Chapitre III : La télépathie

18 minutes de lecture

 Les vacances de Pâques arrivent enfin. Yves débarque la veille, nos retrouvailles n’ont pas baissé en intensité. Après une nuit houleuse, Yves me réveille, avec un petit déjeuner, servi sur plateau.

- Mon petit dauphin a bien dormi ?

- (je l’embrasse) Toujours aussi matinal Monsieur le Comte.

 Mon café terminé, il me débarrasse du plateau.

- Prêt pour un retour au château ?

- Plus que jamais, j’ai hâte de retrouver mes copines.

- Moi qui croyais que c’était moi que tu avais hâte de retrouver, je suis déçu.

 Je lui saute dessus et enlacés, par un acte de tendresse, nous finissons de nous chamailler. Nous prenons une douche, une fois habillés nous sommes prêts pour le départ.

 Adieux à Mathilde et direction l’aéro-club. Après le décollage, Yves me parle du programme prévu pour mon séjour.

- Maintenant que tu as ton permis de conduire, on va s’occuper de ton brevet de pilote privé. Je te montrerai un film que nous avons terminé et je serai ton instructeur pour des cours spéciaux, je ne t’en dis pas plus, ça sera la surprise.

- Grrrrrr, encore des cachotteries.

 Le côté positif, c’est qu’Yves va s’occuper de moi en personne. Arrivés au château, le personnel nous attend aligner dans l’entrée. Surprise, je vois Nita sortir des rangs et venir vers moi, je lui fais une caresse et elle repart en ronronnant. Après avoir posé nos sacs, nous allons voir Sonia.

- Bonjour Sonia.

- Bonjour les amoureux, André en forme pour continuer ta formation ?

- Oui je suis prêt pour de nouvelles surprises et découvertes.

 Après cette petite visite, Yves m’emmène vers le quartier du personnel.

- Il te faut quelqu’un à ton service.

- Tu es sûr ? Je n’ai besoin de personne et ça me mettrait mal à l’aise.

- Oui je suis sûr et tu comprendras pourquoi.

 Nous arrivons à un petit balcon qui surplombe une salle.

- Tu vois les trois jeunes hommes assis dans ce coin, il y a un blond, un châtain et un brun. Lequel aimerais-tu à ton service ?

- ça me gêne. Ok Monsieur le Comte, alors le châtain.

 Nous descendons dans la salle où Yves a droit à des « Monsieur le Comte ».

- Bonjour messieurs. Sylvain, tu peux venir.

 Le jeune homme que j’ai choisi s’avance.

- Oui Monsieur.

- A partir de maintenant tu es au service d’André.

- Bien Monsieur, enchanté Monsieur André.

 Nous quittons la salle de détente du personnel et nous dirigeons vers la salle à manger, il est l’heure de passer à table. Quand Yves appelle le personnel pour nous servir, je vois Sylvain qui m’apporte mon assiette, il a un grand sourire, je n’ose pas trop le regarder, le savoir à mon service me perturbe.

- A 14h30 séance de massage, c’est important pour le travail que nous allons effectuer tous les après-midis.

- Nous allons faire du sport ?

- Oui, mais pas celui que tu penses, c’est ton cerveau qui va travailler, pour ça, il faut que ton corps soit détendu.

- Tu m’intrigues.

 Après le café, nous marchons dans le parc en attendant 14h30. Le jardin est magnifique, les arbres ont revêtu leurs habits printaniers, les verts sont tendres et lumineux, les arbres de Judée ont mis leur robe rose pourpre, les narcisses et les jonquilles ont sorti leur trompette pour claironner un hymne au printemps. Devant tant de beauté je me sens une âme bucolique.

 Tout en flânant, nous arrivons dans une salle de sport comportant deux tables de massage. Sylvain et Claude (le valet de chambre d’Yves) nous attendent, tous deux en pantalon blanc et tee-shirt. Nous passons au vestiaire nous déshabiller et, en boxer, rejoignons les tables de massage.

