Chapitre 16

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Un an était à présent passé depuis l'arrivée de la jeune fille.

Taeliya vivait sa vie tranquillement auprès de son père, qui tentait de concilier sa vie d'homme d'affaires à celle de mafieux ainsi qu'à celle de père. Elle l'aidait du mieux qu'elle le pouvait, car c'était encore très nouveau pour eux. Quand le premier printemps qu'ils passèrent ensemble, quelques mois après son arrivée au sein du clan, se pointa ils en avaient profité pour véritablement fêter son anniversaire. Il l'avait emmené en week-end dans un autre pays ; il lui avait fait visiter la ville et les alentours ; elle avait pu peindre à loisir durant un après-midi pendant que son père la surveillait, allongé dans un transat dans le grand jardin de la maison où il avait rencontré la mère de Taeliya.

Grâce à son père, elle en avait appris beaucoup sur sa mère, mais également sur sa famille, et avait pu découvrir qu'il lui restait des grands-parents. Seulement, Stein n'était pas en bons termes avec eux, ce qui désolait sa fille. Elle avait appris que ces derniers étaient les parents de Maria, sa maman et qu'ils n'avaient jamais apprécié son père. Au point même de renier leur propre fille enceinte, refusant leur mariage ou assistance pour leur enfant sur le point de donner la vie. Bien que Taeliya ait été très attristée d'apprendre cette histoire, son cœur sensible cherchait à vouloir les rencontrer et, peut-être, tenter d'apaiser les tentions qui persistaient depuis plus de vingt ans.

Cependant, à leur retour, elle n'avait pas voulu mettre de pression inutile sur son père et avait fini par se concentrer un maximum sur ses études.

Leur contrat ?

Il était toujours actif. Taeliya voulait rembourser le staff de l'hôtel que ses parents « adoptifs » avaient escroqué. Elle avait participé à beaucoup de soirées, expertisée un bon nombre d'œuvres en tout genre et son père n'avait pas pu être plus fier que ça de sa fille. Chaque jour, elle s'étoffait et lui prouvait qu'elle était bien sa digne fille.

Pour son second Noël, Taeliya avait enfin pu le passer avec tout le clan. Noah et les démons n'avaient pas eu de mission, ce qui lui avait permis de se donner à fond dans la préparation du dîner et des cadeaux ainsi que des décorations. Sonia ayant accouchée, elle avait été accaparée par son fils qui galopait partout. Taeliya lui avait été d'un vrai secours, elle s'était occupée de Stanislas quand la maman commençait à s'essouffler. Quand c'était le cas, Taeliya réintégrait alors son ancienne chambre pour garder l'enfant laissant aux deux parents, un peu de repos. À tour de rôle, les mafieux se reléguaient pour veiller sur le bébé et le nourrir.

Oui, cette année était passée très vite jusqu'à ce qu'à l'avril suivant, alors que le printemps commençait doucement à se réchauffer pour voir arriver le vingt eu unième anniversaire de la jeune Princesse Carlington, cette dernière fit une demande inattendue à son père en pleins repas :

— Je souhaiterais me faire tatouer.

— Pardon ? D'où te vient cette idée ? Je croyais que tu ne voulais pas être marquée.

— Je sais, mais je le veux maintenant. J'ai l'impression d'être mise de côté...

— Tu n'es pas mise de côté ma chérie, lui dit son père. Tu vas avoir vingt et un ans, tu as le droit de demander ce que tu veux, mais je ne veux surtout pas que tu regrettes ton choix d'avoir ma marque sur ton corps.

— J'y ai beaucoup réfléchi tu sais. Cette marque, je veux la porter fièrement et savoir que j'ai une part de maman avec moi.

Touché. Stein fut ravi de savoir que sa fille se souvenait de ce que Sonia lui avait confié sur le tatouage du clan. Maria était très douée pour l'art et avait une inspiration qui lui avait donné l'idée de créer cette marque : un rosier composé de quelques fleurs sombres dont les épines sanglantes s'étendaient dans le dos de chacun, leur donnant un aspect terrifiant sur un fond de peau piqué de scènes macabres dont le design était exécuté avec précision. Stein avait été le premier à se le faire tatouer et le portait avec fierté. Tout le clan arborait ce tatouage, comme si ce dernier avait été fait pour eux depuis leur naissance.

