Chapitre 7 - Assassiné
Les cris d’horreur ont couvert l’allégresse qui secouait jusqu’alors la savane. En ce jour de fête, et avant même que l’incroyable nouvelle ne me parvienne. Ils étaient déjà là, il était là ; il m’avait trouvé. Une horde sauvage, une armée de barbares. Des monstres assoiffés de sang, des mangeurs d’âmes, les crocs remplacés par des machettes.
Je revois la porte voler en éclat, notre éducatrice tirée dans la classe par les cheveux. Les cris, les pleurs, les bancs que l’on bouscule, les enfants que l’on piétine, le massacre, le sang, les tirs, l’odeur de poudre, un goût de métal emplit ma bouche, la peur me déchire le ventre, le goût de bile insoutenable. Jusqu’à deviner, savoir avant l’heure, pressentir le drame, l’arme se lever, comprendre avant que cela ne se produise, déchiffrer l’inéluctable, le canon pointe dans sa direction, mes larmes, mes cris, mes gestes impuissants, ma douleur. L’arme claque et mon amour meurt.
Moi, Abioni en ce jour de fête… Moi Abioni, je suis mort.
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