8 - Problèmes d'un coeur qui n'est pas le mien.

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"Arythmie".

La première fois que je l'ai entendu, je ne savais pas ce que c'était. Je n'étais même pas au courant que ce mot existait. Et pourtant... c'est ce qui allait désormais me détruire la vie. À cause de "ça", je devenais quelqu'un qui avait un défaut. J'avais un handicap. Une... imperfection.

J'avais fait ma toute première crise lors d'un de mes tests à l'école. Un contrôle aux lourdes conséquences si celui-ci était raté. Mon père me l'a répété tellement de fois : « Tu n'as pas intérêt à déshonorer la famille. Tes notes tout comme toi doivent être à mon image, c'est-à-dire parfait. »

Un "poil" narcissique.

J'ai été emmené d'urgence à l'hôpital et j'ai dû faire des examens pour mon coeur, j'ai finit par avoir ce diagnostic. Après l'incompréhension et les explications fournies par le médecin, j'ai ressenti une haine. Une haine profonde envers moi-même qui malgré tous mes efforts finissait avec ce défaut très handicapant.

Pour faire simple, une arythmie est une anomalie qui affecte le rythme cardiaque le rendant anormal. Ça n'a pas l'air d'être quelque chose de dérangeant mais ce sont les symptômes qui sont le plus handicapant : je peux d'un seul coup si je suis pris de stress me mettre à avoir des douleurs à la poitrine assez gênantes pour stopper quoique je sois en train de faire. Si je ne me calme pas, cela peut virer en crise cardiaque pure et simple.

Ma maladie n'est pas à la forme la plus grave et mon traitement se fait par des médicaments à prendre à heures strictes. Mon médecin m'a également conseillé de faire un peu de sport sous sa surveillance histoire de maintenir mon coeur en forme.

J'ai demandé que l'on cache ces diagnostics à mon père. J'avais juste trop peur de sa réaction... lui qui s'emporte si facilement, s'il apprenait que j'avais cette anomalie cardiaque, qui sait ce qu'il pourrait m'arriver...

J'en ai donc parlé à ma mère. J'étais inquiet pour mon avenir. J'avais à présent une maladie potentiellement mortelle et qui pouvait se manifester n'importe quand. La cause a apparemment été le stress. Et apprendre qu'on a cette maladie n'arrange rien mais alors rien du tout en ce qui concerne ce problème...

Ma mère ne pouvait bien évidemment rien faire. J'allais continuer les études comme un élève normal, mon mode de vie infernal ne changera pas même avec cela. Mon médecin m'a conseillé d'éviter à tout prix les situations à fort potentiel de stress mais je n'allais pas être en mesure de pouvoir remplir cette condition. D'ailleurs, la prise de médicament se fait chaque matin et chaque soir, je dois le faire sans que mon père s'en aperçoive.

Combien de temps ce petit jeu entre lui et moi allait durer... ? Pourquoi a-t-il fallu que je sois... imparfait ?

Et surtout... comment je vais devoir gérer ma maladie lorsque je suis enfermé avec des gens que je ne connais pas et que quelqu'un nous force à nous entretuer ?! Comment mon père réagira lorsqu'il apprendra ma disparition ? Peu importe ce qu'il fera, lorsqu'il me retrouvera, je recevrais la correction la plus abominable qu'il soit venant de sa part. Est-ce que l'excuse du "j'ai été kidnappé" sera suffisante pour cet homme que je méprise alors qu'il est mon propre père ? Sera-t-elle suffisante pour cet homme aussi avide que perfectionniste ?

Je dois absolument sortir de là. Par n'importe quel moyen.

« Parfait ? Mais... qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu sais comment l'être ?

— Mais... pourquoi tu me poses cette question ?!

— Parce que je veux connaître la réponse.

— Et tu penses que je la connais ?

— Qui sait... »

Je ne comprenais pas Haron. Il se met à me poser une question aussi bizarre d'un seul coup puis ne m'explique rien. Je me dois quand même de savoir s'il me le demande non ?

« Tu veux connaître mon opinion sur la chose n'est-ce pas ?

— Oui.

— Alors je vais simplement te dire qu-

— Tu m'imites. »

Claria m'avait coupé la parole ce qui me surprit légèrement :

« Quoi ? Pourquoi vous me regardez comme ça ? Est-ce que quelqu'un oserait me contredire ? »

Tous nos visages, y compris celui de Haron s'étaient tournés vers elle et nous devions tous avoir une expression ennuyée pour qu'elle fasse cette remarque. Il faut croire que Claria aime bien avoir l'attention de tout le monde.

J'étais à la droite d'Ophélia et à la gauche de Céleste, donc, entre les deux. Claria, elle, était en face du lit donc la regarder prenait un angle de vue différent car c'était la seule à cet endroit de la pièce.

