Chapitre 1

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- Allez ! ça va être sympa ! me sermonna la petite blonde qui me servait de meilleure amie. Tu verras l'ambiance sera au rendez-vous et puis Jake sera là ! Quel régal pour les yeux.. poursuivais-t-elle son menton appuyé contre ma tête de lit.

Je secoua nonchalamment ma tête en guise de réponse. Il était hors de question que je mette les pieds à cette soirée, d'autant plus que ma tante Kathy ne me permettrait jamais d'y aller. Elle avait toujours été très protectrice envers moi, même trop. Malgré moi, je n'essayais pas de la contrarier; la disparition de mes parents à ma naissance l'avait beaucoup affectée et je comprenait son inquiétude vis a vis de moi, mais je venais de fêter mes 19 ans ! Je ne suis plus une enfant !

- Allo ! m'écria Samanta pour me faire sortir de mes pensées. Je n'irais certainement pas sans toi ! Azu, ça fait des semaines qu'une soirée d'une telle envergure n'avait pas été organisée dans notre coin paumée ! Fais un effort !

- Samy, tu sais très bien que Tante Kat' ne me laissera jamais y aller ! m'exclamais-je.

- Qui t'as dit qu'elle devait être au courant ? rétorqua la jolie blondinette avant de me lancer son clin d'œil le plus sournois. Et je t'arrête là, je ne sortirais pas d'ici tant que tu n'auras pas dit oui !

- Je ne peux pas lui ment.. allait-je poursuivre avant que Samanta ne me saute au cou et me fit taire immédiatement. Tu ne vas pas lâcher l'affaire c'est ça ?

Elle agitait énergiquement la tête, ce qui m'arrachait un petit rire. Soit, elle avait gagné. Je connaissais Samanta depuis l'enfance, et Dieu seul sait à quel point cette petite tête blonde pouvait être têtue et bornée. Elle parvenait toujours à ses fins, et cela depuis l'époque des couches-culottes. Je ne pouvais pas lui tenir tête trop longtemps, lorsqu'elle avait une idée en tête.

Je finissais par hausser les épaules, en signe de capitulation. Une habitude qu'elle connaissait trop bien, elle se jetait dans mes bras à l'instant même avant de commençait son blabla incessant concernant les tenues que l'on pourrait portés, les divers coiffures ou encore quel faux-cils nous iraient le mieux. Je faisais semblant de l'écouter, mes yeux rivés sur ma baie vitrée. Un petit oiseau d'un bleu azur s'était posé sur une des branches du grand chêne qui trônait fièrement de la cour de ma tante. Je venais m'approcher de la fenêtre dans le but de voir de plus près ce petit être. Je souriais bêtement à l'idée d'avoir des ailes, de voler ou bon te semble, et de n'avoir de comptes à rendre à personne. L'espace de quelques secondes, je l'ai envié, si fort. Que l'on se détrompe, j'adore ma tante, nous avons un lien très spécial elle et moi, simplement que parfois, parfois, j'aimerais me sentir libre. Libre de mes décisions. La voix percutante de Samy me fit sursauter et je vis le bel oiseau prendre son envol, probablement effrayé par celle-ci.

- Non mais ça t'arrives de m'écouter une fois dans ta vie, Azura ? s'exclama Samanta d'une voix rauque, avec un soupçon de susceptibilité percevable.

- Désolée Samy, je suis préoccupée pour ce soir, mentis-je.

Enfin étais-ce véritablement un mensonge ? Après tout, la soirée ne m'inspirait rien de bon. J'allais devoir faire bonne figure devant Victoria, la reine des hypocrites et son larbin du jour Jake Harrisson. M'enfin, vu la relation toxique qu'ils avaient entamée, je ne savais même plus qui utilisait qui dans cette affaire. Et puis, je reverrais Aaron.. je ne l'avais pas revu depuis notre dernière dispute. Je ne savais même pas si nous étions encore ensemble, à ce niveau, et je n'avais certainement pas envie de prendre la tête ce soir, j'avais d'autres priorités.

- Tu penses à Aaron ?

- Peut-être bien !

- Tu sais que cela fait près d'un mois qu'il me harcèle pour avoir de tes nouvelles ? lâcha la blondinette, en venant s'écrouler de tout son corps sur mon lit. Il est vraiment malheureux depuis que tu l'as largué.

