Chapitre 20

14 minutes de lecture

L'annonce du Docteur Johnson avait fait l’effet d’une bombe. A peine Tom avait-il poussé les portes de Green Alley qu’il s’était précipité vers le mini bar. Vexé par les conclusions de ce charlatan, Tom s'était vengé à sa manière. Il ne laissa pas Pippa voir ses parents. Elle ne méritait pas un tel cadeau. 

Il avala d’une traite une petite bouteille de vodka avant d’en dévisser une autre. Il puisa encore et encore dans son stock jusqu’à ce que ses jambes ne pussent plus le supporter. Bret, leur majordome, fut contraint de le trainer jusqu’à sa chambre. Et ce, sous le regard incrédule des domestiques encore debout. 

Pippa, elle, avait quitté le navire bien avant qu’il ne coule. Enfermée à double tour dans sa cage dorée, elle peinait à fermer l’œil. Maintenant que Tom avait découvert le pot aux roses, elle craignait que ses journées déjà sombres le soient davantage.  

Or, Pippa se méprenait. Tom ne devint pas plus désagréable qu’à l’ordinaire. 

Non.

Il fuyait. La présence de Pippa lui rappelait sans cesse l'erreur qu'il avait commise en lui passant la bague au doigt. La douleur de ne pas pouvoir fonder une famille. Alors, il restait des heures au bureau, puis, il écumait les bars, finissant par s’endormir ivre mort dans sa voiture. 

Pippa prit les choses du bon œil. Elle était désormais libre. Libre d'agir selon sa guise sans en subir les conséquences. La jeune femme profita de sa tranquillité retrouvée pour s'entraîner au piano forte. L’espace d'un instant, la salle de bal se transformait en une jolie maison vénitienne à la décoration soignée. L'eau lui effleurait les pieds, montant jusqu’à ses genoux. Mais, elle n'arrêta pas pour autant de jouer. Mourir noyée lui importait peu tant qu'elle pouvait se libérer de la frustration qui la rongeait. Puis, la pièce s'assombrissait et la réalité retrouvait sa juste place. Elle jetait alors un regard à l'horloge murale. L'heure du dîner dépassée de deux bonnes heures, elle se glissait sous les draps avec pour seule compagnie un roman l’eau de rose. Il lui arrivait parfois de songer à Elisabeth. Avait-elle aussi été laissée pour compte ? Était-ce pour cela qu’elle avait mis un terme à son existence ?  Ou bien était-ce Tom, qui, lassé, avait décidé de mettre un point final à leur histoire ?

Plus d’une fois Pippa crut qu’elle perdrait la vie sous les coups de son époux. Elisabeth avait peut-être subi le même sort. Plus rien ne l’étonnait. Pourtant, elle ressentit le besoin impérieux d’obtenir des réponses à ses questions. Comme s’il en allait de sa survie. Et si Tom prenait ses distances pour mieux lui planter un couteau dans le dos ? Elaborait-il un plan pour la rayer de sa vie ?

Incapable de se concentrer sur sa lecture, Pippa ferma son livre puis le posa sur la table de chevet.  Elle attrapa son téléphone fixe, le posa sur ses genoux et composa le numéro des Anderson. Elle devait savoir ce qui s’était passée. Et l’unique personne susceptible de mettre fin à ses tragiversions portait le nom de Maximilian Donovan. 

— Olivia Anderson à l’appareil. Que puis-je pour vous ?

En attendant la voix douce et froide de sa mère, le cœur de Pippa se pinca. Toute sa rancœur était sur le point de se volatiliser. Le confort de son ancienne vie lui manquait, sa naïveté aussi.

— Maman, bégaya Pippa.

C’était bien la première fois qu’elle l’appelait ainsi.

— Maman, c’est moi. 

Olivia demeura silencieuse.

— J’ai besoin de vous voir, la supplia-t-elle.

— Je suis confuse. Cela fait des mois que nous n’avons pas eu de tes nouvelles, ma chérie.  Est-ce que tout va bien ? s'inquiéta Olivia. 

Pippa contourna le sujet.

— Seriez-vous disponible demain ? Disons 14H30 au White Horse ? Venez avec Max. Je dois vous parler à tous les deux.

