13 - Sujets d'attention.

18 minutes de lecture

« S-son masque ? Qu'est-ce que vous voulez dire en employant ce mot ? »

Mayolia avait sur son visage une expression à la fois interrogative et surprise. Elle venait de poser sa main sur sa bouche, l'air pensive. Puis, comme si elle venait de se rendre compte qu'elle venait d'offenser son interlocuteur, elle joignit ses mains entre elles puis bafouilla :

« En-enfin si vous voulez bien me le dire. Je ne veux pas du tout m'immiscer dans votre vie privée ou quoi que ce soit... »

Aris poussa un soupir tout en baissant les yeux :

« Non. Je ne vais pas dire que ce n'est pas grave mais si j'en viens à l'évoquer, c'est que je l'ai choisi. »

Le policier posa sa main sur son épaule puis marmonna, l'air embarrassé :

« Vous n'êtes pas obligé, nous le savons que votre soeur à... ahem... disons quelques problèmes mais en parler ne fera que vous attrister davantage. Vous et votre mère en avez déjà fait les frais pas vrai ? Souvenez-vous de ce qu'elle vous a dit-

— Je sais bien. "Ressassez le passé ne fera qu'empirer l'avenir." Sérieux. Combien de fois je l'ai entendue cette phrase...

— E-excusez-moi, mais je ne suis pas d'accord avec ça ! »

Mayolia, en prononçant ces mots venaient d'attirer l'attention des deux hommes :

« Pardon ?

— Je... je ne sais pas ce que vous avez vécu mais laissez-moi vous dire que vous avez tort. Il ne faut jamais oublier ce que l'on a vécu, en particulier quand ce fut éprouvant car... c'est-c'est ça qui nous rend plus fort ! C'est ça qui construit ce que nous sommes !

— Eh... ne commence pas avec des phrases philosophiques. Ça me donne mal au crâne...

— Je ne faisais que vous faire part de mon avis. »

Aris poussa de nouveau un soupir, bien plus profond cette fois, puis il s'adressa à l'agent :

« Monsieur, vous dites qu'il y a d'autres disparitions, est-ce que ce sont encore des jeunes ? »

Le policier se gratta nerveusement les cheveux puis répondit, toujours l'air penaud :

« Non seulement oui mais en plus, il y a également des adultes en plus de votre mère. Je ne sais pas qui est derrière tout ça mais organiser près d'une dizaine d'enlèvements en une journée, c'est vraiment très fort... et très inquiétant surtout.

— Une dizaine ?! s'étonna Mayolia.

— Raaah... je le sens d'ici, les remarques des habitants comme quoi "la police est inefficace", je n'ai jamais vu ça de toute ma carrière !

— Est-ce que vous avez une piste ? demanda Aris.

— Eh bien, eh bien... vous êtes détectives maintenant ? Si vous tenez vraiment à le savoir, nous allons procéder à pas mal d'interrogatoires pour voir s'il y a eu des suspects pour un des enlèvements, nous allons également interroger les proches et nous intéresser au cas des disparus... peut-être que nous trouverons des indices.

— J'espère aussi... »

Aris fourra les mains dans ses poches puis marmonna, sûrement pour lui-même :

« Claria... où que tu sois, fais tout pour retenir ton masque. Ne les laisse pas voir... je t'en prie. »

"Nom : Aftovma; Moment et lieu de la découverte : après l'évènement du 18 août 2018 dans l'enceinte du bâtiment.

Description : Aftovma est un esprit errant dans le bâtiment depuis sa création, il est supposé que celui-ci est là depuis bien plus longtemps. Sa particularité est qu'il peut prendre le contrôle de l'esprit des personnes dites "sensibles" afin de-

Mais ! Sérieusement ?!

Je viens de trouver ce bout de papier dans un angle d'une des pièces que nous traversons depuis tout à l'heure, déjà que cet endroit est flippant, si en plus les écrits que l'on y trouve sont clichés à ce point...

Et puis il y a Sorel ! Pourquoi il s'est écroulé quand je lui faisais la morale ?! Il n'aime pas à ce point ? C'est pas comme si j'étais méchante de toute façon, bien qu'il pleurait pour une raison que j'ignore... Ça doit faire une éternité que Haron et moi nous relayons pour le porter. Et il porte son poids le bougre !

