Chapitre V : Installation au château

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 Enfin la fin de mes études, ma thèse est terminée. Yves arrive deux jours avant la remise des diplômes.

 Nos retrouvailles sont toujours aussi intenses. Après avoir laissé libre cours à notre amour, nous nous installons sur le canapé.

- As-tu progressé au niveau de la télépathie ?

- Oui j’ai fait pas mal d’expériences. J’ai pu étudier les pensées de ma voisine de palier, je lui fais vraiment de l’effet, ses pensées sont plus qu’érotiques. Je me suis également intéressé aux personnes que je côtoie à la fac, je me suis aperçu que beaucoup me convoitaient, filles garçons compris. Même mon ex, bien qu’il ait trouvé un petit ami, pense toujours à moi. J’ai fini par arrêter de sonder les gens, ça devenait pénible et déplacé.

- Tu vois, il n’est pas toujours bon de connaître les pensées de ton entourage. Personnellement, je considère cela comme un viol de personnalité.

- Je me suis fait un petit ami, un écureuil roux, que j’ai apprivoisé. Il m’a même proposé de partager ses noisettes.

 Yves éclate de rire. Je me rends compte du quiproquo et éclate de rire à mon tour.

- Tu es génial, partager ses noisettes avec un écureuil, tu m’épates. Je constate que tu as bien progressé.

 Le jour des remises de diplôme arriva. Je suis sur des charbons ardents, j’espère ne pas le décevoir.

 A mon grand étonnement, je suis major de ma promotion.

* Félicitations André je suis fier de toi.

* Merci. Sincèrement, je ne m’attendais pas à un tel honneur.

 Après la remise des diplômes, je suis assailli de propositions d’embauche, même du gouvernement. Je m’en tire en prétextant que j’ai déjà signé avec « FuturMatique ».

- Ce soir, on fête ça, je vais retenir une table à « La Cigale[1] ». On invitera Mathilde, pour elle, ce sera nos adieux, tu as quelqu’un que tu voudrais inviter ? Peut-être ta voisine de palier ?

- Arrête de me charrier avec elle, non personne. L’appartement, tu vas en faire quoi ?

- Je vais le vendre on en a plus besoin.

* Tu te doutes bien que, dans dix ans, les gens du quartier ne comprendraient pas que nous ne vieillissons pas.

* Effectivement, je n’avais pas pensé à cet aspect.

 Nous rentrons. Mathilde, en apprenant mon résultat, fut radieuse (chez elle c’était sincère), elle va me manquer, elle accepte notre invitation.

 La soirée se déroule dans une ambiance festive, on termine avec du champagne. La pauvre Mathilde veut nous chanter une chanson, le champagne fait son effet, nous nous marrons. Une fois sortie de « La Cigale », nous marchons en tenant Mathilde qui chante à tue-tête. Les gens que nous croisons se bidonnent devant ce spectacle insolite.

- Notre dragon, je suis sûr que si on craque une allumette, il nous crache des flammes.

- Yves, c’est pas bien, hic, de te moquer de moi.

En cœur nous rigolons.

 Arrivés à l’immeuble, nous la laissons chez elle après lui avoir fait la bise et souhaité une bonne nuit.

 Une fois dans l’appartement, dans notre intimité, Yves m’enlace.

- La pauvre ne risque pas de nous oublier après une telle soirée.

- Oui, sûr que demain elle aura la gueule de bois.

- Au lit Dauphin, demain matin, nous partons pour le château.

 Morphée ne tarda pas à nous prendre dans ses bras.

 Je me réveille. Yves qui me regarde émerger me fait la bise et va me chercher un café.

- Tu ronfles quand tu bois un peu plus que la moyenne.

- Je t’ai empêché de dormir ?

- Non, tes ronronnements m’ont bercé (me dit-il en riant)

- Tu te fous de moi ou tu es sincère ?

- Devine, allez debout, le petit dej est prêt.

- Inutile de nous encombrer de valises, Victor fera le nécessaire pour tout récupérer et il s’occupera de la vente.

 C’est avec un pincement au cœur que nous quittons Mathilde. Je lui remets, en souvenir, les cadres avec les photos numériques de nos vacances. Elle versa une larme et nous embrassa.

- Vous allez me manquer les gars !

 Nous prenons la direction de l’aéro-club. Montés dans le cessna, Yves prend les commandes et fait décoller l’avion. A mi-parcourt, il me passe les commandes et je fais l’atterrissage. J’ai l’impression qu’une page de ma vie se tourne. Paul nous attend avec la limousine. L’arrivée au château se fait dans le rituel habituel, personnel aligné dans l’entrée et ma copine Nita qui vient vers moi pour quémander une caresse.

* Bienvenue à la maison André.

* Merci Nita.

 Nos sacs déposés dans la chambre, Yves me déclare :

- A partir de maintenant, les barrières vont tomber, les secrets vont disparaître. Mais, d’abord, on va faire le tour de tes appartements.

- Mes appartements ? Tu vas me reléguer dans une oubliette du château ?

- Non, mais il te faut un endroit bien à toi qui reflétera ta personnalité.

 A proximité de notre chambre, Yves me fait visiter ce qui ressemble à un petit logement. Les pièces sont vides.

- Tu vas l’aménager et le meubler à ton goût. Un décorateur va t’y aider, une des pièces devra être ton bureau.

 Après une visite chez Sonia, qui est ravie de mon retour, je commence, avec l’aide de Sylvain et du décorateur, l’aménagement de « mon appartement ». J’attends avec hâte de voir tomber toutes ces barrières dont il me parle.

