Lui, moi, nous…

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Moi, l’obscur, le sans grade, le sans titre, l’insignifiant, le roturier moins que rien… Gervase Bloempot, malgré ma dégaine de manant, passager clandestin, il m’avait remarqué !

Lui, l’aristo, le hautain, vicomte Alonzo de Santa Carolo di Minécarbona, ce milord venu d’Italie, le teint mat sur un masque blasé de convenances, la chevelure aussi sombre que son regard d’encre de Chine. Avec cet aspect froid et rigide des gens de sa condition, aussi raide que son faux col derrière le nœud papillon virginal de son smoking de soirée. Il m’avait souri !

Ma tête sous mon indisciplinée blondeur refusait ce que mes billes d’azur incrédules lui avaient fournies comme images. Il m’avait touché l’âme !

Saturé des mondanités de première classe, il était descendu après diner s’encanailler avec les joueurs de la troisième classe. Il avait pris place à mes cotés durant la partie de dés. Perdant sans sourciller des sommes vertigineuses pour le commun. Comme si cet argent ne représentait rien pour ce personnage ténébreux. Son aura mystérieuse m’attirant telle la flamme d’une bougie fascine les papillons de nuit. C’est à ce moment là que nos regards se sont croisés … recroisés … entamant une discussion muette … semblable si dissemblable s’apprivoisant … et, au bout des trois quarts d’heure suivant son arrivée, l’invitation à l’accompagner fumer une cigarette dans les coursives. La belle excuse !

Sans besoin d’échanger de paroles, nous nous sommes enfoncés dans les entrailles du navire, une calle contenant des murs de caisses marchandes a perçu nos premiers mots, contenu nos premiers contacts et c’est là, caché entre coque et cargaison, nus sur de vieilles couvertures que nous avons laissé libre cours à nos débordements masculins … tantôt réceptacle, tantôt pourvoyeur, toujours demandeurs.

Actes sublimés par l’osmose créée de notre plus qu’improbable rencontre, mieux surement, dans cet espace exigu, peu éclairé et bercé des ronronnements des moteurs, que dans un palace avec un autre que lui ; et ses yeux me témoignait la réciprocité de sentiments.

Enfin repus du charnel mais affamés de connivences spirituelles, entre baisers et caresses, nous avons pu échanger des mots …

— Si je ne comprends pas tout à ce qui m’arrive, j’ai au moins une certitude, en partant pour l’Eldorado vers ce monde nouveau et meilleur, j’ai découvert avant même d’y débarquer le bonheur … je t’aime Alonzo !

— Je t'aime aussi blondinet, tu m’entends, je t'aime Servase, ce que nul n’était parvenu à faire jusqu’ici tu l’as fait ! Tu as volé mon cœur et je ne sais pas encore comment nous allons faire pour avoir un futur commun, mais rien ni personne ne pourra nous séparer... jamais !

— C'est si bon de t’entendre Alonzo, ma vie sera désormais à tes cotés ...

Un immense choc fait trembler tout le navire et soudain avec un bruit atroce et grinçant la coque se déchire et une immense vague d'eau glaciale jaillit dans la calle, emportant les deux amants dans la mort et l'amour éternel.

Nous sommes le 14 avril 1912, il est 23 h 40.

Le Titanic va bientôt envoyer ses premiers signaux de détresses !

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