9 - Ma partenaire entre en scène !

22 minutes de lecture

Comment les gens arrivent-ils encore à se faire confiance ?

Voilà une question à laquelle plus je réfléchis, moins je la comprends. À partir de quel moment faîtes vous confiance aux gens, voire même à ceux que vous pensez être vos amis ? Les gens d'aujourd'hui ont tous tendance à se mentir pour se faciliter la vie, ou pour ne pas blesser son prochain.

C'est une chose que je hais.

Je déteste ça depuis mon enfance, j'ai commencé à mépriser tout le monde à cause d'un certain incident pendant ma scolarité. J'ai fait confiance à des gens, à des camarades et ils m'ont trahis. Je n'ai pas cherché plus loin : plus jamais je n'aurai d'amis. Je sais bien que ce sont des cas isolés, que tout le monde n'est pas comme ça mais depuis ce jour, je ne peux m'empêcher de remarquer l'hypocrisie des autres.

Je n'ai plus jamais menti envers les gens. Je dis toujours ce que je pense même si ça blesse. Je suis comme ça : quelqu'un de foncièrement mauvais. Une ordure qui n'a presque aucune compassion et qui n'en fait qu'à sa tête...

J'en viens parfois à me demander comment Valya fait pour m'apprécier à ce point... Est-ce qu'elle était amoureuse de moi ?

Après tout, l'amour rend aveugle et stupide pas vrai ?

Je me suis quand même posé la question pas mal de fois car sa manière d'agir envers moi prête à confusion.

Mais j'ai eu la réponse presque immédiatement lorsque j'avais rassemblé mon courage pour lui demander :

« C'est quoi "être amoureuse" ? Je t'aime bien mais je ne sais pas ce que tu veux dire par "amoureuse". C'est quoi ? »

Non, elle m'appréciait simplement en tant que personne et je préférais entendre cela plutôt qu'un bête « Oui, je suis amoureuse de toi. »

"Tant mieux car c'est la même chose pour moi." me souviens-je avoir pensé mais maintenant que j'y réfléchis...

Et si elle m'avait menti ? J'avais hésité longuement pour finalement conclure par cela :

Non, Valya ne me mentirait pas. Je la connais depuis maintenant quelques mois en la voyant tous les jours donc je sais suffisamment bien qu'elle soit comme moi à ce niveau-là : elle ne ment jamais non plus.

C'est ce que j'espère en tout cas.

C'est une des raisons pour laquelle je hais les mensonges : à quoi bon modifier la vérité ? Il y a des millions de raisons de mentir mais j'ai remarqué que les gens faisaient cela justement pour ne pas blesser. N'assument-ils donc pas ? Ont-ils trop peur que la vérité soit dévoilée ? Ou bien d'autres raisons que je n'ai pas encore trouvées ?

Je ne sais pas.

C'est pourquoi je hais autant ce jeu : je suis obligé de mentir aux joueurs, obligé de bien me faire voir pour ma survie et la leur...

La question est la suivante : jusqu'où mes mensonges me mèneront-ils ?

Je m'étais évanoui.

Tout était flou, rien à l'horizon : juste une grande étendue noire sans fin. J'étais visiblement en train d'halluciner. Bien que ma vision était troublée, je percevais quelque chose.

Je ne sais pas vraiment comment la décrire, une entité peut être ? C'était une ombre lointaine.

Tellement lointaine...

Je ne sais pas pourquoi mais mon coeur se serrait. Cette "entité" avait l'air très importante pour moi. Une autre personne que Valya pourrait m'être aussi cher ? J'étais curieux de le savoir.

J'appelai :

« Eh oh ! »

Seul mon écho me répondit. L'ombre n'avait pas bougé, elle ne semblait pas m'avoir entendu alors je recommençai à l'appeler :

« Eh ! »

Elle m'avait entendu. Je le sais car elle venait de se retourner pour me faire face. Elle me semblait si inaccessible et à la fois si proche.

Est-ce qu'il y avait vraiment quelque chose sur mon passé qui était si touchant ? Je le sentais dans mon coeur : cette personne m'était importante, sûrement pas plus que Valya mais tout de même assez pour me faire réagir intérieurement.