 Je sens en moi un délassement sublime, je faillis m’endormir. Quand Sylvain me demande de me retourner, de me mettre sur le dos, -la honte-, je suis gêné, j’ai une érection, un fard me monte au visage. Sylvain sourit et Yves, qui me regarde, se retient pour ne pas rire. Le massage terminé nous quittons la salle de sport. Yves laisse son hilarité éclater.

- Grrrrr, ça te fait rire !

- T’étais trop mignon. Tu vas t’y habituer, on fera ça tous les jours. Je vais te faire découvrir une nouvelle salle, suis-moi.

 Nous arrivons dans une pièce, le sol est couvert de tapis, une odeur d’encens plane et un immense bouddha occupe un mur.

- Installe-toi, dans une position confortable, comme la mienne par exemple.

 Aujourd’hui c’est une journée découverte, demain ce sera différent.

- Tu es bouddhiste ?

- Non, je suis athée. Le bouddha, l’encens c’est pour créer une atmosphère favorable à la méditation. Les religions sont des créations humaines. De tout temps, l’être humain a éprouvé le besoin de croire en quelque chose. ça a contribué à son évolution, donc il y a des côtés positifs, malheureusement il y a aussi des côtés négatifs : par exemple, l’inquisition et les problèmes que notre société rencontre actuellement avec ces groupuscules qui veulent imposer leur religion par la violence. Le bouddhisme, pour moi, n’est pas une religion, c’est une philosophie qui cherche à élever l’âme, l’aura, l’esprit à un niveau supérieur. Mais, nous ne sommes pas là pour parler religion.

- Tout être comprend deux parties : une matérielle et une spirituelle. Prends comme exemple un condensateur c’est la partie matérielle : quand il est chargé d’électricité, il contient une énergie, si le condensateur est défectueux, l’énergie disparaît. Pour un être humain ou animal, c’est pareil. Quand le corps ne peut plus remplir ses fonctions, l’âme, l’aura ou l’esprit quitte le corps et c’est la mort.

- Cette énergie qui quitte le corps, elle va où alors ?

- Nous n’entrerons pas dans ce débat pour le moment. Pendant ton séjour, on va voir les possibilités que t’offre ton cerveau et l’énergie vitale qu’il contient. Je vais t’apprendre à l’utiliser. Je t’avais parlé de mon don de prémonition.

- Oui et c’est grâce à lui que j’ai gagné au loto.

- Mais là nous allons voir un autre don que tu possèdes et qui ne demande qu’à être développé : la télépathie. Il y en a d’autres, mais nous ne les aborderons pas maintenant. Tu as vu le film « Lucy » [1]?

- Oui c’est assez terrifiant.

- C’est du cinéma, mais il y a du vrai dans ce film. Et comme pour Lucy, on va demander à ton cerveau de dépasser les dix pour cent. Nous n’allons pas poursuivre plus loin pour aujourd’hui. Demain tu viendras en jogging, il faut que tu sois à l’aise, pas de vêtement qui te compresse ou te gêne. Maintenant que tu connais le programme, on va aller se détendre.

 Yves se dirige vers la piscine.

- Le dernier à l’eau a un gage.

 Et en tenue d’Adam, nous piquons une tête dans l’eau.

- Si tu veux que Sylvain vienne te faire un massage, tu peux l’appeler, il est à ton service.

- Arrête de me charrier avec lui.

 Nous nous chamaillons un bon moment dans l’eau. Je suis heureux, je savoure ces moments que je passe.

 Le lendemain matin je commence mes leçons de pilotage avec Sonia tandis qu’Yves travaille avec Sonia bis. Je m’habitue à la présence de Sylvain qui est à mes petits soins avec une grande discrétion. La séance de massage se déroule, cette fois ci, sans problèmes, la honte de la veille a réduit ma libido à zéro.

 Une fois dans la salle de méditation, mon cours commence.

- Prends, comme moi, la position du lotus et détends toi. Fais le vide, si ça peut t’aider, ferme les yeux. Ta jambe droite est tendue, détends les muscles, essaie de visualiser ces muscles.

- Comment peux-tu savoir que mes muscles sont tendus ?

