Chapitre 8

13 minutes de lecture

Une certaine routine commença alors à s’installer. Les jours passaient, se transformant progressivement en semaines, puis en mois. Quatre en tout. Quatre mois de leçons et d’entraînements plus difficiles et éprouvants les uns que les autres.

Aujourd’hui était un jour particulier : contrairement à mes habitudes, je ne me rendais pas dans la salle d'entraînement avec Ela et le reste du groupe. Je me dirigeais vers le bâtiment où les koeliens recevaient leurs missions. Ela nous avait informé quelques jours plus tôt que Zelen et moi avions été sélectionnés pour accompagner un koelien en mission. C'était un grand honneur d'avoir été choisi en premiers et cela attestait de la confiance qu'Ela plaçait en nous (elle ne l'avait pas dit, mais c'était forcément elle qui nous avait recommandé).

J'étais littéralement surexcitée et je ne tenais plus en place. Je n'avais aucune idée de ce qui nous attendait, ni de qui était le koelien en question. Je m'étais beaucoup préparée pour ce moment depuis le début de la formation, et j'avais énormément progressé. Et cette occasion était parfaite pour montrer de quoi j'étais capable.

Je pénétrais dans le bâtiment et y découvrit une grande entrée... assez vide. Seuls un bureau auquel était installé une femme et un banc vide meublaient la pièce. Tout était d'un blanc pâle, comme sans vie. C'était d'un glauque ! En me voyant entrer, la femme me jeta un regard qui me glaça le sang. Bien droite sur sa chaise, des lunettes strictes étaient posées sur son nez, lui donnant l'air sévère.

— Bonjour. Je suis Kaely, informai-je. J'ai rendez-vous avec monsieur Nolan pour ma mission.

— Comme tout le monde, répondit-elle froidement.

Sans un mot de plus, elle m'intima de m'asseoir sur le banc. Quelle femme charmante !

Je m’assis donc en silence et patientais en fixant la seule autre porte de la pièce. Ce devait être le bureau de l'homme que je devais rencontrer pour cette mission. Ela m'avait demandé de venir tôt, et j'étais surprise de ne pas voir mes camarades de mission attendre également. Peut-être avais-je mal compris l'heure ? Je ne savais pas pour le koelien, mais Zelen n'avait pas pour habitude d'être en retard.

Soudainement, la porte en face de moi s’entrouvrit doucement, sans que je ne vois personne à l'intérieur. Je surpris la femme à lever les yeux au ciel d'agacement : peut-être la porte avait-elle besoin d'être réparée, si elle s'ouvrait toute seule ? Elle fini par me faire signe d'entrer, levant à peine les yeux de son bureau. Je m'empressais de m’exécuter.

En entrant dans la pièce, j'étais surprise de n’y trouver personne. Je regardais autour de moi, cherchant une autre porte par laquelle monsieur Nolan aurait pu s’absenter quelques minutes, mais il n’y avait qu’une seule entrée. Était-ce une blague ? Ou une sorte de test ?

Je voulu attendre patiemment qu'il revienne, mais quelque chose me dérangeait et m'empêchait d'être à l'aise. C'était... une impression étrange que je ne saurais décrire, une sensation. Il y avait quelque chose dans cette pièce, quelque chose que je ne connaissais pas mais que je sentais au fond de moi. J’essayais d'ignorer cette sensation, mais elle était beaucoup trop... tentante. Je devais savoir de quoi il retournait, de quoi il s'agissait !

Je fermais les yeux et me concentrais, laissant mon instinct suivre et retrouver la source de ce sentiment. Je fis un pas en avant puis sur la droite, me cognais contre un meuble et jurais. Lorsque je rouvris les yeux, j'étais en face de l'un des murs de la salle. Cela n'avait pas de sens !

— J'aurais juré que... marmonnai-je.

Je voulu poser ma main sur le mur en face de moi, persuadée qu'il y avait quelque chose de bizarre, mais je ne rencontrais que du vide. Mon cœur rata un battement lorsque ma main traversa dans le mur, et je manquais de hurler lorsque je touchais quelque chose de chaud et de mou. La... chose bougea et émit un bruit étrange, et je retirai vivement mon avant-bras en faisant un bond en arrière. Me prenant les pieds dans je ne sais quoi, je tombais lourdement sur les fesses, lorsqu'une voix sortit du mur :

— Remarquable !

Incapable de prononcer le moindre mot, j'assistais au spectacle le plus incroyable que j'avais jamais vu. Un homme sortit du mur, lentement, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. L'homme en question était de petite taille, et ses cheveux gris ainsi que son ventre rebondi lui aurait donné un air amical s'il ne venait pas de me faire la peur de ma vie.