Me voilà à parler comme une vieille personne, je crois que la télé de tout à l'heure m'a infecté avec sa vieillerie. Haha, "le bougre", j'aime bien ce mot en fait...

Bon, faut que je me reconcentre et surtout, que je prévienne les autres :

« Eh, psst ! Viens voir ça ! »

J'ai chuchoté en direction de Céleste puisqu'elle était juste à côté de moi. Nous étions cachés dans une pièce proche du premier couloir, comme une espèce de salle de réunion. Un truc de vieux encore...

J'ai un problème avec ça moi !

« Qu'y a-t-il Claria ? Vous êtes fatiguée ? me demanda Céleste à qui j'avais envie de retourner la question à l'entente de son ton de voix bien plus faible que d'habitude.

« Nan, t'inquiète pas ma Céleste ! Je fais du sport très régulièrement tu sais ! Bon, je dois quand même avouer que porter un garçon qui pèse sûrement quatre vingt kilos, au bout d'un moment, ça fatigue mais ce n'est pas de ça dont je voulais te parler...

— Vous avez trouvé quelque chose ? »

Héhé, décidément, on ne peut rien te cacher à toi ma petite loli !

« Yep ! Regarde. »

J'ai tendu le papier vers Céleste qui le prit délicatement dans ses mains pour commencer à le lire :

« Vous avez trouvé quoi ? »

Haron, qui avait l'oreille tendue vers la porte s'était tourné vers moi pour me poser la question. Ophélia quant à elle était assise près de lui à faire je ne sais quoi. Vu qu'elle garde les yeux fermés depuis tout à l'heure, elle se repose peut-être...

« Un papier avec des trucs bizarres dessus, ça parle d'esprit.

— D'esprit ? Mais ça n'existe pas voyons...

— Ben regarde ! Toi aussi Ophélia ! »

Ophélia ouvrit les yeux instantanément, puis se tourna vers moi :

« Vous parlez de fantômes ?

— Nan, "d'esprit". Je viens de le dire.

— Hmm. C'est la même chose je trouve. »

Je ne pense pas mais je m'en fiche pas mal en fait. Je m'y connais pas trop en paranormal, je trouve que c'est le genre d'histoire que je peux raconter à des gens sans que j'aie moi-même peur car je n'y crois pas du tout. C'est assez ridicule.

« Pourquoi est-ce que nous ne voyons pas ce que fait cet esprit ? Il y a une sorte de gribouillis.

— Ouais ! Et c'est vraiment cliché pas vrai ? »

Céleste ne savais pas quoi me répondre alors elle hocha simplement la tête.

« Tout de même, cela me tracasse... il pourrait être dangereux. Je suis même sûre qu'il l'est.

— Attends Céleste, rien ne nous dit que c'est vrai. Ce type est assez tordu pour nous enfermer ici, il peut laisser ce genre de chose pour nous faire peur. »

Héhé, Haron n'a pas l'air d'apprécier en tout cas. Je crois que je suis la seule qui n'a pas du tout peur de son truc.

« Permettez-moi d'en douter Haron. C'est bien trop complexe pour être inventé de toutes pièces. Même si j'ai tout de même du mal à y croire, l'incident de tout à l'heure me pousse à penser le contraire. »

Céleste ne s'en est toujours pas remis à ce que je vois. Je veux dire, c'était mon idée et je pensais bien faire : j'avais mis une alarme à minuit trente dans l'infirmerie pour attirer la fille là-bas mais au final, on a fini par entendre d'énormes coups dans le mur. Comme si elle s'était énervée sur quelque chose...

J'ai eu les chocottes à ce moment-là. Brrr, rien que d'y repenser, ça me fait des frissons.

Du coup, on est restés dans une des nombreuses pièces en se faisant les plus silencieux possible, et au bout d'une dizaine de minutes, elle s'est calmée toute seule. Quand même, il y a quelque chose qui me tracasse toujours : pourquoi mon téléphone a augmenté de volume tout seul ?

C'est ce qui avait énervé la fille, le son assez fort l'avait attirée vers l'infirmerie mais ça n'avait pas du tout l'air de lui plaire.

"Faut croire qu'on n'a pas les mêmes goûts musicaux..." était la chose que j'ai pensée au début mais au final, j'en ai déduit que c'était le bruit qui l'avait autant dérangé.

« Bon, imaginons que ça soit vrai, et alors ? Y'a pas eu de traces d'esprit jusqu'à maintenant.

