Légation

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- Mais ! C’est impossible ! Je serai au courant si j’étais mort ! s’exclama François.

- Et pourtant si. Affirma Martin. Vous êtes décédé depuis dix ans.

- Comment cela aurait-il été possible ?

- Je n’en sais rien, moi.

- De toute façon, nous vous avons vu dans ce cercueil, il y a de cela des années. Nous avons constaté votre présence dans le cercueil avant l’enterrement. Vous étiez bien dans votre tombe ! confirma Simone.

« Heureusement qu’il n’a pas demandé une crémation.

- Bon, c’est n’importe quoi, ce que vous me dites. Trancha François. Si je ne m’étais pas aperçu de ma mort, on m’en aurait prévenu. Je tirerai ça au clair plus tard. En attendant, je vous ai apporté des documents vous concernant.

Il prit les dossiers de sous son bras et en distribua un à chacun. Ensuite, il se servit une tasse de thé et attrapa quelques biscuits au passage.

- Qu’y a-t-il dans ces dossiers ? demanda Hortense.

- Oh, deux-trois bricoles. Relevé bancaire, contrats d’assurance et autres bidules. Il y a aussi des testaments vous citant. Ce genre de choses, quoi.

Silence assez long.

- Bien, bien, bien ! Il s’est passé quelque chose pendant ces « dix ans » ? interrogea le notaire.

Regard d’approbation entre ses sept.

- Justement, à ce sujet… nous aurions une question à vous poser… commença Marcel.

- Allons bon ! Je vous pose une question, vous me répondez par une autre. Vous n’avez pas changé en « dix ans ».

« Ils croient sérieusement me faire avaler cette histoire ? Tout de même, ce n’est pas leur genre de faire ce type de plaisanteries. De faire des plaisanteries tout-court. Soupir.

- Bien. J’écoute.

Il but son thé d’un trait pendant que les sept se lançaient des regards interrogateurs. Marcel acquiesça tandis qu’Hortense leva les yeux au lustre en poussant un soupir.

« Ben voyons ! Soupira-t-elle. C’est Marcel qui s’en charge. Re-soupir

De dépits, elle ouvrit son dossier et se mit à le feuilleter.

- Alors, en fait, c’est à propos d’argent… amorça Marcel.

- Alors, vous voulez parler au banquier ? demanda François.

- Oui, c’est cela.

- Il vous écoute.

« On dirait presque qu’il est schizophrène. Il me fait un peu peur. Songea Hortense.

- Vous savez que nous avons un fond commun… entama Marcel.

- Le fameux coffre ultra-sécurisé ? Oui, oui, je vois. Il se trouve dans cette maison. Dit François.

- Ça, nous le savons. Ce que nous voudrions savoir, c’est…

- L’emplacement de ce coffre ?

- Non, non. Nous le savons déjà.

Regard soupçonneux vers Marcel

- Je ne me souviens pas de vous l’avoir communiqué.

- Nous avons mené notre propre enquête pendant votre « retard ».

- Ah, oui. Ces « dix ans ».

« Ils n’en démordent pas, de cette idée. Songea François

« J’ai bien peur qu’il ne nous croit pas.

- Toujours est-il que ce coffre est fermé. Affirma Marcel.

- Ça alors ! On en apprend tous les jours, dites-moi ! s’exclama François

- Certes, certes… Mais, pour l’ouvrir, on a besoin d’une clé.

- Et d’un code !

- Le code, nous l’avons. Vous nous l’aviez communiqué.

- Je m’en souviens.

- Mais, cette clé…

- Oui ?

- Elle est en exemplaire unique, n’est-ce pas ?

- Pour plus de sécurité, évidement.

- Vous savez où elle se trouve ?

- En voilà une question !

- Bien, bien…

- Où voulez-vous en venir ? Cessez donc de tourner autour du pot et allez à l’essentiel !

Soudain, Hortense eut un léger sursaut. Elle donna un petit coup de coude discret à Francis en lui tendant un papier.

- Cette clé, elle est bien gardée, je suppose. Demanda Marcel.

- Elle est en sécurité, si c’est ce que vous voulez savoir. Répondit François.

