Chapitre 17

17 minutes de lecture

Taeliya était tellement stressée qu’elle n’arrivait plus à se concentrer sur le cours.

Elle avait dû s’y reprendre à plusieurs fois pour le suivre sans en perdre le fil, mais ça relevait du miracle. Aujourd’hui se jouait quelque chose de très important, autant pour elle que pour son père qui allait revoir ses ex-beaux-parents pour la première fois depuis longtemps. La dernière fois qu’il les avait vu, fut le jour des funérailles de Maria et du bébé. Stein lui avait épargné les détails de ce jour funeste, mais lui avait tout de même expliqué ce qu’il s’y était passé. Avec ceci, elle passait pour une enfant égoïste en pleine crise, mais Stein voulait lui donner la possibilité de connaître un passé qu’elle n’avait jamais vécu. Cela remontait à environ vingt ans maintenant, mais la douleur et l’humiliation étaient encore trop présentes en lui. Taeliya souhaitait se faire son propre avis sur ce couple auquel elle était, bien malgré elle, affiliée.

Quand la sonnerie retentit, toute l’angoisse qu’elle avait réussie à plus ou moins réprimer, la jeune femme la sentit affluer telle une déferlante mortelle.

Noah l’attendait à l’entrée du campus, elle avait donc tout intérêt à se dépêcher pour le retrouver afin de pouvoir s’apaiser dans ses bras. Tout comme Stein, Noah l’avait mise en garde contre eux, mais la jeune femme était très têtue quand elle voulait quelque chose. Cependant, elle n’était pas inconsciente. Taeliya avait la mesure des choses et sut écouter les avis qu’on lui avait donnés ainsi que les recommandations afin de ne pas se faire de fausses joies au moment de la rencontre. Tout ce qu’elle désirait, c’était de les voir. Mais sa curiosité lui coûterait cher, elle le savait d’avance. Ainsi, son père pourrait enfin tirer un trait sur cette partie de sa vie et ils pourraient avancer tous les deux, dans un avenir qu’ils construiraient ensemble, rien qu’eux et leur famille bien particulière.

Du monde entourait déjà la berline venue la chercher, Kim était reconnaissable et Noah dépassait les étudiants curieux d’au moins une bonne tête, aussi n’eut-elle aucun mal à le repérer.

— Pardon, fit-elle en se faufilant entre les gens, mais elle se fit repousser par une petite bande de pimbêches qu’elle n’aimait pas trop.

— Dégage de là, tu nous gâches la vue ! grinça la meneuse.

— Dégagez… gronda sourdement une voix très menaçante. Vous bloquez la vue.

Le trio blêmit et se tourna vers un Noah furieux qui se retenait tant bien que mal de ne pas les étriper sur place. Taeliya pouvait voir briller dans ses yeux toutes les choses qu’il rêvait de leur faire subir et le simple fait de savoir qu’il voulait la défendre, lui fit battre le cœur à la chamade.

Il glissa son bras autour de sa taille et l’attira contre son torse puissant, baissa sa tête pour capturer furieusement les lèvres de Taeliya qu’elle lui offrit sans résistance. Un œil ouvert, il lança un avertissement silencieux au trio qui recula.

— Tu sais que quand tu es jaloux tu es terriblement excitant ? murmura-t-elle contre sa bouche.

— Continue et je te fais l’amour sur le capot de la voiture devant tout le monde, Princesse.

— Oh ? Mes démons seraient-ils à bout ?

— C’est ça, cherche-nous…

— Partons, s’il te plaît, dit-elle subitement stressée par le fait de sentir l’attention sur eux.

Noah lui prit ses affaires et ouvrit la portière pour qu’elle s’y installe. Sur la route, Taeliya était de plus en plus tendue à mesure qu’ils se rapprochaient de l’hôtel. Il lui prit la main, glissant ses doigts entre les siens pour lui prodiguer de sa chaleur. Elle posa son oreille sur la poitrine de son compagnon écoutant le démon rugir, lui redonnant un peu de son sourire.

— Ne t’inquiète pas, dit-elle à voix basse tout en caressant la poitrine du mafieux. Je vais bien. Je sais que tu es là… que vous êtes là tous les deux pour moi.

— On est prêt à leur sauter à la gorge, s’il le faut.