- Je ne l'ai pas largué ! m'exclamais-je. Du moins, pas officiellement. J'avais besoin de temps pour réfléchir, voila tout.

- Ca fait un mois maintenant, je pense qu'il serait temps que tu affrontes le problème en face !

Je soupirais, je détester admettre qu'elle avait raison. Cette situation avait assez durer, je devais parler à Aaron et régler notre histoire. Nous n'allons tout de même pas rester fâchés indéfiniment, je le connaissais depuis l'époque de la crèche lui aussi, c'est mon meilleur ami avant d'être mon petit-ami. Nous avons toujours trouvé des solutions à nos engueulades, ce ne serait pas aujourd'hui que notre histoire allait se terminer.

- Je lui parlerais, c'est promis ! finis-je par articuler d'un air penaud. Je n'ai pas vraiment le choix de toutes façons.

- Je ne comprendrais jamais tes réticences, si j'avais un garçon comme Aaron dans mes filets; tu peux être sûre que je ne l'aurais pas laisser filer !

La blondinette explosait de rire à son petit jeu de mots minable, et je l'imitais avant de venir rouler mes pupilles auburn au ciel. Quel humour à la pointe...

Aussi loin dont je m'en souvienne, Samy avait toujours été présente dans ma vie et dans celle d'Aaron. Nous formions un trio de choc, qui fut légèrement dégradé au commencement des études supérieures. Ce fut la première fois, que nous n'étions plus dans la même classe. Nous nous voyions moins souvent qu'à l'ancienne, mais on trouvait toujours des moyens pour passer un maximum de temps ensemble. Aaron et moi avions commencé à sortir ensemble au début de l'année de Terminale, il ya deux ans de cela. Tout s'est fait naturellement, nous étions au parc comme à notre habitude, Samy n'tait pas là, ce jour ci. Il m'avait attrapé les mains et m'avait embrassée. Comme ça, sans le comprendre je m'étais embarquée dans une relation, qui perdurait encore aujourd'hui. Il m'était arrivée de douter quand à mes sentiments pour lui, mais je me disais toujours que je l'aimais, après tout, je le connaissais mieux que quiconque. Lui, ne me fera jamais aucun mal.

- Je dois y aller, je suis sensé récupérer le petit morveux dans moins d'une heure ! s'exclama-t-elle en enfilant ses baskets et jetant son sac par dessus son épaule. Je viens te chercher à 19h ! Et sois à l'heure !

Elle m'embrassait la joue et descendait en trombe avant même que je n'ai eu le temps de répliquer. C'était du Samanta tout craché, s'enfuir en ne me laissant aucun choix. A 19h, elle rappliquerait et je savais pertinemment que si je n'étais pas prête, j'allais passer un sale quart d'heure.

Je m'affalais alors tout de mon long sur mon lit, j'étais assez grande pour être honnête. Environ 1m78, et je détestais ça. J'avais longtemps été victime de critiques du à ma taille, mais Sam et Aaron venaient toujours à ma défense. Même si je leur demandait explicitement d'arrêter, je tenais à me défendre seule, au fil des années j'ai finis par me créer une carapace gonflée de réparties, on ne pouvait plus m'atteindre, du moins c'est ce que je pensais.

Je décochais mon portable et composais le numéro de mon petit-ami (ex?), j'hésitais longuement avant de finir par verrouiller mon cellulaire. Ce n'était pas le moment, je le verrais ce soir après tout, je savais qu'il serait là. Il ne ratait aucune soirée, d'autant plus qu'il devait y avoir des boissons alcoolisées et des produits illicites à foison, sujet de notre précédente dispute d'ailleurs. Depuis que le groupe Broken Black Wings l'avait remarqué, et qu'il jouait en tant que guitariste officiel, il s'était orchestré dans un cercle vicieux de drogues et de soirées; ET ça, ça me déplaisait. Cela ne lui ressemblait pas.

Mon alarme retentissait m'avertissant alors qu'il était 18h15 et que ma tornade de meilleure amie allait crier à ma fenêtre dans moins d'une heure. Je devais m'avoir assoupie à force de me laisser porter par le flux incessant de mes pensées. Cela arrivait bien trop souvent, à mon sens.