J'essayais de marcher mais je me rendis compte d'une chose affreuse : j'étais cloué au sol.

Malgré tous mes efforts, je ne pouvais pas bouger d'un seul millimètre. Cela me faisait le même effet que ce maudit produit ! Je voulais la rejoindre ! L'horizon s'étendait à perte de vue mais je pouvais distinctement l'apercevoir de loin ! Il fallait que je la voie !

« Non, ne pars pas ! Attends-moi ! »

J'avais beau m'égosiller, rien. Celle-ci commençait à partir et c'est pourquoi je la suppliais de m'attendre. Je voulais savoir qui elle était, qui était cette entité. Je ne savais pas pourquoi mais je le voulais absolument ! Et pourtant...

« Non ! Reviens !! »

Elle partait de plus en plus vite. Comme si elle s'enfuyait de quelque chose. Je ne pouvais pas supporter ce cauchemar plus longtemps :

« Bordel ! Réveilles-toi Sorel ! Réveilles-toi bon sang ! »

Je me pinçais la joue dans l'espoir d'échapper à cette torture. J'en étais presque à me donner des claques pour me sortir de là. Je ne pouvais pas bouger et mes appels étaient vains. Alors à quoi bon...

Je me battais sûrement contre moi-même, c'était sûrement une hallucination mais quelque chose qui me faisait autant d'effet pouvait-il être le fruit de mon imagination.

Non, impossible.

C'était un souvenir du passé. De mon passé que cet homme est en train de révéler en ce moment même aux autres. Qu'est-ce qu'ils en ont à faire après tout ?! Pourquoi avait-il absolument besoin de leur parler de moi ?

Je ne comprends rien et ça me frustre.

Soudain, tout devint noir. Tout s'arrêta d'un seul coup.

Je ne voyais plus l'ombre ni même l'horizon. Je n'étais plus dans cet étrange rêve. Je ne savais pas où j'étais ni même comment je me sentais. C'était comme si je n'existais pas, je devais être en train de me réveiller.

Oui, je me réveille car je peux sentir mon mal de tête revenir.

Ugh... j'avais oublié à quel point ça faisait mal...

« Il est réveillé. »

Je venais de retrouver le vrai monde. Pas cette espèce de vision bizarre que je venais d'avoir sûrement à cause des effets du produit.

J'étais revenu.

La première chose que j'avais entendu fut la voix monotone de Claria.

J'insiste sur le côté "monotone" car elle n'avait pratiquement aucune émotion. Comme si ça l'ennuyait.

« Effectivement... est-ce que vous allez bien Sorel ? »

Céleste, qui je me souviens avait eu une voix très paniquée, avait là une voix calme. Sa voix habituelle en fait...

« Ma tête me fait mal... je suis resté combien de temps endormi ?

— Une dizaine de minutes, il est vingt-deux heures quarante sept très précisément. À ce que je vois à ta montre en tout cas. »

Il ne me fallut que quelques secondes pour m'en apercevoir, il était aussi tard que cela mais tellement loin d'être la fin de cette nuit. Je me demande tout à coup combien de nuit l'organisateur à prévue...

Haron venait de me parler du même ton de voix que Claria ce qui m'agaça un peu, j'ai voulu mettre tout de suite les choses au clair quant à la raison de mon évanouissement :

« Qu'est-ce que ce taré vous a dit sur moi ? »

Aucune réponse.

Je pouvais même sentir une atmosphère très pesante, mon passé est si grave que ça ?!

« Alors ?! Pourquoi vous êtes tous comme ça ?! Dîtes moi non ?!

— D-désolé Sorel... Il nous l'a clairement fait comprendre : "si vous en dites quelque chose à notre maître du jeu, c'en sera fini de vos vies à tous. Une vie est précieuse alors ne la gâchez pas en tentant n'importe quoi." »

L'ironie de la situation est tellement puissante que j'en arrive à avoir un sourire.

« D'un côté, je doute que tu aies envie de savoir... »

Haron, qui il y a de cela quelques instants avait pourtant dit qu'il ne me jugerait pas et qu'il me fera confiance, était en train d'agir à l'exact opposé de ses paroles.

