4 - Mon cauchemar et celui des autres (1/4)

22 minutes de lecture

J’ai récemment trouvé ce que je veux être plus tard. Pendant une de mes soirées de jeux avec Valya, je l'ai remarqué et c’est en fin de compte évident, tellement que je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas réfléchi avant : développeur de jeu vidéo.

En soi, l’idée n’est pas si mal, mais qu’est-ce que c’est dur...

Derrière un jeu se cache de nombreux métiers et de personnes qui travaillent ensemble comme le codeur, le graphiste, le scénariste, etc... On se dit souvent « Qu’est que ça doit être dur de créer un jeu ! » et après m’être renseigné sur le sujet, oui ça l’est. De plus, je ne suis pas le seul qui le souhaite, donc la concurrence vient s’ajouter à la difficulté du métier.

Certains appellent ça un rêve d’enfant qui disparaît quand on devient "adulte" mais pas moi, je m’en suis enfin rendu compte et il faut que je travaille pour réussir, chose que je déteste faire, mais lorsque ça parle de jeu vidéo, je deviens ultra motivé et prêt à bosser.

Sauf que ça dure une demie-heure. Passé ce délai, cette maudite flemme reprend le dessus et j’arrête mes révisions. Du coup, mes notes stagnent et ce n'est pas avec la moyenne que j'ai que je vais progresser dans le métier.

Je suis doté d'un sacré manque de pugnacité mais bon, je n'aime pas prévoir loin dans le futur. Je me contente simplement de vivre au jour le jour. Ma vie sera sûrement à base de petits boulots et de mes loisirs simples : une vie d’un homme taciturne qui se contente du minimum.

Valya était réjouie de voir que j'avais désormais un objectif et m’a dit qu’elle m’encouragera en essayant de me forcer à réviser mais ça n’a pas vraiment marché pour l’instant je dois dire, j’apprécie plus le fait de passer du temps avec elle à jouer plutôt que de faire des devoirs donc on finit par parler de tout et de rien et hop ! Adieu mes révisions et ma motivation.

Tout ce qui me manque est une motivation qui dure vraiment, un moyen de la conserver mais malgré mes tentatives, je n’y arrive pas. En soi, Bill a raison, la flemme est vraiment une sorte de maladie et je m’en sortirai mieux sans.

Argh… Ma tête...

Mon mal de crâne est intense, des visseuses me perforent les tempes par pulsation, c'est d'une puissance que je n'ai jamais expérimenté, tellement puissant que je me demande même si mon cerveau n'est pas sur le point d'exploser. Tout à coup, une colère vint s'ajouter à la douleur de mes puissantes migraines : j'ai été kidnappé ! Par qui ? Pourquoi ?!

J'ai décidé d'essayer de me lever compte tenu du fait que je suis actuellement allongé sur une espèce de matelas à même le sol et à ce que je peux constater au fur et à mesure que ma vision me revient, c’est que je suis loin d’être dans ma chambre.

Je suis dans une pièce miteuse avec pour seule luminosité une fenêtre par laquelle on ne peux pas voir l’extérieur, elle laisse juste passer la lumière du jour qui d’ailleurs est assez faible.

Rapide coup d’œil à ma montre : vingt et une heures ! Je suis resté inconscient pendant presque une journée entière ! Je commence à légèrement trembler en me remémorant le rire sinistre de l’un des deux hommes.

« Qui êtes-vous ? Est-ce qu'il y a quelqu'un ici ?! »

Son rire résonne dans ma tête de façon exponentielle : une sorte d'écho insupportable !

Ma tête recommence à tourner. Je vais me mettre à tourner de l'oeil si ça continue... Je constate avec effroi que mon rythme cardiaque s’accélère, je me sens mal, très mal. J’ai envie de vomir. Je suis en proie à un stress fort et bien plus désagréable que ce que j'ai déjà pu ressentir.

