5 - Ma peur de vivre... et de mourir.

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Je me rends compte d'une chose, je parle de mon jeu comme s'il était réel, chose qui bien évidemment est fausse. C'est depuis quelque temps que je suis devenu "Nightsillusion". Vu que c'est mon pseudo dans le jeu, je l'ai adopté dans la réalité. En fait, je me rends compte que c'est depuis que j'ai mon sceptre que je suis comme ça. "Ultima Stick" de son petit nom bien cliché. J'ai déjà précisé que c'est un objet important pour moi, qu'il est le symbole de mon métier de mage, mais en y regardant de plus près et surtout en le voyant d'un point de vue objectif, pourquoi donner autant d'importance à un simple bâton ? La réponse est simple : celui-ci me rappelle le meilleur souvenir que j'ai pu avoir.

Lorsque j'avais reçu l'objet en question (ou plutôt quand je l'avais acheté), j'étais heureux et fier de moi. J'étais en train de m'amuser avec quand j'ai aperçu celle qui est devenu la plus importante à mes yeux :

Valya qui vagabondait dehors l'air inquiète.

Je m'étais questionné sur ce qu'elle faisait dans les jardins de l'orphelinat sachant qu'on ne peut pas rentrer comme ça. Je m'étais dit que si elle se faisait attraper, elle risquait de passer un sale quart d'heure, je l'ai alors appelé :

« Eh toi ! Qu'est-ce que tu fais ? Comment es-tu arrivée ici ? »

Valya tourna la tête d'un air surpris pour finalement s'écrier :

« Maître !! Vous voilà ! »

Puis elle se précipita sur ma fenêtre encore ouverte et se jeta sur moi. Elle avait fait un bond assez impressionnant !

Le "maître" m'avait tellement surpris que je ne l'ai pas vu me foncer dessus. Je ne connaissais aucune fille, je n'ai pas "d'amie d'enfance que je revois après des années de non-contact qui était secrètement amoureuse" donc ça m'a bien surpris.

En la repoussant un peu de moi, je lui fis part de mon ressenti sur ce qu'elle venait de dire :

« Eh calme toi ! Tu fais erreur sur la personne ! Je ne suis pas un maître !

— C'est vrai d'un côté mais tu es "Nightsillusion" non ?

— Qu-quoi ? Comment tu connais mon pseudo ?!

— Mais je connais tout sur vous, maître ! Et ce n'est pas votre pseudo mais votre identité cachée que vous refoulez.

— Nan, c'est juste un pseudo un peu long d'ailleurs...

— Non non ! C'est qui vous êtes vraiment ! À votre avis, pourquoi vous détestez autant ce monde ? Parce que ce n'est pas le vôtre ! Vous venez des terres parallèles ! "Un monde comme celui-là est répugnant", c'est ce que vous pensez, pas vrai ? C'est normal car vous vivez en tant que "Sorel Ilsoya" mais si vous êtes d'accord avec moi et que vous acceptez votre identité, votre monde n'en sera que meilleur ! Vivez en tant que "Nightsillusion" ! C'est votre destin ! »

J'étais resté bouche bée, cette fille en connaissait tellement sur moi que ça en devenait terrifiant ! Mais je l'ai cru. Et je la crois toujours. Si je hais autant ce monde, c'est que ce n'est pas le mien pas vrai ? Lorsque je suis en possession de mon Ultima Stick, alors je deviens "Nightsillusion". Et je ne suis plus de ce monde.

« J'aimerais savoir... comment tu t'appelles ?

— Je me nomme Valya. Je serai votre partenaire ! Enchantée ! »

Valya affichait un sourire radieux sur son visage, le genre de sourire qui pourrait sortir de la tristesse le plus profond des dépressifs. Un sourire... contagieux.

« Mais tu n'as pas... de parents ou quelque chose du genre ? »

Valya avait mis du temps à répondre en prenant une pose de réflexion mais elle avait finit par dire :

« Je suis en pleine fugue. Et je ne retournerai pas là-bas car je veux rester avec vous ! »

Soupir de ma part.

« J'ai... pas vraiment d'objection même si je pense que c'est une mauvais idée mais bon... »

C'est à cet instant que ma longue amitié avec Valya commença. Et que ma vie en tant que "Nightsillusion" débuta même si je devenais ce personnage seulement quand j'étais avec elle car c'était la seule qui pouvait me comprendre. J'ai petit à petit assimilé mon personnage comme étant normal et me voilà aujourd'hui. C'est pour ça que mon sceptre est aussi important : il est la marque de mon "nouveau départ" dans ma vie et de mon alliance avec Valya.

« Sorel ? Ouhou ? Qu'est-ce qu'il y a ? »

Je ne bougeais pas, pas un seul muscle n'était en mouvement dans l'intégralité de mon corps. J'étais toujours en état de choc comme si le produit continuait d'agir. Il y a quelques secondes, j'étais en train de mourir. Je servais de jouet à une petite fille. Je ne suis pas censé être vivant... personne n'est censé être vivant !

Claria et Céleste se tenaient face à moi, sans blessures ni rien. Pas une trace de sang, tous leurs membres étaient présents, je... ne comprends pas. Tout est flou dans ma tête.

« Tu m'en veux encore ? C'est bon... J'ai dit que je te croyais ! Tu n'es pas celui qui a organisé ça car tu es quelqu'un d'asocial. J'ai compris. Ma Céleste me l'a fait comprendre !