Arghhhh ! Mais qu'est-ce qu'il leur a dit, bon sang ?!

« Quoiqu'il ait dit sur moi, vous le croyez ?!

— Calme toi Sorel, ce n'est pas en t'énervant qu'on va te le dire de toute façon. Il nous a dit de ne rien dire alors on ne te dira rien. T'aurais fait la même chose. »

C'est ça ton argumentation Claria ?! "T'aurais fait la même chose." C'est tellement pathétique bien qu'elle n'ait pas tort...

Raaah ! Je suis tellement frustré ! J'ai envie de savoir plus que n'importe quoi d'autre ! Je me suis lentement tourné vers Haron pour simplement lui dire :

« Et moi qui te considérais comme un ami... »

Je me rendais compte que je serrais si fort le poing que je commençais à avoir des fourmillements.

« Écoute Sorel, nous ne sommes pas responsable de la situation, si tu es aussi énervé du fait qu'on ne te le dise pas, tu ne sais même pas à quel point tu le serais si tu étais au courant...

— Chut ! Imbécile ! répliqua Claria tout en mettant l'index devant sa bouche.

— Et toi Ophélia, tu ne lui fais pas confiance à ce type quand même ?! Tu peux me le dire non ? »

J'avais bien une lueur d'espoir...

Quelle naïveté ! N'oublions pas que c'est d'Ophélia que l'on parle là :

« Désolée, je ne veux pas prendre le risque. »

Prévisible.

« Et toi Céleste... ? »

Céleste ne fit que baisser encore plus les yeux, chose qu'elle fait déjà de base pour cacher son visage mais elle s'était encore plus inclinée.

Comme pour imiter "ma" manière de s'excuser.

Tout en se rapprochant de moi, Céleste commença à parler :

« Je vous prie de m'excuser pour ne pas être dans la capacité de pouvoir vous informer de ce que nous venons d'entendre mais je-

*baf*

Je repoussai la main qu'elle tendait vers moi d'un coup sec. Elle avait sûrement l'espoir que l'on s'entende bien mais j'étais si énervé que je ne voulais pas de sa pitié inutile.

« Ah... alors même toi... »

Il faut dire que dans le groupe, Céleste était la personne en qui je pensais le plus avoir confiance. Elle a l'air si naïve dans ses propos que je ne pense pas qu'elle me ferait un coup en douce. Ce qui est sûrement loin d'être le cas de Claria maintenant ou bien d'Ophélia.

Pour Haron, on a déjà vu ce que ça avait donné.

« Je... suis désolée...

— "Désolé" vous n'avez tous que ce mot à la bouche ! Je fais des efforts pour que tout le monde s'entende et vous vous mettez à me cacher des trucs me concernant ! Qui vous dit qu'il vous tuera ?! Qui vous- »

Je me suis arrêté net dans mon monologue.

Ce type est assez fou pour tenir sa parole dans ce cas-là. Mon argument principal reposait sur le fait que c'était peut-être un mensonge mais s'il avait pris la peine de m'endormir, c'est que ça devait être sérieux.

« Raaah ! Pourquoi tout va contre moi ?! Je lui ai fait quoi à ce type pour qu'il me haïsse autant ?! »

Comme si ce fut en guise de réponse, le haut-parleur commença à grésiller signe qu'il allait être utilisé :

« Bon, la partie va bientôt reprendre. "Elle" va se réveiller. N'oublie pas Sorel : Valya n'a le droit que d'entrer en contact avec toi et personne d'autre ni même rien d'autre car c'est une "spectatrice".

Ah, encore une chose : vous vous souvenez de la règle vous interdisant de rester plus de vingt minutes dans une pièce précise ? Eh bien, sachez que même si vous restez moins de temps dans une pièce, il vous faudra attendre le temps que vous avez passé dedans avant de revenir. Si par exemple, vous êtes restés quinze minutes et que vous ressortez, vous ne pourrez pas rentrer de nouveau dans la pièce pendant les quinze minutes que vous avez passées. Cela évitera à certains petits malins de sortir pour réinitialiser le temps puis rentrer de nouveau et passez vingt autres minutes cachés au même endroit.

Allez Sorel, prends bien soin de ton amie. »

Le haut parleur s'éteignit, l'annonce était donc terminé.

