Divagations entre les rayons du supermarché

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Le hareng saur, un poème débile martelé toute mon enfance comme le nec plus ultra de la poésie. Horreur ! Je n’aime pas le hareng.

Gandul, j’aime bien ce mot. Il sonne beau. On le croirait venir du fin fond de la Turquie ou d’un pays encore plus exotique. Il veut dire en espagnol « fainéant ». Je comprends mieux pourquoi il me plait tant.

Tchatche, ce gros con ne fait que ça : Tchatcher. Pire, sûrement baver sur les autres. Désolé, j’ai croisé une vieille connaissance que je n’avais aucune envie de voir.

Fantômes du passé, c’est ce que je vois depuis que je suis entré dans le magasin. Des vieux ou plutôt mon passé qui a vieilli. Brrr ! J’aimerai me trouver à 10000 lieux d’ici.

Une petite fille dans son caddie joue avec des emballages. Elle est très appliquée, pose une boite sur un carton pas très en équilibre lui-même, réussit à la maintenir bien droite, essaie d’en poser une autre dessus. Badaboum, la pyramide s’effondre. Elle a de la chance, les boites sont tombées dans le caddie. Elle ne se décourage pas et continue son œuvre. La petite fille est maintenant assise dans son caddie. Elle me regarde. Ses yeux bleus brillent, elle est triste. J’aimerai lui faire un sourire mais je n’ose pas. Des fois que la mère m’accuse de je ne sais quoi. Je passe. Je la retrouve un peu plus loin, elle joue à la moto avec la barre du caddie. Je la croise et fais de même, elle rit. Très bien.

Musique : Simon et Garfunkel, Mrs Robinson. Souvenir, l’année du bac. Grosse déprime.

Rayon soutien-gorge. Une femme, la quarantaine bien tassée, fausse blonde, lunettes énormes calées dans les cheveux, collier énorme avec grosse pierre bleue émeraude. Son mec, un peu plus loin, crâne rasée, un piercing à l’oreille et un gros tatouage sur l’avant-bras. Il est affalé contre un congélateur à viandes et jette sur sa femme un regard fatigué.

Espace livres. Un mec, crâne en boule de billard, barbe bien taillée, style garde du corps ou tueur à gage, oreillette et micro. Il parle à son doigt :

— Cale-toi face au salon de coiffure. Y’a un banc. Tu t’assois et tu attends mon ordre. Sors des caisses, idiot !

Je suis James Bond du regard. Il se dirige vers le manège à bijoux et se cache derrière un pilier. Un individu parmi tant d’autres sort d’une caisse et se dirige vers la sortie. Un autre, l’assistant à James Bond, lui emboite le pas. Pas très futé, il le serre de près. Tellement près que l’autre sent son haleine fétide dans son cou et accélère le pas. Arrivé à hauteur du manège à bijoux, l’individu est intercepté par James Bond qui lui demande de vider sa poche. James Bond brandit une bouteille de Whisky.

Rayon poissonnerie. Il est jeune, pas 25 ans, je crois, ou je me fais des idées sur la jeunesse. Pfeu ! Il est jeune et il est là pour nous vendre du poisson. Nous n’en demandons pas d’avantage. Si, peut-être, des connaissances dans son domaine, le poisson. On ne sait pas comment mais la discussion s’engage sur tout autre chose, je ne me souviens pas mais rien à voir avec la poissonnerie.

Il est intelligent, cultivé, un discours pétri d’humanité. Nous lui demandons son cursus d’étude, un bac option biologie. Tiens donc !

La relation avec la poissonnerie ? Nous lui demandons. Il répond « aucune ! »

Il fait ce JOB, ce boulot, ce taf, il aurait pu nous répondre, non ce JOB. Et là, j’ai commencé à avoir un doute. Il fait ce JOB dans l’attente de …

De ? De rentrer dans la police !

DE RENTRER DANS LA POLICE !

Son objectif dans la vie, c’est de rentrer dans la police !

Merde!

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