15 - Mon aperçu d'un autre monde.

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J'ai été tué.

C'est arrivé. Ça le devait à un moment de toute manière, vu ma façon d'être alors que nous sommes tous en danger constant et vu comment je ne me soucie absolument pas des autres, il allait bien y avoir un moment où un d'eux se retournerait contre moi.

Je ne pensais pas que Claria pouvait faire ça. Je ne la croyais pas aussi violente au fond, je ne la savais pas aussi dangereuse et par-dessus toutes les personnes présentes, je ne pensais pas que ça serait elle...

J'avais eu un "avant-goût" de quoi elle pouvait être capable lorsqu'elle avait sorti la seringue pour me menacer avec, mais je pensais que ce n'était que du bluff.

J'avais tort. Elle était totalement sérieuse à ce moment-là.

Je ne peux m'empêcher de me demander : pourquoi ?

Que lui ai-je fait pour avoir ce soudain changement d'attitude ? Je me rappelle, cela avait eu lieu lorsque Haron avait eu sa première crise. Nous l'avions emmené dans la pièce du pendu pour qu'il se repose, et c'est là que Claria a commencé à me détester.

Je ne me souviens pas d'une chose que j'aurais pu lui dire qui l'aurait vexée à ce point-là. Je n'ai pas l'impression que Claria est une fille qui montre vraiment ce qu'elle ressent.

C'est assez étrange à expliquer, c'est comme si elle cachait une façade de sa personnalité pour laisser place à un côté plus joyeux pour nous rassurer.

Je ne fais que des suppositions. Je ne peux pas savoir si ce que je dis est vrai.

En tout cas, je peux l'assurer : cette fille n'est pas normale et à présent, elle m'effraie. Qui sait de quoi elle pourrait être capable maintenant ?

Il faut que je trouve les paroles qui l'ont vexée. Mais une chose de sûre, je serais maintenant toujours sur mes gardes avec elle.

Elle est dangereuse.

Cette vibration m'indiquait que j'étais de nouveau revenu, que j'étais de nouveau décédé dans ce jeu de la mort. Dans ce jeu où je suis le seul à être au courant du paranormal.

J'avais toujours les yeux fermés mais je sentais que ceux-ci étaient plus lourd que d'habitude. C'est normal après tout, lorsque je vais les ouvrir, je tomberais nez à nez avec celle qui vient de me tuer. C'était difficile pour moi de me retrouver face à mon bourreau.

Avoir entendu des hurlements est tellement monstrueux surtout quand il s'agit de ceux de Valya. Jamais je ne l'ai entendu avoir réellement peur, mes taquineries ne comptant bien évidemment pas pour des véritables frayeurs.

J'y pense : qu'est-il advenu de Céleste après cela ? Comment s'en est-elle sorti ? C'est elle qui malgré le danger évident est venue pour essayer de me "sauver". Je ne blâme pas Valya puisque je la connais : c'est une véritable froussarde de base alors être dans une situation pareille, je n'imagine même pas dans quel état d'esprit elle a dû être...

J'aimerais remercier Céleste mais ça n'aurait aucun sens. Ce qu'elle avait fait était tellement admirable...

Mais rien n'aurait de sens dans ce cas-là.

Je le sens : j'ai toujours mon t-shirt relevé pour je ne sais quelle raison. Et je sens qu'on s'approche de moi : j'ai donc lentement ouvert les yeux mais pas entièrement ce qui fait que j'avais toujours l'air de dormir.

Et j'ai eu un frisson de terreur assez prononcé : comme je l'attendais, Claria n'était qu'à une vingtaine de centimètres de mon visage.

Je n'ai pas pu m'empêcher de crier :

« AAHH !

— WAAAH !! »

Claria fit un bond en arrière l'arrêtant dans quoi que ce soit qu'elle tentait de faire.

Tout le monde se retourna vers moi :

« Vous êtes réveillé ?

— Sorel ! J'ai eu tellement peur pour mon maître !! Ne me refais jamais ça ! »

Tiens, exactement la même réplique que lors de la "dernière fois". Mais l'entendre me fait toujours ce même effet de pincement au coeur.