Rajouter des règles au fur et à mesure me fait penser que l'organisateur n'a pas TOUT prévu et qu'il s'adapte selon la situation afin de renforcer les bases de son "jeu". Se donner autant à fond pour un projet si morbide... quel esprit tordu !

« Pfff... t'avais pas besoin de me le dire ça... Bien sûr que je vais prendre soin d'elle ! grommelai-je

Ayant dit cela, je m'approchai de la porte l'air déterminé :

« Attends Sorel, on y va dès que tout le monde est prêt plutôt non ?

— Nan. Y'a pas de temps à perdre ! Ça fait largement vingt minutes que nous sommes là mais je suppose qu'il nous laisse du temps supplémentaire vu qu'il nous a retenus pour vous parler de moi. »

J'étais tellement froid dans mes paroles que je vis le visage de Haron se crisper.

Personne ne peut me considérer comme son ami. Je suis tellement désagréable que me supporter relève du miracle. Il aura sûrement pensé être mon ami durant le temps que je sois évanoui et pas une minute de plus.

Je tendis l'oreille vers la porte.

Pas de bruits de ciseaux. Bien.

« On peut y aller. Je vais chercher Valya qui est toujours dans ma chambre. Qui m'aime me suive. »

Tout en ayant dit cela, je faisais une tête qui disait bien haut et fort "mais personne ne m'aime, pas vrai ?"

En y pensant, ça me faisait rire en fait. Bien évidemment, personne ne semblait vouloir me suivre. Ils avaient soit peur de sortir, soit pas envie de me suivre. Voir peut-être les deux ? Hum... sûrement les deux en fait.

Alors que je me retournais vers la porte pour sortir, je sentis quelque chose me tirer la manche droite.

C'était Céleste :

« Je viens avec vous. Valya est une amie qui vous est chère alors je ne souhaite pas la voir mourir. Je suis même curieuse de la rencontrer.

— Céleste... »

Claria s'était approché de nous pour mettre sa main sur son épaule.

Les deux filles échangèrent des "regards" si je puis dire vu que Claria regardait une capuche puis elles se retournèrent vers moi :

« Je viens aussi alors. »

Quel rapide changement d'avis... bien qu'elle n'ait jamais spécifié un quelconque refus.

Je leur répondis par un demi-sourire. Puis je me tournai vers les deux autres :

« Que vous vouliez venir ou pas, vous devez de toute façon sortir de cette pièce. Et je vous conseille même de nous suivre car si la majorité des gens ici se dirigent vers un endroit, il ne vaut mieux pas faire la forte tête à vouloir explorer seuls.

À moins que vous soyez en train de prévoir votre suicide comme ce type. »

Ophélia et Haron s'approchèrent en même temps, l'air un peu gêné :

« Ce... ce n'est pas comme si je voulais rester seul ici... je suis ton ami alors je te suis, pas vrai ? »

Ah tiens, tu penses toujours être mon "ami" ? Curieux...

« Je viens aussi. Je ne veux pas être toute seule et ça ne me dérange pas de rencontrer... quelqu'un d'autre. »

Donc, tout le monde vient.

« Bien, allons-y alors. »

Je pris la poignée de porte dans la main puis commençait lentement à la tourner, j'étais en train de m'imaginer la fillette qui nous attendait juste là-dehors silencieusement, je commence à avoir la trouille...

Argh ! Mais Sorel !! Ce n'est pas comme ça que le "maître du jeu" doit agir ! On doit y aller franchement maintenant !

J'ai ouvert la porte beaucoup plus rapidement que je ne le pensais, sûrement dans un élan d'adrénaline.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, non pas la fillette, mais Valya qui sursauta à la seconde même où elle entendit la porte s'ouvrir.

Celle-ci semblait déambuler dans les couloirs, sans but.

« Whoa ! »

Toutes les filles présentes sans aucune exception ont sursauté lors du cri de surprise de Valya.

« Que-qu'est-ce que tu f-

Sans même me laisser le temps de finir ma phrase, Valya me sauta au cou de manière assez violente.

« Sorel !! J'ai eu tellement peur quand j'ai entendu des cris tout à l'heure !! T'es vivant ! Mon maître est vivant !! Hahahahaha !

