4 - Mon cauchemar et celui des autres (2/3)

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C'était assez inattendu pour le coup, j'avais senti quelque chose d'étrange sur mon poignet alors je l'avais levé pour vérifier quand j'avais vu l'écran allumé : celui-ci montrait simplement un "S" blanc sur fond noir. Je ne pouvais donc pas établir une explication là-dessus, je n'en savais absolument rien car les règles n'ont même pas encore été évoquées ! Si ça se trouve, ce "S" veut dire quelque chose d'important mais impossible de savoir quoi. Après tout, ça peut être n'importe quel "jeu" auquel nous allons participer donc je peux m'attendre à tout mais surtout au pire sachant que je suis apparemment le "maître du jeu" donc je vais avoir des responsabilités non ?

Alors que je réfléchissais aux significations de tout cela, je n'avais pas remarqué que je m'étais arrêté soudainement, une voix me rappela de ma profonde réflexion :

« Eh Sorel ! Tu fais quoi là ? T'as peur ou quoi ? »

La voix de Claria m'avait un peu surpris mais surtout m'avait fait retrouver mes esprits :

« Non, ce n'est rien. Attends, moi avoir peur ?! Tu rigoles j'espère ? Bien sûr que non...

— Alors viens ! Et montre que tu es le "maître du jeu" ! Si tu veux, je peux te tenir la main si tu as vraiment trop peur... »

Claria avait volontairement pris un ton de voix comme si elle parlait à un enfant sur la fin de sa phrase, je savais bien qu'elle plaisantait mais je dois avouer ne pas être fan de ce genre de remarque.

« Ouais enfin je suis le "maître du jeu" contre mon gré. Et j'ai pas besoin de toi et de ta main pour marcher.

— Oooooh ! C'est méchant Sorel ! Et dire que Céleste a dit que tu n'étais pas quelqu'un comme ça...

— N-nous n'avions pas besoin de ce dernier détail... » marmonna Céleste de sa petite voix.

Effectivement mais je ne vois toujours pas comment elle arrive à trouver du bon en moi sachant qu'on se connaît à peine, faudra que je lui demande quand on aura du temps libre mais pas maintenant, il y a d'autres gens à aller libérer. Je dis temps libre mais c'est assez idyllique, ça m'étonnerait qu'on puisse tranquillement se reposer si on participe à un jeu.

Nous avons donc entamé une marche dans le couloir toujours aussi sombre, des tuyaux se dessinaient çà et là sur le plafond et ceux-ci continuaient leur chemins sur les murs. Après tout, pour qu'un jeu soit bizarre, il faut que l'endroit le soit aussi...

Des petites lucarnes nous permettaient de ne pas être dans le noir complet mais elles donnaient une vue sur le ciel donc aucun moyen de savoir l'endroit exact où nous nous trouvions. On ne pouvait apercevoir que l'obscur ciel infini parsemé d'étoiles. Bien que c'était plutôt plaisant à voir, l'espace réduit de la petite fenêtre et surtout la situation empêchait de s'y attarder.

J'ai jeté un autre coup d'oeil à ma montre : il était presque vingt deux heures. C'est donc normal d'y voir les étoiles mais l'ambiance lugubre ne faisait qu'accroître avec l'obscurité grandissante. L'écran de mon bracelet s'était éteint, ça avait été assez bref mais ce "S" m'intrigue toujours, les réponses viendront, enfin je l'espère...

« Tiens d'ailleurs Céleste, on n'a pas vu ta fiche à moins que Sorel l'ait déjà sur lui comme pour la sienne.

— Nan. C'est vrai que je n'y ai pas pensé quand je l'ai libéré mais elle doit en avoir une elle aussi. On fait quoi ? On va la chercher en premier ou on libère les autres avant ?

— J'y vais attendez-moi ! »

Sans même nous laisser le temps d'ouvrir la bouche pour lui répondre, Claria s'était déjà éclipsé à la vitesse de l'éclair ce qui fait que j'étais de nouveau seul avec Céleste. Faut croire que Claria n'a pas peur elle non plus vu qu'elle se permet de s'absenter toute seule donc je dirais que la seule véritablement effrayée ici c'est Céleste. Enfin, je suppose.

Bon, je ne vais pas dire que je n'ai pas peur non plus mais là tout de suite, ça allait. C'était moins pire que tout à l'heure lors de mon réveil mais j'avais toujours une certaine angoisse de ce qui allait nous attendre, une sorte de mauvais pressentiment très désagréable mais je me dis que c'est mon imagination de paranoïaque qui me joue des tours.

« Dites... Pourquoi avons-nous été capturés ? Auriez-vous une hypothèse ? »

Céleste venait de briser le silence par une question dont ni moi, ni elle ne connaissait la réponse. Enfin, j'ai quand même tenté de lui répondre assez maladroitement :

« Peut-être pour de l'argent. Tout est à cause de l'argent aujourd'hui donc bon, ça ne m'étonnerait même pas. Quoique...

— Quoique ?

— Quoique nan en fait, tout le monde ne correspond pas à ce critère, la preuve : moi ! Je suis quelqu'un qui travaille dans un restaurant pour pouvoir me payer des trucs. Même si je suis logé et nourri par l'orphelinat, j'essaye d'avoir des économies histoire d'avoir un peu d'indépendance. Après tout, j'ai bientôt dix-huit ans donc je suis bientôt un adulte. »

Rien que de penser au fait que je sois bientôt un adulte me donna des frissons, je n'avais pas envie. Je préfère rester l'enfant que je suis dans ma tête et ne pas avoir de responsabilités comme tous les adultes, ça me faisait peur. Non, en fait, je suis carrément mort de trouille.

