INKTOBER III- Volumineux, épais

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Rien ne me fera oublier ce printemps avec toi, je ne le permettrai pas. Ce fut dans une vie un voyage que je crois, on ne peut entreprendre qu’une seule fois. Il y en aura surement bien d’autres, des amarres larguées, des ancres levées et des tablettes repliées. Mais jamais, jamais je ne ressentirai encore la merveilleuse douceur de ton amour absolu, englobant, doucement absorbant, et de ces regards si intenses que l’on s’en détourne par pudeur, parce que l’on ne mérite pas, et parce que ça serait trop facile si c’était aussi simple, la vie. Parce que l’on croit qu’il faut toujours mériter, à un point tel que même quand on a trimé de tout son sang, on ne se sent jamais assez digne du bonheur. On n’est pas là pour mériter, on est juste là pour vouloir y arriver. Il n’y a pas de but si ce n’est d’avancer. Mais qu’avais-je fait pour te mériter toi ? Rien, et c’était tellement injuste que ça en était devenu acceptable. Trop incompréhensible, trop hors norme, totalement sous les radars.

Et comme tout ce qui est trop en dehors, qui ne cadre vraiment pas dans le plan, ça n’a pas pu durer. Ça s’est terminé pour une raison comme ça aurait pu être pour mille autres, rien à faire, je le savais bien. Oui, si les braconniers ne t’avaient pas abattue, c’est peut-être tes 6 tonnes et moi mes 72 kilos qui nous auraient éloignés, progressivement, à force d’exploser des lits, à force de me faire écraser parce que tu avais tendance à t'asseoir sans regarder où tu posais ton délicieux popotin. Et puis 200 kilos de feuilles à chaque repas, ça fait un sacré budget mon amour.

J’espère que ma lettre t’atteindra au paradis des éléphants où j’en suis certain tu résides déjà. Jamais je ne t’oublierai, et pour honorer ce serment j’ai sacrifié toutes mes économies à ta naturalisation. Un ami taxidermiste m’a fait un très bon prix et il se dit enchanté de procéder à ton empaillage. Tu trôneras dans le salon bleu (ton préféré) comme une reine, entre Marie-Louise, Francis et Rebecca.

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