— Chut ! Pas si fort Valya ! Même si j'apprécie l'accueil. »

Valya est la seule personne que je connaisse à me faire vraiment sourire. Parce que je souriais.

Un sourire authentique, honnête.

« A-alors c'est... elle, Valya ? C'est bien ça ? R-ravie de vous rencontrer ! fit Céleste tout en tendant une main hésitante.

Je le conçois, voir Valya pour la première fois doit être assez déroutant vu son attitude très... enjouée.

« Bonjour à toi petite fille ! Je ne peux pas te serrer la main vu que je n'y suis pas autorisée... »

Valya fit une mine boudeuse avant de reprendre :

« Ahh ! Quel dommage ! Je voulais serrer fort dans mes bras une fille aussi mignonne que toi ! La vie est si injuste !! »

Céleste fit un pas en arrière d'étonnement :

« V-v-vous pensez aussi que je suis "mignonne" ? »

Tiens, elle bégaye. Valya lui fait autant d'effets ? Je la comprends.

« Bien évidemment ! C'est toujours mignon les petites filles ! Mais pourquoi tu as cette jolie capuche ? Je ne sais pas si tu l'as remarquée mais elle cache ton visage ! C'est dommage non ? »

Fais gaffe Valya, tu vas passer pour une fille vraiment bizarre si tu insistes autant...

« O-oui... je le sais.

— Et bien alors ? Tu pourrais me montrer ton visage ? Je suis sûre que tu es aussi mignonne que la fille à côté de toi ! »

Claria, à son évocation répondit :

« Elle... parle de moi ? Hahaha... merci bien ! »

Je ne sais pas pourquoi mais Claria s'était forcé à rire. Elle n'aime donc pas être flattée ? Ça nous fait un point commun.

« Hihihi ! Vous vous appelez comment toutes les deux ? La demoiselle au casque et la petite fille ? »

Une des choses que j'aime chez elle, c'est sa puérilité. Elle prend souvent cet air-là et je dois avouer que ça me fait beaucoup rire. Même si elle sait garder son sérieux quand elle me réconcilie par exemple.

« Ah... eh bien, je m'appelle Claria et elle, c'est Céleste.

— Enchantée ! Moi, c'est Valya ! »

On le sait, ne t'en fais pas.

« Ahem... bonsoir V-Valya. »

La petite voix de Haron se fit entendre venant de derrière nous. Pour l'instant, je me tenais devant le pas de la porte avec Céleste et Claria qui étaient à mes côtés. Quant aux deux restants, ils étaient sur le point de nous suivre ce qui fait qu'ils étaient derrière nous.

Haron s'approcha pour se montrer :

« Ah tiens, un autre garçon ! Et une autre fille ! Tellement d'amis potentiels ! Je m'appelle Valya ! Enchantée ! »

Valya souriait avec le plus sincère des sourires. Elle est ravie de voir d'autres personnes à ce que je vois.

« Et vous êtes ?

— Ah... eh bien... je m'appele H-Haron et elle, c'est Ophélia.

— Je... peux me présenter toute seule tu sais... »

Je ne saurais dire pourquoi mais il y avait une ambiance assez étrange dans la pièce. C'est sûrement dû au fait de la bonne humeur de Valya qui est totalement opposée à l'endroit dans lequel nous nous trouvons.

« Enchantée ! Je suis Valya ! J'espère que nous pourrons tous nous entendre ! Et je- AAAH !!

Valya se stoppa dans sa phrase pour pousser un petit cri de frayeur :

« Valya ! Baisse d'un ton ! Oui, il y a un mort ici mais cela ne sert à rien de paniquer où nous finirons comme lui. »

— Ahem... oui désolée... D'ailleurs, vous ne devriez pas y aller ? Je viens de faire du bruit donc "elle" va peut-être arriver.

Effectivement, il fallait que l'on bouge. Mais pour aller où ?

Nous ne connaissons rien de l'endroit, nous ne savons même pas sa taille ! Nous n'avons même pas de plan du bâtiment ! Même si l'obscurité est un avantage pour nous, si nous sommes dans un endroit inconnu, cet avantage est tout de suite inutile...

