Lucas est un enfant adoré et choyé par ses parents mais martyrisé par cinq petites chipies de sœurs.

Alors, cette virée chez les grands parents est une véritable aubaine. Elles ont pour elles, l’immense jardin et pour lui, le garage.

À peine arrivé, sans même un bisou pour papi et mamie, il fonce droit au garage et escalade l’échelle meunière qui monte au grenier. Il dégage les toiles d’araignées, bouscule les cartons et ouvre une malle bien particulière.

Il y plonge sa main et en sort un masque de chien. Il le plaque sur son visage. Et là, miracle, son corps se couvre de poils, ses bras et ses jambes s’allongent, son visage se déforme, ...

Dans le jardin, les filles se disputent la balançoire quand elles voient courir vers elles un superbe labrador noir. Folles de joie, elles se jettent sur lui et le couvrent de caresses.

LUCAS est heureux. Pour une fois, ces chipies ne le frappent pas, ne l’insultent pas : elles l’aiment. Du coup, il trouve la vie de chien bien plus enviable que la sienne. Il serait presque tenté de garder cette apparence.

Mais le bonheur est de courte durée. Les petites pestes ne peuvent pas rester longtemps sans se chamailler. Une, lui tire une patte, une autre, une oreille, une autre, la queue. Elles vont l’écarteler. C’en est trop. Il se dégage et court se réfugier dans le garage.

Les filles le poursuivent. Elles sont à deux doigts de lui mettre la main dessus quand il saute dans la malle. Elles ont beau chercher, fouiller partout, il n’y a rien d’autre dans le grenier que leur frère dépenaillé et les cheveux ébouriffés assis à l’intérieur de la malle, un poil noir en suspension au bout de son nez.

Lucas est retourné dans ce grenier quelques années plus tard et a ouvert à nouveau la malle. Les masques avaient disparu.

Tout comme son enfance.