« Je vois... Il faudra bientôt s'occuper de toutes les choses que constitue la vie d'adulte. Il faudra... prendre ses responsabilités.

— Ouaip. J'ai toujours été seul alors je me débrouille bien et surtout, ça me prépare à ma future vie de solitaire. J'ai un peu peur de passer à la majorité mais j'ai un peu hâte aussi, ça sera une nouvelle étape de ma vie ! »

Mon ton de voix plutôt fier sembla étonner Céleste car elle recula d'un pas en arrière :

« Attendez, vous prévoyez de rester seul toute votre vie ? Vous n'avez pas d'amis, de gens sur qui compter ou bien même...

Céleste marqua une courte pause puis repris :

...une petite amie ? Désolée si je ne fais que vous ennuyer avec mes questions mais j'aimerais vous connaître vous et Claria. C'est une chose étrange de vouloir rester seul...

— Moi, une petite amie ?! Tu rigoles j'espère ? Quelle pauvre fille voudrait se coltiner quelqu'un comme moi ? Elles préfèrent les garçons beaux parleurs et sociables, tout le contraire de moi en fait. De toute manière, je n'en cherche pas et même, je n'en veux pas. Et puis, rester seul à ses avantages. »

J'allais lui ressortir tout mon charabia sur comment je perçois le sentiment "d'amour" mais je me suis retenue, après tout, elle n'a pas besoin de le savoir et pourquoi ça l'intéresserait ? Je sais bien qu'elle dit vouloir s'intéresser à nous mais je n'aime pas parler de moi ni même parler tout court à d'autres personnes en fait.

« Hmmm... mais vous n'avez pas d'amis non plus ? demanda Céleste, l'air interrogateur.

— Ça sonne comme une insulte, haha ! Mais à part un résident de l'orphelinat, Alter-eyes, nan personne.

— A-quoi ? Veuillez m'excuser mais je n'ai pas bien compris la fin de votre phrase. »

Ah, vieille habitude. Son pseudo est plus classe que juste son prénom donc j'avais tendance à l'appeler comme ça mais c'est vrai que pour quelqu'un qui l'entend la première fois, ça doit être surprenant.

« Alter-eyes. On l'appelle comme ça parce qu'il change tout le temps de lentilles de couleur mais il s'appelle juste Bill. Il n'a jamais les yeux de la même couleur et c'est assez marrant. Une fois, il a même mis deux lentilles de deux couleurs différentes donc il avait un oeil rouge et un oeil orange, hahaha ! Ça m'avait bien fait rire ! Mais je l'aime bien quand même parce qu'il n'est pas comme les autres à se la jouer tout le temps. »

Céleste ne répondit rien, elle semblait être dans une intense réflexion. Elle finit tout de même par dire :

« Je vois... »

Je ne sais pas si c'est mon imagination mais sa voix semblait légèrement irritée. Avant de pouvoir lui répondre, la voix de Claria se fit entendre :

« Oooooh... Il ne se passe rien. C'est dommage parce que je vous observe depuis tout à l'heure et j'attendais un truc.

— Et t'aurais été déçue. Crois-moi, t'aurais rien vu du tout. J'allais d'ailleurs justement demander à Céleste si on devait venir te chercher parce que t'étais super longue.

— Ohohohoho ! Mais c'était fait exprès mon cher ! Je voulais voir combien de temps vous pourriez tenir sans ma magnifique et somptueuse présence ! Une princesse se fait toujours attendre !

— Comme tu le vois, nous trépignons d'impatience.

— Enfin bref ! J'ai rapporté mon objet de mission et ai donc accompli ma quête avec succès !

— C'est bien. Tu veux des points d'expérience pour te récompenser ? Un trophée "j'ai réussi à prendre la fiche dans la chambre d'à côté en vingt minutes" ?

— Non merci ! J'ai déjà ma satisfaction personnelle de connaître en première tous sur Céleste ! Avoue que tu veux savoir aussi hein ? »

Sans lui répondre, je pris la fiche qu'elle nous tendait pour commencer à la lire dans ma tête :

"Nom du joueur numéro un : Céleste Nyakoa. Âge : 16 ans. Sexe : féminin. Date de naissance : 3 novembre 2002. Groupe sanguin : B+. Hobbies: ?"

Je restais perplexe face au point d'interrogation : ils avaient la flemme de finir leur boulot ? Ça devait être voyant sur mon visage car Claria me demanda :

« Toi aussi ça t'intrigue hein ?

— Ouais...

— Qu'y a-t-il ? Est-ce que quelque chose d'embarrassant est écrit sur moi ? Montrez-moi s'il-vous-plaît. »

La voix de Céleste était si sérieuse que je ne pus m'empêcher de lui donner la fiche sur elle tout en lui disant :

« Nan, c'est juste qu'on ne connaît pas tes "hobbies" et eux non plus à vrai dire. »

Céleste parcouru la feuille silencieusement avant de me la redonner puis de déclarer :

« Rien de tout ce qui est écrit n'est faux mais... je comprends pourquoi ils ne savent pas ce que j'apprécie.