« Je vous en prie, ne faites pas les timides ! Vous pouvez le dire que je suis la perfection ! »

Claria affichait un grand sourire, toute contente de ses paroles. Elle attendait une réaction visiblement.

Un petit ricanement me surprit. Haron avait légèrement rigolé. Très doucement et assez rapidement mais il avait rit.

Claria ne pouvait être plus fier. Et je dois avouer que voir une fille aussi contente et souriante avec en arrière-plan un pendu est assez représentatif de notre groupe à ce que j'ai pu voir pour l'instant : nous pouvons passer d'un extrême à l'autre en quelques phrases. Et je sens bien que ce ne sera pas la dernière fois que je ressentirais cela.

Oh non.

Claria nous remontait un peu à tous le moral mais qui sait ce qui arrivera si elle change d'un seul coup ? Ou bien... si elle meurt... ?

Je préfère ne pas y penser.

« Plus sérieusement Haron, pourquoi tu veux devenir "parfait" comme tu dis ? Tu es amoureux ? »

Le visage d'Haron changea instantanément pour passer au rouge. Il semblait gêné de cette question mais gardait tout de même un air un peu triste :

« Qu-quoi ? Mais... non !

— Ah bon ? Alors pourquoi cherches-tu à savoir comment être "parfait" ? Je ne connais pas vraiment d'autres situations où on se demande ce genre de choses...

— Quelle grande romantique tu fais... dis-je d'un ton exagérément ironique.

— N'est-il pas ? Je suis une jeune fille très sensible. »

Soupir de ma part :

— On s'en fiche. Moi je vais te dire une chose Haron, les gens parfaits, c'est comme le Père Noël, ça n'existe pas. »

Claria me dévisagea, médusée :

« Wohoho ! Spoiler ! »

Au tour d'Ophélia de légèrement ricaner face à ma réaction, je ne savais pas s'il fallait que je la gifle mais j'en avais vraiment envie, mais je pense que c'est trop méchant :

« Vraiment... on ne peut jamais avoir de discussions sérieuses avec toi... »

Claria ne me répondit pas tout de suite. Elle baissa légèrement les yeux pour demander d'une voix anormalement sérieuse :

« Penses-tu vraiment ce que tu viens de dire ?

— Je ne le pense pas, j'en suis sûr. Ta bonne humeur est agaçante dans cette situation sérieuse, Haron a des problèmes et j'aimerais les écouter.

— Oui mais bon... tu l'as quand même frappé assez violemment tout à l'heure donc-

— Arrête Ophélia. Je regrette ce que j'ai fait mais je recommencerai si l'un de vous essaie de tuer quelqu'un d'autre. Je répare mes erreurs en l'aidant maintenant. »

À force de me mentir, je commence à ne plus discerner le vrai du faux de mes paroles.

« Sorel, avant toute chose, j'aimerais te poser une question. »

Encore une ? Bien que ce soit Claria qui parlait donc la question allait forcément être simpliste.

« Bien mais après, on écoute Haron d'accord ? Je te signale qu'il nous reste un peu plus de dix minutes avant de changer de salle. »

Claria me fixait, elle scrutait mon âme si je puis dire. Elle me regarda droit dans les yeux avant de me demander :

« Préfères-tu affronter les épreuves que tu traverses en ce moment avec le sourire ou laisser le désespoir t'envahir ? »

Je crois que je n'ai jamais vu Claria comme ça. Elle était tellement sérieuse que cette fois, le pendu derrière elle donnait l'impression qu'elle venait justement de commettre l'acte.

Oui, elle était effrayante.

Mais pas assez pour moi :

« Je préfèrerais que tu arrêtes avec tes questions pseudo-philosophiques. Personne ne serait d'aussi bonne humeur s'il venait à participer à un jeu aussi macabre. Ce n'est pas parce que tu es heureuse dans ta vie que nous le serons aussi grâce à toi. »

Claria me fixait toujours. Elle ouvrit la bouche, puis la referma sans rien dire. Un simple regard méprisant accompagna cette autre question :

« Haron, tu disais avoir des problèmes au coeur. Tu peux nous parler des détails ? »

Tout en ayant parlé, elle s'était approché de moi, me bouscula sur ma gauche et donc sur Ophélia puis me prit ma place :

« Eh !

— Est-ce que tu sais si c'est une maladie ? Et si tu prends des médicaments ? »

M'ignorant de façon magistrale, Claria posait les questions comme si elle était médecin.

Haron ne répondit pas. Il voulait mais une certaine expression de gêne l'en empêchait.