A l’autre bout du fil, Olivia manqua de s’étouffer. Pourquoi sa fille tenait-elle tant à les voir réunis ? Se pouvait-il que Tom ait été mis dans la confidence ? 

Ce soir-là Pippa eut beau compter les moutons, elle ne trouva pas le sommeil. Bercée par les Tic-Tac incessant du réveil, elle compta les heures. Tandis que la pluie claquait contre la vitre, la jeune femme guettait le moment où Tom rentrerait. Inutilement. Aucun bruit de pas ne se fit entendre. Le manoir semblait désert. Les domestiques dormaient paisiblement dans la dépendance à l’ouest de la bâtisse. Pippa n’imaginait même pas le calvaire qu’ils vivaient dans cet abri de fortune, ne comprenant ni eau chaude, ni électricité. La nuit devait leur paraître bien glaciale. Sans compter le craquement du bois qui travaillait. Celui-ci devait les terrifier. Ils pensaient sûrement que les fantômes de cette affreuse demeure cherchaient à les faire fuir. 

Pippa fut parcouru d’un frisson. Elle, non plus, n’était point rassurée dans son lit à baldaquin. Chaque pièce qu’elle arpentait lui donnait la chair de poule. Plus d’une fois, elle avait proposé à Tom de remplacer avec goût cette décoration défraîchie. Mais ce dernier s’y opposait fortement, sans prendre la peine d’exposer son point de vue. Le simple fait de contredire sa femme justifiait amplement sa décision. 

Elle se tourna et retourna, suffoquant dans son lit qu’elle trouva soudain trop étroit. Pippa se leva et ouvrit la fenêtre. La pluie s'était arrêtée. Elle distingua une silhouette perchée sur une des branches du vieux chêne. Le hibou pointa ses deux yeux jaunes vers elle. Son hululement déchira le silence de la nuit. Le volatile déploya ses ailes sans pour autant quitter son refuge. Pippa résista à l’envie d’aller récupérer sa vieille paire de jumelles pour l’observer de plus près. Cet animal ne lui disait rien qui vaille. Pire, même, on aurait dit qu’il cherchait à lui transmettre un message. L’attitude de l’oiseau lui rappela son enfance. Les explorations qu’elle menait, les bras ballants, dans le jardin familial. Les merles qui envahissaient le cerisier étaient son principal sujet d’étude. Assise dans l’herbe, elle passait des heures à les observer et notait chacun de leurs mouvements. Mais ces bêtes n’étaient pas les seules à susciter l’intérêt de Pippa. Craignant que leur cueillette soit mise en péril, Maggie, au garde à vous, les épiait du coin de l’œil. Son plumeau à la main, elle n’était jamais bien loin. 

— Fichez-moi le camp, leur hurlait-elle lorsqu’ils avaient le malheur de s’approcher un peu trop près des fruits défendus.

Pippa ne comprenait pas pourquoi Maggie tenant tant à préserver leur récolte. Si celle-ci était perdue, alors elles pourraient toujours acheter d’autres belles cerises au marché. Or, la situation financière des Anderson n’était pas si prospère. Les débuts peu concluants de Clifford au Times, ne leur permettaient pas de s’autoriser quelques écarts. Chacune de leurs dépenses était calculée à la livre sterling près. Il n’avait pas encore trouvé le sujet qui ferait sensation et qui lui permettrait de devenir le référent en son domaine. Or, dès qu’il y parviendrait, il pourrait couvrir des affaires de plus hautes importances et gravir les échelons à une vitesse record. Hélas, pour le moment, tout cela était utopique et les Anderson devaient se serrer les coudes. Seul, l’héritage de son père avait permis à Clifford de s’offrir ce charmant pavillon situé dans un des quartiers les plus prisés de Londres. Il gardait toutefois bien en mémoire que la modique somme qui dormait sur son compte épargne ne payerait pas leurs factures indéfiniment. S'ils tenaient six mois de plus, alors il pouvait s’estimer chanceux. 

Un cri lointain, similaire à celui d’une chouette effraie, extirpa la jeune femme de ses pensées. Depuis le chêne, le grand-duc la scrutait encore. Pippa capitula et ferma la fenêtre. Elle n’avait pas l’intention de passer sa nuit autour d’un bras de fer avec un volatile. Elle se glissa à nouveau sous les draps. Les paupières closes, elle rejoignit enfin les bras de morphée. 