Comme si de rien n'était, Claria se redressa puis se passa une mèche de cheveux à l'arrière de l'oreille, l'air distante :

« Ça fait un moment qu'on te porte avec Haron et t'es pas léger ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Pourquoi tu t'es... Sorel ? Tu m'écoutes ? »

Non. Je n'ai pas la moindre envie de t'écouter puisque je le sais déjà. Mais surtout, ce n'est pas ça que j'ai envie d'entendre :

« Laissez le tranquille Claria. Il vient de se réveiller après s'être évanoui, il est donc normal que nous lui laissions un peu de temps. Et puis, si on enlève votre... action, son évanouissement est sûrement dû à "ça". »

Claria jeta un coup d'oeil vers Céleste puis se retourna vers moi :

« Est-ce que tu te nourris correctement ? »

Revoilà cette question. Il fallait que j'y réponde et c'est normal de penser ainsi puisque je me suis effondré devant eux.

« Euh... ben oui... Je ne suis pas en sous-alimentation ni quoi que ce soit. »

Claria n'avait pas l'air convaincue ou semblait ne pas me croire :

« Tu n'essayes pas de faire de régime ?

— J'en ai pas besoin, je pense que t'es très bien placée pour le savoir non ? »

Oui je sais, c'est de la vantardise mais bon...

Claria se mit à légèrement rougir tout en regardant ailleurs :

« C-c'est vrai... »

La voir ainsi est troublant vu ce qu'elle m'a fait subir, même si elle était sûrement mignonne à ce moment-là, je n'éprouvais que du dégoût en la regardant.

« Moi, j'aimerais savoir pourquoi tu pleurais. »

Ophélia s'était approchée, comme tous les autres en fait, me posant cette question à laquelle une réponse sincère était impossible.

« Je... je... »

Les mots se perdaient dans mon esprit. Peu importe les excuses que je cherchais, aucune ne voulait sortir.

Malgré moi, et surtout totalement contre ma volonté, j'ai sorti cette phrase :

« J'ai repensé à ma mère... »

Un silence des plus lourds s'ensuivit, personne n'osait répondre. J'ai de suite regretté ce que je venais de dire...

« Pourquoi en plein milieu d'une discussion pareille ? Pourquoi pendant que je faisais la morale à Claria ? Je ne sais pas. »

Valya posa sa main sur mon front :

« Il ne faut pas penser à ce genre de choses maintenant... cela ne nous aidera pas, bien au contraire... »

J'eut un sourire nostalgique, surtout parce que la voix de Valya est réconfortante :

« En parler est bien plus difficile que le plus méchant des boss. Chacun peut avoir sa propre réaction face à un évènement tragique mais je sais que la maman de Sorel est un sujet sur lequel j'évite de m'aventurer et je comprends totalement pourquoi. »

Valya en avait dit beaucoup sur moi mais... je ne lui en voulais pas vraiment puisqu'elle le faisait avec respect et empathie.

« Tout de même, cela m'étonne de voir que tu en parles Sorel. Lorsque l'on est que tous les deux, tu abordes rarement le sujet mais en parler permet de libérer ce poids que tu as sur le coeur. »

Valya soupira :

« Et Dieu sait que tu en as besoin... »

C'est presque amusant de voir à quel point Valya me connaît mais ici, il y a une différence entre ce que je choisis de dire et ce que je dis.

« C'est... c'est vrai que tu es orphelin. » répondit Ophélia.

Mais vous savez déjà ce que je pense des gens qui semblent compatir envers ma situation familiale : je ne peux m'empêcher de trouver que ce sont des hypocrites.

« J'aimerais savoir depuis combien de temps je suis inconscient. »

Ma tentative de changement de sujet n'eut pas l'effet escompté :

« ...ça t'arrive souvent d'y penser ? De fondre en larmes comme ça en milieu de journée ? »

Claria avait cet air très sérieux sur le visage, mais sans la pointe de haine qu'il y avait la "dernière fois". C'est tellement inhabituel de sa part...