« Écoute Haron, nous sommes en danger de mort. Une certaine petite fille pas du tout amicale veut notre peau alors j'aimerais que tu nous informes sur ton état de santé. Ma mère est infirmière alors je m'y connais un peu grâce à elle. Je pourrais accepter comme pour Céleste si ce n'était pas aussi handicapant pour nous. Si tu fais une crise en pleine course-poursuite par exemple, nous ne pourrons pas être là pour toi et tu mourras. Alors dit nous ce qui ne va pas. »

Encore légèrement frustré de m'être fait ignorer de la sorte, j'appris un peu sur Claria alors que c'est Haron que nous allions questionner. De toute manière, je n'avais pas envie de démarrer une autre dispute parce que nous perdions déjà notre temps.

« Comprends tout de même que c'est quelque chose dont je n'aime pas parler...

— Vous avez honte de ce défaut qui est le vôtre ? Vous vous sentez complexé par rapport à cette maladie ? »

En soi, ce que dit Céleste est assez basique. Mais je ne pense pas pouvoir les comprendre car je ne suis pas concerné :

« Oui... c'est... »

Haron s'arrêta de parler pour échapper un nouveau sanglot puis repris :

« Pourquoi c'est tombé sur moi ?!! Pourquoi ?!! »

Je pouvais le sentir. Haron souffrait, mais il ne fallait pas faire de bruit malgré cela :

« Chut ! Moins fort ! Je peux comprendre mais ne crie pas.

— Si tu étais à ma place, tu comprendrais... tu pourrais comprendre pourquoi j'en souffre autant. »

Regardez moi ça. Comme si se plaindre allait arranger les choses.

« Explique-toi. Et ensuite je te dirais ce que j'en pense.

— Très bien. »

Haron prit une grande inspiration puis commenca :

« Il faut savoir que Céleste a raison sur un point : oui, c'est un complexe pour moi. Mais pour qui ça ne le serait pas ?! Ça me détruit la vie de plus en plus tous les jours. Prendre les médicaments chaque matin et soir me le rappelle : "Haron, tu es condamné". Je n'arrive pas à le supporter, je me hais tellement pour cette imperfection.

— Je t'arrête deux secondes. »

Tous les regards se tournèrent vers moi, y compris celui de Claria toujours aussi méprisant :

« Qu-quoi ?

— Pourquoi cela te touche à ce point ? Je ne sais pas ce que ça fait d'avoir un handicap au coeur mais il te suffit de faire attention et de prendre des médicaments. Ce n'est pas si compliqu-

— "Pas si compliqué" ?! C'est ça que tu allais dire ? Est-ce que tu connais cette sensation qui ne fait que te rappeler que tu es inférieur ? Que tu ne seras jamais parfait malgré tous tes efforts ? Qu'avec tout ce que j'ai fait dans ma vie, que je sois "récompensé" de la sorte ?! Tous les jours, je me pose la même question : pourquoi moi ? Pourquoi... ? »

Est-ce que tu considères les gens malades comme inférieur ? Haron a tout de même de sacrés problèmes avec le mot "parfait" :

« Haron, veuillez ne pas vous éloigner de ce que vous disiez. »

Haron stoppa sa plainte faite en monologue puis répondit :

« Dé-désolé... »

Il essuya ses larmes avec ses mains, puis se mit à parler sérieusement :

« Vous pensez sûrement qu'être riche est un cadeau de la vie. Que ça vous causera un souci en moins, or, vous avez tort. Du moins, en partie. Bien sûr qu'être riche facilite beaucoup de choses et je peux vous assurer que ma vie aurait presque été parfaite sans une seule chose...

— Qui est ? demanda Ophélia

— Mon père. »

Nous nous sommes lancé des regards d'incompréhension :

« Ton père ?

— Mon père est la personne qui interfère dans chacune de mes actions. C'est l'homme le plus perfectionniste que je n'ai jamais vu. Je ne fais que le mépriser car il est égocentrique, très distant et surtout exagérément pessimiste. Avec lui, il y a toujours quelque chose de mauvais. Quelque chose qui ne va pas. Quelque chose de manquant ou d'inachevé.

Il est à la tête du service Mélono, et il est la parfaite représentation du patron froid et sans pitié. Je peux vous dire que j'ai déjà vu comment il traite ses employés lorsque ceux-ci font du mauvais travail et je vous assure que ce n'est pas beau à voir. Sachant son caractère et sa manière de voir les choses, ces scènes sont très courantes...

Combien de fois ai-je entendu des hurlements de colère lorsqu'il rentre chez nous ? Combien de fois l'ai-je entendu se plaindre de la "fainéantise" de ses serveurs ? Ses discussions sont toujours portées sur le travail, jamais autre chose. Même ma mère le lui faisait remarquer mais il ne l'écoutait jamais. Il restait cet homme froid et méprisable pour qui on ne pourrait jamais avoir une once de compassion...