— Je sais. Mais Noah, essaye de te tenir tranquille. Je veux pouvoir essayer, s’il te plaît.

Il lui prit le menton et l’embrassa avec douceur.

— Je ne te promets rien, mais tu peux toujours tenter ta chance, ma douce sorcière.

— Merci vilain démon.

Ils se sourirent jusqu’à ce que la voiture s’immobilise devant l’hôtel. Il sortit en premier. Kim ouvrit la portière de la jeune femme, et lui tendit sa main pour l’aider à sortir à son tour.

— Bonjour Mademoiselle ! s’exclama une femme en les accueillant. Bon anniversaire !

— Merci Clara, répondit cette dernière en souriant. Papa est dans son bureau ?

— Oui, il vous y attend.

— D’accord, merci. Ah j’oubliais ! Toutes mes félicitations, j’ai appris pour vos fiançailles.

La femme rougit et bredouilla un remerciement timide.

Depuis que Stein avait officiellement annoncé leur lien de parenté, tous le staff était venu s’excuser et avait tenté de sympathiser avec elle. Taeliya avait réussi à rembourser la dette de ses anciens ravisseurs, ce qui avait contribué à radoucir la situation. Taeliya s’était appliquée pour apprendre à connaître le personnel afin de n’oublier personne et de pouvoir avancer, tout comme eux.

Le groupe pénétra les lieux, captant les regards des clients curieux qui suivaient leur évolution jusqu’à l’ascenseur qui les mènerait à l’étage où se trouvait le bureau du grand patron.

— Coucou, fit la jeune femme en entrant dans la pièce après y avoir été invitée.

— Salut, comment s’est passée ta journée ?

— Stressante, mais rien avoir avec maintenant.

Elle vint embrasser les joues de son père, salua le secrétaire qui lui sourit gentiment.

— Bonjour Mademoiselle.

— Bonjour Juan, dit-elle avec chaleur. Comment allez-vous ?

— Je me porte bien, merci. Et je vous souhaite un bon anniversaire.

— Merci. Je vois que tout le monde est au courant, gloussa la jeune femme.

— C’est un peu l’évènement, confirma le secrétaire amusé.

— Tu es prêt ? Demanda-t-elle à son père autour duquel elle avait noué ses bras.

— J’ai encore des dossiers à signer.

— D’accord, je vais t’attendre dans ce cas.

Elle le quitta pour aller s’installer dans le grand canapé sombre puis sortie un de ses manuscrits de cours pour s’avancer un peu dans ses devoirs. Stein appréciait la voir plus détendue dans ce bureau qui pourtant ne lui rappelait pas de bons souvenirs, ça l’aidait à se concentrer sur son travail.

— Monsieur ! l’interpela soudainement Juan, le téléphone collé contre l’oreille, le visage fermé.

— Oui ?

— Vos invités sont là.

Taeliya tourna la tête vers le grand bureau. Les trois mafieux se tendirent, irrités voire agacés.

— Qu’on les conduise dans la salle, ordonna le père en colère.

— Tout de suite. Faites les patienter dans la salle réservée par Monsieur Carlington, ordonna Juan à son tour au téléphone avant de raccrocher.

Taeliya frissonna, nauséeuse.

— Princesse, l’appela Noah en s’accroupissant face à elle.

— Je… ça va passer, ne t’inquiète pas. C’est juste le stress.

— Je te quitte pas. Si tu ne te sens pas bien, je vous ramène, toi et ton père. dit-il fermement.

La jeune femme plongea son regard brillant de reconnaissance dans les abysses profondes de Noah. Il lui prit la main et la tint serrée dans la sienne. Il la sentait trembler et dû se faire violence pour ne pas la ramener sur le champ au manoir. Stein clôtura son dernier dossier avant de les rejoindre. Le corps raidit pour une raison bien plus sombre encore.

Stein proposa son bras à sa fille, elle y glissa sa main, lâchant celle de Noah et tous les deux quittèrent le bureau. Le petit groupe attira l’attention dans le grand hall de l’hôtel, salué avec respect par les employés, mais tous étaient effrayés par l’aura qui les entouraient, comme une sorte de barrière de glace qui pouvait tuer à chacun de leurs pas.