Face à ma réaction (ou mon... manque de réaction), il se présenta :

— Je suis Nolan, enchanté. Je m’excuse si je t’ai fait peur, ce n’était pas mon intention. Mais j’étais très curieux de savoir si tu étais sensible à la magie. Et je ne suis pas déçu, expliqua-t-il en riant grassement.

J'avais beaucoup de mal à intégrer ses paroles, j'étais encore sous le choc. Je savais que la magie existait, sous de nombreuses formes, mais le voir était bien différent.

— Assieds-toi donc sur une chaise, ce sera plus confortable que le sol, se moqua-t-il gentiment. Être capable de détecter la magie est un talent rare, tu sais ?

Les koeliens n’étaient pas censés maîtriser la magie.

— Vous… Vous êtes… un sorcier ? hésitai-je.

— C’est exact, avoua-t-il. Enfin, en réalité, mon père est un koelien, mais ma mère était une sorcière. Je n’ai jamais vraiment pratiqué la magie mais je connais quelques trucs.

Je devais le regarder bizarrement car il reprit la parole d’une voix plus posée :

— Mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui. Tes camarades de mission ne devraient plus tarder maintenant. Je vous ai assigné un jeune koelien qui, j'en suis sûr, est ravi de vous accompagner ! affirma-t-il avec un sourire amusé. Je l'ai déjà briefé sur la mission.

— En quoi consiste-t-elle ? demandai-je.

Mon cœur commençait enfin à reprendre un rythme normal.

— Oh, quelque chose de simple ! Nous ne confions jamais de mission dangereuse à des aspirants koeliens. Il...

Il fut interrompu par la porte qui s'ouvrit à la volée. Je sursautais si violemment que je crus que mon cœur allait s'arrêter de battre soudainement.

— Bonjour monsieur Nolan ! s'exclama une voix derrière moi entrant dans la pièce. Oh, pardon de vous interrompre.

— J'ai l'habitude avec toi, rit le concerné.

Je me retournais vers le nouveau venu. Son visage m'était familier, et je compris mieux pourquoi monsieur Nolan avait affirmé qu'il allait apprécier nous accompagner en mission.

— Kaely, je présume ! s'exclama-t-il. Je n'arrive pas à croire que nous n'ayons jamais été présenté. Ton frère et moi, on se connait depuis la formation !

Helian parlait peu de tout ce qui touchait de près ou de loin à sa vie de koelien, en dehors de quelques missions anodines. Je ne le reconnaissais que parce qu'il m'était arrivé, à plusieurs reprises, d'assister à leurs entraînements sans qu'ils ne le sachent. Je ne l’avais pas vu depuis plusieurs années cela dit, mais il n'avait pas vraiment changé. Il était de taille moyenne, brun, avec un visage rond. Il n’était pas particulièrement beau mais il avait beaucoup de charme.

— Je suis Sariel, et c'est un plaisir de te connaitre.

Il posa sa main sur mon épaule en arrivant à ma hauteur et me fit un grand sourire, ce qui me fit rougir. Reprends-toi Kaely, tu ne peux quand même pas être attirée par un des amis de ton frère !

— Heu… salut, balbutiai-je.

Ne me jugez pas.

Derrière Sariel, je remarquais Zelen qui attendait patiemment.

— Si tout le monde est là, je vous en prie, entrez tous. Les présentations se feront plus tard !

Monsieur Nolan prit un air plus grave.

— Voici ce que vous devez savoir pour votre mission : il y a un homme, un voleur, qui a réussi à s'introduire dans le domaine, expliqua-il. Il nous a dérobé plusieurs documents, et je ne veux pas qu'ils tombent entre de mauvaises mains. la rpiorité est de récupérer ces documents et de nous les ramener. Dans la mesure du possible, vous capturerez également le voleur. J'ai confié tous les détails à Sariel, il sera votre guide.

— Allons-y ! s'exclama celui-ci en saisissant nos bras et nous tirant à sa suite.

Nous n'eûmes même pas le temps de saluer monsieur Nolan que nous étions déjà dehors. Sariel s'arrêta soudain, et je manquais de lui rentrer dedans. Il se tourna vers nous en demandant :

— Vous avez d'autres tenues que celle des aspirants ?

— Pourquoi ? demanda Zelen.

— Même si peu de personne en dehors du clan connait la signification de ces tenues, je préfère rester discret. Il vaudrait mieux vous changer.

Ses yeux tombèrent sur l'épée de Zelen et il fronça les sourcils.

— Qu'est-ce que vous avez comme armes ?

Zelen sortit son épée de son fourreau et lui tendis, et je fis de même avec la mienne. Il les examina, l'air peu convaincu, et nous les rendis.