— Tu es sûr de toi ?

— Oui.

Il jeta un regard à Noah, quémandant son aide. Ce dernier n'était pas spécialement content de voir le corps de sa belle perforé par des aiguilles et abîmé par l'encre, gâchant ainsi la beauté de sa peau. Il s'était retenu de dire quoi que ce soit mais savait, tout comme Stein, qu'elle était têtue et irait jusqu'au bout.

— Bon d'accord, céda le mafieux en soupirant.

Sa fille se leva et vint l'entourer de ses bras, elle lui baisa la joue, le remerciant d'avoir accepté.

Il voulait protéger sa petite Princesse, mais il n'avait pas le cœur à lui interdire de posséder la marque de sa mère sur elle. Un coup d'œil vers Noah lui apprit qu'il y réfléchissait beaucoup lui aussi. Les deux hommes se refusaient à la voir regretter un choix mais Stein savait qu'il lui serait d'un soutien sans faille pour elle.

Depuis qu'il avait accepté leur relation, Noah avait beaucoup changé. Bien qu'il soit toujours aussi violent et dangereux, il était devenu un peu plus sociable. Envers le clan du moins. Il était doux envers elle, taquin, s'amusait à se moquer d'elle et elle le lui rendait bien. Ce qui pimentait les choses.

Durant l'année passée, leur groupe avait été envoyé plusieurs fois à l'étranger, mais Noah avait eut pour ordre de toujours rentrer sans aucune égratignure et il le faisait aussi souvent qu'il le pouvait. Malgré l'état du clan, de plus en plus sur leurs gardes, les sourires apparaissaient bien plus souvent sur leurs visages, tout ça grâce à elle. Son effet sur son père et le clan était indéniable.

Le moment de réflexion de Stein fut interrompu par la sonnerie de son téléphone. Il décrocha en grommelant :

— Oui ? Qui ? Que me vaut cet appel ? Après tout ce que vous avez osé faire ?!

Surprise par le ton virulent employé par son père, Taeliya s'accroupit à côté de lui, une main posée sur sa cuisse, tentant d'apaiser le mafieux en rage. Avec le peu de mots, elle avait facilement deviné qui se trouvait à l'autre bout. Elle aurait voulu intervenir, mais son père recouvrit de sa large main tatouée la sienne, lui indiquant qu'il se contenait.

— Ma puce, tu veux bien prendre mon agenda ?

— J'y vais.

Elle se leva, disparue à l'étage du mafieux, récupéra son deuxième téléphone posé sur son bureau et revint en le lui présentant, l'application ouverte.

— Trouve-moi une date vide et note pour après tes cours un rendez-vous avec tes grands-parents. Le clan se tut.

Taeliya suspendit son geste pendant une micro seconde, puis s'appliqua à maîtriser ses tremblements.

— Tu as une date dans... le 24 avril...

— Non ! Prends en une autre... gronda-t-il.

— Il n'y a que celle-là, regarde.

Elle lui montra et malheureusement il s'aperçut qu'elle avait raison. Il refusait de sacrifier le jour de son anniversaire pour lui imposer une rencontre avec ses grands-parents, sachant que cela tournerait au fiasco. Sa fille en souffrirait, mais dans ses yeux, il voyait bien qu'elle voulait essayer.

Il capitula non sans soupirer.

— Le 24 à 17 h je vous enverrai l'adresse. Si vous êtes en retard, vous n'aurai aucune autre chance. Il raccrocha et posa durement son téléphone sur la table. Sa fille se plaça contre son dos et l'attira à

elle, les bras lui entourant le corps. Il lui prit les poignets, poussa un long soupir tremblant.

— Désolé ma puce, mais je crois qu'il va nous falloir accueillir tes grands-parents ici.

— J'ai un plan B, tu le veux ? proposa-t-elle.

Curieux, il tourna la tête pour tenter d'en savoir plus, un sourire relevant le coin de sa bouche.

— Qu'as-tu en tête jeune fille ?

— On les vend ?

— Toi tu traînes beaucoup trop avec les femmes, fit remarquer son père en soupirant.

— Même pas vrai. Pour être plus sérieuse, je sais que tu ne veux pas que je sois malheureuse.