Je ne comprends pas pourquoi quelqu'un se donnerait du mal à me kidnapper si ce n'est pour un plaisir malsain : je ne possède rien que ce soit argent ou famille, donc aucun moyen de pression ou de demander une rançon. Alors, je dois m'attendre au pire ? Oui, le pire ! Ce sont des psychopathes qui m'ont capturé ! Ils vont me torturer et...

« Sorel ! Calme-toi ! »

Une voix familière m’arrêta net, juste à côté de moi se tient ma meilleure amie !

« Valya !

— La seule et l'unique ! Dis, tu peux me dire où on est ? Cet endroit est assez effrayant... »

Qu’est-ce-que je suis content de la voir ! Je ne suis pas seul ! Mais, cela veut donc dire que ces deux hommes sont allés jusque dans ma chambre pour la kidnapper elle aussi ? Ou bien était-elle en train de se balader dehors ? Il faut que je sache.

« Comment t’es arrivée là ? lui ai-je demandé d’un ton inquiet.

— Je ne sais pas… j'étais en train de dormir parce que je m’ennuyais, puis je me suis réveillée là à côté de toi. Pas un réveil désagréable même si j'étais par terre. »

La petite plaisanterie de Valya me fit sourire ce qui me calma un peu. J'ai paniqué beaucoup trop vite. Ressaisis-toi Sorel ! S'ils veulent te tuer, tu ne vas pas leur faciliter la tache !

J'en suis presque heureux de voir que Valya a été kidnappé elle aussi puisqu'elle est une source de motivation pour moi. Mais il faut bien l'admettre, ça aurait été beaucoup mieux si elle avait été en sécurité dans l'orphelinat, j'aurais été d'autant plus rassuré si elle était tranquillement en train de m'attendre comme à son habitude.

« Le plus important, c’est que tu ailles bien. J’ai peur d’être seul mais en même temps, j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose ici. »

Valya se mit à sourire.

« Ne t’en fais pas, on va sortir de là ensemble et on se fera cette soirée jeux !

— Ouais, t’as raison ! Je vais pas me laisser abattre ! »

J'ai toujours aimé sa présence, quelques mots suffisent à m'encourager et c'est toujours très plaisant.

« Car tu es Nightsillusion après tout ! Tu ne vas pas te laisser vaincre par de vils ennemis ! »

Je ne suis pas vraiment d'humeur à jouer les "magiciens" mais le fait d'entendre Valya le dire me pousse à lui répondre enjoué :

« Tu as raison ! Un mage ne se laisse pas abattre aussi facilement ! Il lutte pour sa survie ! »

J'espère que personne ne nous voit... Et puis, j'ai beau faire le fier dans mon rôle, je n'ai pas la moindre idée de quoi faire.

« Tiens regarde, c’est quoi ça ? »

Valya pointa du doigt un petit trousseau de clés qui est à côté de moi.

« Je ne sais pas, écoute, on va bien voir ! »

Je me suis alors approché des clés, un morceau de papier visiblement déchiré d’un cahier est posé juste à côté, curieux, j'ai jeté un coup d’œil dessus juste avant.

Une simple inscription :

"Dans une situation de survie, il faut savoir compter sur les autres si vous n’êtes pas seul. Ces clés vous montreront avec qui la partie se jouera."

Ce mot "partie" me laisse dubitatif, est-ce une sorte de jeu ? Et la deuxième phrase ? Cela veux sûrement dire que je ne suis pas seul. C'est pas vraiment rassurant. Mais la première phrase est bien plus intrigante : quelle est sa signification ? Bien sûr qu’on s’entraide dans une situation désespérée, pourquoi avoir besoin de le préciser ? Je sais bien que je suis quelqu’un d’égoïste, mais pas à ce point, lorsque cela implique la vie d’autres gens, je ne vais pas jouer les égoïstes.