- En visualisant ton aura, ce qui permet de voir, également, les dysfonctionnements dans un corps. Je ne vais pas te faire un cours là-dessus, on fera ça une autre fois. Voilà, c’est mieux, fais le vide dans ta tête… Parfait.

- J’ai l’impression de flotter, d’être sur un nuage.

*[2] C’est bien, regarde-moi, ne remarques-tu rien ?

- Tu me parles mais tes lèvres ne bougent pas.

* Je communique avec toi par la pensée, c’est ce que l’on appelle la télépathie. En mode récepteur, je constate que tu es très bon, on va donc travailler le mode émetteur.

- J’ai du mal à comprendre, j’ai une sensation bizarre mais agréable.

* Oui j’émets vers toi des ondes apaisantes. Maintenant ne parle plus, essaie de communiquer avec moi par la pensée.

Reste détendu. Tes pensées sont confuses, sois zen, concentre-toi mais sans te forcer.

 Je commence à ressentir de la fatigue, Yves stoppe la séance, il me fait allonger et me demande de me détendre, je m’endors (environ une heure). Il me réveille.

- ça va André ?

- Oui je me suis endormi, désolé.

- Non c’est bien, comme ça, tu as pu récupérer. Ce n’est pas facile, mais tu te débrouilles bien, il faut que tu restes décontracté, tu es trop impatient.

On va en rester là pour aujourd’hui, j’ai quelqu’un à te présenter.

 Nous nous dirigeons vers le parc.

- N’aie pas peur, je vais te présenter une nouvelle copine.

- Avec toi je n’ai pas peur et je m’attends à tout.

- Baguéra !

 Un tigre blanc sort de derrière une haie, je sursaute et me rapproche d’Yves.

- Je croyais que tu n’avais peur de rien (me dit-il en rigolant).

 Baguéra s’arrête à deux mètres, s’assoit et me regarde.

- Je crois qu’elle te trouve appétissant. Rassure-toi elle a mangé. Voici une nouvelle copine que tu vas devoir apprivoiser.

- J’avoue que là tu fais fort.

- Bientôt tu comprendras pourquoi. Viens la caresser. André, avec moi, tu n’as rien à craindre, jamais je ne te ferai prendre des risques.

 Baguéra me renifle, je pose ma main délicatement sur sa tête, j’ai l’impression qu’un moteur démarre, elle ronronne.

- Baguéra a partagé mes moments de solitude. Quand j’avais le cafard, en sa compagnie, je venais me ressourcer dans le parc. Comme pour le personnel du domaine, son âge a été stabilisé. Entre nous il y a une grande complicité, nous nous comprenons.

 Baguéra, qui semble suivre notre conversation, vient se frotter contre Yves. Il la caresse. Je ressens de la tendresse entre eux. J’espère ne pas la rendre jalouse, rien que d’y penser j’ai le poil qui se hérisse. Est-ce qu’elle a senti mon désarroi ? Elle se tourne vers moi et vient s’allonger à mes pieds.

- J’ai l’impression qu’elle t’a adopté, tu lui plais, elle t’accepte.

 Tous les deux nous la caressons et son moteur à ronronnement démarre de plus belle.

 Le lendemain, après mes cours de pilotage et le repas, suivi d’un massage, nous sommes de nouveau dans la salle de méditation. Nous prenons la position du lotus et la séance démarre.

* A partir de maintenant tu ne dois plus parler : tu dois t’exprimer par la pensée, tu n’as pas de mal à me comprendre. Analyse calmement ton mode de réception, il comporte des images, essaie de communiquer avec moi en t’aidant également d’images en relation avec ce que tu veux exprimer. Prends ton temps, ne force pas... Ah, je perçois quelque chose, continue, oui tes images sont un peu érotiques, mais si ça peut t’aider pourquoi pas.

* Grrrrrrr je n’y arrive pas !

* Pourtant je viens de te comprendre clairement, ton exaspération est très bien passée. Tu es sur la bonne voie.

* J’étais en colère et, sans réfléchir, le message est passé sans effort, je crois que j’ai compris.