Ils se sont séparés il y a de cela quelques mois. »

Haron parlait d'un air agacé, comme s'il se rappelait de l'amertume que lui procurait la présence de son père. Nous étions tous silencieux et comme toujours, seuls les ciseaux lointains de la fillette se faisaient entendre :

« Ça a été très difficile pour ma mère mais elle ne pouvait plus supporter le fait qu'il me dispute à chaque fois qu'il me voyait, elle était à bout. Elle n'en pouvait plus de sa mauvaise humeur permanente, de sa façon négative de voir les choses.

Il se disait homme d'affaires et que pour lui, seul son travail lui importait. Que je n'étais pas important pour lui. Il me le répétait sans cesse :

"Tu n'es que mon héritier. Rien d'autre."

Je ne compte même plus le nombre de fois que j'ai entendu cette phrase. Elle ne me fait plus rien maintenant. J'avais beaucoup pleuré les premières fois mais je m'y suis habitué. Je me suis habitué à ses remarques déplaisantes.

Mon coeur se remplissait de haine pour lui de jour en jour : Je n'étais pas son fils et il n'était pas mon père.

Puis ce jour arriva... »

Haron parlait, parlait sans jamais s'arrêter ni même pour prendre de pause pour respirer ou quoi que ce soit, il se confessait, il parlait comme à des amis qui seraient là pour lui :

« J'étais en période d'examen, le problème du couple de mes parents, la pression que m'avait mise mon père concernant ma réussite... beaucoup de choses me tourmentaient ces temps-ci. C'est en plein milieu de l'épreuve que ça s'est produit. Que ma vie a changé.

J'ai fait une crise.

Tout mon mal-être était ressorti sous cette forme. Une forme mortelle, un monstre créé par mon stress quotidien, une horreur dont le nom est "arythmie".

Une maladie qui affecte les battements du coeur. Ceux-ci ne sont alors plus réguliers et cela peut être très grave dans certains cas et certaines conditions. À vrai dire, je n'ai pas trop bien compris ma maladie mais je dois vivre avec désormais.

J'ai demandé que seule ma mère soit informée, mon père ne devait pas savoir. Comment aurait-il réagi face à cette révélation ? Son fils, seul héritier a des problèmes au coeur. C'est un homme faible, qui n'est pas fait pour être patron.

Ma mère a été d'accord sur une chose : nous devions cacher ma condition à mon père.

Il ne devait pas savoir. Nous devions le dissimuler. N'importe comment.

C'est ainsi qu'a commencé ce jeu de cache-cache où je ne devais absolument pas être trouvé. Je devais prendre les médicaments avec l'aide de ma mère qui essayait de le distraire pendant ce temps-là. Tous les examens et autres paiements etc... sont gérés par elle. Et ça a duré plusieurs mois jusqu'à que ma mère craque et se dispute violemment avec mon père sur une de ses énièmes remarques.

Je me suis sentis de trop dans cette famille où je suis le seul enfant. J'étais le virus qui empêchait le bon fonctionnement de la vie de mes parents.

Heureusement, la séparation s'est passé sans embrouilles. Ma mère est partie dans une maison qu'elle a pu acheter aisément pour "réfléchir sur notre futur".

Notre futur... qui est aujourd'hui incertain de toute façon puisqu'on va sûrement mourir ici...

Enfin bref, c'est depuis ce moment-là que la "perfection" m'obsède. Je veux devenir parfait afin de reconstituer le couple brisé de mes parents. Je veux également que mon père soit fier de moi... j'aimerais juste qu'à la place des "tu n'es qu'une pauvre ordure", j'entende simplement des "je t'aime fiston" suivi d'un grand sourire. »

Haron se tourna à nouveau vers moi :

« Est-ce trop demander ? J'aimerais juste que mes deux parents m'aiment comme je suis, qu'ils n'aient pas honte de moi. Malgré mes défauts comme ma tendance à paniquer assez vite ou bien mon arythmie, je ne demande qu'à être bien vu aux yeux des autres et surtout de mon père et de ma mère. Tu comprends Sorel ? »

Je restais sans voix. Je ne pouvais pas comprendre, comment le pouvais-je ? En l'espace de quelques minutes, nous avions appris ce qui tracassait autant Haron : sa vie quotidienne.

Je n'avais pas envie de lui faire la morale ni même de m'intéresser à son cas, sa tentative de meurtre a peut-être une explication mais ce n'était en aucun cas une excuse...