— Ma Céleste ? Vous me considérez comme une propriété ?

— Exact ! T'es ma loli à moi et à personne d'autre ! Je te demanderai même en mariage quand on sortira !

— Pardon ?! Mais je ne suis pas...

— Hahahahaha ! Et tu me crois ?! Mais non ! Je plaisante ! Moi non plus, je ne suis pas... euh Sorel ? T'es tout bizarre là... »

Je n'avais pas réagi du tout à leur petite discussion, je ne comprenais plus rien à la situation. Elles me regardaient, inquiètes, mais je ne voyais... que leurs cadavres. Tout ce que j'avais vécu était toujours en train de se dérouler pour moi. Je ne voyais que deux mortes qui me parlaient. Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce que je ressentais à ce moment précis... j'avais peur mais j'étais confus, totalement confus. Tellement que je n'arrivais pas à accepter le fait que ces deux filles étaient en train de me parler. Et d'ailleurs, pourquoi Claria me parle de dispute ? Je me suis disputé avec elle ? Je ne m'en souviens pas...

« Que-quelle heure est-il ? » fut la seule question que je pu poser d'une voix tremblante.

J'en avais même oublié que j'avais une montre. Claria me le fit d'ailleurs remarquer :

« T'as une montre hein ! Ton poignet gauche... Mais t'es sûr que ça va ? »

Je levais le poignet... doucement... pour en voir quelque chose qui me mit dans une confusion encore plus totale : vingt et une heures cinquante.

Je suis sûr qu'il était presque minuit. Il était minuit ! Pourquoi vingt-deux heures ?! Est-ce qu'une journée était passée ? C'est la seule explication probable ! C'est absolument impossible autrement !

Alors que je paniquais intérieurement, je sentis une vibration sur mon poignet droit. Un message était apparu sur la montre de ma main droite :

"À ta place, j'éviterais de parler de ce que tu as vu."

Ce que j'ai vu ? Tu parles des cadavres affreusement mutilés de ces filles qui se tiennent devant moi ?! C'est de ça que tu parles ?! De ce massacre dont seul TOI en est la cause ?! De cette petite fille complètement cinglée ?! Parler de tout ça est la première chose que j'avais envie de faire !

Mais cela confirmait une chose, je n'avais pas rêvé, c'était bien réel ! Je ne pouvais pourtant pas y croire. Les sensations, la souffrance... est-ce que cela a pu être le fruit de mon imagination ? Aurais-je un esprit aussi dérangé ?! Et est-ce qu-

« Sorel ! »

La voix de Claria me résonna dans les oreilles.

« Je ne sais pas ce que t'as mais tu ne vas clairement pas bien. T'es tellement pâle qu'on dirait un vampire.

— Je suis d'accord, même avec ma capuche, je peux clairement le distinguer. Êtes-vous tombé malade ? Vous sembliez en forme juste avant pourtant... »

Ça y est. Je me rappelle de la dispute entre moi et Claria. C'était parce qu'elle pensait que j'étais l'organisateur. J'ai déjà argumenté alors je n'ai pas besoin de revenir là-dessus. C'est celui qui a organisé ça qui est un taré ! Mais.. est-il celui qui était apparu sur cette vieille télé ? Il fallait que je sache... il fallait que je voie si j'avais rêvé ou si j'avais d'une façon ou d'une autre prédit l'avenir.

« Il... faut que je vérifie quelque chose. »

Je n'ai pas laissé le temps aux filles de me répondre lorsque j'ai commencé à me ruer vers la chambre de celle que je pense être Ophélia, si j'ai rêvé, alors ce sera quelqu'un d'autre. Mon cerveau ne peut pas imaginer un truc pareil ! Si je n'ai pas rêvé...

« Sorel ! Attends nous ! »

Les deux filles m'avaient rejoint en courant. Nous avions traversé ce couloir si sombre en l'espace de quelques secondes par rapport à "la dernière fois".

« Mais qu'est-ce qui t'arrive ?! Pourquoi tu agis aussi biz-

— Qui êtes-vous ?! Partez ! Allez-vous-en ! »

Cette voix, je la connaissais bien. Très bien. Je venais de tambouriner la porte et ce fut la réponse qui me parvint. J'ai ouvert la porte pour m'en assurer et... j'avais raison. Ophélia ou en tout cas une fille qui avait exactement la même tête et la même voix se tenait avec la même position que dans mon "rêve".

Je n'ai pas réfléchi une seconde et me suis rué sur sa fiche qui était au même emplacement pour y lire ce que je redoutais : toutes les infos du joueur numéro trois "Ophélia Sokovy" étaient inscrites. Je n'en revenais pas. Je ne comprenais pas ! Comment ai-je pu prédire l'avenir ?! Pourquoi tout est exactement comme "avant" ?!

« T'es qui toi ?! T'es celui qui m'a capturé, j'en suis sûre ! P-pourquoi tu me regardes comme ça ? »

Je revoyais le cadavre d'Ophélia, complètement défiguré. Je sens mes nausées revenir. Il faut que je... vois si "lui" aussi est là.

J'ai rapidement déverrouillé ses menottes avec la clé dont, étrangement, je connaissais l'emplacement. Pendant que je faisais cela, Ophélia me regardait comme si j'étais un extraterrestre mais je n'avais pas envie d'expliquer quoi que ce soit. Sans même laisser aux trois filles le temps de réagir, je me suis précipité vers la dernière porte que j'ai rapidement ouverte.