Donc, je pense que je participe à un jeu, un jeu de survie qui plus est. Le mot "partie" en est la preuve et je suppose que ces clés doivent libérer des personnes qui comme moi, ont été kidnappé. Mais pourquoi les donner à moi ? Je ne suis pas un gardien de prison ! Et je suis sûr que ça va attirer l’attention sur moi comme quoi je suis celui qui a organisé tout ça, ce n’est pas bon signe du tout. Après tout, un type qui se ramène avec les clés qui vous libèrent, il est normal de ne pas lui faire confiance.

Quoi qu'il en soit, il y a très sûrement des gens ici dans la même situation que moi, voir peut-être même pire, car j’ai été kidnappé sans blessure physique, mais qui sait si c’est le cas des autres ? Il faut donc que je sorte d'ici pour aller voir.

Tout en me relevant, je me suis rendu compte que mon poignet droit n'est plus nu : j’ai une sorte de bracelet autour du poignet droit. Pas ce genre de bracelet pour faire joli, mais un bracelet assez fin même s'il y a un petit écran dessus.

« Eh ! C’est quoi ça ?! Valya ! Viens voir. »

Valya s’est approchée suite à ma demande :

« Wow ! C’est quoi ? Tu ne m'en a jamais parlé hein ! Comment est-ce que t'as eu ça ?

— Justement, je n'ai jamais porté cette chose. Ce n'est pas moi qui l'ai mis et en plus, il me fait un peu mal à la main. »

Le sourire de Valya s'est vite éteint pour laisser place à une certaine frayeur.

« Essaie de le retirer alors. »

C'est bien ce que je comptais faire de toute manière ! J'ai donc pris le bracelet avec ma main gauche puis j'ai essayé de tirer. Une vive douleur m'a très vite freiné puis stoppé dans mon élan.

« Ça ne veut pas et… aïe ! Ça pique en plus, je crois que c'est planté dans ma chair… »

À l’entente du mot "chair", le visage de Valya se décomposa encore plus, elle a l’air bien plus terrifiée :

« C’est horrible ! On ne va pas te couper le poignet quand même ?!

— J'espère que non. Je ne pourrais plus jamais jouer sinon. »

Je n'y ai pas pensé mais oui, ce sont des tarés donc je dois m’attendre à tout et surtout au pire, mais pourquoi me mettre un bracelet qui pourrait prévoir de me trancher la main ? C’est stupide, à moins qu’ils veulent me faire du chantage, mais les seules choses qui peuvent m'attendre sont l'orphelinat et Valya. Rien d'autre. Alors je dois faire attention à elle.

À côté des clés se trouve une feuille de papier dans une pochette plastique, c’est donc important à mon avis, je me suis approché pour la prendre dans les mains et la lire :

"Nom du Maître du jeu : Sorel Ilsoya. Âge : 17 ans. Sexe : Masculin. Date de naissance : 25 novembre 2001. Groupe sanguin : O-. Hobbies : Jeux vidéos et lecture de manga."

Pardon ? Cette fiche a toutes mes informations personnelles ! C’est vraiment flippant, comment est-ce qu'on peut autant connaître ces choses sur moi ? Qu’est-ce qui se passe ici ? Pourquoi vouloir noter tout ça sur moi ?!

Non, il ne faut pas que je panique. C'est vrai quoi, une fiche plastifié contenant des informations aussi précises que mon groupe sanguin venant de personne qui m'ont kidnappé, je n'ai aucune raison de paniquer.

Je ne dois pas montrer ça à Valya, elle va ne faire que s'inquiéter encore plus et cela va se transmettre sur moi, j’ai plié la feuille comme j'ai pu puis l’ai mise dans ma poche. Valya ne m'a pas vu puisqu'elle changea complètement de sujet :

« Cet endroit me fait vachement peur. Est-ce que tu peux aller voir le bâtiment ? Je vais rester ici monter la garde si ça ne te gêne pas. »

Sa voix tremble un peu, elle veux faire la garde et ainsi ne pas bouger. C’est un peu une froussarde au fond, mais je ne lui en veux pas, je n’ai pas peur quand elle est là et elle me remonte le moral quand je ne vais pas bien. Je vais donc lui faire une faveur.