— Ah ouais ? demanda Claria intriguée.

— Mais je préfère ne pas en parler. Pardonnez-moi si j'ai attisé votre curiosité mais je n'aime pas parler de ce côté de ma vie.

— Ah non ! Maintenant que tu as lancé le sujet, tu finis hein ! Moi je veux savoir ce que ma loli préférée aime faire dans la vie !

Ne reparle pas de "loli" s'il-te-plaît, j'ai eu ma dose. Et puis c'est déjà ta préférée ? Il t'en faut peu à toi...

« Oh ça va, laisse là ! Elle est pas obligée de déballer sa vie.

— Mais euuuuh ! Je veux savoir ! Allez s'il te plaît Cél-

— Non. »

La voix de Céleste était définitivement irritée mais restait ferme. Je pense qu'elle est énervée et c'est compréhensible avec Claria qui insiste aussi lourdement.

« Tu l'as entendue ? Elle n'a pas envie donc arrête avec tes histoires, y'a d'autres gens qui nous attendent je te rappelle. »

Claria me regarda, suspicieuse :

« Pourquoi tu prends son parti ? Est-ce que t-

— Rien du tout ! J'en ai marre de perdre du temps ici. Je veux savoir quel est ce jeu et je veux savoir comment sortir d'ici surtout !

Les deux filles se turent. Un silence gênant s'était installé. Silence que j'ai immédiatement brisé :

« Bon venez, on y va. »

Deux oui suivirent ma demande et nous voilà parti pour le troisième joueur.

En évoluant dans cet endroit, je ne peux m'empêcher de penser que ça serait parfait pour un film d'horreur. Tout y est : les murs glauques au possible, la poussière omniprésente, les rares objets pourris par la moisissure, moisissure qui prenait également place sur le plafond. J'ai comme l'impression que je suis loin d'avoir tout vu...

Nous sommes finalement arrivés devant cette porte, Claria se plaça devant moi et se mit... à toquer.

« Eh oh ! T'es réveillé ?! On rentre hein !

— Non mais t'es pas sérieuse ?! Dis-lui qu'on lui apporte un petit thé tant que t'y est ! Et puis qu'on va lui servir !

— Oooooh ça va ! T'es pas drôle Sorel ! »

Pas drôle ? Je crois qu'elle n'a pas compris la situation dans laquelle nous sommes là !

« Puis de toute façon, c'est pas comme si il allait te répond-

— Partez ! Allez-vous-en ! Je ne veux pas vous voir ! »

Une voix de fille complètement hystérique sortait de la porte à peine entrouverte. Encore une fille ? Je suis le seul garçon ou quoi ?! Et puis pourquoi est-elle réveillée ? J'imagine que c'est parce qu'on a pris plus de temps que prévu.

Malgré les protestations, j'ai ouvert la porte. Toujours la même chambre, en tout cas, la même disposition. Une fille, bien réveillée cette fois, était à genoux sur son matelas en hurlant de la laisser partir.

Connaissant déjà ce que je devais faire, je pris la fiche qui était sur la table pendant que Céleste et Claria entamèrent la discussion :

« Tu t'appelles comment ? » commença sobrement Claria.

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? Pourquoi vous me faites ça ?! Je vous en supplie, laissez-moi partir !

— Assez long comme prénom et pas très commun non plus. »

Je ne sais pas comment cette fille trouve encore la force de plaisanter.

« Êtes-vous blessée ? Oh. Je vois que vous avez le collier vous aussi.

— Oui ! Et ça fait mal à en crever ! J'essaie de le retirer depuis que je suis réveillée mais ça veut pas ! Vous êtes celle qui me l'a mis pas vrai ?! Retirez-le par pitié ! Je ferais tout ce que vous voulez !

— Je ne suis pas le genre de personne à commettre un acte aussi barbare. Voyez. J'ai également un collier tout comme Claria ici présente. »

Pendant ce temps-là, j'avais fini de lire la fiche :

"Nom du joueur numéro trois : Ophélia Sokovy. Âge : 17 ans. Sexe : féminin. Date de naissance : 14 février 2002. Groupe sanguin : O+. Hobbies : Écrire des histoires (tentatives multiples de publication par un éditeur toutes soldées par un échec)."

"Écrire des histoires", en voilà un passe-temps pas commun. Ça change de l'ordinaire "joueur de jeux vidéos" ou du "aime sortir avec des amis". Il y avait également sa photo sur le côté et ce que je peux dire, c'est que cette fille semble être un total opposé de Claria : Cheveux blonds assez longs, des yeux bleus qui pourraient être jolis s'ils n'étaient pas accompagnés de cernes bien visibles. Que ce soit en vrai ou sur la photo, Ophélia a des cernes très marquées sur son visage. Elle a également des petites lunettes qui cachent partiellement ses marques. Je veux dire, j'ai également des cernes constantes sur le visage mais c'est à cause de mes nuits blanches répétées à jouer avec Valya. Je me demande si elle joue elle aussi...

Et puis, s'ils ont pu dire que cette fille avait tenté à maintes reprises de publier un livre, pourquoi n'ont-ils pas pu observer Céleste ? Cette fille est celle qui m'intrigue le plus parce qu'elle cache beaucoup de choses. Mais je m'égare...

« Ophélia ? »

Toutes se retournèrent vers moi.