— En même temps, ça ne fait même pas une nuit que nous sommes là... rétorqua Ophélia.

— Mouais... mais cet endroit me fiche déjà bien la chair de poule. Faut se serrer les coudes ! »

Même si je ne le montre pas trop pour rassurer les autres, j'étais un peu effrayée de tout ce que nous vivions. Et c'est pas avec un "maître du jeu" pareil qu'on va pouvoir être rassuré...

« Moi de même... Au fait, comment va Sorel ? »

Céleste posa la question l'air de rien mais ça faisait quatre fois depuis qu'il s'était évanoui, d'ailleurs, ce type est toujours en train de se la couler douce pendant qu'on se démène à le porter avec nous !

« Encore ? T'es si inquiète que ça ? »

La question de Haron n'eut pas l'effet que j'attendais de la part de Céleste, moi qui croyais qu'elle allait être gênée, elle a simplement répondu :

« Vous dites que je suis inquiète ? Bien sûr que oui ! Et ce n'est pas parce que c'est lui spécialement, cela aurait été n'importe lequel d'entre vous, j'en serais aussi soucieuse. »

Ooooh... moi qui voulais la taquiner sur ça, je ne pense pas que ça sera possible.

« Alors ? Il respire toujours au moins ? »

Céleste s'était tournée face à moi :

« Quoi ? Tu veux que je vérifie ?

— S'il vous plaît... »

Céleste avait pris une intonation si douce, elle avait tellement l'air inquiète...

Bon sang ! Comment résister à une fille aussi mignonne qu'elle ?! J'aurais tellement voulu l'avoir comme petite soeur ! Malgré tout, je me suis quand même calmée et me suis approchée du corps inconscient de Sorel.

Je me le trimballe depuis plusieurs heures je crois. Dire qu'on aurait pu chercher un peu plus les environs, ce papier est le premier qu'on trouve après autant de temps. Faudrais qu'on s'y mette sérieusement.

Regardez moi ça : un bébé qui dort paisiblement ! Dire que t'as le privilège d'être sur mon dos ! Franchement, depuis ce que tu m'as dit dans la pièce du... du pendu, j'ai commencé à te haïr. J'ai rarement l'occasion de détester des gens et tu es bien le premier ! Ou plutôt le deuxième...

Je m'égare... je m'égare bien trop. Mais c'est ce que j'ai envie de lui hurler. C'est ce que je ressens.

J'ai pris son poignet droit pour prendre son pouls : celui-ci est toujours normal comme les autres fois.

Ce garçon est bizarre quand même, il porte des espèces de mitaines. Il ressemble un peu à quelqu'un qui ferait du cosplay. Mais tout le temps. En plus d'être un mauvais menteur, il est constamment déguisé.

Enfin, si ça se trouve, il a été capturé comme ça. Peut-être qu'il s'amusait avant que ça arrive... ? Nan, nan. Il nous l'a dit, il a été enlevé en rentrant du travail donc il s'habille comme ça quotidiennement... Bah, qui suis-je pour juger moi aussi ? Il fait ce qu'il veux, même si je dois reconnaître que ça à l'air amusant.

Je me suis mis à regarder son visage pour voir s'il "dormait" toujours.

Ben, oui.

Je me rends compte que je dis "dormir" mais vu la tête qu'il tire, on dirait plus qu'il est en train de souffrir. Il a sous les yeux des espèces de cernes assez marquées, je me souviens qu'il avait dit que c'était à cause des soirées sur les jeux.

Faut dormir dans la vie quand même. J'étais un peu comme lui avant mais je me prends en main maintenant. Je me souviens que je pouvais passer des nuits blanches à lire quand j'étais au collège. Une grave erreur. Faut pas faire ça, ça influe sur les notes et sur son bien-être en général.

Regarde, j'en viens à te donner des conseils alors que tu peux même pas m'écouter. C'est vrai que je le pense de toute façon donc personne ne peut le savoir en fait...

Tiens, je viens d'avoir une idée :

je me suis penchée vers le visage de Sorel pour mettre mon oreille en face de sa bouche, voir s'il respire quand même.

Affirmatif, infirmière Claria ! Le patient respire parfaitement quoiqu'un peu lentement.

« C-Claria ? Qu'est-ce que vous faites ?! »

Je me suis tournée vers Céleste.

« Ben je regarde s'il respire... Pourquoi ?