« Bon d'accord, je vais voir dehors. Reste là et crie si quelqu’un arrive, ok ?

— Reçu cinq sur cinq ! T'en fais pas ! »

Elle a l’air rassuré tout à coup ce qui eut le même effet sur moi. Bon, quand faut y aller...

J’ai essayé d’ouvrir la porte et à ma grande surprise, elle n’est même pas verrouillée ! Je ne m'y attendais pas pour le coup, ces gens savent que j'allais me réveiller et ils n'ont pas essayé de m'enfermer. Qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?

J'ai lentement ouvert la porte. Des grincements semblables à la porte de ma chambre me sont parvenus et cela semble plutôt normal puisque le bâtiment m'a l'air assez vieux. La porte est tout au plus classique si on enlève les traces brunâtres dont je ne peux deviner la provenance et la vieillesse prononcé du bois au toucher.

Après avoir ouvert la porte, j'ai atterri dans un couloir. Le mur est juste en face de moi et à ma gauche se trouve un cul-de-sac, une impasse. J'ai tourné la tête vers la droite quand j’ai remarqué que le couloir va assez loin. Il est d'ailleurs complètement vide. Je me suis donc décidé à faire un pas en avant, voilà, je suis dehors.

Enfin, en dehors de ma nouvelle chambre surtout. Le trousseau de clés en main, j’ai lentement avancé dans les ténèbres. L’atmosphère est propice à la situation, j’avais un peu peur avant de sortir, mais là, je suis mort de trouille. Un simple bruit et je me serais enfui en courant en direction de ma chambre mais, rien du tout. Pas un seul bruit. Terriblement sinistre.

« Je suis sûr que ce lieu est hanté ou quelque chose dans le genre. » ai-je pensé à haute voix.

Les murs sont gris, pleins de poussière. Cela donne l'impression d'être dans un château renforcant alors cette idée que j'ai de "lieu hanté". Un "château hanté", lieu mystique et empli de magie, ce qui ressemble à l'atmosphère de mon jeu. Le plafond, lui, est tapissé de moisissures. Vachement répugnant. D'ailleurs, j'ai l'impression de voir des cafards grouiller çà et là ce qui ne m'étonne pas vraiment.

Tandis que je progressais dans la pénombre, je me suis arrêté net : une porte. Pas la même que ma chambre non, une autre.

« Alors il y a vraiment d’autres gens ? J’espère que non... » me suis-je dit, inquiet.

J’ai essayé d’ouvrir la porte mais impossible, elle est verrouillée.

« Bon, eh bien c'est à vous maitenant. »

Suis-je vraiment en train de parler à des clés ?

J’ai essayé la première qui m'est tombé sous la main. La porte s'est déverouillé dans un fort écho métallique, la clé est donc la bonne !

« C’est mon jour de chance... » ai-je pensé ironiquement.

J'ai respiré un grand coup : quoiqu’il y ait derrière cette porte, ça ne va pas me tuer. Ça va surtout se demander ce que ça fait là. Mais je ne peux m'empêcher de m'imaginer le pire, et si une personne m’attend derrière la porte pour pouvoir m’assommer ou quelque chose de semblable ?

Je commence à trembler, quel trouillard je fais ! Il suffit que je sois extrêmement prudent, c'est donc avec lenteur et attention que j'ai ouvert la porte.

Une chambre, comme la mienne. Pas une seule différence entre les deux, c’est à se demander si ce n’est pas la même. Mais je me suis très vite rendu compte que ce n'est absolument pas le cas puisqu'un fort sentiment de stress commence à m'envahir : quelqu'un est sur le sol.

J'ai fais un pas en arrière de surprise : je ne suis donc pas seul avec Valya.