« Attends, comment est-ce que tu connais mon prénom ?! Est-ce que tu me suis le soir quand je rentre chez moi ? Est-ce que tu attends que je sorte de chez moi pour me traquer jusqu'à mon lycée ?! T'as un petit carnet avec tout sur moi inscrit dedans, j'en suis sûre !

— Très loin de là. Regarde. Il y a une fiche pour chacun de nous ici, toutes les fiches se ressemblent et ont toutes un point commun : elles savent presque tous sur nous. Du moins, pas notre passé ni notre personnalité mais des infos assez personnelles tout de même.

— Et pourquoi je devrais te croire ? Et puis pourquoi... tu n'as pas de collier toi aussi ?! Pourquoi cette fiche connaît autant de choses sur moi et pourquoi je suis là moi ?! Sortez-moi d'ici ! J'ai rien à faire dans cet endroit !

— C'est pas en hurlant que tu vas en sortir ! Tu nous casses juste les oreilles là ! Et si je savais pourquoi je n'ai pas de collier, je l'aurais déjà dit !

— Pourquoi je te ferais confiance ?!

— Parce que t'as pas le choix ! Tu crois que j'ai envie d'être là moi ?! Pareil pour elles alors t'arrête de faire ta capricieuse et tu vas nous suivre !

— Calmez-vous Sorel. Ce n'est pas en s'énervant qu'on arrangera la situation. »

Ophélia marqua une courte pause avant de se tourner vers Céleste :

« Pourquoi t'as une capuche toi ? Et pourquoi tu le vouvoies ?

— Est-ce grave de vouvoyer les gens que l'on ne connaît pas ? De plus, je porte cette capuche pour une très bonne raison. »

C'est vrai que je ne m'étais pas vraiment posé la question, enfin si mais j'avais mis ça sur le dos de la timidité. Je n'avais pas réfléchi à d'autres raisons : pourquoi porte-t-elle une capuche au point d'en masquer son visage ? Je l'avais remarqué, bien-sûr, mais je n'y ai pas vraiment prêté d'importance. Ce n'est pas le cas pour Ophélia par contre.

« Quoi ? T'as eu un accident et t'as des cicatrices horribles ? Ou non je sais ! T'as été brûlée dans un incendie ! J'ai déjà vu les marques que ça fait et c'est pas joli... »

Céleste ne répondit pas, chose que Ophélia prit pour un « Oui c'est ça. » car elle continua :

« C'est bon quoi ! T'as l'air mignonne en plus alors fais voir tes brûlures, j'en deviens curieuse ! »

Incroyable de savoir que cette fille hurlait il y a de cela deux minutes.

« Ce n'est pas important. Veuillez rester éloignée de moi si vous voulez l'enlever car je ne vous le pardonnerai pas.

— Ouais tu touches pas à ma loli ! Si elle ne veut pas montrer ses blessures, alors tu la laisses !

— Si c'est ce que tu veux... » répondit Ophélia l'air vexée.

Pendant ce temps, Claria avait ouvert les menottes avec la clé que je lui avais donnée, Ophélia finit par se lever tout en se frottant le cou :

« Ce truc fait vraiment mal ! T'as de la chance de pas l'avoir toi euh... Sorel, c'est ça ?

— Oui, c'est ça. La fille à la capuche, c'est Céleste et l'adoratrice de loli, c'est Claria.

— Eh ! Je la trouve juste mignonne, c'est tout !

— Bon bah moi, c'est Ophélia mais vous le savez déjà. Désolée pour ma... ahem, crise tout à l'heure. J'ai tendance à facilement paniquer mais voir que je ne suis pas seule me rassure un peu même si ce collier n'arrange pas les choses. Mon cou me brûle... »

Effectivement, Ophélia avait des marques assez importantes sur le cou. Ce collier à vraiment l'air d'être une calamité.

« Surtout pour moi vu que je suis le seul qui n'en a pas. Ça fait louche aux yeux des autres de voir que je suis le seul à ne pas en avoir un.

— J'approuve répondit Claria qui devait se souvenir de notre dispute.

— Mais t'as pas quelque chose de différent ? Un truc que t'avais pas avant et que t'as maintenant ?

— Si. J'ai ce bracelet bizarre, qui est tout comme vos colliers, planté dans ma peau. »

Tout en parlant, j'avais levé la main droite pour leur montrer.

« Ooooooh ! Même moi je le savais pas ça ! Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? me demanda Claria.

— T'as pas demandé.

— Pas faux...

— D'accord donc toi, t'as juste un bracelet ? Et il fait quoi ?

— Aucune idée. »

Bien que le bracelet ait affiché un "S" tout à l'heure, cet élément était si mineur que je ne l'ai pas mentionné. Quoique, je devrais peut être le dire quand même...

« Nous voilà bien avancés... pensa Ophélia à voix haute.

— Je propose que nous allions de suite chercher le dernier joueur pour commencer la partie. »

Ophelia se retourna vers Céleste, interloquée :

« Elle vient de dire quoi la petite ? Une partie ?

— Par contre, elle a seize ans. Ne te méprends pas. »

Je l'ai appris à mes dépends en l'ayant jugé comme les gens que je n'aime pas à toujours se fier aux premiers regards pour se permettre de juger quelqu'un, chose bien trop commune de nos jours surtout dans mon lycée. Et moi, je l'avais fais. Je m'en veux encore d'ailleurs non pas pour le fait que ce soit Céleste mais parce que j'ai agi comme tel.