- Parfait !

- C’est tout ?

- Euh, pas vraiment…

Soupir de François.

- Allez-y, ce n’est pas comme si j’étais pressé… re-soupir

Francis eut à son tour un léger sursaut en lisant la feuille que lui avait tendu sa voisine. Il lui murmura quelques mots, elle y répondit tout aussi bas. Il tendit donc la feuille à Martin, après avoir attiré son attention avec un léger sifflement. C’est à ce moment-là que Damien fit irruption dans le salon.

- Monsieur, on vous demande au téléphone. Dit-il.

- Ben tiens ! Vous parlez d’une situation stéréotypée ! Veuillez m’attendre. Somma François.

Petite courbette de Marcel.

« Il ne s’étonne de rien, Damien. Songea Simone.

- Chuchotis d’Hortense : Pst ! Pst !

- Quoi ? répondit Théophile tout aussi bas.

- On a trouvé un truc.

- Où ça ?

- Dans le dossier.

- Quelle page ?

- Attendez, on va vous montrer. Dit Hortense en commençant à se lever.

Bruit de pas dans le couloir.

- Deux secondes, on vous dira après. Souffla-t-elle en se rasseyant.

François revint dans le salon de mauvaise humeur. Visiblement, le coup de téléphone n’était pas une bonne nouvelle.

- Qui était-ce ? interrogea Marcel.

- Lady Droséra ! s’écria François.

- Ah, cette charmante Lady Droséra… Que voulait-elle ?

- Que je vienne au plus vite régler ma petite facture chez-elle. « On m’a prévenue de votre retour ! Vous seriez chou de passer chez moi pour régler quelques… affaires. Merci ! » Et hop ! Elle a raccroché.

- Toujours aussi concise et directe ! fit remarquer Théophile.

- On ne peut pas en dire autant de tout le monde. Grogna François.

Regard accusateur vers Marcel.

- Vous-dites ? sursauta Marcel.

- Rien !

Martin, après avoir jeté un œil sur le papier et lui aussi sursauté, le passa à Simone qui le lut avec curiosité. Tout ceci se passant dans le dos de François, il ne vit pas le petit manège.

- Bref ! Que disions-nous ? demanda Marcel.

- Vous vouliez savoir quelque chose au sujet de la clé. Rappela François.

- Ah oui ! La clé ! Attendez, que voulais-je dire ?

« C’est pas possible ! Mais c’est pas possible ! Il me la pose, oui ou non, sa question, nom d’un chien !

« Marcel devrait arrêter de tourner autour du pot, ça devient agaçant. Songea Théophile.

- Voilà ! Je me souviens ! s’exclama Marcel. Par contre… comment dire ? Ma question ne concerne pas forcément mes collègues, alors vous voyez…

- Vous voulez me poser cette question en privé ? demanda François.

« Quelle enflure !

« C’était donc ça son plan ! Il veut nous laisser sur le quai !

« En privé ? Attends, mon lascar !

- Mais, Marcel, vous nous aviez bien laissé entendre la dernière fois que nous étions impliqués. Intervint Madeleine.

- Oui, vous ne vous souvenez pas ? ajouta Théophile. Allons, en une semaine…

« Zut ! Ils m’ont bloqué. se dit Marcel. Ils risquent d’avoir une dent contre moi, à présent. Réagir !

- Oh, excusez-moi ! s’exclama-t-il. Où avais-je la tête ? Lady Droséra a bien raison, les poisons sont mauvais pour la mémoire ! Ha, ha, ha ! rire peu convaincant.

« Si tu crois que tu vas t’en tirer comme ça mon gros !

- Bon, et cette demande ? aboya François.

- Nous sommes désolés. s’excusa Marcel. Juste un petit détail…

- Je vois ça…

Regard soupçonneux.

Simone rapprocha la feuille de son visage, comme si cela lui aurait permis de mieux lire ce qui été écrit. Ses yeux s’écarquillèrent comme un ballon que l’on gonfle. Elle ouvrit la bouche de stupeur pendant que Théophile lui prenait le papier des mains. Elle lui donna en réponse un coup de dossier.