Une douche et ma tenue enfilée; un jean ainsi qu'un petit crop-top en coton. Il faisait bon à ce moment de la saison. J'enfilais une veste en cuir noir, cependant, mieux valait rester prudente; me disait toujours tante Kathy. Mes Doc Martens au pied, j'étais fin prête à affronter Madame Règlement alias ma tante. Je dévalais les escaliers pour la retrouver comme d'habitude avachie sur son bureau. Elle devait encore trier ses factures et ses relevés de ventes. Ma tante dirigeait une boutique de bijoux artisanaux à base de pierres et de cristal de verre, je l'aidais parfois quand j'avais un temps lire. Je voyais bien qu'elle peinait à s'en sortir seule. Je me plantais devant elle, prenant une profonde inspiration avant qu'elle ne daigne lever les yeux hors de son tas de feuilles désordonnées.

- Tu comptes sortir ? m'interrogea-t-elle un sourcil relevé.

- Hé bien, il se trouve que j'ai un mémoire de Sociologie à rendre pour demain et que j'ai oublié mon livre et le reste de mes écrits avec Samy. J'allais simplement les récupérer et on s'est dit qu'on pouvait manger un bout au Merkat's Burger avant de rentrer.

Je n'avais jamais été bonne menteuse, mais j'espérais que cette fois cela allait couler de source. Bien que je semblait impassible, ma tante me jaugeait du regard, ce qui me rendait nerveuse au plus haut des points. Elle se levait alors, venant déposer ses minuscules lunettes sur la pile de documents et se retourner vers moi, un regard accusateur voilait ses yeux d'ordinaire chaleureux et doux. Je craignait, cette réaction pour tout dire. Même sortir ne serais-ce que pour étudier (ou aller batifoler avec Aaron dans le parc) elle me l'interdisait. Je me sentais comme prisonnière, alors que je voyais les filles de mon âge trouver leur indépendance, je me retrouvais planter là à demander à ma tante l'autorisation de sortir.

- Je doute que cela soit une bonne idée ma minouche, finit-elle par déclarer venant adoucir son regard lorsqu'elle le posa sur moi.

- Je vais juste étudier et manger avec ma meilleure amie, je ne vois pas ce qu'il y a de grave !

- Il va bientôt faire nuit, ce n'est plus l'heure de sortir. Tu peux étudier ici, j'ai installer une borne Wi-Fi, c'est bien pour que l'on s'en sert ! Tu pourras avoir toutes les informations de Sophrologie sur le Net; Et puis je te ferais un de tes plats préférés ! Tu peux même inviter Samanta si tu le désires tant.

- Sociologie, c'est de la Sociologie rétorquais-je à bout de nerfs, je sentais comme une étrange sensation au niveau de mes phalanges, un mélange de chaleur et de fraîcheur, je crispa les poings avant de prendre une longue inspiration. La sensation sur mes doigts disparût aussitôt m'étais-je calmée. Je monte dans ma chambre, pas la peine de me servir un plat, je n'ai plus très faim. Bonne nuit, Tante Kathy.

- Azura, attends ! s'écria-t-elle alors que je remontais dans la seule pièce ou je me sentais à ma place dans cette foutue baraque.

J'avais 19 ans et elle me traitait encore comme si j'en avais 10. J'en avais plus qu'assez de ses restrictions, j'étais adulte et je pouvais bien décider de mes faits et gestes sans devoir être supervisée par Madame Règlements. J'attrapais vivement mon sac de cours que je balançais discrètement par la fenêtre. Elle n'était pas très haute, et à chacune de mes précédentes escapades, c'était le chemin que j'empruntais pour déjouer la haute surveillance de ma tante. Une fois en bas, je pris un moment pour observer mes mains. Cette étrange sensation que j'avais perçu.. ce n'était pas la première fois que cela se produisait. Je ne savais pas à quoi cela pouvait correspondre mais en tout cas, une chose est sûre, je devais m'éloigner de là avant qu'un des voisins n'aille rapporter à ma tante ma présence dans le jardin.

Les phares de la Ford de Samy venait m'aveugler pendant que je sprintais dans sa direction. J'ouvrais la portière et venait me glisser sur le siège passager, dévisageant la jolie blonde. Elle s'était vraiment apprêtée, me faisant presque regretter mon choix misérable de tenue. Elle portait une jolie robe moulant ses formes généreuse couleur champagne, ainsi qu'un chignon haut retenu par des petites épingles en formes de papillons dorés. D'accord, j'avais l'air d'une clocharde à coté.

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