— R-rien... je pensais que vous vouliez l'emb-b-brasser... »

J'ai éclaté de rire.

« Plutôt crever que de ne serait-ce que lui faire la bise.

— C'est méchant Claria. »

Haron s'était joint à la conversation comme une fleur :

« T'es pas censé faire le guet toi ? »

Haron me regardait avec des yeux fatigués :

« J'entends ses ciseaux mais ils sont éloignés depuis au moins cinq minutes... alors je m'ennuie vu que Ophélia dort.

— Je ne dors pas. Je... réfléchis. »

Ah, bah moi aussi j'utilisais cette excuse quand je dormais en cours.

« Viens réfléchir avec nous alors. C'est pas mieux qu'on soit tous ensemble ? »

Je préfère quand nous sommes réunis, c'est plus rassurant et ça fait cacher mon angoisse. Ça la fait disparaître même !

« Si... si vous voulez... »

Ophélia s'est levée un peu maladroitement pour venir s'assoir à côté de moi :

« Voilà ! Au moins, je suis pas la seule à surveiller cette feignasse ! » fis-je avec mon plus beau sourire.

« Je ne pense pas qu'il dorme en fait, il s'est effondré tout à l'heure quand même...

— Et s'il s'était évanoui parce qu'il avait faim ? »

Haron posa une question qui n'était pas aussi stupide qu'il n'y paraît, après tout, y'a pas de raisons à s'écrouler comme ça en plein milieu d'une conversation.

« Maintenant que tu le dis, je commence à avoir faim aussi... »

Ophélia se caressait le ventre, tout en grommelant.

« Non, je disais ça juste comme ça. Désolée de vous faire penser à ça si vous avez envie de manger. Après tout, on ne se connaît pas donc Sorel pourrait très bien être, je ne sais pas... un anorexique ?

— Ben écoute, on va vérifier ça tout de suite.

— P-pardon ? »

La voix interrogative de Céleste me parvint ce qui me fit sourire encore plus.

J'ai lentement descendu la fermeture éclair de son gilet, puis, j'ai soulevé son t-shirt tout en déclarant :

« Regardez par vous-même, il n'est pas-wow... »

Sorel est bien plus musclé que je ne le pensais, pour un type qui passe ses soirées à jouer, on dirait franchement le contraire. Est-ce qu'il fait lui aussi du sport ?

« C-Claria ! Arrêtez ça tout de suite ! Ne vous rendez-vous pas compte du manque de respect que vous lui causez ?! Il est peut-être mourant et vous le déshabiller, non sans aucune honte ! »

Ah, je crois que je suis allée trop loin en effet. Après tout, je l'aurais sûrement massacrée s'il avait tenté la même chose...

Je me suis mise à rougir malgré moi tout en me retournant.

« Désolée Céleste... désolé Sorel... Je m'excuse pour mon comportement. »

Je rougis parce que j'avais honte devant Céleste. Cette fille peut vraiment avoir un air effrayant parfois.

« Tant que vous le comprenez... je me disais juste que si j'étais celle inconsciente, je n'aimerais pas que l'on me... que... que... »

Pour une raison assez évidente, Céleste n'arrivait pas à finir sa phrase.

« Enfin voilà ! Vous comprenez ! C'est pour ça que je vous ai disputée Claria. Pardonnez-moi si je vous ai offensée, je voulais que vous compreniez à quel point vous étiez allée assez loin... »

Même quand c'est moi qui ai tort, Céleste arrive quand même à s'excuser. C'est vraiment l'innocence à l'état pur.

« Ouais désolée. Je n'y pensais pas quand je l'ai fait. Je voulais juste détendre un peu l'atmosphère et... plus j'y pense, plus je le regrette. Désolée. »

Je devrais apprendre à réfléchir avant d'agir parfois.

« M-mis à part ça, je ne plaisantais pas tout à l'heure quand je disais que j'avais faim. Quelqu'un a une barre de céréales sur lui ?

— Ah. Malheureusement pour toi, j'en avais une hier soir quand je rentrais des cours mais je l'ai mangée. Je pense qu'on finira par trouver de la nourriture après tout. »

Ophélia soupira, le visage grimaçant. Je pense qu'il faudrait chercher ça aussi mais ça m'étonnerait qu'on trouve de la nourriture comestible dans un endroit aussi paumé.