* Parfait, je vois que tu commences à maîtriser. Il faut que ça devienne naturel. On va arrêter. Maintenant que tu as compris, ça sera plus facile pour les autres séances.

 Nous terminons l’après-midi à la piscine.

- Demain, je vais t’apprendre à te défendre.

- Me défendre de quoi ?

- D’attaques mentales. Si quelqu’un voulait pénétrer ton esprit, il faut que tu sois capable de l’empêcher.

 Notre programme continue le lendemain. Mes cours de pilotage progressent, Sonia semble satisfaite de mon évolution.

 Nous sommes de nouveau dans la salle de méditation. Après une heure de discussion télépathique, qui se déroule avec aisance, à ma grande surprise, Yves propose de passer à l’étape suivante.

* Maintenant, je vais essayer de pénétrer ton esprit et, toi, tu dois m’en empêcher, je vais y aller doucement au départ.

* Je suis prêt.

 Je vois Yves pâlir, comme tétanisé. Je m’affole. Je me précipite vers lui.

- Que t’arrive-t-il ?

- Laisse-moi récupérer une minute, s’il te plaît.

 Je ne dis plus rien et, inquiet, j’attends. Il commence à reprendre des couleurs.

- Tu es redoutable. Excuse-moi, je ne m’attendais pas à ta réaction. Tu as réagi d’instinct, ta barrière était en béton, mais, en même temps, tu as contre attaqué violemment et je ne m’y étais pas préparé. Ta riposte était puissante. Il va falloir que tu apprennes à te maîtriser.

 La séance se termine au bord de la piscine, Yves m’explique, en détail, comment contrôler mes pensées. J’ai l’impression d’être un enfant qui apprend à parler.

* A partir de maintenant nous pouvons dialoguer par la pensée, donc en toute discrétion lorsque nous nous retrouverons au milieu d’autres personnes.

* C’est génial ! Depuis que je te connais, j’ai l’impression d’aller de découverte en découverte et d’être dans un autre monde.

* Effectivement tu es en train de pénétrer un autre monde. Tu vas vite t’en apercevoir. Demain, nous ferons appel à Sonia pour continuer ta formation.

* Sonia est télépathe ?

* Oui, elle a de nombreuses faces cachées, tu vas vite t’en rendre compte.

 La séance suivante se déroule avec Sonia (son hologramme). J’apprends à maîtriser mon barrage mental et à gérer mes contre-attaques. Une heure passe. Nous discutons de tout et de rien.

* André ne cherche pas à pénétrer mon cerveau. Si ton barrage est en béton, le mien est en acier trempé.

* Excuse-moi Sonia (Yves sourit)

* Passons à l’étape suivante.

* Il y a autre chose que je dois savoir ?

* Oui et l’on va faire appel à ta petite copine.

 Nita sort d’un angle de la pièce où je ne l’avais pas remarquée. Elle s’avance vers moi, me lèche la main et se met à ronronner.

* Bonjour André.

* C’est toi Nita ?

* Oui ce n’est pas la Grosse Baguéra.

 Un rire collectif fusa, serait-elle jalouse ? Yves m’explique que de nombreux animaux, d’instinct, maîtrisent ce mode de communication.

* Avec l’accord de Nita, tu vas pénétrer en elle et prendre le contrôle de son corps. Tu dois le faire avec délicatesse, sans brutalité. Au départ, essaie d’entrer avec discrétion en faisant en sorte qu’elle ne s’en rende pas compte.

 Je regarde Nita qui me fixe de ses grands yeux verts. Je tends mes antennes à la recherche de pulsions émanant de son être. Progressivement, je me sens absorbé dans son inconscient. Je pense qu’elle fait des efforts pour m’aider. Je commence à voir par ses yeux, je me vois en face, je sens son cœur battre. Je ressens une drôle de sensation, j’essaie de me lever, je titube. J’entrevois la présence de Nita quelque part dans une partie de son être qui jubile, elle est donc bien consciente de ma présence. J’arrête et délicatement je me retire de ce petit corps, je m’aperçois que je suis en sueur.