« Réponds à ma question avant. »

Claria me dévisagea, puis Ophélia répondit à sa place :

« Tu sais que tu as une montre... je crois qu'il n'est pas loin de trois heures. »

Je le savais déjà mais c'était pour amorcer ma prochaine réplique :

« Alors, si je compte bien, normalement, on devrait se bouger. »

Ophélia hocha la tête, visiblement mal à l'aise pour je ne sais quelle raison :

« C'est vrai, mais je suis également curieuse. J'aimerais en savoir plus sur vous Sorel. »

Qu'est-ce que tu es ? Une psychologue ? Pourquoi est-ce qu'elle dit cela ?

« J'ai hâte que l'on ait cette discussion. Parce que je pense que tu n'est pas le seul qui a besoin de parler Sorel... »

Mon regard se tourna vers Valya, qui me fit un sourire au moment où nos regards se croisèrent :

« Allez, il ne faut pas rester là ! » fit-elle presque joyeusement, contrastant avec la réplique.

Claria n'avait toujours rien dit et Haron se contentait d'observer depuis tout à l'heure, je pense qu'il ne sait pas vraiment quoi dire puisque lui, il a ses deux parents bien en vie même si son père est infâme avec lui d'après ce que je peux me souvenir.

Je l'ai dit que Claria est dangereuse mais Haron et Ophélia le sont également à leur manière : la tentative de meurtre d'Haron montre sa fragilité émotionnelle tandis qu'Ophélia a un caractère difficile même si cela reste calme à ce niveau-là depuis que j'ai choisi de jouer le "gentleman" à sa rencontre.

Mais, je viens de l'apprendre : il faut toujours que je reste sur mes gardes. Alors, je vais garder un oeil sur tout le monde.

Je sens que je vais finir paranoïaque à ce train-là...

Silencieusement et nonchalamment, tout le monde commença à se lever. Nous avions eu une légère discussion très brouillonne mais je savais qu'il ne fallait pas que l'on reste là. Il fallait changer de pièce, et ainsi éviter de se faire repérer par cette alarme assourdissante.

Tout le monde était levé, Ophélia avait l'air mal-en-point, Haron n'était pas spécialement dans un état qui se doit d'être décrit. Céleste avait l'air inquiète mais c'est surtout Claria qui me dérangeait. Elle continuait de me fixer avec ce regard noir.

Je l'ai regardé droit dans les yeux :

« Faudra que tu me dises ce que tu faisais sur moi, le t-shirt relevé et à une distance bien trop personnelle. »

J'arrive pas à croire que je viens de dire ça de la façon la plus stoïque possible. Cela eut pour effet de surprendre mon interlocutrice qui ne fit que détourner le regard, l'air gênée.

« Au pire, je demande à Valya.

— Huhu... » répondit celle-ci l'air malicieuse.

Claria se mit à sourire, pour me lancer, l'air de rien :

« D'après toi, je faisais quoi ? Ne dis rien Valya s'il te plaît.

— D'accord madame ! répondit Valya le visage toujours autant rempli de malice. »

J'ai simplement ignoré la question de Claria, je n'avais pas le coeur à jour aux devinettes.

« Bon Sorel, je ne veux pas t'alarmer mais pouvons-nous avoir cette discussion ailleurs ? Il ne faut pas rester là... bien que je ne sache pas ce qui se passerait si nous faisions le choix de ne pas bouger. »

Moi si Haron... je ne le sais que trop bien. Mais justement, je venais de remarquer quelque chose.

« Relax Haron, regarde. »

Devant les yeux ébahis de tout le reste du groupe, je me suis dirigé vers le trou dans le mur donnant sur l'autre pièce :

« Techniquement, c'est une autre pièce non ? Si on interchange durant le temps qu'il nous reste, on passera la nuit tranquillement, pas vrai ? »

Les autres se sont regardés, incrédules, puis Céleste répondit :

« Je me doute que cela puisse être aussi facile... mais l'idée n'est pas mauvaise du tout. Malgré l'odeur nauséabonde qui s'en dégage... »

C'est vrai qu'il y a cette puanteur qui nous piquait le nez dans cet endroit mais le fait est que nous pouvons tromper le jeu. Bien qu'il reste toujours une menace potentielle.