 Arrive le jour prévu de ma visite à « FuturMatique » qui, comme l’aéro-club privé, est en dehors du domaine mais à proximité.

- Dans l’entreprise, il y a quelques androïdes et des initiés. Nous en profitons, également, pour faire du recrutement. Je vais te présenter comme sociologue, embauché à mi-temps. Donc si des employés ont des problèmes, ce sera à toi de les gérer.

 Une fois dans les locaux, je suis assailli de pensées hostiles, « Tiens voilà notre pd de patron et sa copine ! », je repère leur provenance, un petit gars malingre avec des yeux de fouine.

* André, n’intervient pas s’il te plaît. C’est un stagiaire qui termine aujourd’hui et que je vais congédier.

* D’accord, mais il fait fort lui.

 Je suis donc présenté au personnel en tant que sociologue à mi-temps. Le directeur est un initié. Après les présentations, nous passons dans le bureau d’Yves pour y recevoir le stagiaire. Je m’installe dans un fauteuil. Par l’interphone, il contacte la secrétaire de direction.

- Mademoiselle, faites entrer monsieur Anatole.

- Bonjour Anatole. Je vous en prie asseyez-vous.

- Merci monsieur.

- Vous terminez votre stage aujourd’hui. Je suis au regret de vous annoncer que nous ne pouvons pas vous garder.

- Pourquoi monsieur ?

- Les motifs ne manquent pas, je vais vous les énoncer : vol de matériel informatique, l’entreprise étant protégée par de la vidéo surveillance, nous possédons donc toutes les preuves. Non seulement vous n’avez rien apporté de positif pour l’entreprise, mais vous avez essayé de pirater certaines de nos applications. Nous vous en avons laissé prendre une mineure, mais celui qui vous l’a acheté va s’en mordre les doigts, car elle contient un super virus, qui va se déclencher ce soir et va écraser tous les disques durs des ordinateurs où elle aura été installée. Je pense que votre acquéreur aura des comptes à vous demander. Je continue. Nous avons retrouvé, dans un local technique deux cents grammes de drogue, qui a été remis à la police qui mène son enquête ; nous ne vous avons pas dénoncé, j’espère pour vous qu’il n’y a pas d’empreintes ou d’ADN sur ce paquet. Vous avez utilisé comme planque mon entreprise pour votre petit trafic, je ne peux l’accepter.

 Anatole transpire à grosses gouttes.

- Dernier point : vous avez essayé de monter le personnel contre moi avec des propos homophobes. Anatole, je peux vous dire que si vous continuez sur cette voie, vous allez gâcher votre vie. Veuillez me rendre votre badge. En sortant passez par la comptabilité récupérer votre chèque.

 Anatole fulmine, ses pensées sont meurtrières, je ne peux m’empêcher de faire quelque chose. Il se met à bégayer. Je rigole intérieurement.

* Désolé, Yves je n’ai pas pu me retenir.

* Merci André. J’avais, moi aussi, envie de faire quelque chose, je pense que j’aurais été plus méchant que toi.

 Deux jours plus tard, nous apprenons, par la presse, qu’Anatole a été arrêté pour trafic de drogue et qu’une plainte pour piratage informatique a été déposée contre lui par une boîte concurrente.

 L’aménagement de mes appartements avance, la chambre est terminée. Yves me propose de l’inaugurer.

- Tu as bon goût, tu es plus moderne que moi, mais c’est ton style, c’est ce qui compte. J’ai hâte d’essayer le lit.

- Merci pour tes compliments. D’accord pour essayer le lit ce soir. Je suppose que je vais devoir travailler ici dans ce bureau ?

- N’oublie pas que tu es mon bras droit. Tu auras des tâches à accomplir ce qui allégera les miennes. Peut-être te faudrait-il une secrétaire, une jolie blonde, qu’en penses-tu ?

- Là tu me charries, tu n’es pas sympa avec moi.

 Il me fait une bise.

- Je t’adore mon chéri, j’aime bien te voir faire la moue. De toute façon si tu as besoin d’aide, tu sais très bien que je suis là. Sonia, aussi, peut t’aider ainsi que Sylvain. D’ailleurs, n’oublie pas qu’il est connecté à Sonia.

- Il va falloir que je m’y habitue. Si on allait se détendre avec Sonia dans le jeu de rôle ?

- Bonne idée. Allons-y.

 La soirée se termine dans mes appartements. Cette fois, j’ai vraiment l’impression d’être chez moi. Le matelas fut baptisé, une nuit paisible s’en suivit.

 A mon réveil, comme d’habitude, Yves est déjà debout, il m’attend dans le salon où il commande notre petit-déjeuner.

- Tu es toujours debout avant moi. Es-tu toujours aussi pressé de commencer la journée ?

- ça me permet de te voir dormir, tu es si mignon quand tu dors.

- Et moi quand est-ce que je pourrai te voir entrain de dormir ? Faut-il que j’avale un réveil ?

- Tu veux imiter le crocodile du Capitaine Crochet[2] ?

 Nous chahutons et rigolons en cœur.

- Aujourd’hui est un grand jour. Une barrière importante va tomber.

- Que me réserves-tu ? Avec toi je m’attends au pire, tu vas me décrocher la Lune ?

- C’est une surprise, il faudra que tu attendes cette après-midi.

- Dis-le-moi maintenant.

- Non, en plus je n’ai rien à dire. C’est quelque chose que je veux te montrer. Si je t’en parle, ça ne sera plus une surprise.

- Grrrrrrr, toi et tes cachotteries.

 J’attends donc impatiemment le déjeuner.

[1] Brasserie Nantaise historique.

[2] Peter Pan de J. M. Barrie

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