— Monsieur Carlington, Mademoiselle, les héla une femme. Par ici, je vous prie.

Elle les précéda jusqu’à une porte qu’elle ouvrit, s’effaça afin de laisser entrer les deux démons.

— Monsieur Carlington et Mademoiselle Taeliya, fit la femme pour avertir le vieux couple présent dans la salle, que leur hôte venait d’arriver. Monsieur et Madame Lessière vous attendent.

— Ah enfin ! s’exclama une dame en se tournant pour rencontrer le regard sombre et glacial des deux démons qui entraient dans la salle.

— O… Où est…

— Je suis là ! soupira la voix lassée et furieuse du patron, une fille à son bras.

Le vieux couple fronça les sourcils.

— Depuis quand est-ce que tu côtoies des jeunettes ? Tu cherches à remplacer Maria ?

— Je me passerai de vos commentaires déplacés ! gronda Stein qui tira une chaise pour laisser sa fille s’installer.

Noah et Kim postés légèrement en retrait derrière leur patron, Juan posté à la gauche de ce dernier. Le secrétaire appela la femme restée à la porte pour lui demander de quoi boire. Cette dernière hocha la tête et quitta la pièce, refermant la porte pour leur donner un peu plus d’intimité.

— Je pensais que l’on ne serait que tous les trois, fit remarquer le vieil homme lorgnant la jeune femme assise à côté de son ancien gendre.

— Je pensais aussi que je serai seul avec ma fille, mais il s’avère que pour ses vingt et un ans le cadeau ne soit pas celui qu’elle aurait voulu, soupira le mafieux.

— Ta quoi ?

— Serais-tu tombé sur la tête ?! Le bébé est mort dans les bras de notre fille ! s’écria la femme offusquée.

— Juan.

— Voici le test ADN fait deux fois ainsi que le dossier de Mademoiselle Taeliya.

Il déposa le tout devant le vieux couple qui se jeta dessus pour lire chacun des documents avec minutie.

Stein se tourna vers sa fille, lui prit la main et la serra dans la sienne pour lui donner la force d’affronter ce moment désagréable.

— Alors… Tu en es arrivé à ce point ? T’inventer une vie pour affronter le décès de Maria et de ta fille ?

La colère explosa dans le regard de Stein il laissa son poing s’abattre lourdement et sourdement sur la table, faisant sursauter sa fille et le vieux couple installé en face d’eux. Les deux démons grondèrent mais Taeliya se racla la gorge, rappelant tout le monde à l’ordre.

— Je suis désolée que vous puissiez penser que l’on essaye de vous tromper. dit-elle timidement, le dos droit sur sa chaise.

— Vous le faites très bien en tout cas ! l’accusa la vieille femme avec acidité.

— Vous faire passer pour notre petite fille alors qu’on l’a enterré il y a… s’étrangla le vieil homme.

— Vingt et un ans… termina Taeliya tristement.

Son regard vairon perdit de son éclat, rendant encore plus furieux les mafieux qui avaient un certain mal à se retenir de leur sauter dessus. Stein posa une main chaude et large sur celles de sa fille, se tourna vers elle et lui demanda :

— Chérie, tu peux appeler Sonia pour la prévenir que nous allons rentrer plus tôt que prévu ?

Elle hocha doucement la tête, se leva, s’inclina face au vieux couple et quitta la pièce.

— Kim, ordonna Noah.

Le coréen partit pour retrouver Taeliya au téléphone. Il pouvait entendre la mafieuse furieuse crier à travers l’appareil.

— Mademoiselle ?

— Je m’y attendais, soupira Taeliya une fois qu’elle eut raccroché. Je n’aurai pas dû insister autant pour les rencontrer… je…

Un bruit sourd et un cri aiguë retentirent dans la salle. Ils y retournèrent précipitamment pour trouver Stein encore assis, Noah tenant le vieil homme par la gorge.

— Chef ! s’exclama Kim, mais le regard vide et froid de son supérieur lui indiqua que le moindre mouvement de sa part risquait de leur coûter la vie à tous.

Cependant, Taeliya fut la plus rapide. Traversant le danger pour ramener l’Oni à elle.

— S’il te plaît. Lâche-le.