Lorsque Pippa ouvrit les yeux, le soleil éclairait déjà de ses doux rayons la chambre austère. Elle attrapa son kimono en soie vert et traversa le couloir. Sans grande surprise, elle constata que la chambre de Tom, restée entrouverte, était vide. Sans prendre la peine d'enfiler ses pantoufles, elle descendit pieds nus l'escalier. Un vent nouveau soufflait sur Green Alley. Mais jusqu'à quand ?

Pippa chaussa sa paire de bottes, prête à monter Tornade, son pur-sang arabe. Un cadeau de Tom pour leur mariage. Or, la jeune femme l’avait monté qu’à de rares occasions. 

Déclinant la tasse de thé que lui présentait Becky, leur nouvelle bonne, elle se hâta vers les écuries. Dehors, la tempête faisait rage. La pluie avait cédé sa place aux rafales. Pippa ne se résigna pas pour autant. Pour une fois qu’elle pouvait agir à sa guise, elle n’allait pas tirer une croix aussi facilement sur cette liberté retrouvée. 

— Madame. C’est dangereux, la rappela à l’ordre Bret.

Pippa l’ignora de plus belle. Elle n’allait pas se laisser intimider par un des nombreux sbires de son époux. Tous savaient ce qui se passaient entre ces murs et pourtant, personne n’avait assez d’audace pour venir lui prêter main forte. Déportée par les bourrasques, Pippa tangua jusqu’aux écuries. Elle s’empara de sa selle, de sa cravache et pénétra dans le box. Tornade, nerveux, tapait fiévreusement du pied. 

— Tout doux, lui murmura-t-elle, tandis qu’elle s’approchait doucement vers l’animal.

Le cheval henni. C’était comme si la bête avait ressenti les évènements qui allaient suivre. Une branche perfora le carreau central de l’écurie. C’est alors, qu’une multitude de débris se déversa aux quatre coins de la pièce. Pippa tenta de se protéger mais le pur-sang la prit de court, quand il s’emballa de plus belle. Il se dressa sur ses deux pattes arrière, évitant de justesse la jeune femme. Elle recula et percuta de plein fouet deux pots de fleur qu’elle emporta dans sa chute. Sa tête heurta violemment le mur en bois. Un liquide rougeâtre macula le sol terreux. La tête comme un chou de Bruxelles, aveuglée par la lumière du jour, Pippa perdit subitement connaissance.

Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle se tenait allongée auprès de la cheminée, une couverte en laine sur les épaules. Un homme fouillait dans une sacoche en cuir. Non. Plutôt était-ce le contraire, il fermait son sac après avoir pris le soin d’y ranger précieusement son stéthoscope. 

— Est-ce grave, docteur ? osa demander Becky.

— Elle s’en remettra.

Le vieil homme se redressa difficilement. Les années avaient eu raison de lui.

— J’enverrai ma note à ce bougre d’Harris. Il est temps qu’il comprenne que ses actions ont des répercussions.

— Monsieur n’y est pour rien, rétorqua Becky. Madame a fait une chute de cheval.

Le vieillard souffla.

— Comme toujours. Le seigneur ne pardonnera pas toujours vos mensonges. Soyez-en sûr. 

Bret lui tendit sa canne et l’homme quitta les lieux comme il était venu, seul, dans son vieux cabriolet.

— Quand Monsieur apprendra ça, chuchota Becky, son sang ne fera qu’un tour. Il nous privera de nos gages en guise de punition pour cette initiative. Je pensais que nous aurions eu une ristourne du Docteur Bankes. Si j’avais su, je n’aurais pas bougé le petit doigt !

— Vous faites preuve d’ingratitude Wright. Vous faites honte à votre condition. A défaut d’être riches, nous devons être bienveillants. Et vous ne trouverez rien de mieux à faire que juger et médire. Honte à vous, Wright. Que je ne vous vois plus. Votre présence me donne des sueurs froides !

