Chapitre 9 - Immondices

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Sur l’immense écran s’affichent deux photos. Un haut le cœur s’empare de l’assistance. En une fraction de seconde, la chaleur s’évapore du plateau. En gros plan, les images des même filles rendues méconnaissables par des coups et blessures. Deux visages tuméfiés, une partie des cheveux arrachés dévoilent un crâne ensanglanté. Les croutes de sang et les œdèmes défigurent toute la fraicheur et la jeunesse d’autrefois.

Le ton du journaliste devient sentencieux :

- Il y a eu une plainte. Pour la première, vous l'auriez molestée au visage d'une main alors que de l'autre vous la teniez par les cheveux. Elle aurait eu la mâchoire cassée et la moitié des cheveux arrachés en un seul coup. Une chaise aurait fracassé le visage de l’autre selon leurs propres témoignages. La réponse cingle du tac au tac:

- La plainte a été retirée. Je ne suis accusé de rien hormis d'avoir sorti quelques filles de la misère de mon pays. Je les ramène par dizaines et grâce à moi elles connaissent la grande vie.

- Ne seraient-elles pas un peu trop jeunes ?

- Elles ont dix-huit ans… Du moins, c’est ce que disent leurs papiers…

Un nouveau sourire dégoulinant de provocation s’affiche.

- Votre vie du soir est débordante. On dit que vous remplissez vos jacuzzis de champagne avant de les remplir de filles ? Est-ce vrai ?

- Avec moi tout va par trois…

- On raconte que vous faites appel à un service traiteur toutes les semaines.

- Tout à fait.

L’écrivain sourit en se tapotant la panse. Le regard du journaliste devient carnassier.

- Ça vous fait quoi de manger à vous en faire mal au ventre ? À boire au point de vomir ? À gaspiller des produits de luxe. À rouler en voiture sportive. A vivre comme si la moitié du monde n’existait pas ?

- Je ne suis pas vraiment différent de vous, européens. À chaque fois qu'un occidental tire la chasse c'est le tiers monde qui s'appauvrit. Je suis juste plus conscient de la chance que vous avez. J'en profite car je le peux. J'en ai les moyens...

Les yeux du professionnel se transforment en deux trous noirs. Sa question suivante transperce son interlocuteur.

- Vous gérez un groupe financier important, vous multipliez les offres de rachats hostiles. Vous sortez, vous buvez, vous fumez, certains parlent de substances illicites et pourtant, vous parvenez à sortir deux romans par an... Quand avez-vous le temps d’écrire ? Quel est votre secret.

Le sourire s’affiche comme une victoire sur le monde.

- Je fais des pèlerinages au pays pour trouver l’inspiration. Mais je ne souhaite pas en dire plus. Comme on dit chez nous... Trop parler… c’est la recette à problèmes.

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