soin d’elle.
Son avis comptait pour Noah et Stein pouvait attester de cette complicité qu’ils avaient développé. Si malgré tout, Noah avait eu un moment de doute et d’absence, il ne pouvait pas tenir longtemps loin d’elle. Stein l’avait vu se détruire à petit feu, devenant vide et froid. Redevenant l’être craint et violent qu’il avait toujours connu.

— Elle compte beaucoup pour toi, n’est-ce pas ?

— Plus que tout au monde.

— Aucune hésitation hein ?

— Aucune.

Stein sourit.

— Fais en sorte que je ne regrette pas mon choix.

Noah s’inclina face à son chef et le regarda rentrer dans la voiture, saluant au passage ses deux hommes puis rentra dans la maison, la verrouillant à nouveau. Il grimpa dans la chambre pour la trouver assise, le visage tourné vers le velux. Les rayons de la lune glissaient sur elle tel un voile d’argent venu la caresser. Son œil émeraude se tourna vers lui, brillant d’une larme d’inquiétude. Il s’avança et repris sa place dans le lit, la prenant contre lui.

— Ton père vient de partir.

— Il était inquiet ?

— Il voulait savoir si j’avais dévoré sa fille adorée.

— Qu’est-ce que tu lui as dit ?

— Que je ne t’avais pas « encore » touchée.

— Tu ne l’as pas épargné ! pouffa-t-elle.

— En effet. Pourquoi tu es debout ?

— Je ne te sentais plus autour de moi. Ce n’est pas chez nous, ton aura ne s’est pas assez accrochée au lieu pour que je sois tranquille.

— Désolé Princesse.

Il lui embrassa le front et la serra contre lui pour sombrer ensemble dans sommeil sans ombres.

Le lendemain matin, Taeliya trouva Noah en sortie de douche, avisant l’heure sur le réveil posé à côté d’elle, il avait dû partir courir, car il n’était même pas encore 8 h du matin.

— Bonjour, dit-il en venant l’embrasser.

— Bonjour, tu es allé courir ?

— Oui, j’ai fait le tour de la maison et des environs. Rassure-toi j’ai appelé Carl pour surveiller la maison le temps que je fasse ma course.

— Il est encore là ?

— Non, il est parti quand je suis rentré. Comment tu te sens ?

— Pour l’instant ça va.

— Tu as pu dormir malgré tout.

— Oui, mais je serai mieux une fois chez nous.

Il lui caressa la joue, souriant à son « chez nous » qui étrangement lui procurait une sensation de bien être inouï. Il pencha son corps en avant pour capturer la bouche de sa belle qui la lui offrit avec plaisir.

— Douce sorcière, j’ai un plan pour la journée, tu veux l’essayer ?

— Quoi, tu veux qu’on aille en ville, habillés comme des couples que l’on voit dans les films et qu’on profite d’une journée au parc d’attractions ?

— Hmm, très cliché Mademoiselle. sourit-il. C’est tentant, mais non. Tu verras tu vas adorer.

Il lui adressa un clin d’œil mystérieux et il alla s’habiller.

— Mais si tu veux Princesse, tu peux tenter d’assortir ta tenue de sport à la mienne ! lui lança-t-il depuis la salle de bain.

Elle souffla et se leva.

Noah y avait réfléchi durant sa course et il avait imaginé plusieurs idées pour préparer cette journée ainsi que la soirée qui s’annonçait intéressante. Il avait d’abord voulu demander à Sonia ou à Jess, mais il s’était vite repris. 

Noah voulait tenter par lui-même alors il avait décidé d’étendre sa course jusqu’au centre-ville du petit village où il n’était pas passé inaperçu. Les quelques passants réveillés qui ouvraient déjà leurs échoppes et magasins, avaient été attirés par son attitude et sa tenue quelque peu légère : short, baskets et débardeur. On pouvait pas faire mieux pour ne pas cacher ses tatouages de clan. Il avait mené son enquête et était allé voir ces derniers afin de leur poser des questions. Un à un les curieux s’étaient rassemblés autour de lui pour discuter avec cet étrange personnage. Il avait reçu beaucoup de propositions et avait emmagasiné certaines d’entre elles dans son esprit.