« Essayons d'aller en haut. Par les escaliers là-bas. »

Tout en parlant, je pointais du doigt l'escalier qui était à quelques mètres sur notre gauche. L'escalier menait à ce qui semblait être un "demi-étage" dans le sens où il ne monte que de quelques marches. Après, vu l'obscurité, je ne pouvais pas apercevoir le bout.

Nous nous étions un peu habitués aux ténèbres car nous pouvions nous apercevoir sans l'aide de la lampe torche. Cependant, notre champ de vision était limité à seulement quelques mètres autour de nous...

« Ok ! Je vous suis ! On fera connaissance après ! fit Valya en chuchotant joyeusement.

Je pensais au début que Claria lui ressemblait mais elle semble être une autre personne depuis que je lui ait fait la réflexion de tout à l'heure.

Même si n'importe qui penserait que Valya est une fille naïve, elle sait être sérieuse même si ce n'est pas son genre.

« Aucune objection ? »

Même si quelqu'un en avait une, j'aimerais bien la connaître.

« Si ! Moi ! »

Ophélia leva la main comme pour demander la permission de parler :

« Ah... et laquelle ?

— Nous devions fouiller cet endroit non ? Il y a sûrement des trucs qui pourraient nous en apprendre plus sur où est-ce qu'on est. »

Elle n'avait pas tort d'un côté. Depuis le début de la partie, nous n'avons rien appris sur l'organisateur, l'endroit où nous sommes, pourquoi sommes-nous là etc... Rien du tout.

Mais d'un autre côté :

« Nous avons grillé le temps pour ici. Nous y retournerons dans vingt minutes mais il faudra faire attention jusque-là à ne pas recommencer à créer des problèmes... »

Valya me regarda, surprise :

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai entendu des hurlements mais j'avais peur alors je me suis cachée...

— Ah... euh... ahem... disons que j'ai fait quelque chose de pas très bien. Mais nous en parlerons après Valya. Nous n'avons pas le temps de traîner et en plus, il- »

Cliquetis, cliquetis

Un sursaut de frayeur me parcourut l'échine. Les bruits de ciseaux se faisaient entendre bien plus fort d'un seul coup. Je pouvais même entendre sa hachette racler contre le sol dans un bruit affreusement gênant et continu mais légèrement masqué par les ciseaux.

« Faut pas qu'on reste là. On se grouille ! » ordonnais-je en chuchotant.

Nous ne pouvions pas distinguer l'ennemi. Les bruits semblaient venir de partout à la fois. Je ne pouvais même pas dire si elle était devant ou derrière mais une chose de sûre : elle était proche.

« Suivez-moi et ne vous perdez pas ! J'éteins la lumière juste le temps de monter. Restez derrière surtout. »

Je disais ça aussi pour me rassurer je dois bien l'avouer.

C'était assez risqué mais il fallait prendre ce risque. Nous pourrions passer sans même alerter la fillette qui se trouve sûrement pas loin de nous en ce moment même.

Lentement, nous nous sommes faufilés dehors, dans le couloir.

J'entendais le bruit de leurs pas juste derrière moi mais je préférais regarder devant moi afin d'assurer nos déplacements.

Mais quand est-ce que c'est devenu aussi sombre ?! J'ai l'impression que le bâtiment s'est obscurci !

Ça doit être mon imagination...

Nous commencions à monter les marches lorsque j'entendis les bruits de ciseaux se rapprocher de plus en plus. Visiblement, elle nous avait entendus et elle voulait venir nous rendre une petite visite. Mais nous changions d'étage ce qui veut dire que nous nous éloignons d'elle, enfin, je l'espère. Il ne fallait pas qu'elle nous trouve, absolument pas !

Sans me retourner, je montais les marches doucement pour ne pas faire trop de bruit, ce sont des marches en béton tout ce qu'il y a de plus classique mais elles semblaient bien usées au vu de leur état médiocre, je pouvais le savoir vu que justement, il fallait faire attention à ne pas se casser la figure car elles étaient assez glissantes.

Des marches qui ont servi assez longtemps on dirait...