— C'est vrai. C'est ton anniversaire et tes vingt et un ans qui plus est !

— C'est pour ça que j'ai une idée.

— Je t'écoute.

— Si cette rencontre nous met tous les deux de mauvaise humeur et gâche mon anniversaire, alors on a qu'à réserver une salle dans un restaurant pour le fêter entre nous ou on fait l'inverse. On réserve une salle pour cette rencontre et on revient ici faire la fête. Comme ça Stanislas pourra se reposer sans qu'il soit dérangé par tout le brouhaha du restaurant, Sonia et Joe pourront le surveiller sans être obligés de devoir composer avec l'extérieur. Et nous serons plus tranquille chez nous, entre nous.

— Tu penses à tout ma belle, fit la maman en saluant le stratagème de son amie qui lui sourit.

— C'est d'accord, gardons ton anniversaire pour nous ici et je vais réserver dans un restaurant en ville.

— Boss ? s'exclama Jess. Pourquoi ne pas réserver une des salles de l'hôtel ?

— Oh ! Je n'y avais pas pensé. Bien joué mon garçon. C'est d'accord, je verrai pour que l'on nous garde une des salles pour le 24 et nous reviendrons fêter ton anniversaire à la maison juste après. Tout le monde est d'accord ?

— Oui Boss !

— Oui chef ! s'exclama la jeune femme en pouffant. Merci papa.

— De rien ma belle. Merci de m'apporter de l'apaisement.

Elle lui embrassa la joue et le tint serré contre elle. Noah aimait les voir si complices, mais restait sur sa réserve quant à cette rencontre. La jeune fille, devenue jeune femme, restait toujours aussi sensible à ceux qui l'entouraient. Sa maladie était certes sous bonne maîtrise et il avait réussi à lui faire prendre un peu de poids, ce qui ravissait tout le monde, mais ça n'empêchait qu'elle était encore fragile, malgré le temps passé avec eux. Bien sûr, tous s'étaient fait à l'idée qu'elle serait malade à vie, mais elle était soutenue et savoir que la moindre petite chose pouvait la mener droit vers l'enfer, les mettaient dans un stress constant. Si cette rencontre foirait, la jeune femme ne s'en remettrait difficilement.

Toutefois, ce qui rendait fou le démon était de voir ce corps se développer un peu plus chaque jour. Ils n'avaient d'yeux que pour l'un et l'autre, ce qui le rassurait, cependant... dans son esprit possessif et noircit par un démon furieux, il ne pouvait s'empêcher d'avoir cette envie meurtrière d'assassiner quiconque posait le regard sur elle ou même l'approchait quand il venait la récupérer devant l'université. Dans son regard sombre, on pouvait y déceler toute la fureur de l'Oni qui cherchait à la protéger tel un dragon.

La semaine allait être longue mais Taeliya avait confiance. Elle savait que quoi qu'il puisse se passer, sa famille serait là pour détourner son père de sa colère et elle de sa tristesse.

Bien avant la date de son anniversaire, Stein tint sa promesse. Taeliya se fit tatouer quatre jours plus tôt que la date fatitidique. Elle avait eu mal mais le résultat en valait la peine et Noah avait failli mourir

en la voyant lui exhiber son dos marqué du dessin du clan. Elle était beaucoup trop belle, il n'allait plus tenir très longtemps. Plus elle évoluait dans le temps, plus belle elle devenait, le rendant complètement obsédé. Tout comme son démon qui gémissait à chaque fois qu'elle les touchait, ou les embrassaient. Il n'avait pas osé passer le cap, sachant pertinemment que Stein le lui refuserait.

Cependant, elle allait avoir la majorité universelle et selon leur arrangement entre mafieux, Noah pourrait la faire sienne. Il comprenait la réticence du père de la jeune femme à vouloir la conserver encore un peu, mais ne pouvait s'empêcher de la désirer intensément. Il avait déjà réfléchi à ce qu'il allait faire pour lui offrir un moment magique qui marquerait un tournant radical dans leur vie.

La veille du jour J, les femmes du clan, sous le commandement de Sonia, s'étaient réparties les tâches pour préparer l'anniversaire de la jeune femme, tandis que les hommes avaient été sollicités pour certaines courses lourdes. Quant aux démons et Stein, ils avaient décidé d'accompagner la jeune femme à son rendez-vous chez le coiffeur. Ayant prétexté vouloir partager ce moment avec sa fille, Stein utilisait surtout cette excuse pour découvrir l'endroit ainsi que la femme qui s'occupait de sa petite Princesse.