J'ai du mal à distinguer la personne allongée sur le matelas qui est d'ailleurs exactement le même que le mien, celle-ci est sous une couverture. Je ne sais donc pas si c’est un garçon, une fille, un adulte, un enfant, un vieux, un jeune... Je compte donc bien le savoir puisque cette personne peut représenter une menace.

J’ai pris mon courage à deux mains et me suis approché. Dans les jeux horrifiques, cette personne se serait réveillé d’un seul coup pour me faire sursauter, je me serais alors rendu compte que c'est un zombie ou une autre monstruosité du genre. Je me remets à trembler à cause de ces pensées stupides, il faut que je me concentre sur le concret, pas sur mon imaginaire débordant.

Je suis maintenant assez près pour voir que la main de cette personne est découverte : c’est une petite main à l’allure fragile, est-ce un enfant ? Ils ont vraiment osé mettre des enfants plus jeunes dans leur "partie" ?

Tant que j’y pense, je sais que je participe à une sorte de jeu, mais quelles en sont les règles ? Comment faire pour "gagner la partie" ? Pourquoi la fiche m’appelait "Maître du jeu" ? J'espère que je vais avoir des réponses dans un délai très proche.

Cette main est attachée par des menottes à un tuyau sur le mur, je suppose que la clé ne doit pas être loin. Mais avant, je dois voir qui se cache derrière cette couverture. J’ai donc lentement commencé à la retirer, j’ai un peu peur de découvrir un cadavre, mais la curiosité l’a emporté et c'est en la retirant complètement que je me suis rendu compte d'une chose effroyable : une petite fille.

Je sais que c'est une fille car je peux apercevoir ses longs cheveux roses dépasser de sa capuche. Capuche qui vient de son petit gilet rose et blanc, elle a en dessous une robe qui ressemble à celle que l’on voit sur les poupées, un peu dans le style gothique mais en coloré. La robe lui arrive jusqu’au genou qui sont couvert de longues chaussettes blanches. Un choix vestimentaire très étrange.

Elle ressemble à une poupée grandeur nature bien que je ne puisse pas voir son visage caché par la capuche, elle lui arrive jusqu’au nez donc elle ne cache pas tout le visage. Je ne peux voir que sa bouche de mon point de vue.

Je me suis retourné pour chercher un quelconque moyen de la délivrer, ils ont capturés une gamine, ces types sont d'une cruauté abominable. Je n'ai pas envie qu'elle se réveille, je ne suis pas très à l'aise avec les enfants, surtout dans une situation où nous sommes enfermés dans un vieux bâtiment.

« Q-qui êtes-vous ? »

La voix me fit sursauter, je me suis retourné pour la voir bien réveillée sur ses genoux face à moi. Cette fille garde sa capuche sur le visage, je pense qu'elle voit au travers puisque sa tête regarde en direction de la mienne sachant que je suis debout. Rah, bon sang ! Comment je suis censé expliquer ma présence ?

Sa voix est tremblante, encore plus que celle de Valya, elle doit vraiment avoir peur de moi.

« Je sais que ça peut te paraître bizarre mais je me suis réveillé dans une chambre comme ça moi aussi puis j’ai trouvé des clés qui ont ouvert la pièce dans laquelle tu étais enfermée. Et puis je t’ai trouvé là allongée et inconsciente alors j’ai au début cru que tu étais… enfin tu vois, mais j'étais en train de chercher un moyen de te délivrer et-

— Ahem ! » fit-elle en se raclant la gorge.

Je me rends compte que je suis en train de divaguer en paniquant, chose assez ridicule que me fit remarquer mon interlocutrice. C'est donc ça la première impression que je donne ?

« Désolé… Je suis juste stressé parce que je ne sais pas où on se trouve et pourquoi.

— Q-qu’est-ce que vous me voulez ? fit-elle en reculant légèrement.