— C’est bien ce que je pensais, c’est de la même qualité que ce qu’on utilisait pendant la formation. Prenez de l'argent, on va faire un détour et vous acheter des armes dignes de ce nom ! On se retrouve devant l'entrée du domaine.

Alors que Zelen et moi prenions le chemin vers nos maisons respectives, Sariel me rattrapa.

— Hé ! m’interpella-t-il. Ton frère est là aujourd’hui ?

— Je crois, dis-je après une seconde de réflexion. Il était là ce matin, il n'est peut-être pas encore parti.

— Dans ce cas, je viens avec toi ! dit-il en passant son bras par dessus mes épaules.

J'étais surprise de constater qu'il connaissait le chemin pour aller chez moi. Était-il si proche d'Helian ? Je me rendis alors compte que je ne savais pas grand chose de la vie de mon frère, alors qu'il devait tout savoir de la mienne...

Une fois arrivé chez moi, il frappa rapidement à la porte et entra sans attendre de réponse. Je lui emboîtai le pas, surprise. J'entendis un bruit si énorme je crus qu'un éléphant était entré dans la maison. Mais ce n'était que mon frère, qui courait dans notre direction pour prendre son vieil ami dans ses bras avec enthousiasmante en hurlant à moitié. On aurait dit deux gamins qui se retrouvaient pour aller jouer. Dire que l'un d'eux faisait partit de l'élite des guerriers du clan...

— Sariel ! Ça fait un moment !

— Évidemment, surchargé de travail comme tu es ! répliqua le concerné. Alors, tu deviens quoi ?

— Rien de nouveau : missions, missions, et encore des missions ! J'ai l'habitude. Et toi, qu'est-ce que tu fais avec la gamine ?

— Hé ! râlai-je.

Ma réaction sembla les amuser puisqu'ils éclatèrent de rire. Ne me sentant pas vraiment à ma place, je tentai une fuite stratégique.

— Bon, moi je vais me préparer pendant que vous fêtez vos retrouvailles, lançai-je.

— Ne boude pas, on rigole !

— Ouais ouais, répondis-je en montant rapidement les marches vers ma chambre.

Je les entendis rire jusqu'à que je ferme la porte derrière moi, puis je soupirai de soulagement. Je me sentais mal à l'aise en présence de Sariel. Il était trop… tactile, alors que je ne le connaissais pas !

J'enlevais ma tenue et en prit une autre au hasard. J'avais déjà quelques vêtements que j'utilisais avant la formation pour m’entraîner, mais en passant devant le miroir, je fus prise d'un doute. Je n'avais jamais fait attention aux tenues que portaient les koeliens pour aller en mission. Et si ce n’était pas une tenue adaptée ?

— Qu'est-ce qui t'arrive à fixer ton miroir comme ça ?

Je sursautai en me retournant vivement et posais ma main sur mon torse. J'allais vraiment finir par faire un arrêt cardiaque s'ils continuaient. Je regardais l’intrus, qui n'était autre que Sariel, comme s'il s’était agi d’un fantôme. Il me sourit, amusé.

— Alors ? Qu'est-ce que tu fais ? répéta-t-il.

— Hé bien… Je… tentai-je.

Son sourire s'élargit, et je me sentis stupide. Mes joues se mirent à me brûler et j'espérais qu'il ne le remarquerait pas. Naïveté, quand tu nous tiens…

— Peu importe, esquivai-je en me raclant la gorge. Je suis presque prête !

Il hocha la tête, toujours amusé, et ressorti. Je pris l'argent que j'avais mis de côté et laissais mes armes à la maison comme il nous l'avait conseillé. Je ne voyais pas en quoi mes armes n’étaient pas de qualité suffisante pour cette mission : j'avais acheté mon épée à un forgeron en ville, et elle m'avait coûté une certaine somme !

Je quittais ma chambre et retrouvais Sariel sur le pas de la porte, discutant avec ma mère. Celle-ci eut du mal à dire au revoir « à son bébé qui partait pour sa première mission ». Inutile de préciser à quel point j'étais gênée que Sariel ait vu ça… D'accord, je comprenais qu'elle s'inquiète, mais attraper un voleur n’avait rien de dangereux ! Je la rassurais autant que possible, terminais avec un gros câlin, et sortis enfin de la maison.

— Ça me rappelle la première fois que j'ai quitté le village, ma mère a éclaté en sanglots. Je ne savais plus où me mettre, rit-il, nostalgique.

— C'était quoi comme mission ?

— On devait éradiquer un clan de guivres brunes.

— Des guivres ? m'étonnai-je. Pour des débutants ? C'est super dangereux !

