4 - Mon cauchemar et celui des autres (2/4)

17 minutes de lecture

Ayant rapidement trouvé la bonne clé, trois choix donc facile, j’ai lentement et avec prudence ouvert la deuxième porte et j'y ai découvert sans grande surprise une chambre. Encore une et exactement comme la mienne et celle de Céleste. Même disposition, même odeur de pourri avec des murs dont la couleur original est difficile à deviner.

« Cet endroit est vraiment particulier… L'atmosphère est pesante et compliquée à supporter.

J'ai silencieusemement aquiescé la peur au ventre, ce genre d'endroit est un vrai nid à problèmes.

Mais j'ai très vite chassé cette idée de mon esprit d'un seul coup. Ce n'est pas parce que je n'ai plus peur, mais parce que la vue d'une fille à moitié affalée sur un matelas similaire à celui de Céleste se trouve en face de nous.

« Oh mon Dieu ! Elle est morte ? demanda Céleste surprise et effrayée.

Je ne pense pas que ce soit le cas, elle semble juste plongée dans un sommeil assez profond mais la possibilité qu'elle soit morte, bien que peu probable, n'est pas à écarter. Je me suis donc silencieusement approché afin de confirmer son état. Je vais essayer de prendre son pouls.

J'ai commencé d’abord par la mettre dos au mur, je l'ai calmement assise pour ensuite chercher la moindre trace de coups ou de blessure. Mes gestes de vérification sont précis et dotés d'une minutie que je ne me reconnais pas, peut être que je fais ça pour paraître le plus rassurant possible ?

Quoiqu'il en soit, son apparence reste sans particularités contrairement à Céleste, un t-shirt pourpre à manches courtes maculé de poussières ainsi qu'un short en jean bleu tout ce qu'il y a de plus basique. Ses jambes non plus ne comportent aucune traces d'agression voir même de blessures.

La vue de cette fille est presque comique, un mince filet de bave scintillant lui tombe du coin inférieur gauche, elle arbore un grand sourire faisant penser à une sorte de malice.

Céleste, qui n'avait pas bougé d'un centimètre jusque là, fut intriguée et me rejoignit face à cette fille, très probablement en ayant vue son visage amusant.

Ses petits pas résonnèrent jusqu'à moi, elle s'est arrêtée. Je vois qu'elle continue de garder une distance de sécurité, chose que je devrais faire aussi d'ailleurs...

« Elle... doit sûrement faire un joli rêve laissa échapper Céleste, songeuse.

J'ai pris le poignet de notre compagne pour vérifier son pouls. Et je n'ai été qu'à moitié surpris du résultat : normal. Parfaitement et totalement normal. J'ai donc tourné la tête en direction de Céleste pour lui en faire part :

« Elle est vivante. »

Je me suis de nouveau tournée vers la fille pour lui relever le visage. Rien de particulier non plus.

C'est alors qu'elle s'est mise à ouvrir les yeux et ce, instantanément. Elle s'est réveillée à une vitesse que je ne pensais pas possible ! Seulement deux secondes se sont écoulés pour qu'elle se rende compte qu'elle a en face d'elle deux inconnus dans un lieu glauque au possible dont l'un qui lui touche le visage.

« Aaaah ! »

Son cri de surprise s’est suivi de son coup de tête réflexe dû à son sursaut, et sachant que je suis juste en face d'elle, elle ne m'a vraiment pas loupé !

« Aïe !

— Ooh ! Serais-je observée pendant mon repos ? Ah nan, je sais ! T'es là pour me délivrer, comme une sorte de prince charmant ? Hmmm... mes rêves sont très étranges à vrai dire. Bon, fais ce que t'as à faire, je vais pas t'en empêcher et on s'en fiche vu que c'est un rêve. »

Après avoir dit cela, cette fille ferma les yeux et s'approcha de moi, prête à m'embrasser. C'est plutôt moi qui suis en train de rêver là ! Sa réaction n'a absolument aucun sens !

D'un geste de la main, je lui ai reculé le visage :

« Arrête ! Et crois-moi que tu peux difficilement plus te tromper ! Un type arrive devant toi dans un bâtiment vide et la première chose que tu fais, c'est essayer de l'embrasser ? Je suis très loin d'être un prince charmant !