« Ah ouais ? Ben, elle est petite quand même. J'ai pas raison ?

— Certes...

— Bon bref, c'est quoi cette histoire de partie ? »

C'est à moi de prendre la parole sur ce coup :

« On a apparemment été réunis ici pour participer à un jeu mais avant d'en connaître les règles, il faut que je délivre tout le monde grâce à ces clés qui étaient posées à côté de moi quand je me suis réveillé. »

D'ailleurs, en parlant de réveil, je me demande comment va Valya. Ça fait un moment que je ne l'ai pas vu et ça m'inquiète, est-elle restée à son poste ? Dès que j'ai un peu de temps, je vais la voir et qui sait, je pourrais peut-être la présenter aux autres.

« C'est vrai que c'est bizarre de savoir que t'avais les clés à côté de toi. Tu me fais peur quand même...

— Y'a pas de quoi avoir peur de moi, à moins que tu essaie de m'agresser physiquement, je vais pas te frapper.

— Parce que je suis une fille ?

— Ce genre de détail m'importe peu. Je ne frappe pas les gens normalement, mais si je devais le faire, je ne ferais pas de distinctions entre les deux. »

Ophélia semblait réfléchir à quelque chose avant de finir par dire :

« Je suis sûre que tu n'as pas de petite amie, n'est-ce pas ? »

Mais c'est dingue ça ! Il y a quoi avec le fait d'être un solitaire même en relation amoureuse ? Et pourquoi est-ce que ça a l'air d'intéresser tout le monde ?!

« Non et alors ? C'est quoi le rapport au juste ?! Tu penses que je la frapperai si j'en avais une ?

— C'est ce que je me disais.

— Et bien sache que je hais du plus profond de mon coeur les maris qui battent leurs femmes. Ces gens devraient pourrir en enfer.

— Pourtant, tu m'as dit que tu frapperais les filles si elles te poussaient à bout. Donc permet moi d'en douter.

— Mais non ! Hmm comment t'expliquer... Je fais une distinction entre une personne importante, donc là, une petite amie, et n'importe qui d'autre. Jamais je ne frapperai ma petite amie si j'en avais une, ça, je peux te l'assurer ! Eh, mais pourquoi la discussion a tourné comme ça ?!

— Hahaha désolée, je suis juste curieuse. Tu serais le genre de personne à ne vouloir qu'une petite amie dans toute ta vie pas vrai ?

— Stop ! J'ai dit stop pour ce sujet ! Allons voir le dernier joueur !

— Réponds-moi avant !

— Pourquoi tu veux autant savoir ?! Ça t'apportera quoi ?

— Je n'aime juste pas quand une question est laissée en suspens.

— Bon, si tu veux savoir... oui ! Et alors ?! Ça fait quoi de savoir que je suis un immature en matière amoureuse ? De toute manière, je ne cherche pas de petite amie.

La voix de Claria s'éleva soudainement :

« Ooooooh mais en fait, Sorel est un tsundere !

—Un quoi ?! » criai-je abasourdi.

— Dans les mangas et animés, un tsundere est un terme qui désigne une personne qui a une personnalité d'apparence froide et distante mais qui se montre affectueuse et tout mimi par moments.

— Nan mais je sais ce que c'est qu'un tsundere !

— Je l'expliquais juste à Céleste et Ophélia au cas où.

— Mais je suis pas un tsundere ! »

Et on a pas besoin de tes références aux mangas toutes les cinq minutes !

« Quel est le mal à ça ? C'est mignon les tsunderes !

— C'est pas le problème ! Je ne suis pas ce genre de personne ! »

Bien que mon discours n'allait pas avec mon visage que je sentais devenir rouge tomate pour je ne sais quelle raison d'ailleurs. Je sais très bien que je ne suis pas un tsundere quoi ! C'est vrai que les filles tsundere sont mignonnes mais je n'ai jamais pensé un seul instant en être un ! C'est faux de toute manière !

Et ce sujet est inutile !

« Je suis juste quelqu'un d'honnête dans ce que je dis. »

Je sentais mon ton de voix redevenir calme. Ça a également jeté un froid dans la pièce.

« Bien ! Eh bah on continue ! Si tu veux bien nous suivre chère Ophélia !

— Ou-oui... » répondit-elle l'air d'un seul coup mal à l'aise. Faut dire qu'une fille que tu ne connais pas qui te tire par le bras, ça ne doit pas être très agréable... À moins que ce soit moi qui pense comme ça.

La discussion avait commencé sur le fait d'expliquer à Ophélia que l'on participait à un jeu puis avait fini sur des questions à propos de ma vie (ou plutôt de ma "non-vie")

Désormais quatre dans le petit groupe que nous nous étions formés malgré nous, nous avons marché plus lentement que d'habitude à cause d'Ophelia jusqu'à la dernière porte. Elle avait tendance à croire que n'importe quel insecte rampant sur les murs était je-ne-sais-quoi de terrifiant ce qui nous a valu plusieurs arrêts inutiles.

Mais d'un côté, elle n'a pas tort d'avoir peur car cet endroit est la définition parfaite du glauque après tout.

« Cet endroit est plus effrayant qu'il en a l'air... Garde ta lampe Sorel hein. » murmura Ophélia.