Sauf que j'étais le maître du jeu, et qu'il fallait que je tienne mon rôle de "gentil", il fallait que je lui remonte le moral malgré moi. Je devais réparer ce que j'ai précédemment gâché par ma bagarre :

« Je te comprends Haron. Je n'ose pas imaginer à quel point ça doit être dur de savoir que chaque instant peut signer ton arrêt de mort à cause de ton coeur. Ta situation familiale est plus que déplorable mais pas catastrophique. »

Inspiration, expiration :

« Tu veux mon avis sur la question ? Alors le voici :

Je pense que personne n'est parfait et même de très loin pour certains. Mais j'aimerais te dire une chose : ici, ce n'est pas devenir parfait qui résoudra le problème, c'est juste que tu dois en parler à tes deux parents.

Prends les tous les deux dans la même pièce un soir et discute de tout ça comme tu viens de le faire avec nous, parle de tout ce qui te tracasse : tes ressentis sur ta maladie, tes craintes, tes peines, et même tes efforts pour améliorer ta condition.

Oui, il va falloir que tu avoues à ton père ta maladie. Elle est grave, très. Mais si c'est un père, alors il te comprendra et de toute façon, il devra l'accepter quoi qu'il arrive. Il devra accepter justement que dans la vie, tout est loin d'être "parfait" et que même faire des efforts pour l'être ne se conclura pas forcément par une réussite. »

J'ai posé ma main sur l'épaule d'Haron :

« Il va falloir être honnête Haron. C'est la meilleure des qualités, les gens passent leur vie à mentir et c'est une chose que je déteste profondément. Quand on sortira d'ici, je t'accompagnerai si tu ne te sens pas à l'aise, je t'encouragerai s'il le faut mais je ferai en sorte que ta situation s'améliore. »

J'ai ensuite retiré ma main de son épaule pour lever le pouce en l'air devant lui :

« Après tout, entre amis, on s'entraide non ? »

Mon énorme sourire s'accompagnait de ma voix que j'essayais de rendre rassurante. Je pense que mon message est passé aux vues de sa réaction :

« M-merci Sorel... mais tu me considères comme un de tes amis alors que l'on ne se connait que depuis quelques heures ?

— Haha ! C'est vrai que c'est bizarre mais vaut mieux que l'on ne soit amis qu'ennemis non ? Je m'excuse pour tout à l'heure mais tu dois me promettre de ne plus jamais recommencer, d'accord ? Si tu as un problème, tu peux venir m'en parler car je t'écouterai sans te juger et te conseillerai... comme un vrai ami. »

Ma voix a comme qui dirait "trébuché" sur la fin de ma phrase. Le masque que je portais s'alourdissait de mes mensonges et de mon hypocrisie.

Les yeux d'Haron s'illuminaient d'espoir. Il semblait... heureux ? Je ne sais pas. Mais son humeur changeait pour devenir un peu meilleur.

Avait-il été convaincu ? A-t-il vraiment gobé tout ce que je lui ai dit ? C'est presque trop facile de lui remonter le moral à lui.

Il vaut mieux que je n'ai pas ce genre de pensées car il devait avoir remarqué mon air satisfait.

C'est ce que je pense car il me posa cette question assez lourde de sens :

« Sorel... tu penses vraiment ce que tu dis ? »

Absolument pas.

« Bien sûr ! Pourquoi je mentirais ? »

Petit temps de réflexion de la part d'Haron avant qu'il me réponde :

« Ouais, désolé... c'est juste que je n'ai pas l'habitude d'être encouragé par quelqu'un de mon âge. »

Son père doit également contrôler ses fréquentations tant et si bien qu'il ne doit avoir aucun ami. Dans ce cas-là, je préfèrerais presque être pauvre.

« D'ailleurs, cela vaut aussi pour vous trois. Si vous ressentez le besoin de parler, je serais là pour vous écouter. Ne l'oubliez pas : nous sommes malgré nous une équipe qui doit affronter une espèce de monstre alors notre confiance mutuelle est la meilleure des armes ! »

Les trois filles me regardaient sans rien dire. Peut-être que l'une d'elles voulait parler, qui sait ? Après tout, elles ont un mauvais passé d'après l'organisateur donc bon...

Céleste prit la parole :

« Ahem... merci Sorel. Nous... garderons votre bienveillance à l'esprit. »

Rien qu'à son ton de voix, je pouvais deviner que j'en faisais trop, et c'était le cas. Bien évidemment que personne ne me dira rien et ce n'est pas plus mal mais comme on dit "c'est l'intention qui compte" non ?

Il y avait toujours une chose qui me titillait : Claria me regardait toujours. Avec cette même expression de dégoût. Je sentais son regard sur moi et c'était pesant.

Même si au final, je m'en fichais pas mal.

« Tout de même Haron, je ne comprends toujours pas ta tentative de meurtre. Ton père n'a rien à voir dans tout ça non ? »

Ce que disait Ophélia était véridique. Pourquoi chercherait-il à s'enfuir autant ? Mise à part le fait de ne pas participer à ce jeu, pourquoi en serait-il venu aux mains ? Pourquoi avait-il voulu tuer à ce point ?