— Roh, dis pas ça. T'es pas vraiment moche hein. »

Pardon ?! Elle n'a aucune blessure mais des problèmes de vue j'ai l'impression.

Avant de pouvoir me poser d'autres questions sur elle, Céleste prit la parole :

« Ahem... je ne veux pas vous déranger mais j'aimerais savoir si vous allez bien. Avez-vous un collier aussi ?

— Euh... Attendez, on est dans la réalité ?

— Oui. »

Elle jeta un regard à droite, puis à gauche pour le reposer sur moi et d'un air gêné, elle reprit :

« Ne vas pas te faire de fausses idées ! Je pensais que je rêvais ! J'ai bien le droit de m'amuser dans mes rêves. O-Oubliez ce que vous venez de voir.

C'est la première impression que j'ai eu de toi, celle qui marque. Ton attitude extravagante, je ne suis pas prêt de l'oublier.

« Pouvez-vous répondre à ma question s'il vous plaît ?

— Ah euh... ouais ! Attends, mais c'est planté dans mon cou ! Ça pique ! Aïe ! Y'a pas moyen de le retirer ?

— Impossible. Céleste a aussi essayé mais ça lui fait plus mal qu’autre chose, tu devrais éviter de trop tirer si tu ne veux pas t'arracher des morceaux de chair. »

Même si je pense que tu l'as déjà sûrement remarqué...

« Céleste, c’est qui ? »

À peine avait-elle fini sa phrase que Céleste commença à s’approcher pour être juste à côté de moi. Elle s'est mise à tendre sa petite main en guise de salutation :

« Enchantée de faire votre connaissance, bien que l’endroit soit assez effrayant et qu’il ne soit pas vraiment adapté pour des présentations. Je m’appelle Céleste Nyakoa. »

Il est vrai que ce n'est pas un parc ou simplement le lycée, cet endroit fout les jetons comme pas possible. Sa capuche s'est mise à pendre en avant, tout son attirail doit faire une taille au dessus de la sienne, je me demande bien pourquoi du coup.

« Comment est-ce que vous vous appelez ?

— Ooh ! Mais tu es bien élevée ! C'est ta petite soeur ? »

J'eu un soupir et Céleste un "Qu- ?!" de surprise. Je vois que je ne suis pas le seul à être confus par son apparence.

« T'es vraiment choupi comme tout ! Ton grand frère t'as bien élevé en tout cas. »

Le sourire aux lèvres, cette fille plonge de plus en plus dans une méprise des plus gênantes pour Céleste mais aussi pour moi.

« Non, vous faites erreur ! Je ne suis pas une membre de la famille de Sorel, je suis simplement... plus petite que la moyenne. »

Beaucoup plus petite j'ajouterais.

« Ooh ! Excuse moi, tu as eu des problèmes de croissance ? Ou bien tu es née loli ? Ou encore-

— Ahem ! »

Ah, j'ai déjà vu ça.

Cette fille est quand même très bavarde pour une personne prisonnière dans un endroit inconnu. J'ai même l'impression qu'elle n'a pas peur. Dois-je être impressionné ou terrifié par une attitude pareille ?

« Peu importe ma petite taille. Comment est-ce que vous vous appelez ?

— Claria. Je m'appelle Claria fit-elle le sourire aux lèvres, j'ai été kidnappée. »

Et comment tu peux dire ça en étant aussi joyeuse ?! Je ne te connais pas mais tu ne m'inspires pas confiance, les gens comme ça et leur optimisme à deux balles, ils peuvent se le garder !