J'utilisais mon téléphone portable en tant que lampe torche. Bien évidemment, il n'y avait aucun réseau et donc aucun moyen ni d'appeler quelqu'un, ni d'envoyer un message et impossible également d'aller sur Internet. Impossible d'établir un contact avec le monde extérieur car la communication semblait brouillée, mais d'un côté, je trouvais ça un peu stupide : pourquoi ne pas simplement avoir enlevé nos portables plutôt que d'installer un brouilleur ? J'imagine que c'est pour nous laisser un minuscule espoir pour mieux l'étouffer. Quelque chose de bien sadique...

Nous voilà devant la quatrième et dernière porte, j'avais un peu le trac en ouvrant : les trois personnes qui sont avec moi n'ont pas l'air dangereuses mais il en restait un, quelqu'un qui pouvait radicalement changer nos attitudes. Claria nous avait, Céleste et moi, un peu détendus mais Ophélia nous avait rendu cette oppression que l'on pensait disparu. Qui sait ce que pourra nous procurer ce dernier joueur ?

Lentement, plus lentement que j'avais pris l'habitude pour les trois autres, j'ouvris la porte rouillée qui laissa échapper toujours ce sinistre bruit métallique. Ça me fait penser que s'il y a un problème, nous pourrons essayer de nous réfugier dans une de ces chambres, enfoncer une de ces portes relève de l'impossible.

Je n'ai pas besoin de préciser que cette chambre était identique aux autres avec pour seul changement la personne qui était allongée sur son matelas. Et là, c'était un garçon. Au moins, je ne serais pas le seul.

Le type était toujours en train de "dormir" vu que je sais très bien qu'il n'est pas mort. Ce n'était pas l'avis de Claria qui s'était approchée du garçon que je supposais endormi pour commencer à le secouer par les épaules :

« Eh oh ! On se réveille monsieur ! C'est pas vraiment l'heure de dormir ! »

Techniquement pour les gens normaux, si. Il est plus de vingt-deux heures.

Le garçon peina à ouvrir ses yeux. La première chose qu'il fit fut de pousser un cri de surprise, pas étonnant quand on se fait réveiller par une Claria dans un endroit inconnu et qui plus est attaché.

« Où suis-je ? » demanda-t-il l'air inquiet.

— On ne sait pas ! Personne ne le sait ! » répondit Claria sans hésitation.

Faut dire qu'elle n'a pas tort...

« Comment ça tu ne sais pas ? Pourquoi j'ai été capturé et- »

Le garçon s'arrêta net. Figé par la surprise, une expression affolée prit la place sur son visage.

« Ne me dites pas que vous en voulez à mes parents ?! Vous êtes des lâches ! Des monstres ! »

Le garçon commença à copieusement nous insulter mais avec un ton apeuré, celui-ci était effrayé et cela se voyait.

« Calme toi ! Tu vas pas nous faire une crise de nerf ?! Je sais bien que la situation est énervante mais nous n'y sommes pour rien ! Inutile de nous insulter ! » avais-je fini par dire excédé.

Je supporte difficilement les relations sociales et me voilà avec quatre personnes dans un bâtiment à l'air abandonné sans aucune explication.

« Regardez. Sa fiche est également présente. Cela aura été le cas pour chacun d'entre nous. »

Céleste qui avait pris la fiche de ce type la donna à Claria qui la lut. Après avoir fini sa lecture, Claria haussa la voix, visiblement surprise :

« Céleste a raison ! Tiens Sorel, regarde ! » me lança-t-elle tout en me donnant la fiche qui attirait tant l'attention :

"Nom du joueur numéro quatre : Haron Mélono. Âge : 18 ans. Sexe : Masculin. Date de naissance : 30 juillet 2001. Groupe sanguin : B-. Hobbies : Prends des cours de cuisine réguliers en plus des cours particuliers."

C'est amusant, son nom me dit quelque chose mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. De plus, son hobby de "cours particulier" n'en est pas vraiment un. Ce n'est pas amusant de subir des cours supplémentaires ! Après pour la cuisine, je ne sais pas. Je ne suis pas quelqu'un qui fait ce genre de chose puisque les repas à l'orphelinat sont déjà préparés. Bill m'avait d'ailleurs dit que je devais commencer à apprendre si je veux vivre tout seul. Je devrais peut-être lui demander des conseils, non ?

« T'as vu Sorel ? Il est riche ! » s'exclama Claria.

— Quoi ? Comment tu sais ? »

Céleste fut celle qui me répondit :

« Allons Sorel, vous ne connaissez pas le restaurant Mélono ? Il est très célèbre et est connu pour les qualités de ses plats. Seules les personnes haut placées peuvent avoir le luxe de pouvoir goûter leur cuisine. C'est un restaurant cinq étoiles après tout ! Je dois avouer être assez surprise du fait que nous sommes en face du fils du créateur. »

Ah oui voilà ! Je me disais bien que ce nom me rappelait quelque chose ! Le célèbre restaurant Mélono a été ouvert il y a de cela une dizaine d'années et il est rapidement devenu populaire. Les qualités de ce restaurant ne cessaient d'être nommées : service impeccable, endroit très soigné et luxueux, nourriture excellente préparée par des chefs étoilés de renom. Même moi qui suis quelqu'un qui ne regarde jamais, ni les infos, ni les journaux, j'avais entendu parler de ce restaurant. Sa popularité n'a cessé d'accroître et c'est aujourd'hui un restaurant connu dans tout le pays. Étrange de voir le fils avec nous, ça semble irréel.