— Alya !

— Taeliya ! Salut ma belle ! Comment tu vas ? Oh... b-bonjour...

— Madame, est-ce vous qui vous occupez de Taeliya habituellement ?

— Oh oui ! s'exclama la pauvre femme devenue blême en reconnaissant l'homme grisonnant qui s'approchait de la petite caisse.

— Je vous en remercie. Elle ne fait que des éloges concernant votre travail.

— M-Merci, je... je ne fais que mon travail.

— Papa... soupira Taeliya. Tu vas la stresser si tu continues, déjà que vous êtes tous venu juste pour une coupe...

— Oh... Taeliya, il y a de la place, ne... ne t'en fais pas.

Taeliya lui sourit gentiment, mais lança un regard noir à son père qui se mit à siffloter, content de son effet.

— T'es pas possible...

— Tiens, donne-moi tes affaires, fit la femme en lui prenant son manteau pour le ranger et lui attacher la protection.

Mais Noah lui repris le vêtement des mains et ils suivirent Alya jusqu'à un petit espace où ils purent s'installer. Comme à leur habitude, les deux femmes papotèrent de tout et de rien, Stein participa quelques fois, appréciant voir sa fille discuter librement avec quelqu'un d'autre que les femmes du clan. Mais quand un homme entra, elle devint silencieuse.

— Patronne, pourquoi y a autant de voitures devant la boutique ? Oh !

— Madame Lin attends que tu t'occupes d'elle, dépêche-toi, s'exclama la patronne tentant de disperser le stress de sa cliente qui n'aimait pas du tout son employé.

— Euh... ouais. Bonjour Taeliya.

— Bonjour, répondit celle-ci.

— Princesse, tu as une idée de la coiffure que tu veux ?

— Hmm... Je sais pas, une couronne ?

— Une couronne ? Vas-tu être sacrée Reine ?

— Pourquoi pas. Qu'en penses-tu papa ?

— Tu es déjà une Princesse à l'allure de Reine ma puce, ne m'en demande pas trop.

Taeliya rit, mais elle restait tendue en présence de l'homme qui s'occupait distraitement de sa vieille cliente, les toisant du regard à travers le miroir.

— Je peux tenter de te faire une couronne avec une tresse collée, qu'en dis-tu ?

— Oh tu pourrais faire ça ?

— Bien sûr ! Tout ce que désire sa Majesté.

Les deux femmes pouffèrent à la bêtise, puis le soin se poursuivit dans une ambiance un peu plus détendue. Alya aimait beaucoup la jeune femme qu'elle avait régulièrement à sa boutique. Elle l'avait vu grandir et évoluer en une magnifique demoiselle. Elle comprenait pourquoi. Il s'agissait de l'homme qui gardait toujours sur elle, un regard possessif et sombre. Stein Carlington, quant à lui, était moins flippant qu'elle ne l'avait pensé. Il était même séduisant. C'était grâce à sa fille et à ses bons mots qu'elle avait pu garder son magasin. Elle recevait souvent les membres du clan, avec ou sans la jeune femme. Alya était toujours stressée de les voir, mais aucun n'avait eu quoi que ce soit à redire sur son travail. Si le chef du clan venait, c'était qu'il était curieux,. peut-être voudrait-il y revenir pour un soin ?

— Je vais te mettre la hotte. Si c'est trop chaud tu me le dis, d'accord ma belle ?

— Pas de soucis.

— Avez-vous un peu de temps à consacrer à un vieil homme qui souhaiterait être présentable pour l'anniversaire de sa fille, Madame ?

Alya se figea et le regarda, les yeux grands ouverts.

— Euh... Ou... Oui, bien sûr Monsieur Carlington.

— Sérieusement ?

— Et pourquoi pas ? Sonia et Joe m'ont dit qu'elle avait des doigts de fée. Toi-même tu me l'as dit. Taeliya sourit, son père venait de flasher.

— Votre manteau, Boss., dit Carl en l'aidant à s'en défaire.

— Merci.