Pippa n’avait jamais vu Bret aussi ferme. La plupart du temps, il exécutait sa tâche à la perfection et se faisait le plus discret possible. Il ne parlait pas sauf quand cela lui était nécessaire. Mais, cette fois, Becky avait dépassé les bornes et Bret n’avait pu garder le silence. Il ne cautionnait pas un tel comportement. Il se devait de faire respecter l’ordre établi en l’absence de Monsieur. 

— Bret ? couina Pippa.

Il se tourna vers elle.

— Oui Madame. 

— Pourriez-vous appeler ma mère et lui proposer de venir à Green Alley. Je ne suis pas en état de me rendre à Londres. Son numéro se trouve à côté du téléphone.

— Bien Madame. 

*

Bien que Pippa avait formellement demandée à ce que la table ne fut pas dressée, les domestiques n'en firent qu'à leur tête. Heureux de recevoir de la visite, ils frottèrent l’argenterie et sortirent la porcelaine. Rien n’était trop beau. Or, la jeune femme n’avait que faire de ce déjeuner. Elle voulait qu’on lui fiche la paix. Elle comptait bien faire en sorte que leur conversation reste privée. Il n’y avait pas de place pour les oreilles indiscrètes. Elle, qui ne parvenait pas à quitter son canapé, ne désirait en aucun cas voir sa journée sombrer davantage, en se coltinant la présence d’un Tom, averti en douce. Un seul faux pas et cela signerait son arrêt de mort. Si l’on apprenait qu’elle enquêtait discrètement sur son époux, alors elle mettait le feu aux poudres. Un mariage chaotique, signé notamment par son impossibilité à concevoir, l’exposait déjà suffisamment à de lourdes répercussions. Un divorce, doublé d’une exposition médiatique, la terrifiait tout autant que l’emprise que Tom avait sur elle. Quitter cet homme, oui.  Mais pas à n’importe quel prix !  Il était hors de question qu’elle y laisse des plumes et que son nom soit traîné dans la boue. Et que dire des dommages et intérêts ? Sans le salaire de Tom, la jeune femme n’avait même pas de quoi s’acheter une aiguille à tricoter.

— Bret ! Aidez-moi à me lever avant que nos invités arrivent, voulez-vous ?

Le majordome la rejoignit en trottinant. Pippa aurait juré qu’il venait de cirer ses chaussures. Elle tendit son bras et l’homme l’aida à se redresser. C’est alors que Becky Wright franchit le salon. A ses côtés se tenaient Olivia Anderson et Maximilian Donovan. 

— Oh mon dieu ma chérie ! Que s’est-il passé ? bredouilla Olivia, les yeux rivés sur le bandage entourant de part et d’autre la tête de sa fille.

— Rien de bien méchant. Une simple chute. 

 Max fronça les sourcils. Quelque chose clochait. Bien différente de sa présence ici. 

— Vous avez faim, j’espère ? Dorothy vous a préparé un plat tout droit venu de France : un bœuf bourguignon. 

Le repas se passa en silence. La tablée se fixait en chien de faïence. Pippa ne savait par où commencer. D’autant plus que les déplacements incessants des domestiques compliquaient les choses. La jeune femme profita que l’on apporte le dessert pour proposer à ses convives de passer dans le petit salon. Là, ils y seraient plus à leurs aises. Olivia caressa la tapisserie usée par le temps. Son gendre avait les moyens de refaire l’intégralité de la décoration de ce manoir, alors, pourquoi ne l’avait-il pas fait ?

— Installez-vous. Le café ne devrait pas tarder à être servi, les encouragea Pippa. 

Tous deux prirent place sur la causeuse en velours.

— Vous vous demandez sûrement pourquoi je vous ai fait venir aujourd’hui, au risque de mettre votre secret en péril ?

Maximilian déglutit péniblement. Elle venait de les engraisser pour mieux les soudoyer. Quel ignare, il faisait, de s’être fait aussi facilement berner.

— Je me doutais bien qu’il y avait anguille sous roche, avoua-t-il, avec amertume. 

Olivia toucha son alliance, nerveuse.

— N’ayez crainte. Même si je ne comprends pas que vous puissiez traiter père de la sorte, votre histoire n’a rien à voir avec votre venue, les rassura-t-elle.

— Alors, pourquoi sommes-nous là ? s'impatienta Max, piqué au vif.