Haron répondit tout en soupirant :

« Cela se voit que vous ne connaissez pas mon père. Vous savez ce qu'il a constamment sur lui ? Un agenda de mes déplacements ! Avec les horaires et les lieux précis ! Il calcule en moyenne le temps que je mets et si j'ai ne serait-ce qu'une dizaine de minutes de retard, j'ai le droit à un interrogatoire digne d'un film policier...

— Et alors ? »

Une nouvelle fois, les têtes se tournèrent vers moi :

« Comment ça "et alors ?", j'ai besoin d'argumenter ?!

— Bien évidemment ! Je suis désolé Haron mais une tentative de meurtre n'est pas excusable ! Tu ne fais que montrer ta faiblesse ! Je te donne ce conseil en tant qu'ami : ne te laisse pas emporter par tes émotions. Cela te mènera à ta perte.

Bien que je doive avouer que ton père est un vrai stalker. »

J'étais bien placé pour le savoir bien que ce conseil s'applique surtout dans notre situation.

« Je... je suis désolé ok ? C'est ce que j'essayais de dire quand tu t'acharnais sur moi. »

Aucune réponse de ma part, j'ai juste regardé ailleurs comme pour fuir ma responsabilité :

« J'ai paniqué ! Comme je le fais toujours... car je suis un vrai peureux ! Comment voulez-vous que "ça" devienne chef d'entreprise plus tard ?! Je ne ferai que courir le restaurant à sa perte... »

Haron baissa les yeux pour fixer le lit sur lequel il était maintenant assis :

« Je viens à peine d'entre dans la majorité papa... laisse-moi au moins le temps de m'y habituer... »

Nous ne savions quoi répondre alors un silence s'installa.

Puis, Ophélia reprit la parole :

« Je pense comprendre ce que tu ressens. Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard non plus... et ça me fait quand même peur de savoir que j'approche dangereusement de mes dix-huit ans. Mais en plus, avec un père si sévère, je compatis... vraiment. »

Franchement Ophélia, t'as l'air encore plus fausse que moi.

« Non tu te trompes, je sais ce que je veux faire plus tard. »

Au moins, tu n'es pas comme nous ici. J'aimerais travailler dans les jeux-vidéos mais la difficulté me réduit à faire ce que je fais aujourd'hui. Je me disais pourtant que c'était une passion... :

« Ah bon ?! Et c'est quoi ? demanda-t-elle

— Si... vous pouviez ne pas vous moquer de moi... j'aimerais que vous me preniez au sérieux. »

Haron avait un visage un peu rougi par la gêne. Est-ce si étrange que cela ?

« Mais non ! Nous ne sommes pas comme ça ! Vas-y dit ! Il ne faut jamais se moquer du rêve des gens. »

Tiens, Claria semble retrouver sa bonne humeur, elle devait prétendre que je n'existais pas.

« Promis hein ?

— Je vous en fais la promesse. »

C'était Céleste qui venait de dire ça. Avec une voix rassurante mais surtout naturelle.

« Depuis tout petit, je rêve d'être un grand chef cuisinier ! C'est un rêve d'enfant que je n'ai jamais perdu de vue ! Et c'est la seule chose que mon père accepte car il m'emmène à mes cours de cuisine. J'adore cuisiner ! J'oublie tous mes problèmes quand je mets la main à la pâte ! J'oublie à quel point je suis faible et trouillard pour me concentrer sur mes plats. Et j'ai, d'après mon professeur, un sacré talent et un avenir prometteur ! »

Oui, bon c'est dur de ne pas rire surtout avec la tête fière que faisait Haron et justement :

« H...hihi... hihihihi... »

Le rire de Céleste se faisait entendre, un rire qui aurait pu se faire discret si nous n'étions pas dans un silence complet :

« Céleste ! Vous... enfin, tu avais promis ! rétorqua Haron.

— Je suis désolée... hihi... je ne me moque pas, je suis sérieuse ! »

Céleste qui essayait de contenir son rire échouait totalement à cela, je dois dire que c'était assez amusant à voir...

"Amusant", bien que l'endroit où nous étions n'inspirait pas la joie du tout. Mais pendant l'espace de quelques secondes, ils avaient pu oublier le jeu et juste sourire de bon coeur.

Bien évidemment, ce n'était pas mon cas même si je dois avouer que je trouvais son rêve assez "enfantin". Enfin bon, chacun aime ce qu'il veut après tout, son rêve reste totalement réalisable.

Cela faisait rire Céleste et sourire Claria à ce que je voyais. Un rare moment d'hilarité.

« Ne vous moquez pas... je ne plaisante pas. J'aimerais vraiment devenir cuisinier !