— Tenez. Attendez, je vais vous aider à l'accrocher, s'exclama Alya perturbée.

Stein se pencha en avant, toisant la femme dont les joues étaient devenues cramoisies. Elle réussit à attacher la protection et l'invita à s'installer sur un siège, il cala sa tête dans le bac et elle commença.

— Ce n'est pas trop chaud ?

— C'est parfait.

— Depuis quand n'avez-vous pas donné un soin à vos cheveux ? demanda cette dernière qui fronça les sourcils en inspectant la chevelure de son nouveau client.

— Depuis une bonne dizaine d'années.

— Qui te coiffe ?

— Sonia ou Hélène.

— Ils ont bien besoin d'un bon soin.

— Eh bien Madame, je m'en remets à vous !

— Tu veux pas y passer toi aussi ? demanda-t-elle.

— Me tente pas Princesse, les gars et moi on se laisserai bien tenter.

— Pourquoi pas ?

— Tu sais très bien comment je réagirais si ce n'est pas toi. Pareil pour les gars.

— Elle peut m'assister si vous le voulez, proposa Alya qui avait suivi la conversation.

— Vous êtes sûr de vous ?

— Bien sûr ! Si vous n'avez rien après mon dernier client à 18 h je peux garder la boutique ouverte pour que l'on s'occupe de vous messieurs, proposa-t-elle.

Taeliya lança un regard curieux à son compagnon et à son père puis aux démons qui se concertaient.

— Ne me demandez rien Messieurs, fit le chef les yeux fermés, si Madame est d'accord pour que l'on lui prenne de son temps ce soir, je n'ai rien à redire.

— Eh bien dans ce cas... Une fois que j'ai fini avec vous vous pourrez aller vous balader le temps que je finisse et vous revenez pour 17h45 comme ça Taeliya pourra m'aider, déclara Alya contente.

— Yes, merci Alya !

— De rien ma belle.

Comme promis, Alya se chargea de lui confectionner une tresse qu'elle transforma en semi couronne effet serre-tête. Stein eu droit à son soin approfondit et un petit rafraîchissement. Il paya pour eux deux et ils prirent congé, non sans rappeler à la femme leur retour pour l'heure dite.

— Depuis quand Stein Carlington a une fille ? demanda l'homme.

— Vous ne lisez pas les journaux ? lui demanda la vieille cliente.

— Euh non.

— Ça fait un an qu'ils ont annoncé que la petite était sa fille biologique. Des fouines ont appris qu'elle avait été enlevée à la naissance et vendu à ses dix-neuf ans à Carlington pour régler les dettes de ses faux parents qui se sont suicidés.

— Wow... et elle supporte d'être la fille d'un mafieux sanguinaire ?

— Et c'est ce même mafieux qui te permet de vivre ! s'exclama Alya peut contente, voir même très irritée par la réflexion.

— Il est beau garçon en tout cas, fit la vieille femme en minaudant.

— Et il était bien entouré, rétorqua une autre femme.

— Voyons Mesdames, gloussa Alya. Allez, à nous deux Madame !

[...]

Main dans la main, le père et la fille se baladèrent dans le centre-ville. Accompagnés des démons, ils parcouraient la rue marchande bondée en ces temps plus chauds. Bien sûr, leur groupe ne passa pas inaperçu et une invitée non prévue s'en approcha.

— Carlington !

— Madame Kinglsey. la salua Stein.

— Vous êtes venu faire des emplettes ?

— Une sortie père fille, dit-il alors qu'il s'apprêtait à la quitter.

— Oh Taeliya ! Je ne vous avez pas vu ! s'excusa-t-elle en la toisant de ce regard empli de haine que la jeune femme connaissait par cœur et qui ne la touchait plus.

— Ce n'est rien, la salua-t-elle en inclinant respectueusement la tête. Bonjours à vous. Comment va votre mari ?

— Oh il se porte bien. Merci de vous en inquiéter.

Taeliya n'était pas dupe et savait ce que l'échange signifiait : la femme ne croyait toujours pas en son lien biologique avec le mafieux, et elle se mordait bien les doigts de n'avoir aucune chance de lui mettre la main dessus.

— Boss, l'appela Noah en se postant à côté de Taeliya. Nous devons y aller.

— Tu as raison. Sur ce, bonne après-midi.