— Je ne vais pas rester là à les entendre t’insulter ou manquer de respect à ton père uniquement parce qu’ils n’ont pas été foutus d’assumer la nature de la relation de tes parents ! Tu sais pourquoi ils sont revenus ? Pour demander du fric au Boss parce qu’ils sont complètement fauchés !

— Je ne veux pas le savoir. Je ne veux plus rien entendre… S’il te plaît, laisse-le. l’implora-t-elle attristée. Je… papa, je veux rentrer.

— Tu as raison ma puce, il est temps pour nous de partir. Juan, demande à ce qu’on les raccompagne chez eux et assure-toi à ce que je ne les revois plus.

— À vos ordres.

— Oni, appela Stein. Ta maîtresse t’as demandé quelque chose. N’as-tu pas oublié ?

— Je n’ai pas oublié… répondit la voix puissante de Noah qui lâcha le vieil homme. Princesse, ne les approchez pas. Vous risquez d’être contaminée par le pire des fléaux.

— Sa santé est déjà assez fragile comme ça, gronda Stein en se levant pour prendre sa fille par la main. Sur ce… J’espère ne plus jamais vous revoir ni entendre parler de vous. Bonne fin de journée.

Ils partirent, laissant Juan derrière eux demandant à la sécurité d’embarquer le vieux couple pour les renvoyer chez eux et suivre les ordres du Patron. Le couple s’époumona à hurler d’indignation sur le comportement de leur ancien gendre et se mirent à vociférer, à qui voulait l’entendre, que la jeune fille était une menteuse ainsi qu’un tas d’autres inepties.

— Je vais vous demander de vous taire ! s’exclama un homme à l’entrée de l’hôtel. Vous perturbez la tranquillité des clients. Et si votre but était de salir Mademoiselle Taeliya, sachez bien que tout ceci est vrai !

Humiliés, outrés, écœurés par ce refus de les aider, ils continuèrent de crier. On les mit de force dans une voiture sombre, conduite par un membre du clan.

Dans le SUV qui roulait en direction de la petite boutique d’Alya, Taeliya s’était renfermée dans un silence pesant qui n’aida aucunement les trois hommes, dont la colère chargeait l’atmosphère d’électricité, à retrouver leur calme.

— Kim, ramenez-moi directement à la maison, s’il vous plaît. Ça ne te gênes pas d’aller chercher Alya sans moi, papa ?

— Non, rassure-toi ma chérie, je pense que Sonia saura mieux que nous comment t’occuper l’esprit jusqu’à ce que l’on arrive avec ton amie. Je suis désolé, petit cœur, que tu aies eu droit à cette rencontre.

— Tu m’avais prévenue, j’aurai dû t’écouter au lieu de vouloir à tout prix les connaître et croire que je pouvais réparer ce qui avait été brisé…

— Tu voulais faire valoir tes droits en tant que leur petite-fille. Tu n’as pas à t’en vouloir. Mais je savais ce qui allait se passer. C’était sans surprise pour moi.

— Noah, Kim, je suis désolée.

— Ne t’excuse pas Princesse.

— Le chef a raison ! Pas besoin de vous excuser. Vous avez risqué votre vie pour l’empêcher de les tuer.

— Désolée pour ça aussi…

— Ma belle, dit Noah en se tournant vers elle. On va faire un truc : tu vas arrêter de t’excuser et je te promets que tu passeras la meilleure soirée d’anniversaire de toute ta vie, ça te va ?

— Tu es devin ?

— Je m’y essaye. On fait ça ? Regarde-moi Princesse.

— D’accord.

Kim s’arrêta devant l’allée du manoir et Taeliya les quitta. Bien que faible, elle marcha dignement jusqu’à l’entrée du bâtiment où elle fut accueillie par Jess qui n’avait pas l’air content du tout. Elle lui épargna les détails, mais n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que Sonia arriva au pas de course.

— Ma chérie ! Juan nous a prévenu, il faut que tu m’aides !

— J’arrive.

Sur le chemin, Stein grondait de fureur, la frustration de n’avoir pu régler ses comptes avec ceux qui pourtant, étaient les parents de feu sa femme. Insulter sa fille, douter de la véracité des documents, oser l’humilier devant lui et en plus de ça l’implorer de leur donner de l’argent… Qui étaient-ils pour oser croire qu’ils pouvaient se penser plus important que sa propre fille ?

