Les Ponts entre Mondes-Idées

2 minutes de lecture

Moi physicien, j’ai cherché à comprendre notre Univers. J’ai étudié les règles fondamentales qui semblent le régir. J’ai expérimenté et essayé d’observer des phénomènes aux limites de nos connaissances pour les faire avancer. Je n’ai pas fait de trouvaille scientifique mais j’ai découvert des choses. Je me suis émerveillé. Je me suis émerveillé de la beauté, de la sophistication, de la complexité de cet Univers. Je me suis émerveillé de la poésie naturelle de notre Univers physique.

Moi autre curieux, j’ai ouvert les yeux sur les autres Univers. Les Univers non-physiques. Les Univers qui suivent d’autres règles fondamentales, qui suivent d’autres logiques que celles de la réalité physique. Ces univers étrangers et parfois éphémères qui naissent à chaque songe et qui imprègnent les pensées en prose ou noircissent de vers les pages de nos carnets. Et la Poésie comme pont entre ces autres Univers, nous ouvre à chaque instant des voies pour explorer ces autres territoires, ces autres paysages, ces autres topoï.

Moi enfant, j’ai beaucoup rêvé. Des rêves ambigus ou plus vrais que nature. Des rêves sans contraintes comme des voyages vers ces autres contrées. Des voyages dont je n’ai rien pu concrètement ramener comme si chaque objet-souvenir s’était désintégré, son étrangeté en trop forte contradiction avec la réalité. Des voyages dans des limbes dont il ne reste au retour que des bribes nourrissant la Poésie.

Et pourtant je n’aimais pas la Poésie. Ma jeunesse cherchait des réponses. J’aimais les formules et les théorèmes qui expliquent. J’aimais comprendre par la raison. Mais chaque réponse engendre toujours une nouvelle génération de questions devant lesquelles on ne cesse pas d’être naïf en voulant y répondre. Comme j’aimais m’engager en courant dans le labyrinthe infini de la compréhension logique ! Comme il est coloré et distrayant ce terrain de jeux ! Mais comme il nous éloigne des autres Univers…

Aujourd’hui je préfère les réflexions et les points de suspension. Les réflexions qui poussent vers ces autres Univers, qui poussent à la rêverie, qui poussent à ressentir plus qu’à comprendre. J’aime les nouvelles tentatives de voyages vers ces continents étranges pour tenter d’en rapporter des choses insolites, chaotiques et peut-être incompréhensibles. Je les vois comme des totems abscons de civilisations disparues sans héritiers. Je sens parfois leur parfum sibyllin que j’essaye ensuite de distiller. J’entends aussi leurs battements qui résonnent et vibrent en moi et qui impriment un tempo que je ne peux transmettre que dans des instants kinésiques.

Vous trouvez cela abstrait ? C’est abstrait. Vous trouvez cela inutile ? À bas le pragmatisme mal placé ! Un utilitarisme trop aride assèche la pensée en coupant les ponts vers les mondes-idées dans lequels la vanité n’a pas de sens. Parfois lorsque l’on cherche à se saisir de ces choses étranges, elles nous échappent en courant comme de vifs lézards oniriques. Il est souvent préférable de laisser cette faune venir à nous, laisser ces animaux furtifs nous caresser les premiers et tenter de les caresser en retour, sans réelles intentions de les toucher.

Mon pragmatisme, je le garde pour les relations au monde physique, sans que désormais il n’interfère avec mes rêves-voyages dans les autres Univers dont voici les poésies-récits.

Annotations

Vous aimez lire Giuseppe Lippo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0