Pippa inspira profondément.

— J’aimerais savoir ce qui est arrivée à Elisabeth Harris.

— As-tu perdu la tête ? vociféra Olivia, estomaquée. Depuis quand les ragots t’intéressent-ils ?

— Ce ne sont pas des ragots, insista Pippa. N’est-ce pas Maximilian ?

Olivia, scotchée, jeta un regard interrogateur à son amant. Ce dernier ne broncha pas, absorbé dans la contemplation du tapis. 

— Tom est un homme bon, affirma Olivia pour elle-même plutôt que pour l’assemblée déjà présente. Ne peux-tu pas seulement profiter de ton confort et être heureuse ? Mais non ! Il faut toujours que tu ailles déterrer la merde.

— La vérité, mère. Je ne désire que la vérité. Maximilian, je sais que vous en savez plus que vous ne voulez le dire. Aidez-moi à clarifier cette histoire. Je vous en prie.

Il passa son bras autour des épaules d’Olivia, avec son naturel légendaire.

— J’ai déjà tout dit à votre mère. 

— Et je pense que vous nous cacher des choses.

Max évita le regard de la jeune femme. Il sentait qu’elle pouvait le faire craquer à tout moment.  En ne divulguant pas l’issue de son échange avec Richie Spinster, il avait souhaité se protéger.

— Qui redoutez-vous tant ? ajouta Pippa, décidée à en découdre.

— ça suffit s’interposa Olivia. Tu vois bien qu’il ne sait rien.

— Je n’en dirais pas autant.

Pippa maintient son courage à deux mains bien que la condition dans laquelle elle se trouvait lui ordonnait de laisser tomber, se reposer et en conséquent d’abandonner. Pourtant, elle savait qu’elle devait aller jusqu’au bout de sa démarche. Il en allait de sa survie.

— J’ai besoin de connaître la vérité Maximilian. Qu’est-ce que Spinster vous a dit d’autre ?

Max se leva et se dirigea vers la fenêtre. D'ici la vue était imprenable sur le domaine. On y voyait même le clocher de l’église du village le plus proche. Rattrapé par ses souvenirs, il osa enfin avouer la terrible vérité.

— Lorsque je m’apprêtais à quitter le complexe, j’ai surpris un appel entre Richie et l’un de ses collègues.

“ 6 septembre 1962

— Es-tu sérieux Doherty ? Si ce que tu dis est vrai, Tom s’est fourré dans un sacré merdier !

Spinster tapa du point sur le comptoir, furieux. Le serveur lui jeta un regard réprobateur.

— Si la police apprend la nouvelle, il va lui falloir un bon avocat. Le meilleur même. Mais qu’est-ce qui lui a pris bon sang ! Je le croyais plus malin que ça. Il aurait pu faire venir n’importe quel huissier pour démonter l’adultère d’Elisabeth, puis demander le divorce. Pourquoi orchestrer un tel stratagème ? Cela ne lui ressemble pas. A moins que nous nous soyons fourvoyés sur son compte toutes ces années.

Richie, livide, semblait sur le point de s’évanouir.

— Pourquoi en venir aux mains ? Comment a-t-il pu faire cela ? Certes, Elisabeth lui menait la vie dure mais au point de la tuer et de dissimuler sa mort, il y a un parallèle. Je ne le pensais pas capable d’une chose aussi abjecte...

La salle se mura dans le silence. Tous les regards étaient braqués sur un Richie, sortit de ses gongs.  Il poursuivit plus doucement son échange.

Ce n’est pas le meilleur endroit pour discuter. Je suis écouté de toutes parts. Retrouvons-nous au Regent’s Park. Nous devons établir une stratégie au plus vite. Retrouve Tom et dis-lui de se bouger le cul. S’il veut sauver sa peau, il n’y a pas une minute à perdre ! ”

Pippa lutta pour ne pas s’écrouler. Chancelante, encore secouée par sa chute, elle se rua dans sa chambre, ouvrit l’armoire en acajou et en extirpa une vieille malle en cuir. Elle y jeta à l’aveuglette ses vêtements et quitta Green Alley comme une furie, sous le regard médusé des domestiques, de Maximilian et de sa mère.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Viola Peck ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0