— Hihi... pardonnez mon insolence. »

Céleste reprit sa respiration sans doute en se rendant compte qu'elle rigolait dans la même pièce qu'un pendu :

« En toute honnêté, je trouve ça vraiment mignon. »

Haron rougit en guise de réponse, chose assez compréhensible vue la voix douce que venait de prendre Céleste.

Quand Haron rougissait, il faisait toujours le même tic : il prenait une de ces mèches de cheveux dans les doigts puis la roulait tout en baissant la tête. Il avait des cheveux châtains assez long et des yeux verts clairs. Je pense qu'il doit être comme Bill : un charmeur qui ne le fait pas exprès.

Au final, Haron nous avait dit beaucoup sur lui mais je sentais qu'il lui en restait, de toute manière, nous avons tout le temps possible dans ce jeu malgré la menace de mort qui planait au-dessus de nous de façon permanente et pesante. Chose que nous ne ressentions pas pour l'instant, mais nous n'avions même pas entamé une partie de la nuit donc les choses sérieuses allaient commencer, un grand jeu de cache-cache où être trouvé signifiait la fin de la partie pour nous.

« Bon, nous devrions partir. Cela fait très exactement dix-huit minutes que nous sommes là, nous allons devoir changer de pièce... »

Il le fallait après tout car toute la nuit se serait résumée à nous qui nous cachions dans une pièce ce qui devait être ennuyant pour l'organisateur.

Et sûrement trop facile pour nous...

Alors que je me dirigeai vers la porte, un bruit soudain attira à tous notre attention :

« Est-ce que vous m'entendez ? Ceci est un test de micro. »

C'était la voix de l'organisateur. Il l'avait dit qu'il ferait des annonces mais je ne pensais pas que ce serait aussi rapide...

« Qu-qu'est-ce qu'il nous veut ce type encore ?! » protesta Ophélia.

« Du calme, mademoiselle Sokovy, je vous entends donc essayer de faire semblant d'être polie au moins. »

Un "hmpf" hautain fut la seule réponse d'Ophélia.

« Bien, je me joins à vous pour faire une annonce assez importante, la petite s'est endormie pour l'instant, on peut dire que le jeu est en pause pour quelques minutes. »

Tiens donc ? Qu'avait-il pu arriver ?

« Une intruse est parmi vous. »

Ça a tout de suite fait "tilt" dans ma tête, il parlait de Valya !

Elle, qui n'avait rien fait pour l'instant et qui n'avait surtout rien demandé, la voilà impliquée dans cette affaire !

« Sorel, tu sais très bien de qui je parle n'est-ce pas ? Je peux le voir à ta tête.

— Quoi ? Qu'est-ce que tu nous caches ? » demanda Claria.

Je me souviens que ce fut la première personne que j'ai dû convaincre de mon innocence dans cette sombre histoire. Céleste m'avait cru (ou en tout cas, l'avait prétendu) dès le début et ce fut bien la seule d'ailleurs. Chaque fois que l'organisateur ouvre la bouche, cela met toujours en danger la confiance que les autres ont pour moi.

« Je vous préviens : ne faites pas de mal à Valya ! Faites tout ce que vous voulez sur moi mais ne touchez pas à un seul de ses cheveux où je vous promets que je vous le ferai regretter toute votre vie ! »

Je commençais à respirer très vite à l'idée même que Valya puisse souffir. Je me calmai légèrement puis repris d'une voix plus grave :

« Ne faites pas de mal à ma meilleure amie. Elle compte vraiment pour moi. »

Tout ce qui résulta de ma "menace" fut un rire narquois de cet homme :

« Bien sûr Sorel ! Je respecterai ce choix et je ne lui ferai pas de mal bien que la façon dont elle soit rentrée reste un mystère pour moi... mais avant, je dois parler de quelque chose d'autre vous concernant vous. Ou plutôt votre passé. »

Mon passé ?! Pourquoi voulait-il parler de moi tout d'un coup ? Il faut qu'il fasse une annonce pour parler de moi alors que je pourrais très bien le faire moi-même ?!

« Eh bien allez-y ! Ils verront bien que je ne suis pas l'ordure dans l'histoire ! "Je suis à plaindre", c'est ça que vous voulez dire ?! Je ne veux pas de leur pitié et encore moins de la vôtre ! »

Nouveau rire qui m'exaspérait de plus en plus :

« Hahaha ! Mais voyons, quel manque cruel de classe que vous avez là mon cher ! »

L'homme s'arrêta de rigoler pour reprendre de ce même ton moqueur :

« Je pense pouvoir aussi bien parler que mademoiselle Nyakoa ici présente, n'est-il pas ? »

Aucune réponse de la part de Céleste, qui avait même l'air de n'en avoir rien à faire, mais je ne pouvais pas en être sûr vu l'absence de la vue de son visage qui est la seule chose qui montrerait ses émotions en plus de sa voix.