* André, félicitations, même si je soupçonne Nita de t’avoir aidé, tu as fait de sérieux progrès. Nous allons en rester là pour aujourd’hui.

* André, demain, pas de cours de pilotage. Tu passes ton brevet, tu es prêt. Le chef pilote, responsable de l’aéro-club, t’attend vers 9 heures.

 Une fois à la piscine, Yves m’annonce qu’il doit s’absenter pour la journée de demain : un télépathe, qui a eu un accident de voiture, à voir. C’est la première fois qu’il me donne le motif de son absence. Donc, l’après-midi, la séance aura lieu avec Sonia.

 Le lendemain, Paul me conduit à l’aéro-club, qui ne fait pas partie du domaine, mais le jouxte. Je passe, avec succès, mon brevet.

 Pendant la séance de massage, Sonia me contacte pour me donner rendez-vous dans le parc.

 Vers 15h15, je me dirige vers le parc, j’aperçois Baguéra qui est assise sur la pelouse, je m’avance vers elle et lui caresse la tête.

* Sonia je suis là.

* Moi aussi, je suis devant toi.

* Quoi ? Baguéra c’est toi ?

* Oui viens t’asseoir sur le banc. Aujourd’hui, j’ai le droit de te révéler certaines choses.

Je suis abasourdi.

* Je ne suis pas un robot ni une machine. Baguéra est faite de chair, elle a été conçue à partir de gènes de tigre, seul son cerveau est positronique.

* Et, je suppose, c’est un de tes cristaux secondaires qui la contrôle.

* Oui et non, elle possède une certaine autonomie, mais je peux en prendre le contrôle.

* Laisse-moi deviner. Pour le personnel du château, …

* Oui André. Une bonne partie du personnel du château est composé d’androïdes.

 C’est le coup de massue.

* Donc Sylvain est aussi un androïde ?

* Oui il est programmé pour te servir, pour obéir à tous tes ordres et il est aussi ton garde du corps. Si c’était nécessaire, il se sacrifierait pour toi.

* Commande-lui une boisson, je pense que tu as besoin de boire quelque chose.

* Sylvain !

* Oui monsieur. (Sa réponse fut instantanée, je peux donc correspondre avec lui par télépathie)

* Apporte-moi un café, s’il te plaît.

* Oui monsieur.

* Toi et Yves, vous m’en réservez encore d’autres de surprises comme celle-ci.

* Je ne peux pas te dire non, ce serait mentir. Il te faut être patient. Dès que tes études seront terminées et que tu résideras définitivement au château, tout te sera révélé.

 Sylvain arrive avec un café. Il fait vraiment humain, rien ne permet de faire la différence.

- Monsieur a encore besoin de moi ?

- Non, merci Sylvain tu peux disposer.

 Sonia ne dit plus rien, elle me laisse décanter tout ça.

* Sonia ou Baguéra, je suis prêt pour encaisser d’autres révélations.

* Il n’y aura rien de bien nouveau, on va continuer avec la télépathie, suis-moi.

 On tomba sur un jardinier.

* Il s’appelle Firmin, ce n’est pas un androïde.

- Bonjour Firmin.

- Bonjour monsieur André.

- Le parc est magnifique, félicitations !

- Je suis heureux que ça vous plaise.

 Une petite fille pointe son minois

* C’est Sophie, la fille de Firmin.

- Bonjour Sophie.

 Elle m’ignore et se dirige vers Baguéra qui baisse sa tête vers l’enfant.

- Guéra.

 Elle entoure la tête de ses petits bras, Baguéra se met à ronronner.

- Et moi je n’ai pas droit à un bisou ?

 Après un petit baiser, je la soulève et la pose sur le dos de Baguéra. Sophie est rayonnante. Malicieusement, je demande au jardinier :

- Baguéra ne vous pose pas trop de problèmes ?

- Non, nous la connaissons depuis toute petite et Monsieur le Comte l’a bien dressée. Elle fait moins de dégâts que Sophie dans le parc. Si j’oublie l’heure de son repas, elle vient me chercher. (Sonia rigole)

 Après ce petit intermède, nous reprenons notre chemin.