Je manquai plusieurs fois de m'étaler par terre de tout mon long. Il faut dire que grimper des marches dans le noir est une expérience assez difficile et stressante qui plus est ici...

Allez ! Plus vite bon sang !

Enfin ! Nous sommes à l'étage suivant !

Même seulement quelques marches à monter deviennent une éternité lorsque vous devez le faire dans le silence le plus proche possible de l'absolu. J'étais en sueur sans m'en rendre compte, j'avais la trouille envers cette gamine maintenant... je ne voulais plus revivre ce que j'ai vécu. Et par-dessus tout, je ne voulais pas que Valya me voie souffrir, tout cela en étant impuissante...

Rien que d'y penser, j'en ai des frissons.

Je n'entendais rien derrière moi. J'imagine qu'ils sont tous bien silencieux.

En parlant de silence, je n'entendais plus les bruits de ciseaux non plus. Ce qui est assez étrange car même lorsqu'elle était éloignée, nous pouvions entendre vaguement en fond les cliquetis de sa paire de ciseaux.

Un bruit qui me devenait horriblement stressant.

Je ne prêtai pas attention à ce léger détail et commenca à me retourner pour voir si les autres étaient là lorsque j'entendis quelque chose.

"Ça" respirait.

Derrière moi. De l'endroit dont je faisais face il y a de cela quelques secondes.

« C'est toi Valya ? Arrête de respirer comme ça s'il te plaît...

— Quoi ? Je suis juste là Sorel... »

Je me rendis compte pour apercevoir Valya qui m'avait suivi et qui d'ailleurs... était la seule !

« Sorel ! T'es déjà en haut ? Attends-nous ! On est tous en bas là... Tu vas trop vite ! »

Claria chuchotait assez fort pour que je l'entende.

Et c'est là que j'ai compris que j'étais en grand danger.

« Te... voilà ! Je veux voir ! »

Sans même me retourner, je fis un bond sur le côté qui d'ailleurs me sauva la vie car j'entendis juste après la hachette s'abattre sur le sol. Je pouvais apercevoir la fillette et son visage de démon. Avec toutes les blessures sur son corps qui ressemblaient à de la scarification très avancée...

Par ma faute, nous étions repérés. Au final, elle était à l'étage... et dire que c'était mon idée d'y aller... Abruti !

« Sorel ! Qui est cette fille ?! Elle me fait peur... »

Sans répondre à la question de Valya, je la pris par la main pour commencer à dévaler les escaliers à toute vitesse. Ce fut d'ailleurs bien plus facile car j'avais allumé la lumière : nous étions repérés de toute manière alors autant qu'elle serve à quelque chose.

« Qu'est-ce qu'il se passe S- Whooaah ! »

Bien évidemment, je me suis pris le pied à la dernière marche ce qui fait que j'ai trébuché dans un joli saut plané. C'est tout moi ça...

« Attention ! »

J'eus à peine le temps de prévenir Claria, qui était malheureusement celle sur mon chemin, que je chutai sur elle l'entraînant au sol avec moi.

J'ai été un peu sonné par la chute pendant quelques secondes. Je pense que dans n'importe quelle autre situation, cela aurait pu être hilarant de me voir faire une telle cascade mais étrangement là, je n'avais pas envie de rire ni personne d'autre d'ailleurs.

« Aouch... désolé Claria. Il-il faut qu'on bouge... ! Elle est là-haut !

Je dois dire que je me sentais un peu mal à l'aise d'être tombé comme ça sur une fille et d'être à quelques centimètres de son visage. Je devais me dégager de là car il va y avoir des malentendus si je reste ainsi.

« Ahem... Sorel. Ce n'est pas que je sois gênée ou quoi que ce soit mais je ne pense pas que notre relation soit assez évolué pour que tu te permettes... "ça".

— De quoi est ce que tu- »

Mon visage passa au rouge à l'instant même où je compris ce à quoi elle faisait référence : j'avais les deux mains sur sa poitrine !

J'ai retiré instantanément les mains au millième de seconde où je l'avais remarqué. Je passais pour un gros pervers en plus de nous ralentir.

Je suis déjà en train de regretter d'être tombé. Je ne veux pas que l'on ai cette image de moi ! Et je ne veux pas que quelqu'un se fasse de fausses idées sur quoi que ce soit.