Il était là. Endormi. Comme dans ma prédiction.

« Sorel ! Mais qu'est-ce qui t'arrive ?! Pourquoi tu agis comme si tu étais pourchassé ? »

Claria tenta de nouveau de me questionner mais aucun son ne voulait sortir de ma bouche. À la place, j'ai attrapé la fiche du joueur numéro quatre. Et j'y ai lu la même chose : Haron Mélono, joueur numéro quatre et toutes les autres informations.

Et le type allongé avait la même tête que dans mon "rêve", il fallait que je vérifie ! Tout ne peut pas être réel !

J'ai commencé à gifler Haron en hurlant :

« Réveille-toi ! Réveille-toi ! »

Il n'a fallu que deux claques pour qu'il se réveille, alors que j'étais sur le point de parler, je sentis quelque chose qui me tira en arrière :

« Arrête ! Tu nous fais tous peur avec ta paranoïa ! Calme toi ! Il ne t'a rien fait et ce n'est sûrement pas lui qui est l'organisateur non plus s'il est ici !

— Sorel ! Dites nous ce qui ne vas pas ! Pourquoi agissez vous de la sorte ? Je, que dis-je, nous ne comprenons pas... »

Ophélia, qui semblait être la plus perdue demanda d'un air exaspéré :

« Pourquoi ce taré m'a libéré ? Il n'est pas censé me retenir prisonnière ? Je ne comprends rien... »

Alors que j'allais répliquer, Céleste prit la parole avant moi :

« Nous non plus. Sorel a commencé à agir de manière étrange depuis tout à l'heure et ceci de manière très brusque. Bien qu'il se comporte de la sorte, il n'est pas le ravisseur. J'en suis certaine alors ne l'accusez pas à tort s'il vous plaît. »

Je ne sais pas comment Céleste arrive encore à avoir envie de me défendre dans cette situation.

J'ai fini par crier :

« Est-ce que tu es Haron Mélono ?! Le fils du service de restauration de luxe du même nom ?! »

Toutes les filles se retournèrent vers lui, complètement ahuries.

« Euuh... oui ? Comment est-ce que vous me connaissez ?

— C'est vrai ? T'es le fils Mélono ?! »

La voix de Claria m'irritait les oreilles, à vrai dire, je n'étais pas du tout en état de plaisanter. J'étais dans une situation que je ne contrôlais pas, que je ne comprenais pas. Rien de cela ne semblait réel.

« Oui... mais je ne connais pas de personnes ressemblant à... toi ? Ça vous dérange si je vous tutoie ? »

Tiens, tu ne m'as jamais demandé ça. Alors, je ne peux pas tout prévoir !

Je ne répondis pas. Je revoyais une nouvelle fois cette vision de l'enfer que je préférais ignorer mais qui, malgré moi, revenait sans cesse. Haron, le visage à moitié déchiré, un de ses pieds tranché... Comment ai-je pu imaginer une chose pareille ?! Des images du massacre revenait sans cesse, comme des flashs. Mais le pire, c'est que les personnes mortes... étaient là ! Sous mes yeux ! Comme si rien ne s'était passé ! Je ne suis même plus dans l'incompréhension mais dans la confusion la plus totale ! Comment peut-on récupérer de blessures aussi importantes ?!

« Mais il se passe quoi au juste ? Vous avez aussi été kidnappé ? »

Non, on est là pour faire un pique-nique... imbécile !

« En fait, on l'a tous été et apparemment, on va participer à un jeu. »

Claria prenait les rênes pour les explications, je n'en trouvais pas la force.

« Un jeu ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je ne sais pas. On ne connaît pas les intentions de nos ravisseurs... »

Ils veulent nous faire s'entretuer ! Et quand bien même vous n'accepteriez pas, cet ignoble petit monstre sera là pour vous déchiqueter ! C'est ça, pas vrai ? Je... j'ai pas rêvé ? Elle existe bien ?!

« Et... pourquoi avons-nous ces colliers ? »

Haron posait les mêmes questions, dans le même ordre.

« Toujours aucune idée, on a tous un collier... sauf lui justement.

— Quoi ? Mais pourquoi ? Qu'a-t-il de spécial ? Vous voulez dire que c'est parce qu'il est fou ? »

C'est quoi ce raisonnement ? En ayant dit cela, Haron commença à remuer les chaînes de ses menottes, il avait peur. Je le comprends car moi aussi, j'avais peur mais ce n'était pas pour les mêmes raisons.

« Moi ? Fou ? Hahaha... vous voulez rire ? C'est vous qui n'êtes pas normaux ! »

Réussir à tous vous reconstituer, et à agir comme si rien n'était arrivé, vous êtes des gens anormaux ! Paranormaux même ! C'est impossible de survivre après ce que vous avez subi ! Pourquoi quelque chose ne tourne pas rond ici ?! Peut-être que je deviens vraiment fou...

« Pas normaux ? Que voulez-vous dire par là ? » répliqua Céleste.

Que faire ? Je voulais dire que je les ai vus mourir, que je les ai vus complètement démembrés ! Mais cette menace :

"À ta place, j'éviterais de parler de ce que tu as vu."

Ces mots que je ne comprenais pas m'empêchaient de parler. Pourquoi ne pas vouloir dire qu'une menace bien plus horrible que ce qu'ils pensent nous guettait ? Pour les laisser dans l'insouciance ? Pour compliquer le jeu ?