— Boss…

— Rassure-toi, je compte bien leur rendre une petite visite pour régler toute cette histoire sans qu’elle ne le sache. Ça ne doit pas gâcher son anniversaire.

— J’y veillerai.

— Madame Alya doit avoir fini, nous devrions arriver assez vite.

— Je remercie ma fille d’avoir eu l’idée de ce plan ingénieux.

— Elle est très intelligente, un atout de qualité pour notre clan, Boss, fit Kim.

— En effet, confirma Stein en souriant. Elle fera une parfaite cheffe de clan.

— Pas sans moi Boss ! contra Noah.

— Bien évidemment mon cher ami, je sais bien que tu ne la laisseras pas diriger seule.

— Vous comptez lui laisser les rênes ?

— Si elle le désir, oui. Elle est ma fille, mais je ne peux la forcer si elle ne le veut pas. C’est une artiste avant tout.

— Elle fera des envieux une fois ses études finies.

— Mais ses démons adorés seront là pour elle, les taquina Stein.

Les deux hommes à l’avant se jetèrent un regard entendu, ne pouvant retenir un sourire en coin.

En arrivant près de la boutique, Stein baissa sa vitre lorsqu’il aperçut Alya sur le trottoir.

— Bien le bonsoir Madame, fit-il.

— Oh ! Vous m’avez fait peur ! s’écria-t-elle une main sur le cœur.

— Je suis désolé, ce n’était pas dans mon intention.

— Ce… Ce n’est rien, bonsoir à vous. Taeliya n’est pas avec vous ?

— Ma fille est… à la maison. Elle a subi un moment stressant et elle ne voulait pas que vous la voyiez dans cet état. Elle nous a donc envoyé vous chercher sans elle.

— Oh non, pauvre puce… J’espère que cette soirée saura lui rendre son beau sourire.

— C’est ce que l’on souhaite tous Madame, dit la voix de Noah sortit pour lui ouvrir la portière.

Elle le remercia et pénétra dans l’habitacle, Stein l’aida à boucler sa ceinture et Kim reprit sa route.

— Boss, on est suivi.

— Je sais, je pense qu’on va devoir faire un petit détour avant de rentrer à la maison.

— Oh ! fit Alya, comprenant que la situation était urgente. Est-ce qu’on peut en profiter pour aller dans une petite boutique pas très loin ? Je n’ai pas eu le temps d’acheter un cadeau pour votre fille, vingt et un ans ça se fête, non ?

Alya se tourna vers Stein, affichant un air détendu et un regard compréhensif qui lui faisait penser à sa fille. Comprenant qu’elle cherchait à les aider, il accepta et lui demanda l’adresse. Alya connaissait bien la ville et savait très exactement où elle voulait aller, mais surtout comment y accéder.

La boutique se trouvait dans une petite ruelle très compliqué d’accès, sauf pour un conducteur expert. Elle leur donna les indications nécessaires et ils purent semer leur poursuivant le temps qu’elle fasse un saut dans la petite boutique et en ressortir avec un petit sac.

— Est-ce que vous êtes très bon conducteur Monsieur ? Demanda-t-elle à Kim.

— Le meilleur, Madame ! lui confirma le géant assis à côté du coréen.

— Alors je vous conseille de mettre la gomme pour reculer et faire un demi-tour sec, dit-elle.

— Dans ce cas, accrochez-vous bien Madame ! l’avertit Kim en faisant crisser ses pneus.

La femme s’agrippa à la portière et assista à un dérapage maîtrisé par le coréen très concentré.

— Eh bien, je vous remercie pour votre aide, fit Stein, impressionné.

— Je vous en prie. Et vous m’avez sauvé d’une arrivée humiliante sans cadeau.

Le mafieux pouffa, faisant sourire les deux démons.

[…]

Arrivés devant le manoir, Alya fut soufflée. Le bâtiment était très austère mais étrangement tout aussi accueillant, à l’image du maître des lieux. Kim vint lui ouvrir la portière pour l’aider à sortir, tandis que Noah s’occupait du Boss. La porte d’entrée s’ouvrit sur Sonia qui tenait son fils, suivit de Taeliya qui se précipita droit sur son compagnon. Il la prit dans ses bras et posséda ses lèvres roses avec gourmandise, ne pouvant s’empêcher de gronder.

