Une erreur de 2980

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« Dans ce monde surréaliste, haut-lieu de la consommation, nous faisons connaissance avec une nouvelle génération d’humains » note Christine dans son journal. Elle ajoute : « Celle des trop gâtés, des trop nourris, des trop nantis, des sans complexes... je veux parler des obèses, des vrais obèses, pas des obèses à la française qui, sous prétexte que leur balance affiche cinq kilos de plus que leur poids idéal, s’empressent de faire un régime strict pour éviter d’affronter le regard réprobateur des autres.

 

Sylviane qui n’avait jamais mis le pied sur le continent Américain les regarde un peu comme des êtres venus d’une autre planète (sans doute la planète Mac Donald’s), avec leurs énormes glaces à la crème, leurs paquets de pop-corn, leur hot-dog ou leur « smoked turkey » (cuisse de dinde fumée) qu’ils mordent à pleines dents à la façon des hommes des cavernes.

 

N’ont-ils pas l’air heureux ces êtres ventripotents, boudinés dans des tee-shirts XXL, à l’effigie de Mickey ou Dingo ?!! »

 

Personnellement, je trouve les propos de Christine très mesurés et très gentils. Pour ma part, j’ai vu des monstres encore plus gros que ça. Des poussahs poussifs. Des bouddhas bouddhinés. Des bibendums surgonflés. Des baleines à bosses pachydermiques. Des bombes à retardement. Des boulimiques qui n’ont plus que leurs ticheurtes Mickey pour se donner encore une apparence humaine. Quant ils l’ôtent (mais l’ôtent-ils ?) toute leur graisse doit s’éparpiller autour d’eux, en tas. Pour la transporter, ils l’installent sur un fauteuil roulant, et font toutes les attractions ainsi.

 

La première fois que vous en apercevez un, ça vous fout un sacré coup. Comme un direct à l’estomac qui vous coupe le souffle. Ca fige les cellules, ça coagule la pensée, ça meurtrit la rétine, ça ulcère les centres nerveux, ça perturbe le métabolisme, ça liquéfie les glandes, ça ébranle le système circulatoire, ça traumatise, ça fissure, ça rompt, ça corrompt les coronaires ... On se sent petit, médiocre, faillible et provisoire tout à coup.

 

Je suis sûr que le monsieur qui se trouve là-bas avec sa famille réprouve cet étalement de chairs humaines. Pourtant il nous faudra vivre encore cent ans avant de pouvoir l’oublier. Il porte des chaussures de ville noires, des chaussettes noires, un short à rayures bleues et blanches, un maillot de corps à carreaux rouges et verts et sur la tête, la kippa.

 

Le soir venu, nous n’avons pas retrouvé Serge et Adrien sous la grosse boule en argent du parc EPCOT. Même après le spectacle de feux d’artifices et de lasers. Cela n’avait pas d’importance puisqu‘ils avaient retenu une chambre dans notre hôtel.

 

Mais lorsque nous sommes rentrés à notre hôtel ECONOLODGE MAINGATE (situé au numéro 8620 de la rue West Irlo Bronson Memorial à KISSIMMEE), Alexis a dit :

 

—   Ooooooooooh ! Je ne reconnais pas l’hôtel où nous avons réservé une chambre !

 

Serge, qui nous avait devancé, ne l’avait pas reconnu non plus puisqu’il s’était rendu à l’hôtel ECONOLODGE (situé au numéro 5640 de la rue West Irlo Bronson Memorial à KISSIMMEE - FL 34747 FLORIDA). S’apercevant de son erreur, il nous avait laissé un message sur le téléphone de notre chambre pour nous dire qu’il était au numéro 5640 et non pas au numéro 8620 et qu’on pouvait l’appeler au numéro 600 272 720.

Alexis s’est mis en quête d’un téléphone pour appeler Serge et il me pardonnera si je ne rapporte pas ici avec suffisamment de précision les instants qui ont suivi car j’étais un peu fatigué, épuisé, essoufflé, exténué, pompé, crevé, nettoyé, H.S., vampirisé, amolli, abattu et anéanti, ce que j’étais déjà en train d’expliquer à la douce Morphée.


Je me suis laissé dire qu’Alexis injuriait un téléphone qui le ruinait en pièces de 25 cts sans lui rendre le moindre service. La violence de son langage aurait intimidé un ouragan en furie (m’a t-on dit).

 

Finalement, après consultation de l’annuaire, Christine s’est rendu compte que Serge avait donné un mauvais numéro, celui de la Centrale Américaine de la chaîne hôtelière. D’après ce que l’on m’a rapporté, seuls une hache et un pistolet mitrailleur étaient de nature à rendre fidèlement ce qu’Alexis pensait des bigophones américains à ce moment là ! En faisant usage d’un bon numéro, le téléphone s’est montré plus coopératif. 

 

Pendant ce temps là, parfaitement indifférente aux malheurs d’ Alexis, la nuit était tombée.

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