Ils la quittèrent, mais la femme attrapa le bras gauche du mafieux dont le réflexe d'auto défense fut plus rapide que celui de Carl. Il lui attrapa le poignet et le lui tordit de façon à ce qu'elle le lâche.

— Je suis désolé, c'est un vieux réflexe. Je n'aime pas être touché, dit-il en la libérant, levant sa main en signe d'excuse.

Stein proposa son bras à sa fille puis quittèrent la femme, devenue la risée des passants ayant assisté à l'humiliation, la plongeant un peu plus dans la rage. Ce geste volontaire n'était pas passé inaperçu. Mais elle n'avait pas dit son dernier mot et se promit de les suivre pour trouver le moyen de le mettre à sa botte. Elle ne les lâcha pas, durant les deux heures que dura leur balade. Telle une espionne d'un mauvais film d'action, elle tentait de les filer, épiant leurs moindres faits et gestes jusqu'à ce qu'ils ne se rendent dans un petit salon de coiffure.

— Qu'est-ce qu'ils foutent dans un taudis pareil ? se dit-elle, cachée dans sa voiture.

— Comme promis, nous revoilà, fit Stein en s'inclinant face à Alya qui les accueillis avec un grand sourire.

— Vous êtes très ponctuels, je sais maintenant de qui tiens Taeliya.

— Je déteste être en retard.

— Taeliya me dit souvent la même chose, pouffa Alya qui leur proposa de prendre place où ils pouvaient le temps qu'elle finisse avec le monsieur dont elle faisait les contours.

Quelques minutes plus tard, Alya ferma la boutique et proposa aux hommes de se délester de leurs manteaux pour venir s'installer aux bacs.

Alya donna ses instructions à la jeune femme qui s'appliqua à suivre son exemple. Tristan, Carl et Orlan furent pris en charge par Alya, quant aux autres, Taeliya fut leur coiffeuse attitrée.

— La Princesse avait raison, vous avez des doigts de fée, la complimenta Carl qui en profitait allégrement.

— Eh bien... Merci monsieur.

— Ne va pas dire que la Princesse n'en a pas.

— Oh ! Calmos, j'ai pas dit ça ! s'offusqua ce dernier horrifié de vexer la belle jeune femme qui pourtant lui adressa un regard lumineux. Je peux toujours manger votre cuisine ?

— Rassure-toi Carl, je ne compte pas t'affamer ! répliqua-t-elle en riant. Je suis bien contente que vous appréciez les talents d'Alya autant que les miens ! Mon métier n'est pas le même, n'oubliez pas.

— Comment l'oublier... soupira Noah qui profitait des mains de sa belle sur son crâne.

— Merci.

— Mais de rien.

— Alors comme ça la Princesse a trouvé son Prince ? tenta Alya, se risquant à un regard froid de la part du démon.

— À qui le dites-vous ma chère, soupira Stein, je le regrette bien depuis.

— Papa !

— Touché.

Alya pouffa, l'ambiance était moins tendue et elle pouvait les remercier tous les deux pour ça. Ils discutèrent tandis que les deux femmes enchaînaient les shampoings sur les hommes, avant qu'ils ne soient changés de place, et que la coiffeuse ne montre à Taeliya comment leur couper les cheveux ainsi que quelle taille convenait à quel type de cheveux ou de morphologie du visage. Attentive, la jeune femme suivit les ordres et s'appliqua à faire ce qu'il fallait.

Quand Alya voulu lui montrer sur la tête de Noah, un silence de mort avait raisonné dans la boutique, faisant comprendre à la coiffeuse qu'il ne valait mieux pas tenter le diable. Taeliya lui fit signe d'approcher et d'ajuster ses mouvements directement sur elle et non sur lui.

Pour chacun des hommes, les deux femmes firent des merveilles et finirent par un petit massage du cuir chevelu pour détendre les têtes tiraillées.

Une fois fini, elle leur prépara à tous un sac avec les soins appropriés et ils payèrent, mais elle leur proposa de rester un peu pour leur offrir une tasse de café.

— Sonia est prévenue qu'on ne rentrera pas tout de suite, déclara Taeliya.

— Dans ce cas, c'est avec plaisir.

Alya en fut ravi, la jeune femme vint l'aider à préparer les tasses pour les rapporter dans la boutique.