Il avait fait des recherches une fois rentré et s’était finalement arrêté sur plusieurs endroits à faire mais tous étaient difficiles d’accès en voiture. Il s’était décidé sur ce qu’ils iraient faire en premier : un peu de sport. Se défouler mais pas trop pour que la jeune femme puisse passer une bonne journée tout en la gardant assez réactive pour le soir.

— Je suis prête ! l’entendit-il annoncer depuis les escaliers.

Il se retourna et se figea.

Il l’avait tenté et elle avait relevé son défi : legging noir moulant ses cuisses et ses fesses rondes ; un débardeur serré ; une brassière en dessous. Ses cheveux relevés en une queue de cheval haute, elle n’avait pas de maquillage hormis un léger baume sur les lèvres qui sentait le miel. Elle était tellement excitante qu’il dut réprimer à grande peine son envie pressante de la prendre sur le comptoir de la cuisine.

— Sorcière… gronda-t-il, mâchoires serrées.

— Pour vous servir. Tu voulais que je sois en tenue de sport, me voilà prête, on y va ?

— Tu veux ma mort ou celle de ceux qui poseront leurs yeux sur toi ?

— Je ne pars ni nue ni en culotte.

— Oh non, ça je garde ces tenues-là pour moi.

— Jaloux possessif.

— Pour vous servir… 

Il posséda voracement sa bouche, baiser auquel elle y répondit avec un certain plaisir, lui titillant les nerfs.

— Je vais être exécrable…

— Tu seras toi-même.

— Eh dis donc !

— Je t’aime comme tu es : exécrable, possessif, dangereux, attentionné et… terriblement sexy. Je pense que je vais être pire que jalouse.

— Ma douce et tendre sorcière ! Je vais m’amuser à te voir avec une envie de meurtres dans les yeux.

— Cette journée risque d’être sportive.

Noah regretta immédiatement de l’avoir programmée. Mais il n’y avait plus aucun retour en arrière possible. C’est donc une fois le petit déjeuner avalé et les dents brossées, qu’ils quittèrent la maison pour prendre le SUV direction la première attraction de leur journée : l’accrobranche.

Noah aimait beaucoup l’altitude et voulait faire découvrir cette activité à sa belle afin de partager avec elle cette sensation extraordinaire de liberté, suspendu haut dans les airs. Pour y arriver, ils devaient emprunter un chemin de forêt très peu praticable pour des petites voitures, mais la leur était faite pour ce genre de terrain.

— De l’accrobranche ? dit-elle en voyant le panneau indiquant leur destination.

— Tu en as déjà fait ?

— Non. J’étais trop faible, donc pour grimper aux arbres, c'était pas simple.

— Tu seras avec moi, je ne te laisserai pas te blesser, rassure-toi.

— Je sais bien. Ça m’a toujours intrigué, mais comme tu connais ma famille adoptive…

— On va y remédier, t’en fais pas Princesse.

Elle lui adressa un sourire mi-curieux, mi-inquiet. Elle avait peur et c’était bien normal. Des cris lui parvint aux oreilles, augmentant le stress qu’elle ressentait depuis qu’elle avait découvert leur première destination.

Noah se gara et ils sortirent. Leur couple attira l’attention des gens présents, n’aidant en rien la jeune femme stressée au possible. Noah lui entoura la taille pour la coller à lui. Immédiatement, sa chaleur l’enveloppa, apaisant quelque peu ses angoisses, lui donnant un peu de courage. Ils se dirigèrent vers l’accueil et on les aiguilla sur la marche à suivre. On leur donna le matériel que Noah l’aida à enfiler. Puis les consignes de sécurité. Taeliya était très attentive, Noah savait quoi faire et il était impatient de la voir sur le parcours suspendu au-dessus du sol.

— Bien, si vous n’avez aucune question, je vais vous guider.

Noah aurait voulu refuser mais préféra se taire, ne voulant créer une scène qui pourrait embarrasser sa belle.

Cette dernière lui adressa un regard peu confiant auquel il répondit par un tendre baiser sur ses lèvres, marquant ainsi son territoire tout en lui apportant un souffle d’apaisement.

Alors qu’elle grimpait au premier arbre, Taeliya sentit le vertige et la panique prendre possession d’elle jusqu’à ce qu’une voix derrière elle s’élève, puissante dans l’air :

— Princesse, accroche-toi à l’arbre. Je suis juste derrière toi.