Et puis d'ailleurs, il y a quelque chose qui cloche avec ce jeu : pourquoi je le recommence ? J'en suis certain ! Les sensations de douleur étaient bien trop réelles pour que je les ai rêvées. Et qu'allait-il m'arriver si je disais tout ? J'allais mourir ? Encore ? Je n'y crois pas que j'en viens à le formuler comme ça... Lorsque l'on meurt, c'est censé être définitif ! Je n'ai pas fait mes adieux à Valya pour rien...

« L-laissez tomber... e-est-ce qu'il y a une télévision au fond du couloir ? »

Tous me regardèrent d'un air interrogateur. L'issue de cette question pourrait révéler bien des choses...

« Euhhhh attend ! Passe moi ta lampe. »

Après m'être exécuté, Claria sortit de la pièce, fit quelques pas avant de revenir d'un air affolé :

« Sorel ! Il y a vraiment une télé ! Comment t'as su ?! Il fait complètement noir et j'ai eu du mal à la voir même avec la lampe torche !

— Alors comment Sorel a pu voir ? À moins que... »

Ophélia me lança un regard suspicieux. Ne me dites pas qu'elle va-

« À moins qu'il connaisse cet endroit ! Qu'il soit déjà venu ici et que ce soit lui qui ait organisé ce "jeu" dont on ne connaît rien ! Ça expliquerait pourquoi on ne connaît toujours pas les règles, il attend que l'on soit tous là pour se révéler ! Je me disais bien que tu avais un air louche ! »

Ophélia me pointa du doigt, déterminée à se faire entendre :

« Sorel essaie de mettre en place une mise en scène de film ou de livre mais ça ne marche pas avec moi ! En plus, c'est cliché de savoir que, "oh mon Dieu, le méchant était avec nous depuis le début !" »

"En fait, ça dépend de ce que t'appelle "cliché''" est ce que j'aurais répondu en temps normal mais je n'avais pas le coeur à parler de choses aussi futiles. Tout ce qui m'importait à ce moment précis était de comprendre ce qui se passe.

Claria fut la première à répondre :

« Ben en fait, ça a déjà été fait. C'est ce qu'on apprend à la fin de- »

Je coupai la parole à Claria qui ne faisait que penser à voix haute.

« D'accord. Si ce "discours" vous fait à présent croire que je suis le taré qui a organisé ça, vous vous trompez lourdement. Je n'ai aucun moyen de le faire savoir et je suis autant perdu que vous. »

Ma réponse aurait peut-être été plus crédible si j'y avais mis de l'intonation, or là, j'avais parlé d'un air froid, d'une voix sec, tranchante. C'est presque comme si j'avais lu une réplique de film ce qui n'allait pas aider à me faire comprendre. Je commençais à perdre patience. Mais je n'allais pas refaire ce que j'avais fait.

En venir aux mains avec Ophélia... Je voulais même m'excuser.

Mais c'est cette même personne qui met le doute sur mes soi disantes véritables intentions. La même personne qui me fait me sortir de mes gonds. Que devais-je faire ? Je ne peux pas m'excuser quand celle-ci cherche à m'accuser, ce serait considéré comme un aveu.

« Allons voir cette télé, il doit y avoir quelque chose qui-

Je n'ai même pas eu le temps de finir ma phrase qu'Ophélia m'avait interrompu brutalement :

« Tais-toi ! Tu es démasqué ! Tu es celui qui va nous faire jouer ! À quel type de jeu penses-tu ?! Ne me dis pas que tu penses à un jeu de type sexu-

— Allons voir. Allons voir. »

Je n'écoutais même pas, je voulais m'assurer d'une chose avec cette télévision. Sans accorder la moindre importance à ce que disait Ophélia, je repris la parole :

« Je viens d'avoir une idée. »

Je pointai ensuite du doigt la poche de mon manteau.

« Vos poches. On est débiles au point de ne pas avoir regardé nos poches. C'est la première chose qu'on aurait dû faire. Peut-être qu'il y a quelque chose ? »

J'avais posé la question tout en prenant un air faussement interrogateur, si tout le monde en sort des clés...

« Ooooooh ! Mais il a raison ! Regardez ! Une petite clé en argent ! Elle va où vous pensez ? »

Gagné. Claria ne posa pas la question « Comment est-ce que t'as su ?! ». À mon avis, cette clé avait attiré toute son attention. Par contre Ophélia :

« Moi aussi j'en ai une ! Si ce n'est pas une preuve que Sorel est coupable... »

Comment voulez-vous vous excuser auprès d'une fille aussi détestable ?! Pourquoi s'acharne-t-elle sur moi à ce point ?!

Peu à peu, chacun avait sorti sa clé tout en y allant de son petit commentaire. J'ai quand même tenté une justification :

« Simple coup de bol. Et puis, c'est pas comme si vous pouviez le faire depuis le début non ? »

Oui ! J'arrive encore à avoir mon ton sarcastique malgré le stress.

« Vous oubliez tous un détail important que même vous Sorel n'avez pas remarqué. »

Céleste nous stoppa net. Sa réplique fut suivie d'un petit silence avant qu'Ophélia prenne la parole :

« Je vois pas ce que tu veux dire. Pourquoi tu t'acharnes à le défendre ? Déjà que tu continues d'affirmer que Sorel n'est pas le ravisseur alors que j'ai des preuves irréfutables ! Qu'est-ce que tu lui trouves ?! »

Ignorant totalement sa remarque déplacée, Céleste se contenta de répondre :

« Je ne peux pas vous confirmer que Sorel n'est pas celui que vous pensez, c'est... disons... une intuition mais je peux affirmer que votre preuve n'est pas aussi irréfutable qu'elle en a l'air.