- Eh là ! s’exclama François. Que vous arrive-t-il ?

- Rien de grave. Répondit immédiatement Simone.

- Ne me prenez pas non plus pour un crétin. Simone, pourquoi tapez-vous sur vos collègues, à présent ?

- En fait, il m’a… une excuse ! une excuse ! une excuse ! pincé les fesses !

« Mon Dieu, quel mauvais mensonge ! pensa-t-elle.

Léger affaissement de François et regard désespéré vers Théophile qui baissa la tête.

- Sérieusement ? demanda François.

- Eh bien, c’est que… essaya de répondre Théophile.

- Taisez-vous, Théophile ! Vous êtes pathétique. Non, vous n’inspirez même pas la pitié.

Rougissement de Théophile et détournement du regard.

« Mon Dieu ! Quelle bande de gamins ! Entre l’autre qui brasse du vent et le pervers libidineux qui pince les fesses de sa collègue… Qu’est ce qui m’a pris de travailler avec cette brochette de cinglés ? Se demanda François.

- Ce n’est pas tout ça, mais la discussion stagne. Fit-il remarquer. Elle coagule, même ! Alors, Marcel, vous accouchez, oui ou zut ?

Raclement de gorge.

- Oui, alors au sujet de la clé, je m’apprêtais à vous demander, avant d’être interrompu par…

- Venez en au fait, bon sang ! cria François.

Frottement des yeux et gros soupir.

Pendant ce temps, Théophile venait de lire la feuille et fit un petit bon. A partir de maintenant, il devenait difficile de faire passer le papier sans attirer l’attention de François. Tant pis pour la discrétion ! Je n’ai qu’à dire que c’est un papier comme un autre.

Mimique de Théophile pour Madeleine.

Aucune réponse.

Mimique de Théophile pour Madeleine-bis.

Regard méprisant.

Gesticulation pour montrer la feuille à Madeleine.

Soupir de Madeleine.

Madeleine arracha donc littéralement le document des mains de Théophile. Un coin resta dans la main de celui-ci. François fit la moue.

« Et puis Madeleine s’y met ! Il serait temps que je prenne ma retraite… Tous fous !

- C’est bon, les petits papiers ? demanda-t-il.

Grognement de Madeleine sans un regard pour son interlocuteur.

- Et vous là ! La clé, vous voulez savoir quoi ? hurla François à Marcel.

Palissement de Marcel.

- Du calme, du calme…

Enorme soupir.

« Du calme… Du calme ! Du calme ! Non, je ne dois pas lui crier dessus. Non, je ne dois pas le taper. Non, je ne dois pas lui envoyer un vase à la figure. Non, je ne dois pas… Oh, et puis –juron- !

- Je me calmerai quand vous m’aurez posé cette pu…rée de question ! vociféra François.

- Bon, bon… Pour avoir accès au coffre, comment fait-on ? lâcha Marcel d’un coup.

- Vous pouvez me le demander, tout simplement.

- Mais si vous n’êtes pas là ?

- Par exemple ?

- Eh bien, pendant ces dix ans, nous ne pouvions pas l’ouvrir. Voyez-vous, si vous mourrez, comment fera-t-on ?

- J’ai pris mes dispositions, ne vous inquiétez pas.

- Quel genre de disp…

Interruption par Madeleine qui lui secoue le bras.

- Quoi encore ? demanda Marcel.

- Murmure : Jette un œil, mais vite !

Tentative de détournement de l’attention pour laisser du temps à Marcel.

- A ce propos, à combien s’élève le montant du coffre commun ? interrogea Francis.

- Je ne suis pas totalement sûr, mais je crois qu’il tourne autour de…

- ARGH !

Crispation des mains de Marcel sur le papier.

- Oulla ! Marcel, que vous arrive-t-il ? demanda François.

- Rien, rien… c’est juste… mon cœur… Je vais prendre… mes médicaments…

- Ouf, vous m’avez fait peur. J’ai cru que c’était plus grave.

- Murmure de Marcel à Madeleine : mais, ce papier… c’est le testament de François !

- Oui ! Et dans ce testament, il déclare nous léguer la clé… répondit-elle.

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