« Si, je connais. J'avais oublié.

— C'est dingue quand même... mais ça me fait peur ! S'il a été capturé, c'est que nos ravisseurs sont loin d'être des amateurs ! cria presque Ophélia.

— Pourtant, leur méthode était relativement classique : j'attendais que mon père vienne me chercher car je venais de sortir de mon cours de cuisine quand j'ai entendu des appels à l'aide. Je suis naturellement allé voir pour me rendre compte que j'étais tombé dans une embuscade ! Ils m'ont mis une espèce de chiffon sur la bouche puis je me suis réveillé ici. »

Du chloroforme sûrement. Nos deux agressions ont été quasi identiques sauf que j'ai été piqué par une seringue alors qu'il a eu le droit à un chiffon. Ça fait moins mal même si bien-sûr cela reste désagréable. Je suis curieux de savoir comment les autres ont été capturés. Était-ce identique ? Ou bien un autre moyen plus violent ? J'ai donc posé la question :

« Et vous les filles ? Vous vous souvenez du moment de votre capture ? »

Un silence de réflexion s'installa dans la pièce, silence qui ne dura pas bien longtemps :

« Attendez, j'ai pas mal de questions là ! Pourquoi j'ai un collier planté dans mon cou ? Et pourquoi avons-nous été capturés ? Il n'y a pas de rançon à ce que je vois à moins que vous en savez plus...

— Bon, je vais répondre à tes questions une par une en me basant sur tout ce que je sais déjà : quand je me suis réveillé, j'ai vu un trousseau de clés à côté de moi accompagné d'une note disant que ces clés me montreront avec qui je ferais une partie...

— Une partie ? Quoi ? Mais... pourquoi ?

— Je ne sais pas non plus. Le problème, c'est qu'apparemment, je suis le "maître du jeu". »

En ayant prononcé les mots "maître du jeu", j'avais fais les guillemets avec mes doigts pour faire comprendre à Haron que je ne me vante pas ou quelque chose du genre. Moi-même ne comprenais toujours pas ce statut.

« Alors on participe à un jeu ? »

Sa voix tremblait légèrement.

« C'est ça. Les règles, l'objectif... tout cela nous est encore inconnu.

— Ben déjà, l'objectif est de sortir de là je pense. »

Claria n'a pas tort, je ne pense pas à d'autres objectifs que "s'échapper" mais la question c'est « comment ? ».

Nous nous sommes contentés de hocher la tête car nous étions d'accord sur ce point-là. S'échapper de cet endroit est notre principal objectif.

« D'accord mais pourquoi on a des colliers ? » demanda Haron un peu surpris.

— T'inquiètes pas, t'es pas le seul. Tout le monde à un collier ici... sauf moi.

— Quoi ?! Qu'est-ce que t'as de plus que nous ?

J'allais répondre quand Céleste prit la parole :

« Le fait qu'il soit le maître du jeu et qu'il ait ce bracelet et non un collier est sûrement lié. »

À mon tour d'être étonné :

« Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

— Regardez. Sur toutes nos fiches, il est écrit "joueur" mais sur celle de Sorel, il est précisé qu'il est le "maître", je ne peux m'empêcher de penser à un rapport de causalité. C'est assez évident d'un côté, enfin je pense... »

Les grands yeux de Claria me regardaient en me hurlant « J'ai rien compris ! ». Du moins, c'est l'impression que j'en avais. J'ai donc répondu à sa question avant même qu'elle ne la pose :

« Céleste dit que vu que je suis le maître du jeu, alors je ne porte pas de collier. C'est ça la causalité, la cause à effet. En résumé.

— Ah oui d'accord. Désolée Céleste mais je comprends mieux les explications de Sorel. M'en veux pas s'il te plaît !

— Ah mais moi, je le savais déjà ! fit Ophélia d'un ton presque fier.

— Eh bien j'avais compris aussi. Donc t'en fais pas "madame avec une capuche" ou plutôt Céleste. D'ailleurs, pourquoi t'en a une de capuche ? Tu ne veux pas la retirer ? Il ne fait pas si froid que ça... »

J'interrompis Haron d'un geste de la main :

« Ne lui pose pas la question, Ophélia s'est faite disputer juste avant. Elle doit avoir des cicatrices sur son visage qu'elle ne veut pas montrer et on la comprend.

— Je suis désolée si vous pensez que je vous méprise à cause de ma façon de parler : c'est une habitude que j'ai dû prendre parce que- »

Céleste se coupa net dans sa phrase avant de finir par marmonner :

« Non rien. Pardonnez-moi... »

Céleste a l'air d'être une personne assez mystérieuse : le fait qu'elle ne veuille pas montrer ses blessures, sa manière de parler, d'agir et même de s'habiller. On dirait une personne venue tout droit d'une autre dimension.

Et en même temps, nous avions le fils Mélono avec nous, cette "partie" risque d'être mouvementée...

« Bref... du coup, vous savez quand seront données les règles ? Ou même une interaction avec ceux qui nous séquestre ?

— Qui te dit qu'on est séquestré ? »

La phrase de Claria nous étonna tous, nous la regardions avec les grands yeux qu'elle m'avait fait quand elle n'avait pas compris le mot "causalité".