Elle ferma les yeux, prit une grande inspiration et s’élança sur le parcours à la suite du guide qui lui montra où se diriger, quel pied avancer et où le placer, puis la Tyrolienne. Cet instant, Noah le redoutait autant qu’il l’attendait avec impatience.

— Noah…

— Je suis là ma belle, murmura-t-il à son oreille. Je vais passer avant toi, comme ça je serai là pour te récupérer, d’accord ?

Elle hocha doucement la tête.

— Prêt Monsieur ?

— C’est parti.

Noah s’élança et elle pouvait l’entendre prononcer son nom tandis qu’il disparaissait entre les arbres.

— C’est à votre tour Madame, votre mari vous attend, fit le guide.

Elle le toisa du regard, mais la voix grave et forte de Noah parvint jusqu’à elle. L’encourageant du plus profond de la forêt, la dissuadant de contredire le guide qui semblait croire en ce qu’il venait de dire.

—  C’est votre première fois ?

— Oui…

— Ne vous inquiétez pas, vous ne risquez rien et je doute qu’il vous laisse toute seule si jamais il y avait un souci, ironisa le guide en lui souriant. Prenez une grande inspiration et lancez-vous quand vous vous sentirez prête. Vous n’aurez rien à faire à part profiter de la vue.

Elle regarda dans le vide et sentit que son corps allait l’abandonner autant que son cœur, mais après un instant… elle se lança. Accrochée avec désespoir à la corde, elle ferma d’abord très fort les yeux puis les rouvrit doucement pour découvrir un panorama éblouissant. Elle comprit alors ce que voulait dire Noah par cette sensation de liberté. Elle venait d’entrer dans un autre monde. Son corps était plus léger et son esprit s’évaporait déjà dans des esquisses de tableaux qui se présentaient devant elle. Les cheveux au vent, le cœur battant à tout rompre, ses yeux s’agrandirent d’émerveillement. Taeliya était dans un état second. Elle se sentait plus légère, plus libre et la sensation de ne plus appartenir à ce monde était grisant.

Au loin elle aperçue la plateforme où l’attendait Noah, campé droit sur le bord.

Noah… 

Il était là, conquérant, attendant qu’elle arrive.  Le freinage brutal lui fit une décharge dans le corps, mais elle ne souhaitait plus qu’une chose : Noah.
Elle voulait l’embrasser, lui dire qu’elle l’aimait et qu’il avait raison.

On la récupéra et la décrocha. Il n’attendit pas plus pour la soulever dans ses bras et la ramener à l’intérieur de la cabane où on leur servit une boisson chaude et quelques petits en-cas.

— Comment tu te sens ?

— C’était… magnifique ! tu avais raison c’est la plus belle sensation au monde.

— Content que ça t’as plu. Je te rassure c’est la seule activité aussi extrême de la journée. J’ai prévu d’autres choses bien plus calmes.

— Merci Noah.

Elle entoura son cou, l’approcha d’elle pour déposer un baiser de reconnaissance sur ses lèvres dures.

— De rien Taeliya.

Ils sourirent et quittèrent les lieux pour reprendre la route vers le village où se trouvait un petit musée d’art historique. Taeliya s’émerveillait de voir autant de richesses culturelles, mais son œil expert avait bien remarqué les faux exposés avec fierté, trompant le touriste qui était transporté dans un autre espace temps, juste durant la visite d’une bonne demi-heure.

— Coquine, entendit-elle derrière elle.

Taeliya pouffa, Noah avait bien compris les mimiques de son visage mais l’un comme l’autre préféraient ne pas s’embarquer dans un combat inutile et profitèrent de ce qui leur était proposé avant de quitter les lieux pour se diriger cette fois vers le centre-ville animé.

Une petite séance shopping fit plaisir à la jeune femme. Des magasins insolites, tout en s’affichant heureuse avec lui, ne craignant pas les regards des gens qu’elle pourrait connaître et qui irait la harceler de questions. Noah trouva plusieurs souvenirs à ramener au clan et la jeune femme pu s’acheter quelques petites choses.

La modestie de cette demoiselle réservée était belle, mais Noah espérait la voir un peu plus joyeuse dans cette activité. Il savait pourtant qu’elle n’aimait pas dépenser son argent durement gagné pour des frivolités. Il appréciait ce côté-là de sa personnalité et se promit qu’il s’efforcerait de lui offrir tout ce qu’elle souhaiterait à leur retour.