— Ah ouais ? Il a eu l'idée qui bizarrement nous fait progresser dans la découverte de ce qu'il se passe. Je suis sûre que ces clés sont importantes et c'est lui qui nous a dit comment les avoir. Il a dû penser que nous ne trouverions jamais et vu qu'il s'ennuyait, il nous a donné la réponse !

— Réfléchissez. À votre avis, pourquoi aucun de nous n'a pensé à se fouiller ? Vous êtes même la mieux placée pour le savoir. »

Soudainement, ça avait fait "tilt" dans ma tête, plutôt que de jouer aux devinettes, j'ai donné la réponse :

« Tu m'expliques comment c'est possible de se fouiller..... les mains attachés ?! »

Silence glacial, j'avais une chance de prouver que je n'étais pas le "méchant de l'histoire" malgré mon attitude louche. Ou plutôt, Céleste m'a donné cette chance.

« T'es celle qui s'est presque déchiquetée les poignets ! Même si tu avais voulu te fouiller, même si tu y avais pensé, cela n'aurait pas été possible. Et lorsque je t'ai délivrée, j'étais en train de me dépêcher, donc ton esprit a été occupé par autre chose.

— Ça... ne prouve rien ! On ne pouvait peut-être pas se fouiller de suite mais ça n'explique pas pourquoi tu as proposé si soudainement la chose qui, comme par hasard, nous fait trouver des clés. Ton argument montre juste qu'aucun de nous n'aurait pu se fouiller avant que tu nous délivres. Mais ça n'empêche pas le fait que tu sois le coupable. Ça explique juste un détail mais ça ne prouve pas ton innocence !

— Je ne renierais pas le fait que ça ne prouve pas son innocence mais je ne faisais que vous faire remarquer l'erreur dans votre raisonnement : ce n'est pas parce que personne n'a pensé à se fouiller et que Sorel est le seul à l'avoir proposé qu'il est le coupable. C'est cela que j'avais en tête.

— D-d'accord... Mais tu ne peux pas expliquer pourquoi tu penses que Sorel n'est pas notre ravisseur ! Et puis pourquoi t'as une capuche ?! T'as trop peur de montrer ton visage ?! »

Et toi ? Pourquoi changes-tu de sujet comme ça ?!

« Ce n'est pas quelque chose qui vous regarde ! Je vous prie de ne pas me manquer de respect quant à mon choix vestimentaire ! Il n'y a d'ailleurs aucun rapport.

— Ouais ouais... T'as une blessure, quelque chose du genre ?

— J'ai dit stop.

— Nous ne sommes pas là pour juger, il y a bien d'autres problèmes comme la situation dans laquelle nous sommes alors c'est pas parce que t'es moche qu'on va se moquer de toi !

— Arrêtez. Dernier avertissement. »

Ophélia commence vraiment à dépasser les bornes... la voix de Céleste se faisait de plus en plus froide et celle d'Ophélia de plus en plus provocatrice. La situation ne peut qu'empirer !

« Oh que j'ai peur ! C'est pas une gamine qui va m'effrayer surtout quand j'ai été kidnappé ! Tu me fais pas peur toi et tes menaces alors tu vas me montrer ta blessure illico presto parce que j'en ai marre qu'on me cache des trucs ! »

Ophélia qui, à peine avait terminé sa phrase, s'approcha de Céleste d'un air menaçant.

« Enlève-moi cette capuche ! »

Ophélia se jeta presque sur Céleste qui esquiva d'un pas rapide sur sa droite.

« Arrête ! T'es complètement malade ! Touche pas à ma loli !! »

Alors que Claria allait intervenir, "cela" arriva.

« Aieuh !! »

Céleste, alors qu'elle était victime d'un nouvel assaut d'Ophélia, avait réussi à lui mordre l'avant-bras. Vraiment pas commun comme manière de se défendre...

« Cette gamine m'a mordu ! T'as pas la rage j'espère ?! Elle est complètement tarée ! Tu m'étonnes qu'elle soit alliée avec Sorel ! Aïe ! Mais ça fait mal ! »

Cette fois, c'en était trop. En plus de totalement manquer de respect à Céleste, elle se permettait de continuer à m'insulter. Tout était allé trop loin.

Alors que j'allais lui sortir mes 4 vérités, la voix de Céleste se fit entendre :

« Laissez-moi tranquille !! »

Elle était à bout. Ce n'était pas un cri que nous avions entendu, c'était un hurlement. Un hurlement de douleur. Elle qui parle doucement normalement avait complètement cédé à la colère. Exactement comme moi qui avait laissé place à la confusion et à la peur.