« Passe moi la lampe Haron. »

Haron, qui apparemment était celui qui avait la lampe quand Claria me portait, me tendit le téléphone.

« Tiens d'ailleurs, vous n'avez pas de téléphone ?

— Moi, je n'écoute que de la musique alors c'est juste un baladeur... fit Claria tout en brandissant son dit-objet de la poche.

— Le mien n'est plus sur moi. Je ne sais pas où il est mais je suis sûr que je l'avais car dans mon cours de cuisine, je le prends toujours pour prévenir mon père s'il se passe quelque chose. »

Ils ont dû lui prendre... pensais-je.

« Je n'ai pas besoin de téléphone. C'est com-

Hahaha... »

Un rire d'enfant coupa Ophélia dans sa phrase, la rendant d'un seul coup très nerveuse :

« C'était quoi ça ?! »

Tout le monde s'était figé mais pas moi, malgré la peur évidente qui s'emparait de moi, je me suis dirigé dans la pièce voisine avec la lampe que je venais d'avoir des mains d'Haron parce que je connaissais ce rire :

« T'es où, saleté de gosse ?! » ai-je fait, la boule au ventre.

C'est l'atmosphère de la pièce plus sa puanteur qui me mettait mal à l'aise. Mais la pièce n'est pas bien grande alors je vais rapidement le trouver.

J'ai balayé la pièce du faisceau de mon téléphone, cherchant ce sourire malsain. Mais sans rien trouver.

C'était impossible pour lui qu'il se cache puisqu'il n'y avait aucun endroit où être à l'abri des regards. Si nous venons d'entendre ce gamin, c'est qu'il est là !

« Attends Sorel ! Comment est-ce que tu sais que c'est un enfant ? Et pourquoi tu t'énerves aussi rapidement ? »

J'ai, de nouveau, ignoré la question de Claria me concentrant sur ma recherche, je cherchais, tournait la tête dans tous les sens de gauche à droite cherchant la moindre anomalie, la moindre présence enfantine.

« Il a raison de paniquer ! Qu'est-ce que fait un gosse ici en plus de la fillette ?! »

Ophélia avait peur de l'inconnu tandis que j'étais frustré d'entendre ce rire me rappelant la douloureuse épreuve physique que je venais de passer...

« Calme toi Ophé...

— ''Ophé'' ?

— Si cet enfant n'est pas armé, il n'y a aucune raison de s'affoler. »

Claria avait l'air drôlement sereine...

« Bonjour... »

Une voix très basse, comparable à celle d'un chuchotement me fit frémir. Je l'avais senti bien, bien trop proche de moi.

« Qu'est-ce que-

Avant même que je puisse terminer ma phrase, je sentis quelque chose m'agripper la main qui ne tenait pas le téléphone. La "chose" n'était pas dans notre champ de vision puisqu'elle semblait éviter le faisceau lumineux d'une manière assez surprenante dans sa rapidité.

Ce que je sentis était une petite main... absolument glaciale !

Ça me fit un choc assez violent, une main est toujours plutôt chaude à moins d'être à l'extérieur ce qui n'était absolument pas le cas ici alors je ne comprends pas. Une main aussi froide, ce n'est pas normale.

Cette petite main se referma fermement sur la mienne puis j'entendis à nouveau ce chuchotement :

« Regarde. »

Et c'est là que ça a commencé : je me suis retrouvé... ailleurs.

Je ne peux pas l'expliquer autrement, je n'étais pas "ailleurs" à proprement parler mais pour commencer, j'étais tout seul. Il n'y avait même pas Valya qui pourtant reste toujours assez proche de moi. Tout le monde avait disparu !

Si je devais définir l'endroit où j'étais, ce serait une version "démoniaque" de l'endroit où nous sommes actuellement : tout est extrêmement sombre, pas par l'obscurité mais par une sorte de brouillard extrêmement épais.

Mais le pire et c'est la première chose que j'ai remarquée puisqu'on ne peut entendre que ça, ce sont les hurlements.