« On cherchera après. Ce n'est pas le plus important dans l'immédiat. »

Ma voix avait l'air bien trop sérieuse à ce moment. Je pense que la tension vient de monter d'un cran...

« Enfin, ne vous tracassez pas pour ça. Le type de la télé doit bien avoir pensé à ça non ? S'il en est venu à vouloir nous séquestrer plusieurs nuits, il doit au moins avoir prévu ça ! »

Tout le monde semblait d'accord avec moi :

« Ouais... je pense que t'as raison.

— De même. Je l'espère. »

Les réponses affirmatives viennent me le prouver. Voilà quelque chose que j'aime voir : de la bonne humeur même dans cette situation ! Il faut toujours rester positif !

« D'ailleurs, pourquoi vous détestez à ce point Sorel Claria ?

— Comment ça ?

— Eh bien, vous dites que vous préféreriez mourir plutôt que de lui faire la bise. Est-ce là une de vos blagues ?

— Ah ça non. Je ne plaisantais pas que je disais ça, je ne peux pas supporter son attitude depuis tout à l'heure.

— Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ? »

Céleste... tu es mignonne oui mais tu peux être assez crédule quand tu le veux.

« C'est la façon dont il vous ment. Dont il nous ment. C'est là quelque chose que je déteste : les menteurs. Tu ne peux pas savoir à quel point je les hais.

— Sorel n'a pas l'air d'être un menteur.

— C'est ce que tu crois mais je peux te l'assurer que quand il disait vouloir vous protéger tout à l'heure, c'était loin d'être honnête...

— Je comprends que vous n'aimiez pas les mensonges mais de là à les détester à ce point. Qu'est-ce qui s'est passé pour y vouer une haine aussi marquée ? »

Je n'ai pas répondu, j'ai simplement tourné la tête.

« Vous ne voulez pas me répondre ? »

Toujours rien.

« D'accord. Je vous comprends. Nous avons tous nos petits secrets. C'est là ce que vous avez dit tout à l'heure n'est-ce pas ? Alors, je ne demanderais plus. »

...

« Quand bien même, je viens de trouver ceci au verso de la feuille que vous avez trouvée. Lisez, c'est assez déconcertant... »

Céleste me tendit le bout de papier comme si de rien n'était. Cependant :

« Moi, j'aimerais bien savoir ce que tu nous caches Claria. Tu es toujours si joyeuse, je ne vois pas pourquoi tu cacherais quelque chose. Tu viens d'attiser ma curiosité.

— Hahaha... c'est vrai. Je n'ai pas grand-chose à cacher, je n'aime juste pas parler de moi, voilà tout.

— Tu ne veux vraiment rien dire... ? »

Je n'ai pas répondu, j'ai commencé à lire le papier à la place :

« Le 18 août 2018, un évènement tragique eut lieu dans la section C du centre (dernier étage), le matin, trois de nos hommes ont eu des crises d'angoisse. Ils disaient entendre des voix dans leur esprit, leur disant toutes sortes de choses incompréhensibles mais qui, étrangement, les atteignaient moralement. Comme si cette voix les connaissait et savait comment les blesser. C'est en tout cas ce que nous indiquent nos observations.

Le rapport d'un des médecins indique qu'après une consultation, il les avait envoyés se reposer dans leur chambre, en leur précisant qu'ils avaient dû mal dormir.

Toutefois, le médecin indique que celui-ci avait finit par être intrigué de cet évènement assez soudain ayant eu lieu sur plusieurs mêmes personnes.

Celui-ci avait donc décidé d'aller les voir pour les étudier et c'est là qu'il découvrit leurs cadavres à tous les trois dans la même chambre.

Ceux-ci s'étaient taillé les veines de manière assez profondes jusqu'à provoquer une hémorragie qui fut la cause de la mort. La conclusion fut évidente : un suicide collectif.

Une enquête eut lieu sans que celle-ci aboutisse. Nous avons fini par admettre que cela pouvait être un phénomène paranormal. Et ceci a été confirmé lorsque- »

Le papier s'arrête là.

Eh bien... je ne m'attendais pas à ça. Il faut croire qu'ils aiment le suspens ici.

« Ils nous ont encore fait le coup... cacher la suite comme ça. Ça devrait être illégal.