— Mais, je viens de te dire que je ne sais pas où on est. Je ne suis en aucun cas responsable de notre situation ! Je sais que toi aussi, tu as peur mais il faut se calmer. »

Alors que j'étais en train de paniquer il y a de cela quelques secondes.

« Je… je n’ai p-pas peur, non, pas peur. Pourquoi dites-vous cela ? »

Oh que si tu as peur, je l’entends dans l’intonation de ta voix, elle tremble beaucoup tout comme toi.

« Je sais que ça doit être dur pour toi, mais je vais faire en sorte qu’on sorte d’ici histoire que tu retrouves tes parents. »

Je ne sais pas d'où me vient cette instinct de protection mais elle a l'air si fragile que je n'ai pas envie de la voir être en danger alors que je ne la connais même pas.

La fille se mit à reculer un peu, visiblement surprise :

« Je ne suis pas aussi jeune que ça, pourquoi m'infantilisez vous de la sorte ?

— Hein ? »

Je ne comprends pas bien ce qu'elle raconte. Pourquoi parle-t-elle aussi bien pour une fille aussi jeune ?

« Je… Je suis aussi âgée que vous ! »

Son cri a résonné au travers de la pièce, cela a directement été suivi de mon éclat de rire :

« Haha, je sais que j’ai l’air un peu jeune, mais quand même, j’ai dix-sept ans presque dix-huit ! Je ne suis pas en primaire ! »

Est-ce qu'elle en train de me traiter d'enfant ? Je peux paraître un peu enfantin de temps en temps mais à ce point ?

« V-vous êtes horrible, cruel et arrogant ! Vou-

— Eh oh ! Ne commence pas à m'insulter espèce de petite mal élevée, tu parles dans un langage très soutenue mais je te trouve quand même assez malpolie. »

La fille fit un bougonnement de colère qui est plus "mignon" qu'autre chose puis reprit :

« L-laissez moi finir au moins ! J’ai… seize ans ! Un an de moins que vous donc. Alors accordez-moi au moins un minimum de respect, je ne vous demande pas de me traiter telle une princesse, mais juste de ne pas croire que je suis une enfant en bas âge. Je sais que je suis de petite taille et vous n'êtes pas le premier à vous tromper mais ne laissez pas cela vous berner. »

Eh bien... Il faut croire que je suis assez stupide pour juger les gens sur leur apparence, moi qui déteste les personnes comme ça, voilà que je prends pour une enfant un fille de mon âge. Mais pour ma défense, son apparence est celle d'une enfant. Elle a d'ailleurs précisé que ce n'est pas la première fois que cela lui arrive ce qui explique qu'elle n'a pas l'air si en colère que ça.

« Je pense que des excuses ne suffiront pas, mais je suis désolé ! Vraiment, vraiment ! »

J'ai détourné le regard de honte pour ne pas avoir à croiser le sien, la situation est très embarrassante mais ça n'a pas l'air d'être son état d'esprit.

« Ne vous en faites pas, comme je l'ai dit, vous êtes loin d'être le seul à avoir fait cette faute. Mais j'aimerais savoir où nous sommes, cet endroit est si sinistre. »

Son ton de voix a changé, elle regarde de tous les côtés comme pour analyser son environnement et elle semble stressée, encore plus que moi.

« Je ne sais pas, on a été capturés par des types étranges et on se retrouve dans un bâtiment abandonné. Il peut se passer pas mal de choses vu la façon dont ils m'ont capturés, ces gens là ont l'air cinglés, j'espère qu'ils ne vont pas nous faire subir de la torture. »

La fille s'est recroquevillée sur elle-même, puis elle leva légèrement la tête pour hurler :

« Qui êtes vous ?! Qu'est-ce que vous avez fait à ma grande soeur ? Où êtes-vous ?! »

La résonance de la pièce amplifie le son produit, elle avoue avoir peur ce que je comprends. Elle est en train de céder à la panique comme moi tout à l’heure, mais alors que j'avais Valya pour me rassurer, sa grande sœur n’est pas là, elle.