— Les guivres brunes sont beaucoup plus petites et ne sont pas venimeuses. Cela dit, elles ont cette manie de se cacher sous terre et de t'attraper les chevilles qui rend dingues ! Saleté de bestioles !

— Ça me rappelle notre première mission en groupe, ris-je. C'était pareil mais avec des gobelins.

— Oh la la... Une horreur, j’imagine ?

— Oh, oui...

Les grandes portes du domaine apparurent, et je vis que Zelen était déjà là, à nous attendre. Il nous sourit en nous voyant.

— Où allons-nous ? demanda-t-il alors que nous traversions Helloï. Nous ne savons pas grand chose de la mission.

— Le voleur a été aperçu à Lestat pour la dernière fois. Il se vantait d’avoir réussi à voler les koeliens.

— J’ai déjà entendu parler de Lestat, dit Zelen. On dit que c’est une ville de débauche.

— C’est vrai, elle est reconnue pour avoir la meilleure bière de tout le royaume de Shei ! Il y a aussi beaucoup de prostituées et de trafics en tout genre.

— Génial, ironisai-je. Et comment on va faire pour retrouver ce voleur ?

— Monsieur Nolan m’a donné les informations que nos espions ont pu rassembler. Le voleur semble travailler pour une organisation de taille moyenne. Et Lestat est l'endroit parfait pour les échanges illégaux : le système judiciaire est presque inexistant.

— Pourquoi le voleur parle-t-il ouvertement de son vol ? demanda Zelen. N'est-ce pas risqué ?

— Pour reprendre les mots de monsieur Nolan : "il ne brille pas par son intelligence"... C'est à se demander comment il a pu pénétrer le domaine. De plus, il existe bien des personnes qui sous-estiment les koeliens. Il doit penser que l'organisation pour laquelle il travaille le protégera. Et puis, qui soupçonnerait trois jeunes en voyage ?

— N'importe qui, voyant que nous sommes armés ? répondis-je, ironique.

— Un point pour toi. Sauf que tu n’es pas particulièrement effrayante, rit-il, moqueur. Zelen, peut-être. Moi, je passe facilement inaperçu.

Je levais les yeux au ciel, faussement agacée.

— Comment allons-nous le reconnaître, ce voleur ? Si jamais on le croise sans qu’il ne soit en train de crier au monde entier qu’il a volé les koeliens.

— J’ai un croquis, répondit-il en me donnant le morceau de papier où était dessiné un visage.

Je le regardais attentivement puis le passait à Zelen.

— En plus de ça, je sais qu’il a un tic à l’œil droit et une morsure de métamorphe au bras gauche : un léopard-garou.

— Je ne suis pas capable de différencier les morsures des différents métamorphes, précisai-je.

Il se mit à rire.

— Moi non plus, je te rassure. Mais ils ne sont pas nombreux ceux qui ont survécu à une attaque de métamorphe.

— Certes.

— Mais tu n’as pas à t’inquiéter, me rassura-t-il. Ce n’est pas un redoutable combattant. Vous l’aurez facilement.

— Comment ça « vous » l’aurez ?

Il me lança un sourire moqueur et je soupirai. Très bien, ce sera à nous de le neutraliser... Message compris !

— T’es sûr qu'on sera de taille pour le capturer ?

— Certain ! Si tu n’as ne serait-ce que la moitié du niveau de ton frère à ton âge, je n'ai aucun doute. Tu auras peut-être une ou deux blessures superficielles. Il n’y a pas de meilleur entraînement qu’une bonne mission sur le terrain ! Mais je m’assurerai que tout se passe bien ! Helian me tuerait s’il t’arrivait quoi que ce soit.

— Contente de le savoir... répliquai-je, blasée, ce qui fit rire Zelen.

— Mais, avant d'aller à Lestat, on va passer par Drey, il y a un très bon marchand d'armes, un ami à moi. C'est presque sur notre chemin.

— Ça marche.

— Combien de temps pour rejoindre Drey ? demanda Zelen.

— Deux jours et demi si on avance bien.

— Quoi ? C'est super long ! me lamentai-je. Il n'y a pas un moyen d'aller plus vite ?

— Malheureusement, non. On pourrait y aller à cheval, mais ça coûterait trop cher, et marcher est un bon entraînement.

— Bientôt, on pourra emprunter le train, lorsque le chemin de fer sera terminé !

— Il ne passera que par les grandes villes du Royaume, contra Zelen. Il ne nous sera pas souvent utile.

— Donc nous n'avons pas d'autre choix que de marcher ! À moins que tu aies un balai volant ? railla le chef de groupe. Ou une pierre de téléportation ?

— Non, marmonnai-je.

— Alors avance plus vite ! rit-il.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Axelle Kentia ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0