Des centaines, voire peut être même des milliers. Il y en a partout ! Ils sont omniprésents !

Des sortes de souffles me traversaient le corps me procurant une sensation glaciale comparable à celle de l'enfant.

Cependant, pour une raison qui m'échappe toujours, je me suis mis à angoisser bien plus que je ne le pensais : tous ces cris, cette vision démoniaque de cette situation encore plus inexplicable que celle dans laquelle je suis, tout cela me rendait affreusement anxieux.

Chaque fois que cette sensation de froid me traversait, je pouvais entendre comme des chuchotements. Tellement embrouillés que je ne pouvais comprendre aucun d'entre eux mais ils semblaient directement s'adresser à moi.

Je ne sais pas si c'est moi qui suis complètement dingue ou si c'est ce gamin qui a fait ça mais une chose de sûr : ce que je ressentais était réel. Ma peur, mon angoisse grandissante envers cet endroit... tout cela n'était en rien une illusion.

Je voulais de l'aide, je voulais que quelqu'un me sauve de ce véritable enfer ! Mais... ma bouche ne me répondait plus.

Je ne pouvais ni parler, ni bouger. J'étais complètement figé sur place !!

Que... que quelqu'un me sauve... par pitié... !

Mon coeur accélère, de plus en plus vite. Je suis confronté une fois de plus à une situation mettant mes nerfs à rude épreuve.

Je crois que je n'ai jamais eu autant de frayeur de ma vie sur une période de même pas une nuit ! Cet endroit est... hanté ! Je ne vois pas d'autres mots ! C'est du paranormal ce qui se passe ! Bien évidemment que ça l'est avec des remontées dans le temps et la situation actuelle ! Et, à l'inverse des fictions où le paranormal est... normal justement, je n'ai absolument aucune explication sur ce qui se passe !

« Pourquoi ça m'arrive ?! Pou-

— Sorel... »

Une voix, assez profonde et grave semblait provenir directement de mon esprit :

« Pourquoi continuer ? Pourquoi recommencer à chaque fois ? En sachant que tu mourras de toute manière. N'en as-tu pas marre de toutes ces souffrances que l'on t'inflige ?!

— Qui... qui êtes-vous ?!

— Je suis celui qui te délivrera. »

Ce qui s'ensuivit fut une longue série de phrases répétées bout à bout et presque imperceptible, mais pourtant, j'arrivais à les comprendre.

Et je me sentais... beaucoup mieux.

Une agréable sensation me parcourait désormais le corps, j'étais confus, bien évidemment, de passer de la souffrance à la relaxation mais je m'en fichais pas mal. Je me sentais... presque heureux.

« Hahaha... HAHAH-

baff

Une claque assourdissante me fit... "revenir".

Je pus voir plusieurs choses : tout le monde semblait très effrayé de moi, ils étaient tous à quelques pas de moi, et je me suis rendu compte que c'était Haron qui venait de me mettre cette gifle.

« Je prends ça comme une vengeance personnelle. » fit-il, l'air un peu essoufflé.

— Qu... qu'est-ce qu'il s'est pass- aïe ! »

J'avais, sur les ongles, des marques ensanglantées. Et je pouvais directement en deviner la provenance :

« Maître... ton cou... »

Valya me fit la remarque que j'avais, malgré moi, déjà remarquée : mon cou était lacéré.

Pas très profond donc cela restait relativement sans danger mais... le fait est que je me suis infligé ces blessures.

« Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? »

Haron me fixa, ouvrant et refermant sa main :

« J'ai pas l'habitude de frapper des gens et voilà que ça m'arrive deux fois cette nuit... y'a vraiment quelque chose qui va pas chez moi.

— Pourquoi est-ce que j'ai mon cou comme ça ? Valya ? Qu'est-ce que je me suis fait ?!

— Ah... Eh bien... »

Valya semblait hésitante, quelque chose voulait sortir mais elle semblait le retenir :

« Tu viens d'essayer de te suicider en te décapitant. »

Ce qui est bien avec Claria, c'est qu'elle ne tourne pas autour du pot et c'est comme ça que j'ai compris la réaction des autres :

« En voyant ça, Haron a eut le bon réflexe de te remettre les idées en place parce que t'as une sacrée poigne !