* André, je crois que la leçon de cette après-midi est reportée à demain, Yves vient de rentrer. Il se dirige vers la piscine pour ta leçon de natation, enfin je présume, dit-elle en riant. Demain, tu viens me voir comme d’habitude. Je te montrerai un autre simulateur qui devrait te plaire.

 Je retrouve Yves à la piscine, il est déjà dans l’eau.

* Alors cette journée ? Tu as appris beaucoup de choses ?

 Je le rejoins dans l’eau. Nous sommes tous deux accoudés au bord de la piscine. Sylvain, que j’avais appelé, arrive avec des boissons.

* Tu m’épates, je ne me suis même pas rendu compte que tu avais appelé Sylvain.

- Merci Sylvain, tu peux disposer.

- Oui monsieur.

* En plus, le fait d’être nu devant lui ne semble pas te déranger. Tu ne dis rien, tu es fâché ?

* Je ne sais plus quoi penser, je suis déboussolé.

 Nous sirotons nos rafraîchissements, sans rien dire.

* Tu aurais préféré que je te dise tout d’un bloc ?

* Je ne sais pas. Je vais te poser une question, répond-moi franchement.

* Promis.

* Quand nous faisons l’amour, utilises tu la télépathie ?

* Pas vraiment, je cherche seulement à percevoir tes désirs afin de les satisfaire.

* Tricheur, c’est pour ça que je me sens nul par rapport à toi.

 Je lui envoie une gerbe d’eau en pleine figure, nous nous chamaillons pendant une bonne demi-heure.

* Ce soir moi aussi je vais tricher.

* Chic, je vais enfin connaître l’extase !

 La nuit fut torride, notre bonheur atteignit le summum. Le matin, après notre petit déjeuner, je rejoins Sonia, elle m’attend comme d’habitude dans le couloir. Elle me tend la main, je trouve cela bizarre pour un hologramme. A ma grande surprise, je sens le contact de sa main.

- Bonjour André ça t’étonne ?

- Heu oui, bonjour Sonia

- Maintenant que tu connais les androïdes, je te présente le mien.

 Mon étonnement passé, elle m’emmène vers la salle des simulateurs.

- Je te présente un simulateur pour engin spatial, Nous allons nous en servir pour découvrir notre système solaire, prends ça pour un jeu.

 L’après-midi, Yves ayant du travail, je me retrouve avec Baguéra dans le parc.

* Nous allons reprendre la séance interrompue d’hier. Suis-moi.

 Nous partons vers le fond du parc. Dans un espace dégagé, se trouve une dizaine de ruches, nous nous arrêtons à environ cinq mètres.

* Ton cours commence ici. Mets-toi dans la position du lotus, décontracte-toi. Tu vois la ruche n°5, tu vas y pénétrer et contacter la reine, vas-y avec douceur, ne sème pas la panique dans la ruche.

 Je visualise la ruche et, lentement, pénètre à l’intérieur. Des bourdonnements emplissent mon esprit, j’arrive à les atténuer en les ignorant. Je sens l’esprit de Sonia qui m’accompagne et me guide. J’arrive devant une grosse abeille qui doit être la reine.

* Bonjour André, bienvenue dans mon royaume.

* Bonjour, excusez-moi, je ne connais pas votre nom.

* Je n’ai pas de nom, mais si ça peut t’aider, tu peux m’en donner un.

* (Je réfléchis) Que pensez-vous de Maya ?

* Très bien, Yves m’a prévenue de ta visite et de ton éducation sur la communication par la pensée, je t’attendais.

* Comme d’habitude, je suis toujours le dernier averti.

 S’en suivit un bourdonnement ressemblant à un rire.

* Chez nous, les insectes, ce mode de communication est inné, contrairement à vous les humains, nous sommes pourvus d’antennes. Dans un essaim, nous bénéficions d’une mémoire collective partagée, notre savoir se transmet, donc, de façon naturelle. Si je peux te parler de cela aisément, c’est grâce à Yves et Sonia qui m’ont permis de comprendre le comportement de la race humaine. Avec Yves, nous avons passé un accord, nous sommes hébergés dans un cadre magnifique, sans pollution, où les fleurs ne manquent pas. Nous acceptons de fournir une partie de notre miel, sans que vous soyez obligés de nous enfumer.