Ils  repérèrent un restaurant à la façade vieillie par le temps. Un petit bistro à la décoration d’origine. Noah y reconnut un des vieux couples curieux qui lui avait parlé de l’accrobranche.

— Oh rebonjour ! s’exclama une voix, les accueillant avec chaleur.

— Rebonjour, merci pour votre idée.

— Votre rendez-vous galant a apprécié ?

— Demandez-lui. Princesse ?

— J’ai eu très peur, mais l’idée était excellente, merci beaucoup.

— Vous cherchez quelque part où manger ?

— Oui, on est affamé ! s’exclama Noah tandis que la jeune femme étudiait les lieux.

— Vous avez une compagne adorable, lui dit la vieille femme en lui adressant un clin d’œil entendu.

Noah hocha la tête. Il ne pouvait que lui donner raison. Taeliya était adorablement sexy et la tentation de l’enfermer dans une tour pour la garder rien que pour lui était assez forte. Mais la voir perdue au milieu d’un lieu historique qu’elle étudiait avec intérêt, la rendait encore plus belle.

— Elle étudie l’art… murmura-t-il alors que le vieux couple la dévisageait.

— Oh c’est une artiste ! Venez, venez jeunes gens ! Nous allons vous installer à notre meilleure table !

— Merci Monsieur, fit Taeliya avec politesse.

Le vieux couple semblait plus qu’heureux d’accueillir ce duo détonnant dans leur établissement pas très rempli mais dont les odeurs attiraient les ventres affamés.
Ils furent placés dans le fond de la salle, avec une vue prenante sur tout le restaurant, ainsi que le comptoir d’où l’on pouvait voir les cuisines en arrière plan.

— De quand date ce restaurant ? demanda la jeune femme.

— 1805.

— 1805 ?! s’exclama la jeune femme intriguée.

— Il est dans ma famille depuis des générations, déclara fièrement le vieil homme.

— C’est incroyable… il est en si bon état.

— Merci bien gente dame.

Taeliya pouffa, Noah s’amusait bien et le vieux couple curieux était aussi gentil que serviable. Une mine d’or pour la jeune femme qui demanda à revenir pour peindre le restaurant.

Ils l’autorisèrent à prendre des photos et le couple pu passer un agréable repas en savourant chaque bouchée.

Noah paya sa part et Taeliya la sienne, offusquant le vieux couple qui partit dans des explications sur la galanterie, faisant soupirer Noah.

— Croyez-moi je voudrais bien, mais ma chère compagne me ferait une attaque si je payais tout.

— Tu en fais déjà assez comme ça, rétorqua-t-elle les joues en feu. Je ne vais pas en plus te laisser payer pour moi. Je t’aime mais laisse-moi au moins ça.

— À vos ordres Princesse, la taquina-t-il en possédant sa bouche dans un baiser moqueur.

— Tu es infernal… Merci encore pour ce délicieux repas et je vous préviendrais quand j’aurai fini le tableau.

— Nous avons hâte de le voir ma chère. Amusez-vous bien jeunes gens !

Ils quittèrent le petit restaurant pour profiter de l’après-midi, allant se balader dans les alentours du village et se poser dans un parc où ils purent bronzer.

— La journée te plaît ?

— C’était très agréable, hormis l’accrobranche qui était un peu extrême, mais au final, ça m’a donné l’inspiration.

— Content de l’entendre.

Calée contre le géant, Taeliya se mit à réfléchir sur son avenir au sein du clan et la suite après ses études. Mais son esprit se refusa à aller aussi loin, car déjà il tressaillait à la simple idée de ce qui l’attendait ce soir. Qu’avait prévu Noah ? Elle tourna la tête vers son compagnon qui bronzait tranquillement alors que la gente féminine autour d’eux n’arrêtait pas de se pâmer devant ce dernier.

— Ignore-les ma belle, tu es bien plus désirable que toutes ces femelles en chaleur, dit-il, caché derrière ses lunettes de soleil, la privant de son regard sombre.

— Je ne peux pas m’en empêcher. Elles me donnent envie de faire un génocide ou de leur crever les yeux pour être tranquille.

— Continue chérie, je te prends ici et devant tout le monde pour montrer qui appartient à qui, gronda-t-il.

Taeliya pouffa et repris sa place contre lui.

Elle est à nous !

***



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