« Euh.... expliques-toi ? »

Ma voix semblait assez inhabituelle car Claria se mit à sourire avant de répondre :

« Est-ce qu'on a essayé de s'enfuir ? Non. Jusqu'à maintenant, nous avons juste suivi Sorel pour délivrer tout le monde mais maintenant que nous sommes tous réunis, on peut tenter de chercher la sortie.

— Effectivement, on peut essayer de se séparer histoire d'avoir plus de chances de tomber sur une sortie.

— Non non non ! Pas ce cliché-là ! On reste ensemble ma chère Ophélia ! Dans les films d'horreur, les gens meurent quand ils se séparent ! protesta Claria.

— Et de toute manière, on ne pourrait même pas se contacter si nous trouvons quelque chose, à moins que le bâtiment soit petit mais bon... » disais-je tout en réfléchissant à une manière de s'enfuir.

Elle parle vraiment sans réfléchir tout comme Claria d'ailleurs : si les organisateurs en sont venus à nous implanter des colliers et un bracelet tout en récoltant des infos spécifiques sur chacun de nous, je doute qu'ils aient oublié de condamner les sorties d'autant plus qu'ils ont tout de même assurément installé un brouilleur vu que nos téléphones ne fonctionnent pas.

« Eh bien... nous pourrions crier ! Il n'y a personne d'autre !

— Non ! Nous restons ensemble, c'est le seul moyen d'éviter tout danger.

— Euh les gars ? Vous devriez venir voir ça ! »

La voix de Claria se fit entendre au bout du couloir, comment-a-t-elle réussi à se faufiler sans aucun bruit ? Ne sachant que faire à l'instant présent, nous nous sommes rassemblés devant Claria.

Devant nous se trouvait une double porte avec à côté, une espèce de meuble avec une télévision à écran cathodique dessus, la porte était en métal et avait l'air bien plus solide qu'elle ne le paraissait, celle-ci n'avait d'ailleurs pas échappé à la règle de "tout est pourri" car de la rouille jonchait une grande surface. C'était assez étrange de voir une porte en acier au milieu de tout cela.

Le meuble, lui, est un vieux bureau mais seule la télévision occupait toute la place disponible, la télé elle n'avait rien de particulier si ce n'est le fait qu'elle était très vieille, à l'heure d'aujourd'hui où les écrans des plus en plus grands et de plus en plus plats prospèrent, voir cette anomalie attire l'attention plus qu'autre chose.

« T'as essayé d'ouvrir la porte ?

— Ouais. Impossible... »

Par manque de confiance sans doute, j'ai quand même essayé mais elle avait raison : cette porte ne bougeait pas d'un poil. Nous voilà coincés dans un couloir sombre d'un bâtiment abandonné en début de nuit. Génial.

« Je vois que tu me fais confiance Sorel...

— Ah désolé, on ne sait jamais et ça ne me coûte rien d'essayer après tout.

— Sûrement...

— Regardez. Ce tiroir est assez étrange vous ne trouvez pas ? »

Céleste nous avait fais nous rassembler autour du meuble et de la vieille télévision, et effectivement ce tiroir n'était pas ordinaire : il possédait quatre verrous ! C'est assez surréaliste de voir ça.

« Quatre ? Oh Sorel, tu peux essayer tes clés ! »

Haron me proposa d'utiliser les clés mais je doute que ce soit aussi facile...

Je dois avouer que là, je me suis haïs pour avoir eu raison, aucune des clés ne correspondait à aucune des serrures. Mais ces clés ont déjà servi à délivrer les joueurs donc c'est un peu normal aussi.

« Génial... on fait quoi du coup ? »

Ophélia bougonnait et ça peut se comprendre...

« Hmmmm... »

Nous nous sommes mis à réfléchir, les options n'étaient pas nombreuses et nous étions à court de possibilités...

Eh mais attendez !

« On peut essayer de chercher des indices sur les fiches que nous avons. Il y a peut-être quelque chose d'écrit comme un code secret ! Et si on ne trouve rien, on ira chercher dans les chambres ! »

Je ne sais pas pourquoi j'étais enthousiaste, je me suis vite repris en me calmant.

« Pas bête. Prenez chacun vos fiches et inspectez-les de fond en comble, lorsque quelqu'un trouve quelque chose d'anormal, je lui demanderais de nous faire profiter de sa trouvaille. »

C'était Céleste qui nous a donné l'ordre, personne n'a rechigné vu que nous n'avions pas grand-chose d'autre à proposer. Nous nous sommes passés nos fiches respectives puis nous avons commencé les recherches.

Au bout de plusieurs minutes, il fallait que je me rende à l'évidence : rien n'était caché, même sur ma fiche. C'était frustrant de savoir que j'avais fais une décision inutile.

Alors que j'allais abandonner, je me suis souvenu du petit papier qui m'avait informé de l'utilité du trousseau de clés, je n'avais pas regardé sur celui-là. Je l'ai alors sorti de ma poche afin de l'examiner, peut-être avais-je oublié quelque chose ?

Je relisais les mots encore et encore mais rien. Pas un seul message caché, de lettres mises en évidence ou quelque chose du genre, je l'ai retourné comme ça pour voir, et je fus étonné de voir l'inscription suivante :

"Le jeu commencera lorsque la vidéo se terminera. Tous les joueurs possèdent le moyen de la visionner."

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