Elle découvrit les hommes, manches retroussées, en train de nettoyer les lieux.

— Oh mais pourquoi ils font ça ?! s'exclama-t-elle, horrifiée.

— Pour vous soulager d'une corvée, expliqua Kim.

— Une façon bien à eux de te remercier, dit Taeliya.

— Oh mais... Vous... Vous n'aviez pas besoin de faire ça ! Je... Je suis confuse...

— Ne le soyez pas, dit Stein en replaçant un siège. Vous vous êtes occupée de ma fille durant tout ce temps, il était bien normal que je vienne vous rencontrer et que l'on vous aide un peu alors que vous avez pris de votre temps pour nous.

Alya ne savait plus où se mettre, elle distribua les tasses et s'installa sur un des fauteuils. Noah, Taeliya sur ses genoux, dégusta sa tasse sans quitter la sortie du regard.

— Dis, papa, je peux inviter Alya ?

— Pour le 24 ?

— Ce n'est pas ton anniversaire ce jour-là ? demanda la coiffeuse surprise.

— Si ! S'il te plaît papa !

— Ce n'est pas à moi qu'il faut le demander et tu es responsable de prévenir les autres, l'avertit-il.

Sa fille n'avait pas fait cette demande juste par courtoisie. Malgré son amitié avec la coiffeuse, Taeliya avait une idée en tête et en vues des regards que s'échangeaient Alya et son père, cette idée était en bonne voie pour se réaliser. La jeune femme voulait donner à son père un nouveau sourire. Il n'oubliera jamais sa mère et elle non plus, mais Taeliya voulait soulager son père et aider son cœur à guérir. Alya lui avait tapé dans l'œil et cela faisait plaisir à la jeune femme qui les trouvait bien assortis. Bien sûr, la coiffeuse n'était pas de leur monde, pas plus qu'elle, mais quand bien même, elle voulait tenter le coup, et le prétexte de son anniversaire tombait à pic. Alya semblait moins effrayée par Stein, ce qui conforta Taeliya dans son idée.

La coiffeuse et elle se ressemblaient sur beaucoup de points : elles étaient indépendantes, fortes d'esprit et ne souhaitaient de mal à personne. Si elles pouvaient faire fi de la violence, elles le feraient. De plus, tous le clan connaissait Alya et l'appréciait, autant pour son travail que pour sa gentillesse et son sourire chaleureux. Elle avait de la conversation et savait ce qu'elle voulait. Les deux femmes n'avaient jamais côtoyé le luxe et jusqu'à ce que Taeliya ne rencontre le clan, elles avaient en commun la pauvreté. Mais l'une comme l'autre s'en sortaient avec beaucoup de persévérance, ce qui forçait l'admiration.

— Je... Je peux regarder mon agenda.

Elle se leva et alla feuilleter le carnet rangé sous la caisse.

— Hmm... je finis à 18 h le 24.

Taeliya réfléchit à toute vitesse. Leur rendez-vous était à 17 h, peu importait qu'il se finisse bien ou mal, Stein n'y resterai pas., de plus, c'était sur leur chemin, ils pourraient donc passer la prendre et l'aider à fermer le magasin.

— C'est parfait ! s'exclama la jeune femme, on passera te chercher.

— Tu... Vous êtes sûr ?

— Ne me regardez pas comme ça, c'est elle qui décide, fit Stein en levant les bras. Alya pouffa et les remercia. Elle nota alors sur son téléphone le rendez-vous.

Ils discutèrent une bonne heure, jusqu'à ce que Noah annonce qu'il était temps pour eux de partir.

Kim et Carl furent chargés d'aider Alya à ranger encore quelques affaires, puis ils la raccompagnèrent en haut, à l'étage où se trouvait son logement de fonction. Enfin, tout ce beau monde se retrouva au manoir, laissant le soin à Taeliya d'annoncer :

— J'ai invité Alya.

— La coiffeuse ?

— Elle a tapé dans l'œil de papa.

— Oh petite chipie !

— Eh bien Mesdames, nous allons devoir rajouter une assiette.

Les femmes semblaient contentes d'avoir une nouvelle tête, bien que cela représentait un risque.

Taeliya était décidée et rien ni personne ne pouvait l'arrêter. Alya viendrait.

***

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