« Je viens de voir, y'a une clé sur la table derrière vous. C'est celle pour m'enlever ces menottes ? »

Sans lui répondre, je me suis retourné pour me diriger vers cette table. Rien de particulier, une vieille table basse en bois sombre à trois pieds qui m'a l'air en bien plus bon état que le lieu où elle se trouve. Dessus, il y a une petite clé en métal ainsi qu'une sorte de feuille dans une pochette plastique. Tout cela m'a l'air important, j'ai donc ramassé la clé tout en parcourant la feuille des yeux :

« Nom du joueur numéro deux : Claria Ymise. Âge : 17 ans. Sexe : féminin. Date de naissance : 21 juin 2002. Groupe sanguin : A-. Hobbies : Joue du piano occasionnellement. À une tendance à la lecture de BD. »

C'est la même feuille que moi, sauf qu'ici, cela précise qu'elle est un "joueur". Je ne comprends pas du tout. Pourquoi donner des informations comme la date de naissance, l'âge mais plus particulièrement le groupe sanguin ? Les hobbies confirment que la personne qui a écrit ces lignes a espionné d'une façon ou d'une autre cette fille. La précision est d'autant plus terrifiante parce que c'est écrit "occasionnellement". Il a dû donc s'y reprendre plusieurs fois pour le confirmer... Et si ça se trouve, c'est mon cas à moi aussi.

Quelqu'un qui m'espionnait ces derniers jours... l'idée me terrifie. Je repense aux fois où j'étais seul, en rentrant du travail, en revenant de la boutique parfois dans la soirée. Je me remémore chaque bruit suspect que j'ai pu entendre lorsque je n'avais pas les écouteurs vissés aux oreilles, les mouvements étranges que j'ai cru apercevoir du coin de l'oeil. Ça arrive de croire ce genre de chose, surtout le soir seul mais maintenant que j'y pense, ce n'était sûrement pas mon imagination...

À côté de ce descriptif se trouve une photo de Claria, photo parfaitement identique à l'authentique à tel point que je me demande si elle n'a pas été prise la veille. Elle a les cheveux violets assez courts qui lui arrive à peine sur les épaules, des yeux d’un marron si clairs que je pourrais sans problème dire qu'ils sont oranges. Son regard lui donne un air sûre d'elle, je ne saurais trop comprendre pourquoi j'ai cette impression mais je pense que cette fille n'est pas vraiment du genre à hésiter dans la vie, sûrement à foncer tête baissée sans réfléchir. Étrange qu'un simple regard en dise autant sur elle, à moins que j'ai simplement un imaginaire débordant.

J'ai soupiré en essayant d'oublier le sentiment d'avoir été espionné puis me suis tourné vers elle :

« Claria ? C’est ça ? En voilà un prénom pas banal... »

Venant de quelqu’un s’appelant "Sorel", c’est une remarque que je ne devrais pas faire, mais je n’ai pas trouvé autre chose à dire.

« Quoi ? Il est mignon mon prénom, non ? C’est m- attends, comment tu le connais ? On s’est déjà vu avant ? Je ne me souviens pas de ton visage. Même si j'ai l'étrange impression qu'on s'est déjà vu quelque part...

— Pas du tout. Et je ne vois pas trop de quoi tu parles vu que je sors rarement. Je ne t'ai jamais croisé mais "ça" a l’air de bien te connaître. »

Claria tourna légèrement le visage sur le côté, intriguée :

« Ça ?

— Regarde. »

Tout en m’approchant des deux filles, je lui ai donné le papier qu’elle se mit à lire immédiatement. Ses yeux dévorent le morceau de papier avec vigueur. Le mouvement horizontal de ses yeux se fait à une vitesse impressionnante. Quelques secondes lui ont suffit pour lire ce qu'il y a d'écrit. Après avoir terminé, elle a simplement levé le bras pour se gratter nerveusement la tête :

« Ooh ! Ils savent plein de choses sur moi mais ils auraient dû préciser que ce sont des mangas que je lis, pas des BD. »

Les mangas sont des BD japonaises... C'est la seule chose qui la choque ? Il y a de quoi s'inquiéter en voyant ça mais ça n'a pas l'air de l'effrayer.

« Qu’est-ce que c’est ? demanda Céleste.

— Une sorte de résumé de Claria. Il y a son nom, son prénom, sa date d'anniversaire et d'autres trucs...

— Pourquoi donc ? Êtes-vous une célébrité dont j’ignore l’existence ? Je suis désolée car je ne regarde pas vraiment la télévision. »

Claria éclata de rire avant de répondre en continuant de sourire :

« Nan, je ne suis pas connue du tout ! C’est juste les gens qui nous ont capturés qui sont de sacrés stalker ! Pourquoi autant d’infos à mon sujet ? Je ne suis pas si importante que ça. »

Pour eux si apparemment. Oh, mais j’y pense ! Moi aussi j'ai une fiche comme ça qui était dans ma chambre, je suppose que c'est plus facile que de me présenter.