Mais elle, c'était différent. Elle a l'air du genre très calme alors réussir à la pousser à bout de la sorte, c'était un exploit en soi même si ce n'est pas quelque chose dont Ophélia pourrait se vanter. Céleste continua de parler, ou plutôt d'hurler sur la même intonation :

« Vous faites preuve d'un manque de respect des plus immondes ! Il n'y a qu'une seule personne sur cette planète qui peut se permettre de telles familiarités et ce n'est absolument pas vous ! Pourquoi vouloir s'acharner de la sorte sur moi ?! Je ne suis pas une poupée sur laquelle les gens comme vous peuvent se déchaîner ! J'ai une excellente raison de ne pas me montrer alors j'aimerais que vous respectiez ce choix que j'ai fait. Plus jamais je ne me montrerai à des gens autres qu'"elle" ! »

C'était la première fois que j'entendais Céleste parler aussi longtemps. Je suppose que la personne dont elle parle est sa grande soeur, quel est son nom déjà.... Mayolia ? Oui, c'est ça. Seul elle connaît la raison pour laquelle Céleste ne se montre pas. Pour moi, elle a une brûlure très voyante qu'elle n'assume pas (ce qui peut se comprendre), alors, elle se cache derrière une capuche pour masquer cette "imperfection".

Oui, je fais des théories étranges dans mon cerveau mais c'était le scénario le plus probable.

« Tu parles de qui ? De ta petite maman ? Bah je m'en f- »

Baf

Claria avait coupé net Ophélia dans sa phrase en lui assénant une claque monumentale. Tout l'écho résonna jusqu'à même le couloir.

« Ça suffit maintenant. Ophélia, excuses-toi pour ton comportement inacceptable. »

Ophélia, complètement abasourdie au premier abord répliqua tout en se frottant la joue :

« M'excuser ? Pourquoi ce serait à moi de-

— Fait le ! C'est toi qui as mis Céleste dans cet état-là alors tu assumes à présent ! On appelle ça être responsable de ses actes ! »

Un silence. Ophélia semblait avoir compris la leçon parce qu'elle ne disait plus rien. À la place, une expression triste avait remplacé celle fière qu'elle arborait il y a de cela quelques minutes.

« Bon... je suis désolée de m'être comportée comme une vraie goujat. Je... vais te laisser tranquille maintenant... »

À mon avis, des excuses ne suffiront pas du tout. Céleste n'avait pas réagi, elle ne faisait que sangloter doucement. La situation redevenait calme même si l'ambiance était assez tendue.

« Si vous m'aviez laissé parler, j'aurais pu vous montrer ça. »

J'ai alors brandi le bout de papier où l'inscription "Le jeu commencera lorsque la vidéo se terminera. Tous les joueurs possèdent le moyen de la visionner." était caché à l'arrière. Chose que j'avais découverte avant.

J'ai alors lu le contenu avant de déclarer :

« Vous voyez ? C'est pour ça que j'ai demandé de vous fouiller. Alors avant de m'accuser, écoute ce que j'ai à dire au moins ! »

S'ensuivit un autre silence, c'est d'ailleurs une chose qui arrive souvent avec eux. Ophélia se contenta de répondre en grommelant :

« C'est bon, j'ai compris... Pas la peine d'en rajouter !

— Mais en fait, ça veut dire qu'on doit voir une vidéo ? »

Si on arrive à sortir d'ici en vie, il faudra que je pense à inscrire Claria à un concours de logique et si ça n'existe pas, je m'empresserai de créer la catégorie rien que pour elle.

« Évidemment banane ! » est la réplique cinglante que lança Haron d'un ton sarcastique. Au moins, on est sur la même longueur d'onde. Malgré un vocabulaire des plus... enfantins.

« Soit. Alors allons voir ce qu'il en est. »

La voix de Céleste avait, dans cette réplique, la particularité de ne posséder aucune émotion. C'était une voix distante que nous venions d'entendre. Mais cela ne nous empêcha pas de la suivre jusqu'au téléviseur.

Exactement comme "cette fois", les quatre joueurs ont déverrouillé le tiroir qui leur était associé et exactement comme "cette fois", le contenu était une cassette vidéo.

« Alors c'est bien cela. Nous devons juste regarder une vidéo. Qu'il en soit ainsi.

— Une cassette ? Le truc de vieux ! »

Merci pour tes remarques ô combien utiles Claria. Son intonation contrastait totalement avec celle de Céleste tant sur la façon de parler que sur le contenu de ce qu'elles disaient.

Alors que Céleste s'apprêtait à allumer la télé et le caméscope, je l'ai stoppé dans son élan.

« Laisse. Je vais le faire. »

Sans lui laisser le temps de répondre, j'ai mis en place les câbles qui pendaient derrière le meuble et, tant bien que mal, j'ai réussi à allumer tout le bazar. En fait, c'est plutôt simple !

« Eh bien... merci... »

J'ai à peine entendu la voix de Céleste parce que la vidéo commençait mais également parce qu'elle avait parlé très doucement. Et ce que je vis me figea sur place :

exactement la même chose !

La même silhouette, le même cadrage, les mêmes lumières et surtout la même voix et finalement le plus important :

« Avant de commencer, je tiens à vous remercier de participer à notre jeu. »

Les mêmes dialogues ! J'en revenais pas ! Tout le discours de la cassette, l'énonciation des règles, le fait que ce type s'adresse à moi en appuyant le fait que je suis le plus important, que je suis celui qui décidera du sort des participants. Absolument tous les mots étaient les mêmes que "cette fois". Et lorsque la vidéo se termina, le même bruit de porte qui s'ouvrirent. Et juste après un lourd silence terrifiant, la même personne prit la parole :

« Sorel ! T'arrive à l'expliquer ça ?! Comment ça tu as notre vie entre tes mains ?! Je veux pas confier mon existence à un type comme toi ! Explique-nous maintenant ! C'est qui qui va nous pourchasser ?! Je suis sûre que tu t'en fiche hein ?! C'est ce que ce monsieur bizarre a dit ! Réponds-moi ! »

Cette phrase fut décisive dans ma réflexion, peut-être que c'est une chose que n'importe qui d'autre aurait remarqué avant mais pas moi. J'étais trop confus pour penser de façon logique et ce rire qui bouclait dans ma tête ainsi que la vision glaçante des cadavres m'empêchait de penser de manière rationnelle mais je suis finalement arrivé à cette conclusion glaçante :

D'une manière qui m'est totalement inconnue, je suis parvenue à remonter dans le temps.

