Chapitre 40 - Tensions

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Marina

Je me suis endormie profondément. Il faut dire que le matelas et la literie sont très confortables. La climatisation me permet de ne pas souffrir de la chaleur comme dans la cale du cargo.

J’entends des éclats de voix assez bruyant. La paroi de ma chambre est plutôt épaisse donc c’est étrange que j’entende un vacarme pareil.

Je ne peux pas me rendormir. Je ne me suis pas changée depuis la veille mais tant pis. S’il y a du mouvement dehors c’est qu’il a peut-être quelque chose d’important.

Je constate à travers la baie vitrée que nous ne sommes plus en mer. Il n’y a pas d’effervescence dehors mais je repère des bâtiments proches de nous. Je suis rassurée à l’idée que nous n’avons pas bougé du port.

Je quitte mon lit puis j’ouvre la porte pour descendre les escaliers. Je découvre plusieurs hommes en costume noir dont Anderson et Donnelly. Ils font face à une personne que je ne vois pas à cause de la cloison.

Lorsque je m’approche je constate qu’il s’agit de Vicente. Je me précipite sur la terrasse pour me jeter dans ses bras. Il prend quelques instants pour comprendre ce qui se passe.

- Je t’avez dit qu’elle était en train de dormir, commente Anderson. Je ne lui ai pas fait le moindre mal.

- Qui serez assez fou pour faire une chose pareille ? gronde mon mari en me serrant contre lui.

Vicente se tourne vers moi pour m’embrasser sur le front. Je ressens son soulagement malgré la tension qui règne sur ce bateau.

Je n’ai pas envie de le lâcher mais je n’aime pas l’idée que des inconnus profitent du spectacle. Je reste près de mon mari mais je fais face à nos ennemis.

Je remarque qu’il y a deux nouveaux hommes que je ne connais pas près de Vicente. Je pense que ce sont d’autres larbins d’Anderson. Visiblement mon mari est venu seul, et je ne crois pas que cela vienne de lui.

- C’est fini les conneries, discutons sérieusement, gronde mon mari.

- Tu m’écoutes enfin après toutes ces années, remarque Anderson en souriant. Il a fallu que je capture ta femme pour en arriver-là. Rends-toi compte de l’absurdité de la situation. Je me serais passé de faire cela à une femme enceinte.

Vicente serre les mâchoires en fusillant notre ennemi du regard.

- Je vous en pris Marina asseyez-vous, reprend-t-il en se tournant vers moi. Je n’ai pas envie que vous nous fassiez une frayeur comme la dernière fois.

- Quelle frayeur ? questionne mon mari en fronçant les sourcils.

- Elle commence à avoir des contractions en prévision de l’accouchement, explique notre interlocuteur. Ce n’est rien de grave.

Je m’installe sur une des chaises qui entoure la table sur laquelle j’ai mangé la veille. Il tape du poing sur la table avant de m’imiter. Constatant notre docilité, Anderson et Donnelly prennent place en face de nous. Il y a déjà un paquet de feuilles prêtes à être signées.

- Que voulez-vous que je fasse pour mettre fin à toute cette mascarade ?

- S’il y a quelqu’un qui joue à un jeu dangereux c’est bien vous, ricane notre ennemi.

- Je sais que vous vous délectez de la situation et appréciez le suspens mais je n’ai pas votre patience, le presse mon mari.

Il observe Vicente un instant avant de reprendre :

- Tout d’abord, je souhaite que vous ne vous immiscez pas dans mes projets pétroliers. Ensuite, je souhaite que La Pantera disparaisse. El Barrio ne convient pas à mes activités et mes… associés.

Je sais que Vicente est au courant du pot au rose. Il a dû se retenir d’exploser en recevant le fameux coup de fil qui révèle ma position secrète.

- Vous savez que je me concentre entièrement à mon entreprise et vous savez aussi pourquoi je ne veux pas de vous au Mexique. Je ne suis pas le seul à le penser d’ailleurs.

- La question n’est pas là. Renoncez à El Barrio, vous avez le pouvoir de faire disparaitre le cartel. Gardez votre vie de riche millionnaire mexicains et profitez de votre famille à venir.

Vicente est de plus en plus tendu par la situation. De plus, les gardes du corps se sont rapprochés de nous, je les sens dans mon dos.