— Oui. Mais ce qui me choque, ce sont les événements narrés ici. Comment trois hommes peuvent-ils se suicider d'un seul coup ? Et puis, quelle est cette histoire de centre ? »

C'est vrai, il y avait beaucoup de questions d'un seul coup mais cela nous permettra de comprendre dans quelle situation nous sommes. C'est ce que nous a dit ce type, il faut qu'on cherche pour connaître les réponses à nos questions.

C'est quelque chose de déplaisant en soi, je trouve ça malsain. Nous faire jouer à un jeu de piste pendant qu'on est poursuivi par je ne sais quoi... je doute que cela puisse plaire à quiconque.

« Ce papier nous dit pas mal de choses mais pourtant, je trouve que c'est pas assez. J'espère vraiment que y'en a d'autres. »

Oui, je peux paraître assez capricieuse mais bon... ce type aime bien se la jouer "mystérieux" alors j'aimerais qu'il soit au moins clair dans ses indices.

« Claria... si vous détestez tant que ça Sorel, pourquoi est-ce que vous avez fait mine de... l'embrasser quand il vous a réveillée ?

Pourquoi est-ce que ce sujet intrigue autant Céleste ? Ça devient très lourd.

« Pardon ? T'as vraiment fait ça ? »

Eh bien... je crois qu'il faut que je m'explique là puisque mes actes contredisent mes paroles :

« Franchement Céleste, tu croyais vraiment que j'allais le faire ? Je ne serais pas allée embrasser sur la bouche un garçon que je ne connais même pas. J'ai fais ça pour m'occuper l'esprit. J'étais totalement confuse quand je me suis réveillée en face de lui alors je me suis dit qu'il fallait que je réagisse d'une manière inhabituelle. Je pouvais le déconcerter et ainsi lui faire croire que je suis une fille inconsciente.

— Donc, vous avez fait semblant d'agir de manière sotte pour lui faire baisser sa garde ? Et vous y avez pensé en l'espace de quelques secondes ?

— C'est vrai. Je me suis moi-même étonnée de ma réaction mais quand j'ai vu que Sorel n'avait pas l'air méchant, je m'en suis contentée. Après tout, ça détendait l'atmosphère.

— Pourtant, je me souviens que vous vous êtes disputés quand vous croyiez que Sorel était l'organisateur caché.

— Dis Céleste, tu me trouves comment ? Est-ce que je suis agréable à vivre ? »

J'avais pris par surprise Céleste avec ma question, et je fus assez étonnée de la réponse :

« Eh bien... je trouve que vous êtes une fille intrigante mais tout de même amusante. Et puis, l'attention que vous me portez me fait extrêmement plaisir. Mais depuis peu, vous avez changé. Vous êtes passée de la fille joyeuse et pleine d'entrain à une fille froide et assez dure. Bien que cela ne soit qu'envers Sorel.

— Je te l'ai déjà dit Céleste, si je commence à détester Sorel, c'est à cause de ses mens-

bzzzt

Une vibration me fit sursauter ce qui me coupa dans la fin de ma phrase. Cette vibration, je l'ai déjà entendue...

« C'est le poignet de Sorel. Regardez. »

Céleste s'était penchée vers Sorel pour lui prendre la main droite, puis tout en nous montrant le bracelet, elle déclara :

« Si nous savions ce que cela signifie, les choses iraient sûrement mieux en ce qui concerne la confiance que nous lui portons. »

Je ne savais pas quoi dire, alors, j'ai regardé l'heure sur sa main gauche : trois heures du matin.

C'est sûr qu'il est déjà bien tard. Nous tournons en rond sans réel but depuis tout à l'heure. Il serait temps de quitter la pièce de toute manière, il nous reste deux minutes si je me souviens bien.

Je me suis rendu compte que Sorel était toujours dans l'état dans lequel il était quand je lui ai manqué de respect, ce que Céleste avait tenté d'ignorer en nous montrant le bras droit. Je me devais de réparer cette erreur.

Je me suis rapprochée de lui et j'ai remis son t-shirt dans l'état normal dans lequel il était. Et c'est là que je me suis rendu compte d'une chose : Sorel me regardait.

Il avait les yeux ouverts, des larmes coulaient toujours mais assez légèrement. J'étais à à peine quelques dizaines de centimètres de lui alors nous nous sommes regardés pendant deux à trois secondes avant qu'il ne baisse les yeux puis qu'il prenne la parole d'un air mauvais :

« Je peux savoir ce que tu me fais ? »

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