C'est totalement inexplicable et même impossible ! Remonter dans le temps est une chose que l'on voit dans les films mais pas dans la vraie vie ! Je ne veux pas y croire mais les preuves sont là. Trop d'événements se sont enchaînés de la même façon. Si j'ai bien compris, lorsque je suis "mort", le temps est remonté jusqu'à ce que ce bracelet à mon poignet vibre. Je l'ai compris car c'est la première chose que j'ai sentie lorsque je suis "réapparu". Ce bracelet est donc la chose qui me permet de voyager dans le temps ? Mais alors pourquoi Céleste et tous les autres agissent comme si c'était la première fois ?

J'ai alors fait le lien qui répond à ma question : si je suis le maître du jeu, je suis capable de remonter dans le temps et de me souvenir de ce qu'il s'est passé. Cela veut dire que pour les autres, c'est la première fois qu'ils voient cette vidéo, c'est la première fois qu'ils se rencontrent et moi, j'avais attiré l'attention en paniquant comme un bébé...

Mais il faut comprendre que se sentir mourir plusieurs fois de suite avant de recommencer à vivre comme si de rien n'était, c'est légèrement traumatisant.

C'est d'ailleurs une chose que je ne comprends toujours pas, pourquoi je suis "mort" plusieurs fois de suite ? J'en suis sûr, je me suis senti mourir plusieurs fois ! Je ne pense pas trouver de choses ou d'événements dont je suis aussi sûr et certains qu'ils sont arrivés. Pourquoi m'infliger tout cela ?! C'est incompréhensible...

Alors que j'étais en train de réfléchir à ma théorie, Ophélia me répéta sa question :

« Sorel ! Réponds ! Tu penses tuer l'un d'entre nous pour t'enfuir ?! »

Soudain, prise de tremblements, elle se retourna vers Céleste qui n'avait encore rien dit :

« J'te préviens toi ! Si jamais t'oses me toucher, j'hésiterais même pas à te tuer ! Tu dois encore m'en vouloir alors je prends pas de risques et je te préviens : je n'hésiterai pas à me tâcher les mains pour ma survie !

— On se calme ! »

La voix d'Haron avait retenti de manière assez brusque. Celui-ci avait attiré l'attention sur lui :

« Si vous commencez à faire des menaces entre vous, on ne va pas y arriver ! Personne ne va tuer personne ici d'accord... ? Personne ne pense à cela n'est-ce pas ?

— J'en doute fort ! Au vu des menaces que cette fille vient de me faire, je ne pense pas que le meurtre ne soit envisagé par personne.

— Alors déjà, moi c'est Ophélia et ensuite arrête de me vouvoyer ! Je trouve ça méprisant et j'ai l'impression que tu te crois supérieur à nous !

— Ça... n'a jamais été mon intention...

— Oh mais tu vas pas recommencer ! »

Claria venait d'intervenir. Elle qui ne faisait que regarder depuis tout à l'heure, venait de soudainement ouvrir la bouche mais pour une fois, ce n'était pas pour dire quelque chose de stupide. Je vois que celle-ci s'était déjà attaché à Céleste et qu'elle voulait la défendre contre Ophélia. C'est d'ailleurs assez impressionnant la vitesse dont Ophélia change de comportement, elle qui avait été calmée avant la vidéo, elle venait de reprendre son comportement désagréable.

« D'accord. Alors je vais me tourner vers Sorel... »

Oh non...

« Comment est-ce que tu es censé nous protéger ? Si ce type a dit vrai, t'es "l'impact direct" sur nos vies ! T'as quoi alors ? Un super pouvoir ? »

Elle l'avait dit en rigolant mais ce n'était pas si bête en soi avec ce système de remontée dans le temps...

Mais oui ! C'est exactement ça ! Si je leur dis ce qui m'est arrivé, ils pourront peut-être comprendre. Bien qu'à leur place, je ne me croirais pas mais je peux toujours essayer. Tout ça me rongeait de l'intérieur, je ne pourrais jamais oublier la douleur que j'ai ressentie à ce moment- là. Il fallait que je parle.

« Écoutez-moi... j'ai un aveu à faire... »

Tout le monde se retourna vers moi.

« Sorel, ne me dis pas que tu es vraiment impliqué là-dedans ?

— Non Haron. Je ne me défendrais pas sinon.

— Alors crache le morceau !

— Eh Ophélia ! On se calme ! S'il a un truc à dire, il va le faire mais ça sert à rien de lui hurler dessus.

— Claria a raison. C'est ce qui me fait me comporter bizarrement depuis tout à l'heure. »

Je pense que j'ai réussi à captiver l'attention de tout le monde. Tous me regardaient.