Je me suis approché pour mettre mes mains sur ses épaules, visiblement, ce geste l’a surprise car elle commenca à trembler. J’ai commencé à la secouer faiblement :

« Calme-toi ! C’est pas en hurlant que ta sœur va arriver, t’es en train de me percer les tympans donc arrête de crier ! C’est ce qu’ils veulent sûrement : nous voir paniquer, hurler. Je suis sûr que tu peux être plus forte que ça alors fais en sorte que ton apparence diffère de ta manière de réagir et calme toi ! Tu peux faire ça ? On n'arrivera à rien si tu agis comme ça ! »

Je parle comme ça à une fille dont je ne connais même pas le nom, j’ai l’impression d’être un père qui essaie de calmer sa fille qui a fait un cauchemar. Je ne sais rien de cette fille donc il ne faut pas que je commence à trop la critiquer.

Mais je vois ce qu’elle fait là : paniquer. Et c’est exactement la chose à ne pas faire. J’ai peur moi aussi bien sûr, mais j'essaie de prendre sur moi maintenant que je m'en suis rendu compte. Autrefois, j'avais appris à pouvoir me consoler avant de connaître Valya même si ses mots de réconforts me sont presque vitaux maintenant que je la connais bien. C’est un des avantages à vivre en solitaire bien que cela ait une répercussion : je ne suis ni déçu mais ni impressionné par quiconque.

Elle s’est mise à sangloter, elle a dû se prendre la réalité en pleine figure : non, sa sœur ne viendra pas, personne ne viendra nous aider. Il faut sortir d'ici par nous-mêmes.

Alors qu’elle est en train de pleurer, je suis en train de chercher un truc à dire pour la réconforter mais quoi ? Alors que j'y réfléchissais, une chose a fini par attirer mon attention : je connais ces pleurs. Je les ai déjà entendus. Où ? Je ne m'en rappelle plus. J'ai donc fait de mon mieux pour me creuser les méninges afin d'aller extirper ce souvenir par la force.

Enfin, j'ai fini par m'en rappeler ! Mais il me faut la preuve de la personne en question, j’ai alors demandé :

« Est-ce que tu ne serais pas venu dans un orphelinat récemment ? »

Ma question l’ayant surprise, elle a soudainement arrêté de pleurer.

« Comment le savez-vous ? Pour vous répondre : oui, je suis devenue orpheline il n’y a pas vraiment longtemps. »

Ah ! J’avais raison alors ! C’est une des nouvelles récemment arrivées ! Si je m’étais présenté, cette situation n’aurait même pas eu lieu.

« Tu es donc la petite sœur. Et tu t’appelles… ?

— Mon nom est Céleste Nyakoa, enchantée fit-elle en se forçant à faire une révérence malgré la peur évidente et une voix peu confiante.

— Je suis Sorel Ilsoya, et euh… de même. »

J’ai vraiment l’air ridicule dans ma tête à essayer de jouer l’homme courtois. Mais ça a confirmé mes doutes, c’est une des nouvelles, la petite sœur en l’occurrence. Au moins, c’est quelqu’un qui ne me causera pas d’ennuis, elle n’a absolument pas l’air dangereuse. Un véritable soulagement.

Je l’ai vu commencer à se gratter la nuque. Ou farfouiller dedans.

« Un problème ?

— J’ai une sorte de collier autour du cou. Assez fin, mais il me pique.

— Ah oui ? »

Je ne trouve rien de mieux à dire, j’ai un bracelet étrange autour du poignet droit, mais elle, elle a un collier. À quoi ça rime tout ça ?

Céleste poussa un petit cri de frayeur qui me fit sursauter à cause de cette satané résonance :

« Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je crois que ce collier est planté dans ma peau ! »

Voilà une nouvelle peu rassurante, son collier est donc comme mon bracelet : planté dans la peau.

« Alors on est assorti. Regarde. »

J’ai levé mon bras et plus précisément mon poignet pour lui montrer.