— Alya ! s’exclama-t-elle en apercevant son amie, après avoir quitté la bouche de son compagnon.

— C’est très chaleureux pour un antre de diables, tenta Alya.

Sa répartie fit mouche et tous pouffèrent de rire. La jeune femme quitta le corps de son compagnon pour venir saluer son amie et lui embrasser les joues.

— Viens, tu ne vas pas rester dehors quand même ! s’exclama la jeune femme en l’attirant à l’intérieur, puis vers une grande pièce décorée pour la soirée.

Les femmes du clan avaient fait un travail remarquable. Tout était si coloré que l’on oubliait facilement où est-ce qu’on se trouvait. Alya fut emmené dans la grande salle où se déroulerait la soirée. Elle découvrit une pièce digne des salles de réceptions de châteaux anciens. Des tables étaient dressées et napées, portant sur leurs plateaux, une multitude de plats chargés de nourriture qui lui donnait déjà l’eau à la bouche. L’odeur était si agréable qu’elle sentit son estomac gronder de faim. Des chaises étaient éparpillées dans la grande salle, laissant au centre de celle-ci assez de place pour faire office de piste de dance. Au loin, un des hommes jouait avec une platine, lançant des musiques diverses, s’amusant à faire des variations qui donnaient une ambiance surréaliste au lieu. Était-elle vraiment dans l’antre du clan le plus sanguinaire ? À bien y regarder, ils avaient tous l’air terrifiant, mais quand Taeliya entra avec elle dans la salle, ils devenaient aussi dociles que des chatons.

Alors qu’elles se dirigeaient vers des chaises, Stein proposa un slow à sa fille qui accepta avec élégance. Alya pu les voir évoluer dans une totale symbiose qui n’émut pas qu’elle. Quelques femmes et hommes du clan s’étaient rapprochés de la coiffeuse, installée sur un siège proche d’une table bien garnie, pour l’entourer et admirer leur chef offrir un moment unique à sa fille qui souriait, malgré cette paillette triste qui n’avait eu de cesse de ternir son beau regard depuis qu’elle était arrivée au manoir. Son cœur rata un battement quand tous les deux se mirent à rire, détendus et sereins.

— Ils sont si beaux.

— C’est dommage que sa mère ne soit pas là pour voir qu’elle sublime jeune femme sa fille est devenue.

— Sa maman les regarde, fit Alya. Il n’y a aucun doute qu’elle en est fière.

— Vous avez raison.

— Ils sont très synchros tous les deux. Pas un faux pas.

— Taeliya sait comment mener son père et il se laisse faire avec plaisir.

— Effectivement.

— Mais je sens comme un impatient sur notre gauche.

L’une des femmes fit un signe du menton en montrant l’Oni qui ne lâchait pas le couple du regard, un verre de whisky entre les doigts, entouré du groupe d’hommes qui les avaient accompagnés la veille à sa boutique.

— Ils ont l’air très fusionnel, non ? tenta Alya curieuse.

— Oh ! Ma douce, sachez que l’Oni ne faiblit devant personne hormis la Princesse ! s’exclama une des femmes assise à côté d’elle.

— C’est vrai, même les démons n’obéissent plus qu’à elle.

— Elle n’en a jamais eu peur ?

— Pas que je sache… À sa première rencontre avec l’Oni elle n’a pas semblé avoir eu peur de lui et ils ne l’ont pas bousculé non plus.

— Elle fait de l’effet à tout le monde.

Alya gloussa, il est vrai que la jeune femme faisait forte impression donnant à qui la regardait, l’envie immédiate de vouloir la protéger et de la chouchouter.

Elle s’était endurcie avec le temps, mais n’avait pas perdu cette part d’innocence qui faisait d’elle cette personne pure et élégante. Le contraste violant avec l’Oni était pourtant très intriguant.

Une fois la musique finie, Stein la raccompagna pour la laisser à l’homme qui n’attendait qu’une
chose : récupérer sa douce proie.

Taeliya s’installa sur ses genoux, totalement à l’aise parmi ces êtres à la dangerosité effrayante.

***

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Samarra Okayo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0