- Vous voulez que j’arrête de magouiller si je comprends, reprend mon mari avec un sourire mauvais sur les lèvres. Mais qu’est ce j’ai en échange moi ? Vous n’êtes qu’un sale égoïste qui ne pense qu’à gagner encore plus de fric !

- Et qu’est-ce que vous êtes en train de faire d’après vous ? grogne Anderson. Vos finances n’ont jamais cessé de croitre. Nous avons plus de points communs que ce que vous croyez.

- Tout cet argent est là pour le redistribuer au peuple. Ne nous mettez pas dans le même panier Anderson ! Je viens des bas-fonds de Mexico, je sais ce que c’est de vivre avec rien.

Notre ennemi ricane suivit de Donnelly. Ce dernier semble suivre passivement la situation comme s’il avait peur de quelque chose. Peut-être qu’il subit aussi des pressions de la part de son patron.

- Une fois que je serais parti, je ne veux plus jamais que vous vous approchiez de ma femme et de ma famille, le menace Vicente.

- Ce n’est pas vous qui m’intéressez, approuve Anderson.

- Ça je le sais bien, ricane mon mari.

Vicente semble savoir quelque chose que je ne sais pas mais je lui fais confiance pour défendre nos intérêts. Je préfère ne pas intervenir au risque de faire une gaffe.

- Assez tergiversé, s’impatiente notre ennemi.

Donnelly nous fait passer des papiers.

- Vous savez que juridiquement, tous vos papiers n’ont aucune existence ? Sachant que El Barrio n’a pas d’existence légale, vous ne pouvez pas me demander de signer son arrêt de mort.

Anderson s’esclaffe avant de reprendre un air de personne qui a absolument tout prévu.

- Il n’y a rien à signer monsieur Alcarón. Il s’agit là de toutes les preuves que je possède contre vous.

Vicente ne semble pas déstabilisé. Il savait probablement que des enquêtes avaient été faite contre lui puisqu’il en a aussi commandé à Lejos.

- Je sais que vous avez apprécié toutes ces trouvailles, dit mon mari. Je n’ai pas peur de vous Anderson mais je vais céder à vos caprices car je commence à en avoir marre de vos conneries.

Mon mari se lève brusquement de sa chaise. Il me prend par la main pour m’aider à me lever. Anderson jubile mais ne semble pas faire entièrement confiance à Vicente.

- Je sais que vous êtes un être fourbe Alcarón. Je ne vais pas vous laissez me doubler. C’est pourquoi, je vous donne un mois pour fermer El Barrio et convaincre vos amis de ma bonne volonté.

- Quoi que je puisse faire Anderson, vous n’êtes pas mexicain et vous ne le serez jamais. Même avec toute ma bonne volonté, je ne pense pas vous faire accepter dans les cercles.

Notre ennemi nous fusille du regard. Il sait qu’il ne pourra pas avoir de nouveau contrat et de nouveaux alliés si l’élite mexicaine ne veut pas de lui.

- Ce n’est pas encore fini Alcarón mais je vous laisse tranquille pour le moment.

- Je vais vous conduire vers la sortie, intervient Donnelly en nous faisant signe.

Nous traversons une partie du bateau pour rejoindre une passerelle qui rejoint le bord d’une route non bétonnée. C’est la première fois que je viens en Afrique et je trouve qu’il y a un certain charme.

- Une voiture nous attend, m’indique mon mari. Nous allons prendre mon jet privé pour rentrer à Veracruz.

Je m’attendais à voir une voiture à moitié cabossée mais il se trouve qu’elle n’est pas abîmée du tout. Loin des standings européens, il doit s’agir d’un véhicule privé de l’aéroport.

Une fois que le yacht est hors de notre portée, Vicente me prend dans ces bras. Je respire son odeur qui m’avait manqué et il fait de même.

- Je ne saurais pas ce que j’aurais fait s’il t’était arrivé quelque chose, chuchote-t-il.

- Je suis en sécurité maintenant, n’y pense plus, je réplique.

Nous prenons place dans la voiture pour quitter rapidement ce cauchemar.

- Heureusement que j’ai mon jet sous la main car c’est la merde pour arriver jusqu’ici, grommelle mon mari. L’Angola ce n’est pas la porte à côté.

- Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ? je demande inquiète.

- Je te l’expliquerais une fois à la maison, répond-t-il avec un sourire énigmatique.

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