« Alors écoutez-moi jusqu'à la fin. Je pense que d'une façon ou d'une autre, j'ai réussi à remonter dans le temps ! Pourquoi ? Parce que j'ai déjà vécu tout ça ! Et le pire, c'est que Je vous ai tous vu mort ! Vous étiez déchiquetés ! Claria avait été coupée en deux ! Ophélia était complètement défigurée ! Haron était presque décapité et Céleste était pendu ! Je n'arrive pas à ressortir cette image de ma tête ! C'est ce qui me perturbe le plus ! Je suis revenu au moment où Céleste, Claria et moi ressortions de la chambre de Claria. J'ai vécu un véritable cauchemar, tout était gore au possible... ! Et c'est même pas le pire ! Je-je me suis fait tuer par une tarée avec des ciseaux ! C'était affreux ! Rien que d'en parler, la douleur me revient encore... Elle m'a déchiqueté les yeux ! On court un grave danger ! Vraiment ! Cette fillette est ce qui nous pourchasse ! Et dès qu'elle m'a tué, je suis revenue à la vie ! Je sais que c'est difficile à croire mais c'est la vérité ! C'est pour ça que je me sentais mal tout à l'heure ! Je vous ai tous vu mort et je me suis fait tuer plusieurs fois ! Voilà pourquoi j'ai peur !! Vous comprenez ?! »

En m'écoutant parler, je devais être pris pour un fou. Un type qui a complètement perdu les pédales mais ce n'était pas quelque chose de complètement faux. Mais en parler m'avait fait du bien je dois l'avouer... mais... je...

Je viens de réaliser. Le message.

"À ta place, j'éviterais de parler de ce que tu as vu."

Je venais de transgresser les règles dans la précipitation. Mais qu'est-ce que je suis stupide !! Ici, transgresser les règles ne pardonne pas.

Un à un, tout le monde est tombé devant moi. Ils se sont effondrés tous en même temps sans faire un seul bruit si ce n'est celui de leur impact sur le sol. Ils étaient tombés comme des dominos dans un silence terrifiant, c'était le silence effroyable et glacial de la mort. Et j'en étais l'entier responsable...

« Nan... c'est-c'est pas possible... »

Les larmes me venaient aux yeux, le cauchemar recommençait. Un cycle se répétait.

Je me suis agenouillé, accablé par le désespoir qui me submergea :

« Je... suis désolé ! »

Je pleurais parce que je savais que ça allait recommencer. J'étais le responsable. Encore. J'avais pourtant été averti, mais... j'avais besoin d'en parler ! Ce besoin aura cependant un prix : des points retirés sur ma santé mentale. Cette boule au ventre qui m'avait fait parler sera celle qui m'a condamné.

Alors que je me lamentais et que je répétais des « Désolé ! » complètement vain à côté des supposés cadavres des joueurs, le bracelet se mit à vibrer. J'ai alors regardé l'écran à présent allumé. Et le message que je vis confirma mes craintes du fait que tout allait se répéter :

"Je t'avais prévenu... "maître" :-)"

Le petit sourire contribua encore plus à ma peur de mourir et à ma culpabilité. Même si je n'aime pas forcément chacun des joueurs, j'étais celui qui avait provoqué leur mort ! J'étais responsable de tout ça, c'est mon statut de "maître du jeu" ! Un autre message apparut, court mais marquant :

"Game Over."

« Non ! Pas encore ! Pitié ! Aidez-moi ! Que quelqu'un m'aide par pitié ! Je ne veux pas MOURIR !! »

C'était complètement vain. Mes appels à l'aide ne seraient entendus que par la fillette qui allait se faire une joie de venir à ma "rescousse".

Je criais, tremblais d'effroi et de rage. J'étais tellement faible mentalement que j'ai dû parler de ce qu'il m'était arrivé. J'étais en colère contre moi-même, je venais de provoquer ma mort ! C'est presque comme si je m'étais suicidé à ce stade !

Un dernier message s'afficha :

"Fin prématurée de la partie pour cause de mort de tous les joueurs. Début de la séquence de punition."

Je sentis encore cette sensation qui me traversa le bras. L'effet était tout aussi instantané, je ne pouvais plus me contrôler. J'étais au sol, complètement à la merci de n'importe qui qui me trouverait ici agonisant. Ce truc me paralysait complètement ! C'est la deuxième fois que ça arrive mais c'est toujours aussi mémorable : cette manière de me clouer sur place est fulgurante ! Et tout aussi douloureuse !

Je n'allais pas continuer à profiter de cet état longtemps. Mon heure était arrivée car j'entendis à nouveau ce rire. Ce rire abominable que je ne pouvais pas supporter ! Ce rire qui hante mon esprit depuis tout à l'heure ! Ce rire qui s'approchait de moi, dont l'intensité grandissait.

Cliquetis cliquetis...

Elle arrive... Je ne peux rien faire pour m'en sortir ?! J'essayais de bouger mais impossible, le produit que ce bracelet m'avait injecté était beaucoup trop fort. Chacun de mes efforts ne servait à rien.

La fillette se tenait à quelques mètres devant moi, je n'apercevais que ses jambes, toujours dans le même état. Mon coeur battait la chamade, je sentais mon stress monter en flèche, j'étais en panique totale.

J'avais perdu. Et la défaite allait être abominable à encaisser.

Je peinais à entendre ces derniers mots alors que j'étais en pleine crise de nerfs :

« Je... veux... voir ! J'ai... besoin... de ça ! J'en ai besoin ! »

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