« Tout d'abord, je suis là pour t'annoncer à toi Sorel que Valya va effectivement participer au jeu, nous pourrions la virer de l'enceinte du bâtiment mais ce serait moins drôle. J'ai alors pensé à quelque chose de beaucoup plus divertissant : celle-ci aura le rôle de "spectatrice" étant donné les circonstances.

Tu te demandes ce que ça veut dire mais cela se résume à son nom, Valya n'aura le droit ni d'interagir avec des gens ou même des objets, d'où le subtil nom "spectatrice". »

« Quoi ?! Mais à quoi ça sert de lui faire ça ! Elle va se faire tuer si elle ne peut rien faire !

— Détrompes-toi mon cher, j'ai bien plus d'un tour dans mon sac lors d'imprévus. Sa mort n'aboutirait à rien qui ne me satisfasse, donc, je la laisserai en vie tout le long. Réfléchis, elle ne pourra jamais mourir vu que personne ni même la fillette ne pourra interagir avec elle. En vérité, tu es le seul à être autorisé à le faire, et tu ne la tueras pas n'est-ce pas ? Tu vois, je peux être gentil aussi ! »

Comment pouvais-je faire confiance à un type qui a l'air de mentir à chacune de ses paroles ?!

« Comment pourrais-je en être sûr ?! Je ne vous comprends pas, je ne comprends pas pourquoi vous ne la laissez pas partir ! Ce serait beaucoup plus facile pour vous si vous voulez la garder en vie ou même si vous vous en fichez !

— Voyons Sorel, vous réfléchissez à ce que vous dîtes ? Si je la relâche, elle préviendra la police et notre jeu prendra fin prématurément. Ce n'est pas ce que je veux. »

Effectivement, je n'y avais pas pensé...

« Bon, assez parlé Sorel.

— Pardon ? Pas du tout ! C'est quoi votre but ?! Pourquoi vous nous faites ça ! Et po-

— Attends Sorel, qui est cette "Valya" ?! On ne l'a jamais vue ! Pourquoi ne pas nous en avoir parlé ? »

Claria interrompait mes questions par une autre question, je répondis presque immédiatement ;

« Occupe-toi de tes affaires toi ! Pourquoi je parlerais de ma meilleure amie à toi ?! Et puis-

Je ne pus finir cette phrase qu'un sentiment d'étourdissement suivi d'une paralysie de mon bras droit qui s'étendait à vitesse fulgurante dans mon corps m'interrompit d'un seul coup :

« Argh... qu-qu-qu'est-ce que vous....

— Sorel ? Qu'est-ce qu'il y a ? Est-ce que ça va ?! »

Mettant notre querelle de côté, Claria me rattrapa dans ma chute dans l'inconscience, je sentais mon esprit glisser vers un sommeil lourd. Je connaissais cette sensation, j'ai ressenti la même chose lorsque j'ai été enlevé.

« Eh Sorel ! Sorel ! Reste avec nous ! Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! »

Leurs voix me parraissaient de plus en plus flou :

« Moi ? Rien du tout. Mais le produit par contre...

— Pourquoi donc ? Quel est le but en faisant cela ? »

Cette fois, c'était Céleste qui parlait.

« Je te l'ai dis Sorel "Assez parlé", je dois parler de quelque chose sur ton passé à tes amis. Mais... tu ne dois pas le savoir. Seul eux doivent être au courant. Tu comprendras sûrement un jour. »

Je n'avais pas assez de force pour protester.

J'ai honte de le dire mais je trouvais que Claria sentait bon. C'est la première fois qu'une fille me prenait dans ses bras (bien que c'était pour me rattraper). Son odeur fruitée qui était la seule chose que je percevais en plus des voix me paraissant toujours plus éloignées. C'est sûrement pour ça que je la remarquais car je ne voyais maintenant plus rien tant le flou de ma vision était important.

Mais à quoi est ce que je pense sérieusement ? Ce doit être l'effet de ce produit...

« Sorel ! Restez avec nous ! M'entendez-vous ?! Restez ! »

La voix de Céleste qui criait me réconfortait presque. Au moins, j'avais l'impression qu'on s'inquiétait pour moi.

« Il s'endormira juste. Il ne va pas mourir donc arrêtez de crier mademoiselle Nyakoa. »

Mon esprit s'embrouillait de plus en plus. Ma tête tournait à une vitesse folle. J'allais m'évanouir une nouvelle fois.

Tout ce que j'entendis avant de sombrer dans l'inconscience fut ces quelques paroles d'Haron :

« Sachez le monsieur, nous ne jugerons pas un ami. »

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