 J’ai droit à un cours sur le fonctionnement de la ruche, la fabrication du miel et ses vertus. Après des adieux à Maya, je me retire doucement et reviens à mon corps. Je m’aperçois que de nombreuses abeilles se sont posées sur moi.

* André ne bouge pas. Laisse-les, c’est leur façon de faire ta connaissance.

 Elles finissent par se retirer. Nous reprenons le chemin du château. Yves m’attend dans la véranda.

- Tes cours sur la télépathie sont terminés pour ces vacances, c’est à toi maintenant de continuer à évoluer en faisant des expériences sur ton environnement. Demain je te présenterai mon film. Les jours qui restent de ton congé de Pâques, c’est à toi de les gérer.

 Le lendemain, après notre séance de massage, nous descendons dans la salle de projection où nous attend Sonia.

- André tu as lu Eragon[3] ?

- Oui j’ai trouvé les quatre volumes dans la bibliothèque de l’appartement. C’est une histoire géniale, j’ai beaucoup aimé.

- Avec Sonia, nous en avons fait un film en 3D holographique. Une version en 3D classique, pour le monde extérieur, sortira pour la fin de l’année. Tous les personnages sont de synthèse. Pour le moment, ce film ne représente que le premier volume « Eragon ». Sonia, tu peux envoyer, s’il te plaît.

Le film démarre.

- Eragon, je trouve qu’il me ressemble.

- Oui, (grand sourire) je t’ai pris comme modèle.

- Je me voyais plus beau.

- N’oublie pas qu’avec les elfes Eragon va physiquement changer.

 Le film est magnifique. Avec les sièges inter-réactifs, j’ai la sensation de chevaucher un dragon. Le film se termine. J’ai vraiment eu l’impression de le vivre, j’étais en pleine immersion dans le personnage. J’ai hâte de voir les autres films.

 Avec Sonia, le matin, j’explore l’espace et, l’après-midi, tous les trois nous nous baladons dans le jeu de rôle.

 La fin de mes vacances arriva. Sonia me remet un cadre de photos numériques pour satisfaire la curiosité de Mathilde.

 Yves me laisse piloter pour le retour. C’est avec tristesse que je rejoins l’appartement, Yves reste deux jours avec moi.

- Ne sois pas triste, c’est la dernière ligne droite, la prochaine fois ce sera ton installation définitive au château.

- Oui je sais. Chaque séparation devient de plus en plus pénible, c’est comme si je perdais des instants précieux irrécupérables.

 Il me prit dans ses bras.

- Ce n’est rien à côté du nombre de décennies que nous aurons à passer ensemble. Moi aussi il m’est devenu difficile d’être éloigné de toi.

 Je le revis pour son anniversaire. Je lui fis la surprise d’un dîner croisière sur l’Erdre. Le soleil était de la partie, le repas fut romantique. La nuit qui s’en suivit fut également des plus passionnée.

- Demain, je vais encore devoir subir une séparation. ça m’attriste.

- C’est la dernière, ensuite tu vas devoir me supporter pendant de nombreuses années.

- ça je vais pouvoir le gérer sans problèmes.

- Profite de cet éloignement pour terminer ton année dans des conditions optimales.

 Je prends fréquemment le café avec Mathilde, ça me change les idées. Elle évite de me parler d’Yves, elle s’est rendue compte que ça me contrariait. Avec elle, je suis au courant de tous les potins du quartier. C’est vraiment une femme extraordinaire. Je pense que le jour où je quitterai l’appartement, son petit côté maternel va me manquer.

 Ma thèse, avec l’aide de Sonia, est pratiquement terminée. J’attends avec hâte les grandes vacances.

[1] Film de Luc BESSON

[2] * = conversation télépathique

[3] Eragon de Christopher PAOLINI roman fantastique. J’aimerais bien qu’un réalisateur de l’envergure de Peter JAKSON en fasse des films.

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