— Dès que vous avez été touché, vous avez commencé à... respirer très rapidement et à... prononcer des choses incompréhensibles fit Céleste tout en reprenant son souffle.

— Et c'est là que tu t'es griffé le cou. »

Claria me lançait des regards de dégoût :

« Il se passe toujours des trucs bizarres avec toi... »

Et est-ce que c'est de ma faute si je me prends tout dans la tronche depuis le début ?! J'aimerais bien t'y voir toi !

« Tu t'évanouis comme ça en me parlant et là, c'est de l'auto-mutilation que tu nous fais ?

— C'est pas moi ! Tu crois vraiment que j'irai m'infliger ça ?! C'est ce gosse ! C'est lui qui m'a fait faire ça ! Il m'a possédé ! »

Bien évidemment, ça n'avait pas de sens d'une oreille objective mais comment pouvais-je le formuler autrement ?!

« Sorel... ! Calmez-vous ! Vous avez été victime d'un choc ! Il faut avant tout que vous gardiez votre calme et-

— Que je garde mon calme ?! Comment tu veux que je "garde mon calme" quand un gamin me possède et m'emmène je ne sais où ! Regarde ! Je viens de me faire ça sur le cou ! Et tu veux que je garde mon calme ?! »

Céleste ne répondit pas, à la place, Valya prit la parole :

« Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Est-ce que ça va mieux ? »

Le regard soucieux de Valya me calma un peu bien que j'étais toujours sous le choc de ce qui venait de se passer.

« Céleste et Claria ont toutes les deux essayées de t'empêcher de te faire ça mais tu étais bien trop résistant. C'est là que j'ai eu l'idée de cette gifle, chose qui t'a apparemment enlevé cet état de "folie" dans lequel tu étais. »

Claria se frotta l'épaule droite, puis marmonna :

« Il fait mal le bougre... »

Puis elle eut un léger sourire que je ne compris pas vraiment sans que j'y prête trop d'importance non plus.

Ce sourire dura une seconde avant de reprendre sa forme initiale :

« Bref, on est bien dans une autre pièce non ? Donc on est en sécurité ! »

Les autres hochèrent silencieusement la tête :

« Ça ira mieux, Nightsillusion ira toujours mieux !

— Na- quoi ? demanda Ophélia dont le visage exprimait parfaitement "l'incompréhension". »

Je me mis à rougir, sûrement parce que je n'avais pas l'habitude d'entendre mon nom de jeu alors qu'on est avec d'autres gens, inconnus qui plus est.

« Non rien... je... vous en parlerai lors de la discussion ok ? »

Ma pression artérielle redescendait, je commençais à me calmer :

« D'accord...

— On s'en fiche pour l'instant. Sorel ! Faut qu'on te montre ce qu'on a trouvé dans cette pièce il y a quelques instants.

— Et c'est quoi ? Un bout de papier avec tes plats préférés dessus ?

— Épargne moi ton ironie. C'est quelque chose qui me fait te croire quand tu me dis avoir été possédé. »

Là, elle avait toute mon attention :

« Pardon ?!

— Exact ! Et tout ça me fait penser qu'en fait, ce jeu qu'organise ce type n'est pas juste un jeu où nous devons nous entretuer. C'est bien plus que ça.

— Abrège ! De quoi tu me parles ? »

Claria me tendit un bout de papier (j'avais donc raison sur un point) mais les inscriptions semblaient plus longues qu'une simple description sur quelqu'un :

« C'est de ça que je parle ! »

Céleste toussa pour avoir l'attention de tout le monde puis elle prononça lentement ces mots :

« Il y a dans ce bâtiment un esprit errant. Et j'ai bien peur qu'il peut faire en sorte que nous mettions... fin à nos jours. »

Son ton de voix avait pris une allure plus grave montrant son sérieux total, elle reprit son souffle puis conclut :

« Et son nom est "Aftovma". »

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