« Regardez. J'ai moi aussi une fiche qui était là où je me suis réveillé, elle est identique à la tienne.

— Alors je ne suis pas la seule à m'être fait espionner. On dirait qu'on a des admirateurs secrets répondit Claria d’une voix bien trop enthousiaste pour la situation.

Céleste a silencieusement pris la feuille que je leur tendais sans rien dire :

« Je ne pense pas que ces gens là nous admirent, on dirait plutôt qu'ils voulaient rassembler le maximum d'informations sur nous. Mais dans quel but ?

— J'en sais rien, mais faut croire qu'ils font bien leur boulot. Fais moi voir ta fiche que je mette un nom sur ta tête. »

Céleste lui tendit ma fiche pendant que j'ai lentement libéré Claria de l'exact même paire de menottes qu'elle.

Il ne me fallut que quelques secondes pour me rendre compte que la clé rentre parfaitement dans la serrure. Je ne comprends pas bien pourquoi mettre la clé juste en face de là où elle va. J'espère avoir la réponse à un moment...

« Voilà. T’es libre. Allez lèves-toi maintenant. »

Claria s'est frotté le poignet tout juste libéré puis elle s'est étirée laissant furtivement apparaître son ventre. Et pour le peu que j'ai vu, je dirais qu'elle doit être sportive vu la silhouette qu'elle a.

Tout comme elle, je me suis relevé non sans être rapidemment suivi par Céleste. Cela me permet de juger si l'une des deux est potentiellement dangereuse.

Claria a une allure svelte, atlhétique même. Contrairement à Céleste et son air presque chêtif, Claria dispose d'une forme que je peux deviner rien qu'en étant à côté d'elle et en ayant entraperçu son ventre. C'est elle qui pourrait être une menace mais je pense qu'elle n'a pas l'air méchante, plus enjouée et peut être un poil naïve.

Après avoir lu ma fiche, Céleste porta sa main à son menton, pensive :

« Au moins, vous avez été sincère quant à votre identité. » fit-elle assez bas.

Claria s'est approchée d'elle pour jeter un coup d'oeil à son tour :

« Ah ouais ? Ou alors cette fiche nous ment et tu ne t’appelles pas… Sorel ? Faut croire qu’on a tous les deux des prénoms pas communs haha ! »

Sa voix pleine d'énergie résonne entre les murs triste et vide de la chambre comme si elle essayait de leur insuffler un peu de sa joie de vivre. Mais tout ce qu'elle réussit à faire, c'est m'agacer avec son ton qui semble dire "Tout va bien !". Je sais bien qu'elle ne pense pas vraiment ce qu'elle dit et qu'elle plaisante mais je lui ai quand même répondu au premier degré :

« Alors j’imagine que j’aurais pu dire la même chose pour ta fiche sauf que tu l’as confirmé toi-même que celle-ci disait bien la vérité sur toi. Pourquoi la mienne ne ferait pas pareille ? »

Claria perdit vite son sourire, je peux presque lire dans ses pensées en ce moment même, elle doit se dire que je ne suis pas drôle. Mais ce n'est vraiment pas le moment.

« Ah, euh… Roh ça va ! Je te taquinais juste ! »

J'avais vu juste. T'es vraiment trop drôle.

« N'empêche, est-ce que je peux me permettre de te prendre dans mes bras ? »

N'attendant même pas sa réponse, Claria s'est approché de Céleste pour l'enlacer contre sa poitrine, les bras autour de sa tête.

« Haha ! Tu es la petite soeur dont j'ai toujours rêvé ! Qu'est-ce que t'es choupi ! »

Tu ne la connais pas, qu'est-ce que t'en sais hein ?

« A-arrêtez s’il vous plaît ! C’est une s-situation très embarrassante ! Je ne suis pas une- aïe, une poupée ! »

Voir deux filles enlacées serait sûrement bien plus adorable si ce n'était pas dans un bâtiment abandonné où nous sommes très certainement retenus en otage.

