Ode

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“La distance rend toute chose infiniment plus précieuse.” d'Alphonse Karr

Une soirée comme une autre… Enfin pas réellement, la jeune Kerloc’h a croisé à nouveau un homme qu’elle avait déjà rencontré entre deux portes si l’on peut dire sur la Rochelle, il y a de ça quelques mois, une éternité...
C'était presque une autre vie à bien y songer.

La veille déjà, elle a pu converser avec lui alors qu’elle n’avait osé jusque là lui parler, non qu’il soit laid ou repoussant, ni même qu’il ait l’air d’un ogre ou d’un assassin, ni même qu’il ait l’air hautain, juste d’un souvenir d’avoir été transparente à l’époque, c’est idiot mais ainsi, Bref !

Ce soir-là, la taverne, sans être bondée, est bien remplie, quelques amis de retour de voyage, d’autres avec qui elle va partir pour un long périple et lui. Lui assis à ses côtés, de temps à autre un regard, ou un murmure, une forme de connivence qui se pose doucement peut-être ? Ou pas encore… A voir ! La soirée est agréable, entre badineries et rires , lui est plus mystérieux, plus discret, il rit peu, sourit plus souvent.
Il l’amuse.
Il la fait même rire.
Il a ce petit truc mystérieux qui attire son attention.
Sa curiosité est piquée au vif, tout bonnement, c’est une femme ne l’oublions pas.
Ode passe un bon moment sans trop se poser de question, elle s’amuse tout simplement en laissant de côté toutes les médisances et autres, juste profiter de l’instant présent tout bonnement.

Quand le voyageur se retire, il est souriant, la soirée a du être agréable pour lui aussi , car il en oublie sa canne. Presque ne boiterait-il plus? Pourtant, il s’y appuie aisément en arrivant ou en quittant la taverne, même sa jambe semble parfois raide, Ode n’a pas posé de question, elle prend ce qu’on lui donne mais interroge peu. Quoi que cela dépend des sujets.
Toutefois, dans son esprit tordu de femme, la jeune Kerloc’h planque doucement la canne sous sa chaise et quand l’heure de laisser place arrive, elle ne manque pas d’emporter le précieux objet avec elle.

Ode est avant tout taquine, ne dit-on pas qui aime bien châtie bien? Certes, ils se connaissent depuis peu... Mais elle l'apprécie sincèrement. C'est donc d'un pas enjoué et amusé, presque dansant avec la canne en main qu'elle arrive à sa pépinière.
Elle pénètre dans son échoppe, la clochette vrille et retentit dans la salle d'accueil, doucement elle referme la porte derrière elle puis d'un pas léger traverse les allées de la pépinière une idée en tête.

Ne dis ton pas "Tu plantes ta canne, le lendemain un rosier a poussé"? *
Un éclat de rire cristallin résonne dans l'endroit, l'objet en main, elle la fait tournoyer en lui parlant comme elle peut parfois parler à ses arbres ou à ses animaux.
Maladroite comme souvent pour toute réponse à sa question, elle se prend les pieds dans la canne en mouvement et manque de se vautrer de tout son loin dans un parterre de passerose, elle se rattrape de justesse en riant doucement.

Manquerait plus que je me casse le nez.... Bon que vais je faire de toi?
Ses doigts longent le bois sculpté, une esquisse de sourire aux lèvres, les noisettes chercheuses en quête d'un endroit pour la cacher.

Ahem! Pas certaine qu'il vienne jusqu'ici te chercher mais au cas ou... Je le ferai tourner un peu bourrique...
Plusieurs arbres sont en cours de pousse et justement un hêtre semble un peu tordu, il grimpe étrangement vers les cieux.

Mon pauvre, tu as besoin d'un soutien...
L'arbre dépasse déjà le mètre cinquante, mais il est vrai qu'il tangue légèrement. Alors avec précaution, elle glisse la canne le long de son tronc, persuadée que s'il venait à la trouver ici, il ne penserait pas à observer les végétaux.
Amusée et ravie de voir son hêtre se redresser légèrement, la jeune femme s'affaire à l'arrosage en fredonnant gaiement, Elle peut bien chanter faux tout son sou, personne ne viendra jusqu'ici se plaindre de sa voix.... Quoi que! Si on donnait la parole aux végétaux, elle pourrait être surprise... Ce n'est point le cas , aussi la botaniste chante simplement en ayant toujours le coeur à l'ouvrage... Au point qu'elle en omet le précieux soutien dérobé quelques heures avant.

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