Je suis vraiment fort : comment passer d'une situation stressante à une situation cocasse pour revenir à la situation originale.

« Vraiment Sorel, c'est cliché... le garçon qui tombe sur la fille comme ça, on dirait une- AAHH !

Claria fit des yeux ronds de surprise alors que j'entendais les cliquetis des ciseaux dévaler les escaliers.

« Arrêtez de bouger ! Laissez-moi... voir !! »

Ce n'était pas humain. Pas du tout ! Sa voix n'était pas celle qu'elle devrait normalement être. On aurait dit l'enfant d'un démon : une voix très grave et déformée. C'était vraiment terrifiant !

Claria eut le réflexe qui me sauva de nouveau la peau :

elle fit une roulade sur le côté, évitant ainsi un autre coup de hachette bien placé qui fit un bruit assourdissant sur le sol, tout en m'emportant avec elle. Elle était maintenant à ma place et moi à la sienne.

Elle se releva d'un coup sec pour me tendre sa main :

« Lève-toi ! On y va ! »

J'ai agrippé son bras aussi vite que je le pus pour me lever moi aussi.

« Argh... On doit courir ! Courez ! »

Je n'avais pas besoin de le dire de toute façon, je pouvais voir Ophélia qui courait bien plus vite que je le pensais. Elle partait toute seule !

« Attends Ophélia, il y a encore Céleste ! »

Ma voix ne l'atteignait pas, elle semblait totalement en panique. Je pouvais l'apercevoir trembler même dans la pénombre.

Céleste était dos au mur, avec la fillette juste devant elle.

Haron avait, par je ne sais quel miracle, réussi à éviter de se faire piéger alors qu'il était juste à côté d'elle lorsque j'avais pu les apercevoir pendant le court laps de temps avant de tomber dans les escaliers :

« Sorel ! La petite Céleste va se faire tuer ! Pourquoi je ne peux rien faire ?! Pourquoi ?! »

Valya restait derrière moi en tremblant. Je pouvais sentir la peine et la peur dans sa voix ce qui me faisait mal intérieurement...

Je n'allais de toute manière pas laisser tomber quelqu'un qui allait se faire tuer.

Je pouvais voir que Claria semblait vouloir s'approcher afin de sauver Céleste d'une mort plus que probable. Mais elle était trop lente : sûrement la peur qu'elle ressentait elle-même ce que je comprends...

« Eh toi ! La psychopathe ! Surveille tes arrières ! »

Je n'ai pas réfléchi et je me suis précipité sur la fillette qui s'apprêtait à attaquer Céleste. Je lui ai littéralement foncé dedans sans lui laisser le temps de réagir.

J'ai percuté le mur devant moi avec la fillette faisant office de bouclier contre le choc.

Céleste avait réussi à esquiver à la dernière seconde, elle avait fait une espèce de roulade sur le côté assez maladroitement. Elle s'était plus jeté sur le côté qu'autre chose mais elle avait réussi à se dégager grâce à moi.

Au moins, j'aurais fais une bonne action dans ce jeu...

« Sorel... je... merci... »

Bien que Céleste me remerciait, je ne voulais pas crier victoire trop vite...

Et j'ai eu raison.

J'étais contre le mur avec la fillette juste devant moi mais de dos et sans que je comprenne comment, la fillette avait réussi à m'agriper la veste pour me projeter avec violence sur le mur et ainsi inverser les positions.

« AARGH !! »

Sa force était inouïe ! C'était inconcevable pour une fillette d'avoir autant de puissance ! Ce n'est pas la distance que j'aurais pu parcourir entre le moment où je me fais projeter et le moment de l'impact qui m'avait fait hurler de douleur mais la force impressionnante avec laquelle j'ai été envoyé sur la paroi.

Ses grognements de colère s'accompagnaient de son air déjà angoissant. La fillette me regardait avec une haine profonde.

C'est avec une terreur croissante que j'entendis cette phrase qu'elle vociféra d'une voix démoniaque avant de se ruer sur moi :

« Toi... tu vas devoir mourir !! Tu as osé toucher à Eneko ! »

Annotations

Vous aimez lire Lor millon ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0