Céleste finit par se relâcher de l'étreinte de Claria tout en faisant en sorte de garder sa capuche basse. Elle la tira un peu en avant puis repris :

« Dans tout les cas, nous devrions continuer à explorer le bâtiment. Sorel a encore deux clés et je suppose qu'elle permettent de libérer deux autres personnes.

— T’as des clés ? Pourquoi ? demanda sèchement Claria.

— Je sais pas. Elles étaient dans ma chambre à côté de mon matelas. Contrairement à vous deux, je n'étais pas attaché ni quoi que ce soi-

Claria me coupa net dans ma phrase pour me répondre :

« Eh oh, je t’arrête tout de suite. Des histoires comme ça, j’en connais hein ! C'est sûrement pour ça que t'as indiqué être "le maître du jeu". Je trouvais ça bizarre mais là, tu dis que c'est toi qui a les clés pour nous libérer ? Tu serais pas celui qui nous as enfermés par hasard ? »

La voix de Claria s’est obscurcie à un tel point que ça en est effrayant. Elle ne me fait absolument pas confiance. J'en étais sûr que ma situation initiale allait causer des soucis de confiance, et bah ça n'a pas loupé !

« T’es en train de dire que je suis le genre de personne à observer la vie quotidienne de gens que je ne connais pas ? Que je pourrais rechercher des informations aussi précise que la date d'anniversaire ou le groupe sanguin de ces mêmes personnes ? Que je pourrais les kidnapper pour les enfermer je-ne-sais-où ? Tu me prends pour un malade ?! Pourquoi je ferais ça ?! Je suis pas celui qui organise ce petit "jeu" !

Claria sembla quelque peu déroutée par le ton aggressif que je venais de prendre mais elle qui a un air aussi enjouée dans une situation aussi alarmante, n'est-elle pas plus louche que moi ? Son ton de voix dans sa réponse correspond parfaitement au mien : exponentiel.

« Alors on va vraiment participer à un jeu organisé par tes soins ?! T'as une preuve qui pourrait discréditer ton rôle d'organisateur ?

— Tu veux une preuve ? En voilà une ! »

Exaspéré, j'ai farfouillé dans ma poche pour en sortir le premier bout de papier que j'ai trouvé me disant quoi faire. Claria le prit sans dire mot puis le lut à voix haute :

« "Dans une situation de survie, il faut savoir compter sur les autres si vous n’êtes pas seul. Ces clés vous montreront avec qui la partie se jouera."

— Si j'étais l'organisateur, pourquoi je me serais donné des instructions ? Et je te signale qu'il n'y a pas de cahier ici alors ne viens pas me dire que j'aurais pu l'écrire avant !

— Je vois. Mais je ne retire pas ce que j'ai dit ! T'as très bien pu l'écrire avant d'arriver ici et faire semblant de l'avoir trouvé ! »

Qu'est-ce que c'est que cette paranoïa ?! T'as l'air d'être heureuse ici ! C'est toi qui devrait te justifier ! Toute ma haine et mon dégoût pour les autres bouillonnent dans ma gorge, je n'ai rien pu faire pour tout retenir alors j'ai vidé mon sac :

« Bordel ! Il te faut quoi pour que t'arrêtes de me suspecter ?! Si on n’était pas dans un pétrin pareil, j’en aurais rien à faire de savoir si tu me fais confiance ou pas ! Je déteste les gens en général alors je n'irais pas écrire qu'il faut "compter sur les autres" ! Tu crois vraiment que j’irais chercher des filles pour les séquestrer et leur faire participer à un jeu dont j’ignore même les règles ?! Je suis peut-être détestable, mais je ne suis pas cinglé ! Alors, arrête d’accuser des personnes quand tu ne les connais pas ! »

Tout l'agacement que j'avais pour elle est ressortie d'un seul coup. Je pensais au fond de moi qu'une fille qui a un centre d'intérêt que je partage pourrais être sympathique. Ben absolument pas ! Elle est juste flippante !

Claria ne répondit pas dans l'immédiat, je ne pense pas qu'elle s'attendait à ce que je lui hurle dessus. Elle s'apprêtait à ouvrir la bouche quand :

« Arrêtez de vous disputer ! »

La petite voix de Céleste a réussi à nous faire sursauter tout les deux.