« Il est planté dans ma chair à moi aussi et ça me pique ce qui n'est pas agréable du tout. »

Peut-être que je vais la rassurer, peut-être que non, mais au moins, elle est au courant.

« C’est terrifiant.

— Je ne te le fais pas dire, ça me fait peur à moi aussi. Bon, trouvons la clé pour te libérer de ces menottes afin qu’on pui-

— Trouvé ! »

Céleste montra du doigt une petite clé. Elle est juste posée sur la petite table à côté du matelas, même pas cachée.

« Bien joué ! Bon bah, je suppose que j’ai pas le choix. »

La clé dans les mains, j’ai commencé à l’insérer dans le verrou des menottes, celles-ci sont un peu rouillées sur les bords, ce qui fait que ça peux être dangereux si elle vient à se couper. En y regardant de plus près, je me rends compte de l'aura de fragilité qu'elle dégage : elle a des mains très petites et ses doigts sont tous fins, elle ressemble vraiment à une poupée.

J’ai prudemment déverrouillé le mécanisme pour qu’enfin, les menottes tombent par terre dans un bruit métallique. Céleste s'est libérée de son emprise, je fis de même ce qui fait qu’on était face à face.

Je comprends pourquoi je pensais que c’était une petite fille. Elle m’arrive à peine à la poitrine. J'ai une taille relativement normale mais en comparant à la sienne, il n'y a pas photo : elle est minuscule ! Elle doit sûrement faire un mètre soixante maximum en étant généreux sur les arrondissements.

« J'aimerais vous demander : est-ce que vous l'avez vu ? »

Céleste m'a dit ça d’un air tellement timide et bas que c’est à se demander si elle se parlait à elle-même. Sauf que je ne comprends pas à quoi elle fait allusion. Quoique...

Je me suis empressé de lui répondre :

« Nan, j’ai rien vu. Ta robe est trop longue pour ça et je ne suis pas un pédoph- enfin, je ne cherche pas à la voir de toute façon. »

Elle s’est mise à rougir au vu des parties de son visage que je pouvais voir qui sont devenus rose bonbon. Sa réponse fut immédiate :

« Mais non ! Je ne parlais pas de ça ! Espèce de, de malotru ! Pensiez-vous vraiment que je parlerais de mes sous vêtements ? »

Ah bah j’ai eu faux, oh flûte alors.

Céleste me fait face en "cachant" d'une main le bas de sa robe tout en rougissant, du moins, à ce que je peux deviner car je suis incapable d'observer ses émotions à cause de sa capuche. Je peux simplement les suggérer par l'intonation de sa voix et le choix de ses mots.

« Enfin, si vous ne voyez pas de quoi je parle, tant mieux. »

Je ne vois effectivement pas de quoi elle parle mais je n'ai pas envie d'insister. La raison principale est que cela ne m'intéresse pas du tout mais une petite voix au fond de moi me dit que ça a l'air de la gêner plus qu'autre chose, il vaut mieux que j'évite d'aborder le sujet, du moins, pour l'instant.

« D'accord, bon on y va ?

— Oui. Je vous suis bien que je n’ai pas d’autres choix de toute façon.

— Quel dommage pour toi, hein ? Tu vas devoir te coltiner un type comme moi ! »

Pas de réponse. Elle ne semble pas vouloir me vexer ou me contredire, à moins qu'elle s'en fiche complètement.

À deux, nous avons continué à longer le couloir dans un silence absolu pour arriver devant une deuxième porte. Je me doute de qui se trouve à l’intérieur : quelqu’un d’autre. Céleste, elle, a l’air totalement inoffensive donc ce n’est pas un problème, mais qui sait comment est la personne suivante ou celle d'après. Car il y a quatre clés : une pour chacun des autres "participants" je suppose. Il me reste donc trois personnes à découvrir si ma théorie est bonne, voyons voir ce que le destin me réserve !

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