« Claria, tout cela est futile. Au vu de son discours, je ne pense pas qu’il est le créateur de ce "jeu". Et même si vous le dîtes, je ne pense pas que vous soyez si détestable. »

Pourquoi est-ce qu'elle dit ça ? Tout ce qu'elle sait de moi, c'est que je suis désagréable.

— Je ne crois pas. Claria se trompe quand elle dit que je suis l'organisateur mais je ne me trompe pas quand je dit que je suis détestable. »

Céleste fit "non" de la tête :

« Non, je reconnais que vous avez l'air un peu difficile à vivre... mais je suis sûre que vous n'êtes pas quelqu'un de mauvais. Vous êtes honnête dans ce que vous dîtes et c'est déjà une bonne chose. De plus, la minutie dont vous avez fait preuve quand vous avez inspecté le corps de Claria pour y constater l'absence de blessure, je ne pense pas qu'une mauvaise personne ferait ça. »

Claria me jeta un regard de colère tout en mettant ses deux bras devant sa poitrine comme si elle était exposé, je crois qu'elle comprends autre chose...

« Si ce n'est malheuresement pas le cas de Claria, alors c'est le mien. Je vous fais confiance. »

J'avoue que je ne sais pas quoi dire. C'est elle qui a l'air d'être très naïve. Même si je suis assez content de sa confiance, je me suis contenté de bafouiller :

« Qu’est-ce qui te fait croire ça ? On se connaît depuis vingt minutes.

— Je ne le crois pas. J'en suis sûre sans trop que je sache pourquoi. »

On ira pas loin avec ces argumentations. Céleste a le regard tellement bas qu'elle ne doit voir que ses chaussures à ce point.

« Je... je ne prétends pas vous connaître mieux que vous ! J’aimerais juste que l’on soit unis pour nous sortir de cette situation délicate ! Je sais que ma confiance parait superficielle mais je vous prie de croire que ce n'est pas le cas !

— Non, je te crois. Écoute moi Claria, qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu me fasses confiance ? J'ai jamais essayé de gagner la confiance des gens alors je ne sais pas quoi faire.

Claria soupira puis après quelques secondes, elle repris un léger sourire :

— T'as pas besoin, je te comprends. C'est vrai que t'as pas l'air de mentir. »

Elle s'est de nouveau gratté nerveusement le crâne le regard fuyant tout en ajoutant :

« Je suis vraiment désolée. Ça a pas l'air mais j'ai quand même peur, m'en veux pas, je voulais égoïstement trouver quelqu'un à blâmer... Faut croire que c'est moi qui suis détestable en fait.

— Nan, pas à ce point. Si on dissipe le malentendu, alors il n'y a plus de problèmes. »

Ou en tout cas, il y a "moins" de problèmes.

Et alors que je m'apprêtais à sortir de la pièce, Claria m'a posé une question étrange :

« J'aimerais savoir, est-ce que tu me détestes ? Je préfère garder le sourire face à une situation pareille alors si ça ressemble à de la naïveté exaspérante, j'en suis désolée. »

Je vois. Ce n'est pas une candeur similaire à celle de Céleste mais plutôt un optimisme très simple qui la caractérise. Je me suis trompé sur son cas on dirait.

« Je ne t'en veux pas, ne t'inquiètes pas pour ça. Mais pourquoi cette question ?

— C'est sans importance. Je n'aime pas quand on me déteste. »

Son regard reste toujours aussi fuyant, j'ai l'impression qu'elle veut dire autre chose mais qu'elle se retient.

« Bon, on y va ? finit-elle par dire le ton plus calme.

— Ouais.

— Je vous suis. »

On s'est enfin décidé à sortir de cette pièce sombre et sale.

Claria et Céleste sont sorties d'ici en même temps, je me suis dirigé vers elles quand quelque chose m'a perturbé : une sorte de vibration sur mon poignet droit, celui sur lequel j'ai une sorte de bracelet. La sensation est assez désagréable, j'ai donc naturellement regardé ce qui s'est passé et c'est là que j'ai vu quelque chose qui me laissa perplexe : l'écran du bracelet est allumé.

Annotations

Vous aimez lire Lor millon ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0